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Chapitre 157 – Si je l’ouvre c’est la porte vers les enfers 5/6

 

Même après que Yu Ilhan fût rentré en Corée après avoir détruit le Démon à la vibration perverse, ses subordonnés étaient encore endormis. Avoir enduré deux ans et neuf mois dans ce Monde Abandonné les avait influencés d’une certaine façon, et ils dormaient désormais un maximum dès qu’ils le pouvaient afin de se préparer aux moments où les dépenses énergétiques allaient être énormes.

Il y avait bien des traces dénotant la tentative d’effraction de la part de milliers de monstres, le système d’interception automatique semblait les avoir totalement expédiés dans un monde meilleur.

Parce que c’était un système automatique, Yu Ilhan n’en gagnait pas d’expérience, mais la Persona devenait de plus en plus puissante et il en était satisfait.

— Ok, parfait, dit-il. Je vais me laver vite fait et dormir aussi.

Il lança quelques analyses sur la sécurité et entra en chantonnant. Contrairement à son appartement de Gangnam, il pouvait toujours dormir sur ses deux oreilles dans son manoir.

Jusqu’alors, il lui avait été impossible de se reposer totalement, parce qu’il n’avait jamais baissé totalement sa garde, mais dans cette forteresse imprenable, il pourrait pioncer avec la puissance d’un maître en Repos.

— Ce n’était pas le maximum de ta capacité ? Imbécile ! protesta Liera.

— Ne le prend donc pas tant au sérieux, à chaque fois, la réprimanda Spiera.

Laissant entrer les jérémiades habituelles des Anges dans une oreille distraite, Yu Ilhan sentit une aura provenir de son bureau. Pourquoi quelqu’un y serait-il entré, alors que rien ne pouvait y fonctionner en son absence ?

— Bienvenue, Yu Ilhan, l’accueillit Herta.

Dans son bureau, il découvrit Yumir assoupi sur le fauteuil en cuir noir qu’il avait utilisé lors de sa défense deux semaines auparavant, et Herta, qui le salua avec le sourire.

— Pourquoi es-tu tellement en retard ? continua-t-elle. Y avait-il vraiment des monstres de quatrième classe là où les gens ne vont pas poser les yeux ?

Entendant la question raisonnable de l’Ange, Yu Ilhan se mit à sentir une migraine monter. Il acquiesça vaguement.

— Il y en avait un, dit-il. C’était vraiment choquant, mais Liera t’expliquera ça dans le détail. Par contre, pourquoi Mir dort-il ici ?

— Il s’est réveillé parce qu’il avait faim et a dégommé un frigo entier rempli de viande de Dragon. Puis il a tourné dans la maison à la recherche de traces de ta présence, et il est arrivé ici. Ne me demande pas pourquoi, mais il a simplement décidé de dormir là.

Yu Ilhan souleva son fils, qui s’accrocha instinctivement à son père. À l’origine, il avait imaginé lui faire ouvrir les yeux, mais changea d’avis en le voyant si profondément assoupi. D’ailleurs, le sommeil étant contagieux, ses propres paupières lui parurent d’un seul coup plus lourdes.

— Bon, je vais dormir aussi, avant de me remettre au boulot, décida-t-il.

— Tu es resté éveillé pendant vingt jours, lui rétorqua Spiera d’une voix factuelle. Je pense que je t’aurais assommé si tu avais tenté de faire quoi que ce soit d’autre dans ton état.

— Oui, allons dormit ! renchérit Liera.

— Toi, tu viens ici ! s’interposa Herta.

Yu Ilhan confia Yumir aux Anges, prit une douche rapide et récupéra le gosse avant de se rendre dans son lit. En tant que maître de la compétence Repos, il lui fallut une petite seconde pour s’endormir. Les Anges avaient désormais du travail à effectuer.

— Tout ce qui concerne la Terre va devenir encore plus compliqué… commença Liera.

— Y a-t-il des portes sur Terres qui soient restées connectées à d’autres mondes ? S’il y en a, il faut que des Anges les surveillent, décida Spiera.

— Non, les laisser aux Anges est trop naïf, contra Herta. Les traîtres n’ont pas pu être totalement éradiqués la dernière fois. Il nous faut l’aide des Terriens. Nous devrions proposer des quêtes célestes.

— On dirait que la puissance des Cieux va être encore diminuée, soupira Spiera. Nous suivons déjà un budget sacrément serré grâce à Yu Ilhan.

