DMS : Chapitre 70
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Chapitre 71 – Le donjon imprenable (1)

 

— Comment ça, Paladin ?! C’est quoi, cette histoire ?! m’écriai-je soudain face à une réalité incompréhensible.

L’instructeur me regarda d’un air étonné, leva les sourcils et les mains et fit mine d’être réellement surpris par ma question.

— Mademoiselle ? demanda-t-il, pourquoi vous étonnez-vous ? Quelque chose ne va pas avec cette classe ? Vous savez que vous disposez d’une heure pour revenir en arrière sur votre décision ?

— Quoi… Quelle décision ? Une heure ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ?

J’étais parfaitement perdue.

— Si vous souhaitez vous orienter vers une autre classe spécialisée, vous pouvez aller voir l’instructeur de votre choix et lui signaler que vous souhaitez changer de classe. Vous pouvez le faire une fois, après quoi vous serez obligée de conserver votre classe ou de revenir vers moi.

— Là n’est pas la quest… Non, attends… Attends, stop. On reprend du début, là. Je suis devenue un Paladin ?

— Évidemment, mademoiselle, me répondit-il en bombant fièrement le torse, vous êtes désormais un Paladin de l’Église d’Albion, vous êtes fin prête à pourfendre le mal en tout genre ! Vous avez fait un excellent choix !

— Je n’ai… Aaaah !

Je n’en pouvais plus. Je n’arrivais même pas à expliquer clairement ce que j’avais sur le cœur. Pourquoi ? Pourquoi étais-je Paladin ? J’étais une architecte !

— Mais attends…

Me calmant un peu, je réalisais peu à peu ce qu’il se passait. J’avais obtenu une classe d’explorateur et mes statistiques avaient été mises à jour. En réalité, ce qu’il me proposait, ce n’était pas une quête à rallonge, c’était…

— …une quête d’obtention de classe ?

— Hm ? réagit l’instructeur, bien sûr, mademoiselle, vous devrez à nouveau passer par une quête de classe si vous souhaitez changer de classe.

— Non ! m’écriai-je, ce n’est pas ce que je veux dire ! Tout ce que tu m’as fait faire ! C’était une quête pour obtenir une classe ?!

Il leva à nouveau les yeux aux ciel, parfaitement dédaigneux, étonnant pour un PNJ.

— Mais évidemment ! Que croyiez-vous que j’allais proposer à quelqu’un qui ne fait pas partie de l’Ordre ?

— …

Je ne savais même pas quoi répondre. Je ne pouvais pas non plus lui dire qu’en tant qu’architecte, je m’attendais à n’importe quoi mais pas à ça. À bien y réfléchir cependant, le choc de la surprise passé, je n’y voyais finalement pas d’inconvénients. J’avais obtenu une classe, des statistiques mises à jour, un équipement qui me plaisait et des arbres de compétences adaptés à ce que j’avais demandé. J’aurais alors pu évidemment choisir une autre voie mais qu’est-ce qui me garantissait que ça fonctionnerait encore ? Comme on disait alors, mieux valait faire avec ce qu’on avait qu’espérer un futur potentiellement incertain.

— Hmm… Maîtrise du bouclier ? Je dois dire que ça ne m’intéresse pas vraiment, remarquai-je.

— Mademoiselle, la maîtrise du bouclier est une base du rôle du Paladin dans un groupe. Vous verrez, vous finirez par trouver ça naturel.

Il ne se doutait pas que je n’allais certainement pas partir en groupe à l’assaut des donjons. Il n’avait qu’à penser ce qu’il voulait, pour ce que ça me coûtait…

— Combat à mains nues, par contre, ça je prends.

— Ah, je dois dire que vous êtes la première à me demander ça. Je n’ai jamais vu de Paladin combattre avec un bouclier dans une main et le poing de l’autre serré pour frapper son ennemi. À vrai dire, je ne sais même pas ce que pourrait réserver cet arbre de compétence pour le métier de Paladin !

— Comment ça ? m’étonnai-je.

— Eh bien, vous savez bien, il y a beaucoup d’arbres de compétences qui sont communs à un grand nombre de classes, m’expliqua-t-il sans broncher, combat à mains nues, par exemple, est partagé par des classes comme le Pugiliste, le Maître Martial ou le Bagarreur, entre autres.

