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Avec tout mon respect et mes remerciements.

On se retrouve ce soir pour le deuxième chapitre que j’aurai à vous offrir !

 

 

Chapitre 148 – Bienvenue à Zombieland (1)

 

 

 

J’embrassai mes parents, presque par réflexe, une dernière fois avant de partir. Il fallait que je vive la vie que je m’étais créée sur ce plan si j’espérais m’en sortir. Je ne pouvais pas simplement me retirer dans un coin et faire comme si de rien n’était en attendant le réveil de la persona. Peut-être aurait-ce pu être rapide, peut-être pas. Il était hors de question que j’agisse bizarrement pendant… pendant le temps qu’il lui faudrait pour émerger.

J’avais donc décidé de me fier à mon instinct et de suivre ce qu’il me disait. Après tout, ce monde avait été créé par moi, autour de moi, et inconsciemment, je savais tout de lui, y compris ce que j’étais et ce que je devais faire.

C’était un peu comme se souvenir d’un livre ou d’un film depuis longtemps oublié en le lisant ou le regardant une nouvelle fois, des années après la première. Je quittai la maison pour me retrouver dans une espèce de ville souterraine, dont le plafond brillait légèrement plusieurs mètres au-dessus de ma tête.

— Nous vivons sous la surface, bien sûr… me souvins-je.

Je partis dans ce qui tenait lieu de rue en direction de la maison de mon meilleur ami.

— J’ai un ami ? Ben voyons. Heureusement que je m’en souviens.

Enfin, il l’avait été, dans cette vie, dans ce passé que je m’étais construit, à l’école primaire et au collège. Mais il était entré à l’université un an plus tôt et tout nous avait séparés, aussi espérais-ja que notre relation allait redevenir comme avant.

— Je me demande ce que ça fait d’avoir un meilleur ami, marmonnai-je. J’ai toujours été quelqu’un de solitaire, dans… ma vraie vie. Il y a bien Friderik, mais…

Mais il était un peu plus qu’un ami. Ce qui nous unissait était plus profond, naissait dans nos âmes et nous liait – peut-être était-ce pour ça que j’étais si attachée à lui. Peut-être n’avais-je pas développé de sentiments par moi-même, mais à cause de ce lien…

Peu importait. Il était là-bas, j’étais ici. Je savais que le temps dans les différents plans ne s’écoulait pas de la même manière, et toute coincée que j’étais, je ne pouvais que prier pour que mon absence eût passé inaperçue. Si je devais vivre des mois ou des années dans ce monde de zombies, la seule chose qui pourrait me faire tenir bon serait l’espoir que quelques minutes à peine m’auraient vu au loin.

La porte de la maison de Xiaolong s’ouvrit dans un ouais, m’man lancé par-dessus une épaule, rapidement suivi d’un elle est là.

— Bonne chance, vous deux ! m’envoya la voix de la mère de mon ami depuis l’intérieur.

Ce dernier enfila son sac brun sur une épaule avant de ranger lui-même un pied-de biche dans une de ses larges poches – ce genre de pantalon cargo à la mode dans les années 80.

— Prête à y aller, appât ?

J’avais horreur de ce surnom donné à tous les élèves de première année, même si je savais qu’il était vrai que 80% d’entre nous ne survivaient pas pour voir arriver la fin de la troisième année.

— La ferme, lâchai-je tout bas en lui envoyant un coup de coude dans les côtes.

— Allez, tu sais que je rigole, fit-il en me rendant la monnaie de ma pièce.

Ce type était plutôt mignon, mais en même temps, je le connaissais depuis nos quatre ans. On avait partagé des bains et des touche-pipi, à mon grand désarroi, et on avait apparemment tourmenté plus de baby-sitters que la raison ne le permettait. Xiaolong était comme un frère, pour moi. Tout idée de romance entre nous me rendait mal à l’aise, en vérité.

Nous suivîmes la route de l’est vers le métro, rejoignant une masse d’autres étudiants et de travailleurs sur les quais. Un grand panneau mural coloré faisait de la publicité pour les recherches les plus avancées du docteur Ethan Ehrlich sur l’antidote, les plus avancées que notre monde connaissait, en tout cas. D’un autre côté, des graffiti nommant mort aux infectés et décrivant les mauvaises odeurs des sacs de viande retinrent mon attention, pile quand la foule s’arrêta d’avancer.

— On dirait qu’il y a un embouteillage au scanner optique, me lança nonchalamment Xiaolong en tendant le cou au-dessus des têtes. Ils ont dû choper un infecté.

Au bout de quelques minutes, la foule reprit son avancée et nous arrivâmes bientôt au scanner à notre tour. Je passai devant en prenant soin de ne pas cligner des yeux sous la surveillance de militaires lourdement armé ; certains regardaient l’écran de contrôle, d’autres fixaient les gens qui se faisaient contrôler – dont moi, en l’occurrence.