— Et nous devons prendre ce risque, insista Herta. La Terre a déjà passé le point de non-retour, nous ne pouvons plus la considérer comme un monde inférieur.

— Oui, acquiesça sa supérieure. Nous devons prendre une position ferme. Je crois que je vais devoir faire une proposition de territoire de réserve pour la Terre.

— On doit aller si loin ?

Tandis que les deux Anges de sixième classe finirent plus ou moins du côté de Yu Ilhan, leur discussion à propos de la Terre allait influencer l’avenir de cette dernière.

— Bye, lança soudain Liera, la voyant partir.

— Je vais faire ça vite, confirma Spiera, une fois que toutes trois eurent atteint un consensus.

En tant que représentante de leur groupe, elle se rendit au Paradis. Si c’était elle, elle pourrait négocier de la meilleure des façons ; à la fois Liera et Herta la laissèrent endosser ce rôle sans se plaindre.

— Elle est partie.

— Ouaip, ça y est.

Les deux Anges qui étaient restées sur Terre échangèrent un regard opportuniste, et hochèrent immédiatement la tête en silence. Elles tendirent toutes les deux le bras en un éclair.

Liera montrait un poing fermé, Herta une main ouverte.

— Fuu… ! soupira Herta, embrassant ses doigts face à une Liera qui grinçait des dents en étouffant un cri.

— La meilleure de trois manches ! hurla-t-elle.

— La victoire a toujours été décidée en une seule, contra Herta avec un sourire narquois.

Elle se montra dur comme l’acier et ne céda pas. Liera s’allongea à côté de Yumir, les larmes aux yeux, tandis que Herta s’installa précautionneusement à côté de Yu Ilhan et se blottit là.

— Je pense que je peux dormir confortablement depuis bien longtemps… piailla-t-elle tout bas, excitée comme une puce.

— Hmpf ! cracha Liera sans se retenir. Je vais laisser passer cette fois, mais… !

Herta avait l’air satisfaite de simplement s’accrocher à la manche du pyjama de son humain, et Liera l’observa d’un œil compliqué et subtil, avant de vite s’endormir dans tous les cas. Herta n’avait quant à elle pas annoncé ça dans le vide, et suivit immédiatement.

Tout le monde dormit d’un sommeil de plomb. Bien que les monstres du voisinage s’agglutinaient autour de la maison, ils se faisaient exterminer par les défenses automatiques sans rien pouvoir abîmer au passage.

Ainsi, alors que le reste du monde luttait avec acharnement contre les effets résiduels du Grand Cataclysme sans pouvoir se reposer, cette maison était le seul havre paisible où l’on pouvoir dormir sans se soucier de rien, totalement impassible face au chaos extérieur.

Quelques heures plus tard, Spiera apparut.

— Je suis de retour. Pourquoi est-ce que c’est si calme… ? Oh.

Elle revenait, annonciatrice des résultats de la réunion qui s’était tenue au Paradis et qui avait décidé des règles qui allaient être appliquée au sujet de la Terre, trouva absurde que même Liera et Herta fussent totalement assoupies. Cela dit, elle haussa les épaules et les laissa seules, jugeant qu’elles avaient suffisamment souffert récemment.

Parce qu’elle savait que les choses allaient se compliquer à partir de ce moment.

Pendant ce temps, la Maîtresse du Clan du Dieu du Tonnerre, Kang Mirae, était troublée. Elle avait reçu une requête de la part d’une personne de grande importance de Lanpass, le monde auquel elle était connectée, et elle ne pouvait l’ignorer.

— Un échange… ?

— Je ne parle pas des ressources de la Terre, répondit la première Princesse Impériale du Grand Empire de Palladia, Irma Anilta.

Telle était l’identité de son interlocutrice.

— N’existe-t-il pas ici des routes vers un nombre incalculable d’autres mondes ? insista-t-elle encore. Mirae, tous les mondes semblent posséder des ressources similaires, mais quelque peu différentes… Bien sûr, les monstres sont différents, eux aussi. En les étudiant, nous pourrions obtenir une quantité incroyable d’archives de haute qualité… et il serait absolument fortuit de pouvoir développer la magie de notre monde, qui stagne depuis longtemps.

— C’est dangereux, expliqua aussitôt Kang Mirae. Nous ne savons pas à quel moment un vortex sera généré, et s’il va même créer une Porte vers un lieu quelconque, et si elle se referme à cause d’une erreur…

— Tu es là, non ? De quoi devrais-je m’inquiéter ? Un jour ou l’autre, tu créeras une autre Porte.

