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Chapitre 209 – Moi aussi 1/8

 

Malheureusement, il ne put obtenir l’âme, convertie en pensée, du loup-garou de cinquième classe. Maîtriser Collecteur de Mort ne signifiait pas qu’il avait une plus forte probabilité d’extraire les pensées de ses victimes, et il ne s’en trouva pas particulièrement surpris.

Et puis son corps était en bien meilleur état que ne l’avait été celui de Myste.

— Ouah, je lui ai donné de mon sang et le trou de son cœur se referme, nota Yu Ilhan.

— Un sang capable de régénérer autrui ? s’étonna Myste. Maître est-il vraiment humain ?

— Il ne va pas revenir à la vie et nous attaquer, hein… ? s’inquiéta Liera.

Ignorant les commentaires de Myste et Liera, Yu Ilhan restaura les restes du monstre dans un état parfait. Rien qu’en assemblant les morceaux les uns à côté des autres et en y déversant quelques gouttes de son sang empli d’énergie de Repos, la Régénération Transcendante faisait des merveilles.

Bien que son sang aidât, l’énorme quantité de mana encore présent dans le corps décédé réagissait de la meilleure des façons. En s’en rendant compte, Yu Ilhan se dit que c’était absurde. Quel niveau de régénération un corps devait-il posséder pour se rattacher ainsi aussi facilement ? Apparemment, ce type avait dû y réfléchir longuement après la mort de Myste.

— Ça aurait été l’enfer, si je n’avais pas pu le tuer d’une seule attaque surprise, comprit-il.

— Alors ? Que vas-tu en faire ? Un zombie ? s’amusa Liera.

— Quelque chose du genre.

— Qu… Hei… Vraiment ?!

— Mais je ne peux pas le faire dans l’immédiat.

Bien sûr, c’était parce qu’il n’y avait aucune pierre magique de cinquième classe dans ce corps. Yu Ilhan vérifia une fois encore l’état du cadavre avant de le renvoyer dans son inventaire. Le mana pouvait être des plus actifs, mais c’était toujours un corps, et il pouvait le ranger là sans problème.

— C’est le début. Myste, reprend le travail une fois les réparations terminées.

— Compris.

— Je devrais aller prendre un bain. J’ai beaucoup transpiré, remarqua-t-il alors.

— Allons-y ensemble, lui annonça Liera comme la chose la plus normale du monde.

— Peu importe.

Cela dit, Yu Ilhan ne quitta pas son armure en entrant dans le Seau Géant. Liera fit la moue, et il fit mine de ne pas la voir. Il s’agissait encore une fois d’un procédé servant à augmenter sa synchronisation avec l’armure, et se baigner ainsi ne présentait aucun problème. En fait, il se sentait encore mieux grâce à la résonnance.

— Tu es vraiment… râla Liera.

— Quoi ?

— …Rien.

Un rien totalement féminin qui sembla la laisser insatisfaite. Yu Ilhan renifla et se mit à réfléchir.

Si le premier individu de cinquième classe à être apparu sur Terre, Myste, possédait encore de nombreuses facettes expérimentales, le deuxième avait déjà été créé en possession d’une vitesse capable d’éviter la mort qu’avec subi son prédécesseur. Il couvrait les faiblesses notables, et était arrivé comme un produit amélioré. Comme si Yu Ilhan était utilisé pour tester des expériences.

Si ce type avait le pouvoir de créer des monstres de cinquième classe, ou en d’autres termes, façonner la Terre selon ses désirs, à quoi ressemblerait le prochain ? Et celui après ? Et…

Et finalement…

Sortirait-il en personne ? Yu Ilhan se mit à rire en l’imaginant.

Il ne resterait pas passif. Comme les Solitaires ne recevaient en général pas beaucoup de stimulus de la part des gens, ils y étaient très sensibles. Et comme cet enfoiré avait vraiment poussé Yu Ilhan à bout de la sorte, il en payerait le prix.