Finalement, rien à craindre. Ni lui ni moi n’étions infectés, après tout. Aussi fîmes-nous rapidement route vers le bout du quai au moment même où le métro arrivait. Nous nous faufilâmes rapidement à l’intérieur pour nous dégoter une place.

— Alors, ta mère a pété un plomb quand t’es partie, ce matin ?

— Nan, elle allait bien. Elle m’a juste donné quelques conseils, des clichés, tu sais, sur la pression sociale, tout ça.

Je parlais comme une adolescente, c’était assez désagréable, mais… je n’arrivais vraiment pas à me débarrasser de ça. Si ça devait continuer longtemps, ça deviendrait très vite horripilant.

— Eh bien, elle avait raison.

— Hurg, grognai-je. Toi aussi ? T’es pas sérieux.

— Eh ben, si, répondit-il en jetant un coup d’œil aux autres passagers du wagon avant de se rasseoir profondément dans son siège. La scène de l’université Z High est brutale. Il est même plus pertinent de l’éviter, tout simplement.

— C’est-à-dire ?

Il ne pouvait pas imaginer à quel point je me foutais des relations sociales, et à quel point j’étais capable de les gérer, vu tout ce que j’avais déjà vécu. Mais en même temps, il me prenait pour une ado, je pouvais le comprendre. Après tout, c’est ce que j’étais.

— Tu n’as pas entendu le moindre mot de ce que je t’ai dit sur l’année passée ? demanda-t-il, le sourcil fronçé. Ok… Alors, écoute bien. D’abord, il y a les bouchers. Ce sont tous des têtes à claques sous stéroïdes, si tu me demandes mon avis. Tout ce qui les intéresse, c’est tuer du sac de viande. C’est pour ça qu’on les appelle comme ça, d’ailleurs.

— Ça a l’air marrant, plaisantai-je.

Ce qui me valut un regard en coin.

— Ce sont plus des adeptes de la fiesta testostéronée 24/7. Quand ils ne se vantent pas de leurs massacres, ils sont obsédés par les exercices physiques ou la toute nouvelle marque de boisson énergétique. C’est chiant, vraiment. La plupart sortent avec des filles de la royauté – les pom-pom girls et autres princesses pourries gâtées par leurs parents richissimes. Mais bref. Ensuite, tu as les Ehrlichs. Nommés comme le célèbre professeur, ce sont des génies, des têtes d’ampoules, et sont totalement pitoyables. Ils ne font qu’étudier, encore, et encore, et encore, sucer les boules des profs pour quelques balles de plus, qu’ils donnent immédiatement aux bouchers pour s’offrir leur protection.

— C’est plutôt cool, dis-je soulagée de ne pas assister à ce que j’avais trop vu de mon vivant : les harcèlements type je suis un gros dur et je tape sur tout ce qui porte des lunettes.

— Peu importe. Ce sont toujours des types réglos. Aucun d’eux ne se mesure à l’élève A en termes de… de… de, je ne sais même pas comment le décrire.

— C’est quoi ça, un élève A ?

— Tous les ans, il y en a un, qui se démarque automatiquement, répondit Xiaolong en élevant la voix sur un ton moqueur. Le type siiiii fort, et siiiii intelligent, et siiiii brave aussi. Toutes les filles bavent devant le putain de gosse A.

— Eh, eh… Jaloux ? ricanai-je.

— Ça me ferait mal.

— Il n’y a pas de fille A ?

— Je n’en ai jamais entendu parler. Ça a toujours été un mec.

Eh bien, si j’avais mon mot à dire, sachant qui j’étais et ce que je savais faire, il allait y en avoir une, cette année, et plus tôt que tard. Après tout, ça avait l’air assez marrant et j’avais du temps à tuer en attendant la persona.

— Tu penses remplir les conditions ? me demanda-t-il, toujours sur un ton moqueur.

— Je suis juste curieuse, mais qui sait ? lui envoyai-je avec un clin d’œil. On dirait que tu m’as parlé de tout le monde. Dans quelle catégorie rentres-tu, toi ?

— Je ne rentre pas dans tout ça, merci beaucoup, grommela-t-il en s’enfonçant encore un peu plus dans son dossier.

— …Tu es un rat ? réalisai-je, sans trop y croire. Un type dont personne ne veut ? Comment tu as pu ne jamais me le dire ?

— Je ne suis pas un rat ! J’ai horreur de ce terme ! Je suis juste l’un de ces gamins qui refusent d’être aspirés dans un système fasciste !

Un système, hein ? S’il savait dans quel système, moi, j’étais sans l’avoir voulu…

— Au moins, les bouchers et les Ehrlichs, et même la royauté, ils ont tous un but pour le bien de la société. Quel est le tien ?

— Non, mais tu t’entends parler ? me balança Xiaolong, le visage virant soudain au rouge. Tu parles comme ces stupides annonceurs de la télé ! Tu crois vraiment que tout le monde avait un but précis avant que la catastrophe ne survînt ? Il y a quoi de mal, dans le fait de juste vouloir être un putain d’ado ?!

