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Chapitre 393 – Changement imprévu

Le commissaire-priseur aux cheveux blancs postillonna partout en enveloppant de mystère le morceau de tissu ancien. En gros, il faisait de son mieux pour en augmenter la valeur ne serait-ce qu’un minimum mais malheureusement sans grand succès, car son auditoire avait perdu patience. Les plus belliqueux se mirent même à vociférer des jurons.

Le vieillard ne put que secouer la tête devant ces réactions sans enthousiasmes. Il déglutit pour s’humidifier le gosier et dit avec un sourire amer : « D’après nos estimations, le prix de départ de ce morceau de tissu devrait être de cent mille pièces d’or. Que l’enchère commence ! »

Sa voix retomba et avec elle, le silence. Certains balayèrent le public du regard comme à la recherche d’un imbécile intéressé par le bout de tissu. Qui gâcherait cent mille pièces d’or dans une carte dont la véracité était en doute ? Et quiconque aurait autant d’argent ne le dépenserait pas là-dessus, si ?

Xiao Yan fixa intensément le tissu ancien de sous sa capuche. N’aurait-il pas été couvert par son Doupeng que n’importe qui aurait pu remarquer son excitation. Il prit d’ailleurs une grande inspiration pour se calmer et s’empêcher d’enchérir sur-le-champ ; la raison, après tout, lui disait que ça n’était pas le bon moment. Si, en agissant ainsi, il devait faire douter les grandes factions au premier rang et attiser leur intérêt, la carte finirait certainement entre leurs mains. À tout le moins, il savait qu’il était financièrement incapable de les affronter.

Le commissaire-priseur aux cheveux blancs ne put que secouer la tête face à l’audience silencieuse et aux regards moqueurs. Il injuria répétitivement dans ses pensées les experts qui avaient évalué le prix de la carte car même si elle était ancienne, ce n’était qu’un simple morceau. De plus, ils n’avaient même pas assez d’informations pour déterminer ce à quoi elle menait. Avec autant de facteurs négatifs, lui-même ne pensait pas qu’elle se vendrait, même à son prix de départ.

La salle des ventes resta plongée cinq minutes dans le silence avant que le vieillard ne soupire. Il allait annoncer la fin de l’enchère quand une voix retentit tout à coup, à son grand soulagement :

« Cent dix milles. »

D’innombrables regards se tournèrent vers l’origine de la voix, avant de trouver une silhouette enveloppée dans une robe noire près des premiers rangs. Certains commencèrent à marmonner : « Ce type a un problème ou quoi ? Il va vraiment dépenser cent dix mille pièces d’or dans un truc dont on ne sait rien ? »

Même certains membres des grandes factions jetèrent un regard étrange au jeune homme.

Le jeune maître de la secte de Sang le fixa en penchant la tête sur le côté, les sourcils légèrement froncés. Ce type mystérieux, pour une raison ou l’autre, lui inspirait une extrême prudence et à présent qu’il le voyait enchérir sur ce bout de tissu, il commença à s’interroger sur sa valeur. Une impression étrange le saisit et il n’arriva pas à s’en défaire.

Fan Ling secoua la tête, réfléchit un long moment et plissa les yeux. Il fixa la carte légèrement tremblante entre les mains du vieil homme en clignant des yeux.

Le commissaire-priseur, après avoir poussé un soupir de soulagement, leva la tête et sourit à l’adolescent sous sa robe. « Monsieur a enchéri à cent dix milles, est-ce que quelqu’un veut surenchérir ? »

D’innombrables membres du public roulèrent des yeux en l’entendant. Croyait-il vraiment qu’il y aurait un autre idiot du même gabarit ?

Le commissaire-priseur savait également sur sa question était redondante. Il sourit maladroitement et s’apprêta à abattre son marteau pour terminer l’enchère.

« Attendez. »

Une voix glaciale retentit soudain et fit se suspendre le marteau du commissaire-priseur dans les airs. Il leva un regard incertain vers sa source et s’aperçut que c’était le jeune chef de secte, qui se levait d’ailleurs lentement. Il en fut surpris, mais il lui dit en souriant : « Jeune maître de secte, vous… ? »

Fan Ling l’ignora et, sous le regard de tous, il se tourna vers la personne en robe noire assise dans son fauteuil et dit tout à coup en riant : « Oh rien, je suis juste soudainement un peu intéressé par cette chose. Cent trente milles. »

Le regard excité sous la capuche noire devint soudainement affûté. Le jeune alchimiste serra fermement le poing, et fixa lourdement son nouveau rival au visage pâle d’un regard glacial. Par réflexe, il fit déferler son Dou Qi dans ses méridiens…

À ce moment, la voix de Yao Lao retentit en lui comme un coup de tonnerre et dissipa sa colère. « Ne t’énerve pas, ta colère ne t’aidera pas dans cette situation ! »

Xiao Yan prit une grande inspiration ; aux yeux des autres, il paraissait affalé paresseusement dans sa chaise. Il dit d’un ton indifférent, comme s’il répondait distraitement à quelqu’un qui l’avait piqué au vif. « Cent cinquante milles. »

Fan Ling haussé légèrement les sourcils face à cette surenchère. Cet homme était la première personne sans soutien à oser s’opposer ouvertement à lui.