Le souci, c’était le temps. Il n’avait actuellement aucune confiance en ses chances de le vaincre. Il devait gagner sa quatrième classe le plus rapidement possible, mais même en oubliant ce détail, si l’ennemi acceptait d’attendre qu’il l’obtienne bel et bien, il ne savait pas combien de temps serait nécessaire pour ça.

Yu Ilhan lui-même n’avait pas de problème. Il était habitué à vivre seul, et il ne l’était même pas totalement. Non, le problème, c’était ses proches. Il était inquiet pour son père, pour sa mère, pour Kang Mirae, pour Na Yuna, qui lui avait même volé un baiser avant de disparaître. Et par-dessus tout…

Mir…

Sans faire mention de sa compétence de Commandement, ses sens de Chevalier Dragon lui confirmaient que Mir était clairement sain et sauf. Mais même là, il ne savait pas ce qu’il faisait, dans quel genre de situation il pouvait se trouver, et il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter.

Durant les deux années passées, il avait progressé encore plus rapidement que lorsqu’il avait été piégé dans le Monde Abandonné. Il avait gagné sa quatrième classe depuis un long moment. Peut-être qu’en comptant simplement les niveaux, il était le plus puissant parmi les subordonnés de Yu Ilhan, en incluant même Flemir. Pourtant, tous progressaient à des vitesses phénoménales !

Qu’il se développât était définitivement une bonne nouvelle. En revanche, grandir si vite ne signifiait qu’une chose : il était entouré de dangers et de situations de crise.

La voie qu’avait choisi Yu Ilhan était pourtant telle : il perdrait la vie à la moindre erreur. Et il s’inquiétait. Yumir pouvait-il être si aventureux qu’il décidât de l’imiter ? Et quelque chose pourrait mal se passer. Une seule fois était suffisante pour tout chambouler. Si Liera avait su à quoi il pensait, elle lui aurait sans doute dit de se mêler de ses propres affaires !

— Fuu…

Sentant l’eau bouillante qui lui rinçait le corps sous l’amure, Yu Ilhan s’allongea dans le Seau Géant et ferma les yeux. Liera grommelait à ses côtés, Myste hurlait en dirigeant la Forteresse Volante, et il pouvait sentir la résonnance avec Orochi. Puis, il pensa une fois de plus à Yumir.

Il avait probablement du devenir très puissant, puisqu’il avait gagné sa quatrième classe. Mais comme il était encore si jeune, il n’était certainement pas encore adulte. Non, Yu Ilhan espérait qu’il ne fût pas encore adulte. Il ne voulait pas être déçu en le revoyant.

Je vais venir te chercher très bientôt. Tiens bon jusque-là, même si tu dois le faire seul.

— Ilhan, tu dors ?

— Non, n’approche pas de moi en douce comme ça.

— Tch, radin.

C’était bon de ne pas être seul, mais peut-être qu’elle pourrait lui donner plus de temps pour réfléchir… Yu Ilhan soupira et repoussa Liera prête à lui faire un bisou, de sa main gauche.

Une chose était certaine. Il était trop tôt pour rencontrer le maître du donjon, et pour chercher Yumir. Il devait devenir encore plus fort avant ça. Un peu… Un peu plus fort. BEAUCOUP plus fort, en réalité.  Au moins au point de pouvoir se relaxer après avoir éliminé tous ceux qui lui posaient des problèmes.

— Et quand est-ce que je le pourrai… ?

Mais peu importât à quel point il pouvait tenter de le retenir, le temps s’écoulerait inlassablement. Le cupide Yu Ilhan souhaitait pouvoir attraper et protéger tout ce qui lui importait, y compris le temps.

Pendant ce temps, celui pour qui il s’inquiétait le plus, Yumir, donnait des leçons aux enfants.

— Maintenant !

— Fuaaah !

— hhp ! Haap !

