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Chapitre 225 – Un morceau pour voir la réincarnation

Ji Mo se gratta la tête et demanda : « Mais comment va-t-on intéresser cette femme ? Avec de l’argent ? »

Chu Yang opina du chef : « Exactement, avec de l’argent ! »

Ji Mo en resta aussitôt perplexe. Il s’imaginait que pour y parvenir, il fallait être une sorte de génie capable de parler en vers ou du genre. Lui-même ne s’attendait pas du tout à ce que l’argent soit la bonne réponse, au contraire…

« Cet établissement permet à la maîtresse cithariste de perfectionner son art, mais aussi d’accumuler une fortune ! » dit le jeune homme à voix basse. « Il paraît que lorsqu’elle vient sur scène, elle ne joue pas pour moins d’une dizaine de milliers de taels d’argent ! »

« Dix mille taels ? » Luo Kedi écarquilla les yeux. « Je… Bon sang ! Tu sautes directement au niveau d’Empereur après l’avoir écoutée jouer ou quoi ? »

« Est-ce vraiment cher ? » L’adolescent lui jeta un regard : « La maîtresse cithariste ne joue pas pour moins et pourtant, les riches et les puissants de la Citadelle ne se lassent jamais de débourser pour l’entendre jouer. En fait, ils rivalisent même les uns avec les autres… Et la rendent plus riche encore se faisant… De plus, cette Maison des Beautés Extraordinaires n’a pas que cette maîtresse cithariste pour elle. »

« Après que cette dernière ait joué son morceau, le plus grand enchérisseur a l’occasion de l’entendre jouer un autre pour lui seul ! Ce morceau s’appelle ‘la seule extase’, et est également un symbole du statut de la personne. Les enchérisseurs malheureux, du coup, ne peuvent que faire leurs choix parmi les demoiselles restantes. Bien qu’elles ne vendent que leurs talents et pas leurs corps… Si tu arrives à attirer leur attention, tu peux négocier davantage… » rit doucement le Fourbe.

« … » Luo Kedi écarquilla les yeux. « Et pour attirer leur attention… Il faut de l’argent, c’est ça ? »

Chu Yang le fixa : « Non, tu crois ? »

« C’est génial… » Les quatre hommes en eurent le souffle coupé. Effectivement, ces femmes étaient là pour divertir leurs hôtes, et non pas pour vendre leur corps… Mais si on parvenait à démontrer suffisamment sa sincérité, elles pourraient en rester admiratives ! Le problème étant : combien d’argent fallait-il dépenser pour prouver sa sincérité ?

« Alors cette maîtresse cithariste… est aussi à prendre ? » demanda Ji Mo.

« Non ! » Le jeune homme secoua la tête. « C’est mort. Je t’interdis même d’y penser. »

« Tu as l’air de vraiment bien savoir comment fonctionnent ces bordels, grand-frère ! » dit Rui Butong, admiratif.

L’adolescent sourit en coin ; il n’aurait jamais cru entendre une telle chose un jour… Comment aurait-il pu ne pas se renseigner sur cette Maison des Beautés Extraordinaires et ses règles avant de s’y rendre ?

Tandis que les cinq amis discutaient, quelqu’un avait déjà levé son panneau pour enchérir.

« Dix mille taels ! Chef Qian a enchéri de dix mille taels ! »

« Quinze mille taels ! L’Officiel Wang a enchéri à quinze mille taels ! »

…”

Ji Mo tira la langue : « Ils sont vraiment riches ! » Il avait beau être un descendant d’un grand clan bien plus puissant que ces types, il se ferait écorché vif par les siens s’il venait à dépenser autant pour entendre un morceau de musique…

Un grand cri leur parvint de la scène : « Le jeune maître Lian a enchéri à trente mille taels ! Qui dit mieux ? »

Chu Yang fit un clin d’œil et dit : « Regardez votre grand-frère se lancer ! » Il leva soudainement son signe et hurla : « Cent mille taels ! »

Un jeune maître assis devant la scène secoua la tête en riant, avec quelqu’un assis à côté de lui. C’était lui qui avait misé les trente mille taels. C’était une somme considérable, et il était sûr qu’elle lui suffirait à l’emporter. Il ne s’était pas le moins du monde imaginé que quelqu’un surenchérirait aussi haut, et il se retourna pour jeter un œil au jeune homme en fronçant les sourcils.