Il fixa un long moment son adversaire avant de faire un petit geste de la main. « Deux cents milles ! »

En le voyant faire, le vieil homme à ses côtés ne put s’empêcher de se lever d’un bond : « Jeune maître de secte ! » Il comprenait encore qu’il dépense une grosse somme pour la technique de Dou de vol mais là, il en dépensait juste pour se battre avec quelqu’un. Ça ne correspondait vraiment pas à son caractère.

Fang Lin le regarda avec froideur, et lui cria dessus avec une hostilité qui fit trembler le vieillard en son for intérieur : « Asseyez-vous ! » Il ne put que se rétracter.

Ce duel d’enchères, issu de nulle part, stupéfia aussitôt de nombreuses personnes à travers la salle. Personne ne s’attendait à ce coup de folie du jeune maître de secte. C’était vraiment étrange que de le voir soudainement se battre avec un étranger en se servant de son argent, dans un duel qui ne profiterait au final à personne. (NdT si ce n’est la salle des ventes x) )

Bien sûr, le commissaire-priseur de son côté souriait du haut de son estrade de cristal. Il ne s’attendait pas à ce que ce bout de tissu dont il n’attendait rien provoque un duel d’enchérisseurs, dont le riche et puissant jeune maître de la secte de Sang.

Xiao Yan sentit ses mains trembler doucement dans ses manches. Il faisait de son mieux pour retrouver son calme.

La voix de Yao Lao retentit subitement dans l’esprit rebelle du jeune homme, qui pensait surenchérir à nouveau : « Cesse d’enchérir contre lui. Si tu devais continuer, les autres factions pourraient avoir la puce à l’oreille. À mon avis, ce Fan Ling avoir quelques doutes ; il doit monter le prix pour te sonder. Du coup, si tu continues de surenchérir, tu pourrais lui dévoiler la véritable valeur de ce fragment mystérieux de carte, et on aurait bien du mal à rivaliser face à ces grosses factions qui ont amassé leur fortune pendant de nombreuses années. »

L’adolescent répondit en grinçant des dents : « Que devrait-on faire alors ? Ne me dites pas qu’on devrait laisser ce morceau nous filer sous le nez ! »

Yao Lao lui dit lentement : « Nous devons absolument obtenir la Flamme Démoniaque de Lotus Purificateur et pour ça, nous devons réunir tous les fragments de la carte sans faire mention de la flamme exceptionnelle. Par conséquent, nous ne pouvons pas trop attirer l’attention du public, au risque qu’une personne très cultivée reconnaisse ce nom. Il y a beau y avoir seulement la moitié d’un dessin sur la carte, nous aurions de gros problèmes si quelqu’un devait réaliser sa véritable nature. »

Son disciple demanda en fronçant les sourcils : « Voulez-vous dire que nous devrions laisser ce Fan Ling partir avec la carte ? »

« Donnons-la-lui temporairement, puisqu’il la veut ; au final, elle finira cependant entre nos mains. » Répondit Yao Lao d’une voix quelque peu glaciale.

Le jeune alchimiste parut comprendre ce qu’il voulait dire et demanda : « Vous pensez à lui tomber dessus après les enchères ? »

« Exactement. Nous devons obtenir ce morceau de carte à tout prix et nous ne devons pas hésiter, même face à ce jeune maître de secte. » Le vieillard rit froidement : « Il la veut, alors qu’il l’ait pour l’instant. Ne démontre pas d’intérêt histoire de ne pas attirer la suspicion des autres. »

Le Da Dou Shi expira lentement, hocha discrètement la tête et étouffa de force ses émotions. Il s’enfonça dans son fauteuil en lançant un dernier regard au jeune maître depuis sous doupeng, et ne rajouta rien de plus.

Fan Ling fronça aussitôt les sourcils devant sa réaction. Se serait-il trompé ? Ce type avait enchéri sur un coup de tête ?

Ces questionnements en tête, il s’assombrit quelque peu et, sous les regards du public qui le fixaient comme s’il était un débile mental, il sentit le coin de ses lèvres tressaillir. Il renifla froidement et se rassit avec une expression si lugubre qu’elle en était effrayante.

« Ké ké, le jeune maître de secte Fan Ling propose deux cent mille pièces d’or pour ce morceau de carte. Est-ce que quelqu’un veut surenchérir ? » Demanda le commissaire-priseur en regardant la foule. Cependant, personne ne lui répondit, et il abattit immédiatement son marteau.

Xiao Yan, assis dans son fauteuil, regarda plusieurs objets passer sans leur accorder le moindre regard. Ce dernier était rivé sur le dos de Fan Ling tandis que, sous sa capuche, un sourire sauvage grossissait de plus en plus sur ses lèvres.

Ce Fan Ling avait pensé qu’en enchérissant sur un caprice, il pourrait peut-être obtenir une carte au trésor de grande valeur, mais malheureusement pour lui… Il allait récupérer une condamnation à mort en même temps que le fragment.

Le jeune homme devait obtenir le bout de carte par tous les moyens ! Où que Fan Ling s’enfuit par la suite, il le frapperait d’une attaque furtive depuis les ténèbres !

Wazouille
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