Elle brûlait d’un désir intense de progression. Kang Mirae, qui avait une relation privilégiée avec elle, savait très bien qu’elle n’écouterait plus rien ni personne à ce point.

— Je te l’assure, continua-t-elle, les habitants de tous les mondes pensent comme moi ! Je parle de magie, mais d’autres convoitent des objets, des ressources, d’autres encore désirent capturer des monstres, et certains même des humains… Tôt ou tard, la Terre sera au centre d’un marché global, tu peux me croire.

Elle gloussa. Elle trouvait plaisant de songer que tout ce dont elle n’avait jamais osé rêver se produisait enfin réellement.

— La Terre devrait s’y préparer correctement, soupira-t-elle alors faussement, plus décisive que résignée. Si tu ne peux pas contrôler tout ça, ce sera très compliqué. Le management des Portes, le management des personnes qui transiteront par ces Portes, le management des transactions… Mirae, je te donne ce conseil en tant qu’amie : avant que quelqu’un d’autre le fasse, crée un endroit que personne ne pourra ignorer. De la sorte, tu en sortiras grande gagnante.

— Fuu…

Kang Mirae, toujours silencieuse, se contenta de soupirer à son tour. Irma Anilta lui sourit.

— Peut-être que la Terre est un monde qui va un jour se faire sa place au soleil, émerger au-dessus de tous les mondes, dit-elle. Pense positivement. Toi, tu peux devenir celle qui contrôlera ce centre de marché global.

— Je souhaite surtout que ça ne parte pas en cacahuète, rétorqua Kang Mirae en se raidissant légèrement. Actuellement, la Terre n’est pas dans une situation lui permettant de penser à ce genre de choses. Mais précisément à cause de ça… Tu as peut-être raison, si je m’avance et me propose de la sorte, je pourrais peut-être limiter les dégâts et contrôler ce bordel.

Bien sûr, les manieurs de compétences suffisamment puissants pour ouvrir des Portes vers d’autres mondes étaient limités, mais même là, il était impossible de savoir quand une situation similaire allait à nouveau se produire.

La raison pour laquelle les habitant d’autres mondes n’avaient pas attaqué les Terriens se trouvait dans le contrat qu’ils avaient avec l’Armée des Cieux : une fois qu’ils poseraient le pied sur Terre, il serait rompu.

Même la Princesse Impériale en face d’elle pourrait créer des problèmes si elle venait physiquement sur Terre. Un management méticuleux était obligatoire !

Kang Mirae se souvint de Ferata. Pendant qu’elle combattait un Monde Abandonné en compagnie de ses amis de fortune sans rien savoir, Yu Ilhan affrontait seul un monde entier afin de mettre un terme à leurs plans destructeurs. En y repensant, un feu s’embrasa dans son cœur.

Elle ne pouvait pas laisser la Terre reposer sur les épaules de Yu Ilhan seul. Il était désormais temps pour quelqu’un d’autre de le soulager, rien qu’un peu, de ce fardeau.

Elle désirait vraiment devenir cette personne. Elle se disait que de telles actions étaient dignes d’une partenaire… au moins.

— Je ferai définitivement en sorte que ça arrive, annonça-t-elle.

— Et tu peux voir les choses de la sorte, continua la Princesse Impériale sans remarquer l’accord de Kang Mirae. Si n’importe qui te voit, il pensera que tu es celle qui protège la… Attends, hein ?

Elle était prête à mener un combat sémantique face à une Kang Mirae qui ne fit que lui sourire, non sans une touche d’amertume.

La Princesse se mit à bouder en constatant que Kang Mirae n’allait pas en dire plus sur ses plans, mais elle savait que c’était son caractère. Elle le savait très bien. Sans en demander plus, elle fit marche arrière.

— Dans tous les cas, dit-elle alors, fais de ton mieux. Tout le monde voudrait devenir ce que tu vas devenir pour la Terre.

— C’est facile à dire, en tant qu’étrangère à ces problèmes, soupira la principale concernée en imaginant une grande majorité des Terriens se battant pour occuper une telle place.

La cupidité humaine ne disparaitrait pas tant que tout ne sombrerait pas dans la destruction en même temps. S’il avait été possible pour quiconque de créer un passage vers un autre monde, alors la Terre aurait été dans une merde noire depuis belle lurette.