La femme gracieuse sur scène fut choquée, mais elle se reprit rapidement : « Ce jeune maître a surenchéri à cent mille taels ! Cent mille taels ! Qui dit mieux ? »

C’était bien la première fois que l’enchère passait de trente à cent mille taels… !

Le jeune maître Lian fixa l’adolescent avec fureur : « Cent cinquante mille taels ! »

Le Fourbe ricana : « Trois cent mille taels ! »

Le silence envahit le grand hall ! Trois cent mille taels juste pour entendre une mélodie… Une telle dépense allait au-delà de la définition de ‘gaspillage’.

Le visage du jeune maître Lian s’assombrit. Il jeta à son compétiteur un regard féroce, puis il se retourna froidement et se rassit. Il murmura : « D’où sort ce connard ? Est-ce que quelqu’un le connaît ? »

Tous les jeunes hommes l’accompagnant secouèrent la tête, et l’un d’entre eux dit : « On dirait que c’est un nouveau riche qui veut claquer son argent… Vous pourriez l’écraser facilement, jeune maître Lian ! »

Ce dernier ricana : « Aucun d’entre vous ne le reconnaît ? »

Son entourage secoua la tête, et il se mit à sourire froidement.

Cela faisait six mois qu’il courtisait la maîtresse cithariste et pendant ces six mois, il avait dépensé une véritable fortune. Il savait qu’elle adorait la neige et que, par le temps qu’il faisait, qu’elle devait être de bonne humeur. Il avait prévu de se rendre à la Maison des Beautés Extraordinaires il y a quelques jours de ça, mais il n’avait pas osé se montrer en public avec la mort de l’ancien empereur et le couronnement du nouveau. Il s’était précipité à la maison close dès que le calme était revenu.

Il ne s’était pas attendu à ce qu’un pécore nouveau riche sorte de son trou et lui vole la vedette.

Le jeune maître Lian ricana : « Qui, dans la Citadelle, oserait rivaliser avec moi ? Ha ha, je veux voir quel genre d’homme est-ce ! » Il se retourna et dit : « Suis ce minable, brise-lui les jambes et ramène-le-moi ! »

Une personne en noir derrière lui jeta un regard glacial au jeune homme, et eut un sourire cruel. Il dit à voix basse : « Rassurez-vous, jeune homme, ce sera fait. »

Chu Yang savait parfaitement que la maîtresse cithariste était la véritable chef de cette Maison des Beautés Extraordinaires, et il devait absolument la rencontrer en tête à tête pour réaliser son grand plan, et ce quoiqu’il lui en coûte. Cela dit, il n’allait pas payer avec son argent, il faisait juste une avance. Si ce jeune maître Lian avait autant d’argent chez lui, il allait peut-être lui rendre visite…

Quoi qu’il en soit, il se fichait bien de qui il pouvait offenser.

Une seule famille riche, dans la Citadelle, avait le nom de ‘Lian’. C’était celle du ministre des finances, Lian Chenggui. Ce jeune homme devait donc être son fils.

Un fils de ministre était capable de dépenser cent mille taels pour écouter un morceau de musique… Ça en disait long sur la richesse de sa famille mais cela dit, d’où venait tout cet argent ? Le salaire annuel du ministre était à peine de quelques dizaines de milliers de taels…

Cela faisait longtemps que le Ministre Chu n’avait pas agi. Il allait à présent pouvoir donner aux officiels de la ville de quoi s’occuper par ce temps hivernal et en même temps, il allait pouvoir leur rappeler une chose : « Même si l’empereur a changé, le Pavillon Butian reste égal à lui même, tout comme le Roi des Enfers Chu ! »

De plus, il allait pouvoir se servir de cette purge pour faire croire à Diwu Qingrou qu’il était toujours dans le Nuage de Fer…

Le Fourbe était très heureux de pouvoir se servir du jeune maître Lian comme d’un sacrifice pour commencer son plan !