En face de lui se trouvaient des milliers d’enfants qui émettaient des flammes. Des mains, de la bouche, de leurs têtes, de leurs pieds, de leurs doigts, de l’air ambiant… Il y avait là beaucoup de façons de faire, mais le résultat était le même à chaque fois – des flammes. Elles étaient d’ailleurs toutes très puissantes en considérant l’âge de ces enfants.

— Non, c’est toujours trop faible.

Cela dit, les standards de Yumir étaient trop élevés. Les gamins dégoûtés de ces mots vinrent se plaindre.

— Nous ne pouvons pas être aussi forts que le héros !

— Mais nous ne pourrons jamais tuer ces monstres, à ce rythme !

— Nous ne pouvons pas les tuer !

Yumir désirait les voir devenir plus forts rapidement, tandis qu’ils faisaient face à des limites réalistes et souffraient. Ce qui était intéressant, c’était la façon dont ils disaient à chaque fois que les choses étaient impossibles, et qu’à chaque fois qu’ils mangeaient de la chair de monstre et buvaient leur sang, l’impossible devenait possible.

Et en vérité, certains des enfants parvenaient déjà à créer des flammes plus puissantes.

— Ah, j’ai réussi.

— Ça fonctionne, confirma Yumir. Désormais, il faudra vous battre avec ces flammes plus puissantes.

— Je ne peux pas le faire !

Et plus le temps passait, plus il devenait strict. Les enfants tentèrent de le rattraper en suivant son ombre et ses leçons, et bien qu’ils fussent tous bien plus faibles que lui, ils progressaient rapidement.

— Maintenant, les manieurs d’électricité, déclara-t-il.

— Héros ! Appelle-nous Chevaliers-Tonnerre !

— Non, c’est puéril.

— Hhhhng.

Peut-être que l’environnement les affectait, mais après deux ans de barbecue de démon, ils pouvaient manipuler l’électricité, le vent, le feu, la glace, les vibrations et d’autres attributs spéciaux. Le fait qu’ils eussent acquis des capacités qu’ils ne possédaient pas lorsqu’ils n’avaient pas encore leur troisième classe signifiait que désormais, ils l’avaient.

L’éducation d’un enfant pouvait être aussi efficace qu’on voulait, il n’était pas normal de voir des gamins de trois ou quatre ans, parfois cinq ou six, avoir plus de cent niveaux en réserve. Mais ceux qui auraient pu trouver ça anormal n’existaient pas dans le donjon infernal, et Yumir et ses enfants s’en fichaient en réalité complètement.

— Oui, oui, bon, ok, Chevaliers-Tonnerre, ugh… Pourquoi dois-je faire ce genre de concessions ?

— Oui ! 2.300 soldats aux commandes du héros !

— Vous êtes bien plus nombreux que les autres équipes, alors votre premier objectif sera de tuer le monstre vibrant en l’attaquant à l’aide de la foudre, tous en même temps.

— C’est… impossible !!

Yumir divisa les enfants selon leurs attributs, et les sépara encore en fonction de leurs personnalités et caractéristiques afin de les faire agir avec plus d’efficacité. Ils étaient faibles, mais à l’aide de milliers d’attaques similaires sur une seule cible, les résultats ne pouvaient qu’être probants.

Les enfants, entraînés sous l’aile de Yumir, pouvaient infliger un lourd dégât aux démons, en l’état. Tout ça parce que Yumir, qui était un Dragon, espèce connue comme les Seigneur du Mana, contrôlait le leur afin de peaufiner leurs pouvoirs.

Yumir, qui avait la capacité de contrôler le mana d’autrui de façon innée, avait fini par servir le Solitaire Yu Ilhan, et avait enfin trouvé une voie lui permettant de devenir plus puissant en tant que Dragon, en dirigeant ces enfants géniaux.

Il souhaitait que les enfants pussent être capables un jour de tuer l’un de ces démons sans son aide, et ceux-ci ne pouvaient imaginer une situation où ils devraient combattre sans l’aide de leur héros.

— Nous ne savons pas jusqu’à quand cette situation va durer, leur expliqua Yumir, alors il faut que vous soyez forts.