Je voyais parfaitement ce qu’il disait, mais…

— …mais pourquoi ne vois-tu pas de quoi il s’agit, dans ce cas ?

— Il faut vraiment revoir toutes les bases avec vous, hein ? se moqua-t-il légèrement.

— Oui. Allez.

— …Eh bien… se résigna-t-il, l’arbre de compétence diffère selon la classe. Le bagarreur aura accès à des coups que le Pugiliste n’aura pas, qui lui-même n’aura pas tout à fait la même spécialisation à mains nues que le Maître Martial… Les compétences elles-mêmes changent. Et je n’ai jamais vu ce que pourrait donner le combat à mains nues chez un Paladin. Revenez souvent pour me l’apprendre !

Il me disait ça, mais j’avais l’impression qu’il essayait de me renvoyer une fois son travail terminé, comme si nous n’avions plus rien à nous dire.

— Bon. Déjà, mes statistiques ont été mises à jour. Voyons voir.

[Qian Wuyin – niveau 11]

[Créature – Architecte] [Classe : Paladin]

[Force – 35]
[Constitution – 50] [Points de vie – 200] [Endurance – 50]
[Dextérité – 50]
[Vivacité – 20]
[Piété – 30]
[Intelligence – 20] [Mana – 80]
[Charisme – 25]

[Entrave – coût : 15 PM]
[Lévitation – coût : 30 PM]

֎ [Combat à mains nues]

[Frappe brutale – coût : 5 PE]
[Empoignement – coût : 10 PE/seconde]

֎ [Maîtrise du bouclier]

[Engagement – coût : 1 PE/seconde]
[Frappe étourdissante – coût : 15 PE]

֎ [Magie de l’Église d’Albion]

[Purification – coût : 20 PM]
[Bénédiction de force – coût : 10PM]

— Ouah… m’extasiai-je, mes statistiques ont vraiment été mises à jour ! Et c’est vrai, j’oubliais mais c’est quoi, ça ? Magie de l’Église d’Albion ? Une spécialisation du Paladin ? C’est vrai…

Il avait bien dit que j’étais devenu Paladin de l’Église d’Albion. Existait-il d’autres Paladin, dans ce cas ? Sur d’autres planètes, sans doute. S’il devait y avoir un Paladin de l’Église d’Albion sur un autre monde, ça n’aurait aucun sens. Quoi qu’il en fut, plus j’y réfléchissais et plus ça me convenait ; je n’avais rien perdu, et j’avais gagné des compétences puissantes et des arbres de compétences qui me permettraient de me sortir de situations bien délicates !

— Bon… Et maintenant ? Que vais-je faire ?

Ma question sortit l’instructeur de sa léthargie de PNJ et il me répondit, le sourire aux lèvres :

— Naturellement, vous pouvez vous rendre à la Guilde afin d’y trouver un groupe et d’aller explorer un donjon. Un Paladin est toujours le bienvenu dans les groupes d’explorateurs.

— Un donj… Non merci, répondis-je catégoriquement en secouant la tête.

— Oh ? Vous êtes bien étrange, mademoiselle, haha, se contenta-t-il de rire en détournant le regard pour mettre fin à la conversation.

Je fis demi-tour et à défaut de me rendre à la Guilde pour chercher un groupe, j’avais autre chose de plus urgent à faire.

 

*

 

J’avais prévu de dormir gratuitement chez le forgeron à partir de maintenant. J’allais économiser une belle somme d’argent en ne payant pas l’auberge, ça valait forcément le coup. Ceci dit, il m’avait confié une tâche et si je ne comptais pas m’en acquitter au départ, je ne pouvais décemment pas rentrer les mains vides et lui demander le gîte et le couvert.

Il me fallait désormais me rendre chez l’herboriste afin de me procurer des plantes médicinales pour Lyrne. Après tout, il ne s’agissait là que de soigner son visage, pas de lui rendre la mémoire ; je pouvais y aller sans crainte.

La tête pleine de ce que j’allais faire de ma nouvelle classe – et du besoin de ne surtout pas dévoiler ça à quelque architecte que ce fut – je me rendis directement direction la maison du spécialiste en plantes. Petit à petit, le soleil redescendait dans le ciel et l’après-midi était déjà bien engagée lorsque je mis le pied sur le pas de sa porte.

Toc toc toc

— Il y a quelqu’un ? criai-je poliment.