« Ce jeune maître a enchéri à trois cent mille taels ! Qui dit…? » La trentenaire sur scène se tut en plein milieu de sa phrase, car personne n’était assez bête pour dépenser trois cent mille taels pour un morceau à part ce grand chef…

Elle sourit et dit : « Quel est votre nom, jeune maître ? »

Chu Yang sourit : « Mon nom est Chu. » Il sortit ensuite aussitôt un gros tas de liasses de billets et les tapota de la main. Le billet surplombant le tas était un billet de dix milles…

« Voici un petit gage de ma sincérité à l’égard de la Maison des Beautés Exceptionnelles. Cet argent sera le vôtre, même si Mademoiselle Xiao Lu ne joue pas de sa cithare. » Il sourit et tendit prestement les liasses à la jeune femme en blanc à ses côtés : « Voilà trois cent mille taels, ni plus ni moins ; pas besoin de recompter derrière. Mademoiselle Xiao Lu nous ferait-elle l’honneur de sa présence ? »

La pauvre jeune fille tint les billets de ses mains tremblantes. Elle n’avait encore jamais vu autant d’argent de sa vie, et ne put s’empêcher d’être un peu excitée en les prenant.

Le jeune maître Lian le regarda froidement. Il marmonna en souriant en coin : « Il est vraiment plein aux as ; j’adore les gens plein aux as… »

Les jeunes maîtres à côté de lui étaient un peu tristes : Pourquoi un pigeon aussi riche doit-il taquiner Lian Fanlei ? Pourquoi n’est-il pas venu m’embêter moi ? J’aurais pu mettre la main sur tout cet argent…

Quel dommage de manger un pigeon capable de dépenser autant aussi facilement…

Au bout d’un moment, un bruit sec retentit soudainement au bord de la scène, et de la fumée blanche s’éleva des quatre coins. La fumée envahit immédiatement toute la scène.

Un rideau fin et délicat descendit alors lentement et la couvrit entièrement.

Des clochettes tintèrent et une silhouette fine et gracieuse apparut au centre de la scène, où elle s’assit lentement. La maîtresse cithariste, dans la brume, sembla jeter un rapide regard en direction du Fourbe.

On ne pouvait vraiment distinguer ses traits derrière la fumée et le rideau, mais une chose se détachait nettement : ses grands yeux clairs et froids, aussi limpides qu’un lac d’automne sans fond.

Le parfum de l’encens se diffusa lentement dans la salle, qui était plongée dans le silence. Tous les regards étaient rivés vers cette silhouette onirique, qui s’assit devant la cithare.

On entendit une des cordes de l’instrument vibrer lentement, comme si le son venait de loin, voire même de l’extérieur. C’était un son léger et délicat, capable de faire disparaître toutes les inquiétudes et la tristesse, et de les rendre aussi lointains qu’un rêve…

La musique de la cithare se diffusa comme de la fumée ; elle s’éleva lentement et emplit peu à peu le hall tout entier.

Chu Yang ferma légèrement les yeux, et laissa son âme se plonger dans ce son merveilleux. Avant de venir ici, il n’aurait jamais cru que de la musique puisse avoir un tel pouvoir… Mais il le croyait, à présent.

Rien que ce prélude contenait une puissance magique capable de faire chanceler son esprit.

Tout à coup, une légère voix résonna doucement sur scène : « Ce morceau s’appelle ‘Réincarnation’ ! »

Les notes de la cithare disparurent soudainement, mais semblèrent néanmoins résonner encore au loin. En quelques instants, des notes plus douces encore envahirent peu à peu la salle… Mais cette fois, elles donnèrent une impression totalement différente !

Le jeune homme eut l’impression d’apparaître dans ce monde depuis le néant. Un bras le tint gentiment, puis il arriva dans un paysage enneigé… Toutes les scènes de sa vie passée lui apparurent ainsi.

D’innombrables souvenirs remontèrent et se propagèrent dans son esprit.

Ce morceau, contre toute attente, lui faisait à nouveau revivre sa réincarnation…

Wazouille
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