— Uuuu, le héros est trop exigeant…

— Encore plus rude que les monstres…

Le plus jeune avait à peu près deux ans et demi, et de l’extérieur, il avait l’air d’en avoir dix. Son vocabulaire était toujours très limité, mais c’était absurde d’en demander plus, vu son âge. Vraiment, les enfants se développaient en une armée de super-humains.

— Héros !

Yumir ayant fini de vérifier l’étendue des progrès des Chevaliers-Tonnerre, il distribua le sang et la chair du démon électrique. À ce moment, un éclaireur revint et s’arrêta devant lui. Un gosse béni du pouvoir du vent. Il avait pu recevoir une éducation spéciale de la part de Yumir, et possédait une puissance destructrice et une vitesse supérieures à tous les autres.

— Quatre monstres !

— Quatre ? Uhmmmmmmmm, c’est beaucoup.

Le temps s’écoulait, et avec le temps, les démons commençaient à gagner de nouvelles habitudes. Auparavant, ils ne s’étaient jamais préoccupés de venir en groupe si Yumir et les enfants n’avaient pas provoqué de grabuge. Mais maintenant qu’ils se faisaient massacrer en boucle, ils évitaient de se déplacer seuls et agissaient en groupe !

— C’est trop, ne devons-nous pas fuir ? demanda l’éclaireur.

— Tous autant que nous sommes ? C’est impossible, même pour le héros ! répondit un enfant.

— Mais… enchaîna un autre, dans la foule.

— Ils sont nombreux, trancha Yumir, mais c’est peut-être une bonne opportunité.

Les enfants comprirent instinctivement ce qu’il voulait dire, et le regardèrent avec fermeté.

— Nous combattons.

— Héros… Mais…

— Nous combattons, répéta Yumir.

Une fois sa quatrième classe gagnée, il avait également grandi jusqu’à ressembler à un adolescent d’une quinzaine d’années, un si beau spécimen que quiconque se serait retourné en le croisant dans la rue. L’armée d’enfants agissait un peu comme son fan club, et ne purent pas refuser lorsqu’il leur adressa un sourire d’idole, si honnêtement.

— Vous pouvez le faire ? demanda-t-il. Je ferai en sorte de vous permettre de fuir si vous êtes sur le point de mourir.

— Héros… Ça veut dire que tu vas nous faire combattre si nous avons l’air de ne pas être en danger ?

— Yup.

Tous soupirèrent, mais ils savaient bien qu’ils n’avaient pas le choix. Le temps des jeux était terminé, même si les jeux en question avaient toujours été une question de survie. Dans cette compétition qu’était le donjon infernal, ils savaient que Yumir avait raison.

— Faisons en sorte de minimiser les dégâts, continua-t-il. Essayons de tous survivre.

— Les gars, emballez les outils !

Ils n’avaient pas fait que dévorer de la chair de monstre durant les années passées. Parmi les enfants, certains s’étaient révélés doués en forge, et bien qu’ils eussent dû passer par un certain nombre d’échecs pour apprendre, grâce aux matériaux de super-haute qualité et le nombre impressionnant de pierres magiques de quatrième classe à disposition, ils avaient pu créer des équipements corrects.

Ils étaient vêtus d’armures à l’aspect souvent étrange mais solide comme l’enfer, et bien que déformées, équipés d’armes aiguisées comme le même enfer. Tous s’alignèrent en fonction de leur bataillon, tous. 9.300 enfants qui avaient survécu grâce à Yumir, qui se rassemblaient à une vitesse militaire impossible pour leur âge tout en émettant une aura d’une pression conséquente.

— Bien.

Et le commandant de cette armée, Yumir, se tourna vers eux. Sur sa main se trouvait le gant que son père avait fabriqué, brillant comme toujours.

— Allons-y !

C’était la deuxième fois que le donjon infernal était sur le point de faire face à une crise, qu’il était sur le point de se faire oblitérer. La première fois par le père, la seconde par le fils et son armée.

Raka
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