Du fond de la maison me parvint un bruit sourd, comme si je venais de réveiller quelqu’un en sursaut et qu’il était tombé de son lit.

Vingt secondes plus tard déboula en titubant un type, un maigrichon mal rasé et dont l’odeur ne laissait que supposer qu’il ne s’était pas lavé depuis autant de temps que j’étais architecte.

— Euh… Oui… Bonjour ?

Il se tenait le front et grimaçait. Merde, il s’était vraiment cogné la tête en se réveillant ?

— C… C’était l’heure de la sieste ?

— Hein ? Co… Comment le savez-vous ?! Non, je… je veux dire, ne… dites rien à ma femme, elle va encore dire que je paresse ! Mais je manque de sommeil à cause d’elle, vous savez, et je…

Il s’arrêta net, et me fixa.

— Mais pourquoi est-ce que je vous raconte ça ?

C’était vrai. Pourquoi est-ce qu’il me racontait ça ? Je ne lui avais pas demandé autant d’explications.

— Je suis désolé, mademoiselle, mais… je ne sais pas pourquoi je… vous inspirez simplement confiance et je… Ah, laissez tomber.

La confiance ?

Le charisme ?

C’était un effet de l’augmentation de mes statistiques, sans doute couplé au fait que j’étais désormais dans un Ordre religieux, et ça ne pouvait qu’inspirer une certaine forme instinctive de respect.

— Bref, repris-je en secouant un peu la tête, je suis là pour acheter des herbes. Voici la liste.

Il attrapa le bout de papier que je lui tendais et y jeta un œil averti.

— Oh, conclut-il rapidement, rien de plus simple. Patientez quelques minutes, je vous prie.

Il s’en retourna par la porte d’où il était venu, sans doute vers sa réserve de plantes ; je l’entendis ouvrir et fermer des bocaux et ce qui ressemblait à des coffres avant de revenir avec une petite bourse bien remplie.

— Voilà tout ce que vous m’avez demandé. Il vous en coûtera 3 pièces d’or, je vous prie.

N’ayant absolument aucune notion de la monnaie et de son cours sur Albion, je lui offrir les quatre pièces d’or que m’avais confiées le forgeron en lui précisant que c’était pour le dérangement. Il me remercia bien bas, allant jusqu’à m’offrir des mots gentils sur ma toge immaculée – qu’aurait-il dit si je m’étais changée avant pour enfiler ma nouvelle armure ?

Me laissant une bonne impression de lui, il me raccompagna à la porte et me fit ses adieux tandis que je repris le chemin de la demeure du forgeron, calmement. Après tout, j’avais le temps ; une fois que j’aurais réglé le souci du lit pour la nuit, je n’aurais plus qu’à rentrer à Imperos lorsque le sort d’humanisation prendrait fin.

Mon affaire se déroula le plus simplement du monde. Je lui remis la petite sacoche contenant les plantes dont il avait besoin et l’aidai même à les appliquer sur le visage encore tuméfié de sa femme. Après quoi il me remercia et me précisa qu’il me rendrait lui aussi un service dès que l’occasion se présenterait ; et l’occasion se présenta aussitôt, ce qui me valut un droit de séjour illimité dans une chambre d’amis mais malheureusement pas de repas gratuit.

— C’est déjà ça. L’économie sera substantielle, je pense, me consolai-je.

Je regardai furtivement ma montre, cachée dans ma manche. Il était 17 : 20. J’allais tranquillement me mettre en route vers mon donjon et y patienter jusqu’à la fin du sort avant de rentrer chez moi. J’étais parfaitement dans les temps.

— Je vais pouvoir rentrer. C’était bien marrant ici, mais il faut que j’aille voir pourquoi plus aucun explorateur n’entre dans la forêt hantée.

Prenant le chemin de mon donjon, je me mis à siffloter. J’étais heureuse, la journée s’était avérée fructueuse pour moi ; j’étais vraiment devenue une architecte bénie parmi tous mes pairs.

— …bénie ?

L’envisager de la sorte me fit penser à autre chose. Je possédais une compétence dont je ne m’étais jamais servie, faute de comprendre à quoi elle servait.

— J’ai une compétence qui me permet de demander la faveur des dieux, hein ? me rappelai-je, et si je l’essayais ? Après tout, il va bien falloir que je voie ce qu’elle fait, un jour. Et l’occasion est idéale, je n’ai plus rien d’autre à faire de ma journée.