Un mec, assis en face de Xiaolong, leva les yeux de son journal pour l’observer. Mon pote soupira et tourna la tête vers la fenêtre, cherchant peut-être à décrypter toutes ces affiches et publicités qui défilaient trop rapidement sur le mur du tunnel du métro.

— Tu sais, reprit-il la parole. Ce n’est pas que je veuille jouer au con ou quoi que ce soit, mais parfois, j’aimerais juste tout laisser tomber, j’en ai marre de cette vie. Je voudrais pouvoir jouer aux jeux vidéo toute la journée, de temps en temps, tu sais ?

— Ouais. Je vois.

Bientôt, un haut-parleur crépita et annonça le prochain arrêt. Xiaolong se leva et je le suivis.

— Souviens-toi simplement d’une chose : moins tu attireras l’attention dans cette école, mieux tu t’en sortiras. Crois-moi.

Je lui emboîtais le pas pour suivre quelques dizaines d’autres étudiants approchant des portes lourdement blindées, si j’en croyais mon instinct. Au-dessus étaient gravés ces mots : Z High School. De l’anglais ? Merde. J’avais vraiment créé un monde étrange.

Je m’apprêtais à coller à mon ami le temps qu’il me fasse visiter, mais une ombre furtive m’en dissuada. Un mouvement dans le coin de mon champ de vision, une forme familière qui n’avait rien à voir avec les autres ados qui entraient dans l’établissement scolaire.

— Euh… Xiaolong ?

— Hm ?

Et je savais ce que c’était. Il fallait que je fasse vite si je voulais éviter un massacre.

— Pars devant. J’ai… un truc à faire, je te rejoins juste après.

Il leva les sourcils vers moi, l’air à moitié étonné et parfaitement mesquin.

— Il y a des toilettes dans l’université, tu sais. Pas la peine de te servir de ceux de la gare.

— Je ne peux plus me retenir, improvisai-je.

Il soupira et s’adossa contre le mur, juste à côté des portes.

— Je t’attends, vas-y…

— Non, non, m’écriai-je, ce n’est pas la peine ! Je te rattrape !

Je tournai rapidement la tête, l’espace d’une seconde, dans la direction où j’avais vu ce que je savais être le Skaagh. Où avait-il pu aller ? Je ne devais pas le perdre !

Je le sentais, c’était lui. Il s’agissait de mon plan, j’y étais liée, je ressentais ce genre de choses.

Sans attendre sa réponse, je fis demi-tour pour me précipiter dans un couloir annexe. Peu de gens en venaient, il s’agissait sans doute d’une ruelle peu fréquentée donnant sur un lotissement résidentiel mineur.

— Eh, attends ! cria Xiaolong. Ce n’est pas par l…

Sa voix disparut dans le brouhaha de la foule et je courus, éclairée par les lumières à résonnance solaire, ces fameuses ampoules qui captaient l’éclat de l’astre à la surface pour la renvoyer ici, plusieurs mètres sous terre. Le jour et la nuit étaient les mêmes qu’au-dehors, et la luminosité, bien qu’artificielle, y ressemblait fortement.

Mais ce n’était pas mon souci. Il y avait tellement de monde devant l’école, et quelques étudiants qui arrivaient à pied de ce côté. Pourquoi le Skaagh n’avait-il attaqué personne ? M’étais-je trompée ?

Un étrange pressentiment m’assaillit.

Devais-je vraiment le poursuivre ? Quelque chose me disait qu’il cherchait à me tendre un piège, à moi, particulièrement.

Raka
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10 thoughts on “DMS : Chapitre 148

  1. Les prochains chapitres seront plus conséquents, et sans doute deux fois plus gros.

    Il faut dire que ce n’était pas un arc prévu dans le scénario, en tout cas pas à ce moment et pas sous cette forme : il est arrivé par la force des choses sur un choix aléatoire et je ne tiens pas à le faire durer trop longtemps (mais rassurez-vous, il va se tirer sur quelques chapitres et on y reviendra rapidement à plusieurs reprises, j’ai déjà réécrit le scénario global pour l’inclure.)

    1. Est-ce que tu peux m’expliquer un peu comment tu écris ces histoires ?
      Genre les étapes que tu as fais car j’aimerais bien en écrire une avec un pote et je sais pas trop ou commencer
      Et merci pour le chapitre

      1. Eh bien, il faut écrire le scénario global. Vraiment global, du début à la fin de l’histoire, en une cinquantaine de lignes maximum.

        Puis, tu regardes tout ça, et tu sépares en plusieurs arcs distincts, dont tu vas également écrire le scénario de la même manière. Et tu continues ainsi jusqu’à arriver suffisamment loin pour te permettre d’écrire une histoire sans incohérence.

        Personnellement, mes « scénarios » se limitent à des ensembles d’une dizaine de chapitres à chaque fois, tous décrits en une trentaine de lignes, avec détails et choses importantes. Je me suis arrêté à ce niveau de profondeur. J’aurais pu aller encore plus loin mais je n’en ai pas besoin.

        Et puis il y a les fiches de personnages, aussi…

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