Et même à ce moment, les dirigeants des pays du monde se creusaient probablement la tête pour trouver des mesures de sécurité face à ces passages inopinés, mais se demandaient très certainement en même temps comment en profiter au mieux et en tirer le maximum de bénéfices. C’était une chose naturelle.

— Le moyen le plus facile est de créer une spécialité locale produite uniquement sur Terre, conseilla la Princesse Impériale. Si quiconque veut s’en procurer, le centre du commerce serait automatiquement centré dessus, non ?

— C’est pour ça… Il n’est pas facile de choisir des objets spéciaux uniques à la Terre… Oh, attends, s’exclama soudain Kang Mirae.

— Quoi ? s’étonna son interlocutrice. Il y a vraiment quelque chose ? Peu importe à quel point la Terre est avancée dans son état actuel, elle n’a que vécu son second Grand Cataclysme…

— Il y a… Eh bien… soupira Kang Mirae. Il y a une spécialité que n’importe qui s’arracherait sans se soucier des violences qu’il aurait à proférer.

Pourquoi soupirait-elle en annonçant la réalité de tels produits ? La Princesse Impériale était curieuse. Naturellement, ce dont elle parlait était la fameuse Avant-Garde ; quiconque se procurait leurs équipements devenait automatiquement plus puissants, et d’une grande marge, au point d’être affecté à la défense de la Terre et d’être capable de tenir ce rôle.

Pourquoi ce type est-il si doué en tout ?! chouina-t-elle intérieurement.

Ce n’était que quelques minutes plus tôt qu’elle désirait le soulager de son fardeau ! Et voilà qu’elle songeait déjà à une méthode qui l’impliquerait encore plus. Elle voulait juste creuser un trou et s’y enterrer pour de bon.

— Alors, quels sont ces produits spéciaux ? insista la Princesse. Tu peux me mettre au parfum, n’est-ce pas ?

— Ce n’est pas difficile, confirma Kang Mirae. Mais avant ça, j’ai une requête… C’est… quelque chose que tu te dois d’accepter afin d’obtenir les spécialités de la Terre.

Sa demande semblait réellement sinistre. Et pour cause, la dernière fois qu’elle avait formulée une telle requête, une énorme partie des réserves de potions de l’Empire avaient terminé dans ses poches !

Cependant, Kang Mirae était pratiquement devenue la mascotte de l’Empire. La Princesse ne pouvait décemment pas rejeter cette requête facilement, surtout pas avant même de l’entendre. Elle ouvrit la bouche, déjà résignée.

— Ok, demande-moi ce que tu veux. Que désires-tu de moi ?

— Des matériaux relatifs à l’ingénierie magique, annonça-t-elle. Tout ce qui existe dans l’Empire.

— Eh ?

Une attaque venue d’une direction pour le moins inattendue. Cela dit, la Princesse hocha la tête assez rapidement ; c’était clairement plus facile que ce à quoi elle s’était attendue.

— Ok, je vais voir ce que je peux faire, promit-elle. S’il s’agit des fondamentaux, j’en ai même dans ma chambre, ici-même… Mais l’existence d’un certain niveau d’artisanat est essentielle à l’ingénierie magique, alors en fait, dans l’ère que vit la Terre, je doute que… Enfin, la recherche n’avance déjà pas très rapidement de notre côté. Si tu comptes l’apprendre, alors sois prête à souffrir des déceptions.

— Non, rejeta aussitôt Kang Mirae, ce n’est pas pour moi… En fait, c’est également lié aux spécialités que tu cherches à découvrir.

Des points d’interrogations se mirent à flotter métaphoriquement au-dessus de la tête de la Princesse. Kang Mirae se dit qu’il était temps de répondre à sa question et lui tendit un bracelet avec un sourire silencieux aux lèvres.

— Est-ce un cadeau ?

— Je ne pourrais pas offrir ça, même si ma tête tombait. Vérifie simplement ses informations.

La Princesse Impériale plaça ses mains sur le bracelet en boudant un peu. À ce moment, une série de mots verts apparurent sur sa rétine.

— C… C… C… C… C… Ce niveau d’artisanat !!!

— Qu’en penses-tu ?

La Princesse se leva d’un bond et hurla d’excitation.

Une réponse prévisible. Kang Mirae lui sourit une fois de plus en rangeant le bijou.

— Alors, demanda-t-elle, la valeur de nos produits spéciaux est-elle suffisante ?

Raka
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