[Faveur Divine]
[En priant les dieux, l’un d’eux posera sans doute sur vous un regard bienveillant.]

Elle était buguée, même son nom l’était. Cela signifiait-il que ce n’était pas une compétence d’explorateur, mais bien une compétence de monstre ?

J’étais sortie de Roram et me dirigeais gentiment vers mon donjon. Tournant la tête de tous les côtés, je me rendis bien vite compte qu’il n’y avait personne à la ronde et j’en profitai pour m’éloigner un peu du sentier afin de trouver un coin encore plus isolé ; il n’y avait vraiment pas beaucoup de monstres près de Roram ; mis à part celui qui avait pris à ma place pour le vol de l’épée, je devais encore en rencontrer dans les environs du village. Les explorateurs faisaient réellement bien leur travail.

Vérifiant une fois de plus l’absence d’yeux indiscrets, j’ouvris la bouche.

— Faveur Divine.

Le ciel s’assombrit et des éclairs se mirent à crépiter entre les nuages nouvellement formés. C’était comme si tous les orages du monde se rassemblaient au-dessus de ma tête, dans un rayon assez large pour recouvrir même le village de Roram.

— Merde… Mais qu’ai-je fait, encore ?

Tout ça pour un simple test ? J’avais l’impression d’être en train d’invoquer la foudre des Géants.

Ceci dit, le tout ne dura qu’une dizaine de secondes et le ciel s’éclaircit à nouveau, ne laissant dans le sillage des nuages qu’une douce éclaircie de fin d’après-midi.

— Quoi… C’est tout ? Et ça a fait quoi, finalement ?

Je n’avais pas l’impression qu’il s’était passé grand-chose de spécial et j’allais repartir, me disant que bon, ok, aucun dieu ne posait de regard bienveillant sur moi. Ma malchance légendaire avait encore frappé, et le « sans doute » n’avait pas fonctionné.

D’un seul coup néanmoins, alors que je m’apprêtais à reprendre la route vers mon donjon, je sentis une pression tomber sur mes épaules l’espace d’une seconde, tandis qu’une myriade d’informations pénétrait mon esprit.

[Vous avez attiré l’attention de Duphine.]

[Duphine pose sur vous un regard bienveillant, attirée par votre caractère et votre comportement. Vous êtes désormais bénie par les mots de Duphine. Qui sait ce que ces mots contiennent ?]

[Duphine est une déesse révérée et dominant les arts de la séduction, de la trahison et de l’illusion. Décrite comme possédant le corps d’un serpent et le buste nu d’une femme magnifique et tentatrice, elle est la déesse d’une petite planète isolée et ne possède pas beaucoup d’influence. Cependant, son pouvoir reste supérieur à celui des mortels en bien des points. Son regard est léger, vous l’intéressez peu. Qui sait ce qu’il lui faudra pour qu’elle pose sur vous un regard plus insistant ?]

[Duphine est connue parmi ses pairs pour avoir séduit un nombre incalculable d’hommes. Se faisant passer pour une femme fatale et les attirant avec son physique divin ou par magie, elle les dévorait une fois l’acte sexuel accompli. Qui sait quelle influence pourrait avoir une telle déesse dans votre vie ?]

[Grâce à la bénédiction de Duphine, tous vos ennemis vous voient comme si vous possédiez un corps plus séduisant qu’il ne l’est en réalité. Qui sait à quel point un tel corps pourra les perturber ?]

— …

Et dire que juste quand je venais d’obtenir une armure me permettant de séduire mes ennemis, voilà que je possédais maintenant une compétence passive qui allait en augmenter l’effet ! Je commençai à me demander si finalement, je n’allais pas porter cette armure sur ma peau nue, tout compte fait.

Raka
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12 thoughts on “DMS : Chapitre 71

  1. nous n aurons jamais une paladine exemplaire a la force aussi puissante que sa foi inebranlable, mais ca me va. mrci pour le chap

  2. Quant on dit que Duphine est une déesse ,c’est a dire que c’était une architecte ou une aventurière avant ?
    Il est dit qu’elle est déesse d’une planète ,il y aurait-il un lien avec les donjon de type solitude ?
    Cela expliquerait pourquoi Albion reprend les légende arthurienne ce serait un dieu venant de notre monde qui aurait crée un monde « donjon » en se basant sur nos légende local ?

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