Chapitre 72 : Un danger peut en cacher un autre 3/7
C’est la fin… Vais-je seulement pouvoir absorber toute cette énergie avec la technique de mana Flamdor ?
Cerné par les flammes et invisible aux yeux des autres, le feu était tout proche de sa peau. Il tenta de l’absorber, mais il sentit un blocage, comme si son mana refusait de l’écouter.
Je vais finir par y rester…
L’une de ses mèches prit soudain feu, quand un événement étrange se produisit. Il se sentit glacé.
Qu’est-ce que ?!
La morsure du froid lui parut plus violente encore que celle du feu. Sa réserve intérieur de mana sembla exploser, comme si elle affrontait les flammes, qui furent instantanément repoussées. Du même moment, l’onde de choc abattit tous les troncs et le froid disparut complètement.
Huh…
Il poussa un long soupir et utilisa à nouveau la technique de mana Flamdor. Cette fois, son mana lui obéit et il parvint à absorber le feu.
Que vient-il de se passer… ?
Il eut beau chercher, aussi bien dans l’essence environnante que dans sa réserve de mana, il ne parvint pas à trouver la moindre trace de ce froid. Il abandonna rapidement ses recherches, le luxe de les effectuer ne lui étant pas permis dans une situation aussi urgente.
Il faut que je dégage de là.
Les arbres, face à la sortie, avaient été réduits en cendres. La zone restait dangereuse, mais au moins, une échappatoire était maintenant envisageable.
Et maintenant, atteindre la montagne…
C’était le seul endroit où les archers ne pourraient les atteindre, la forêt leur offrant une formidable couverture.
Il faut qu’on fonce.
Il serait inimaginable que quiconque ose les pourchasser ici. Roan se tourna alors vers le Colonel Tate, le Major Mendel et les Commandants Gale et Richard, qui, absorbés dans leurs pensées, avaient l’air d’avoir été vidés de leurs âmes.
« Comment… Comment ? » balbutia Aaron Tate, en s’efforçant de reprendre ses esprits.
« Peu importe, il faut qu’on sorte immédiatement ! » cria Roan.
« Euh… Ok… Bon ! On bat en retraite, que tout le monde sorte de cette foutue grotte ! »
Dans la confusion, tous sortirent avec la plus grande hâte, même si certains prirent le temps de lancer leurs remerciements à Roan tandis qu’ils couraient. Roan eut un léger sourire et, les yeux rivés sur la falaise, vit l’expression ennuyée du Colonel Martin Teise. Lui aussi, semblait avoir peine à croire l’exploit que venait de réussir le lancier.
« Feu ! Abattez-les ! » beugla-t-il soudain.
Les archers, toujours en poste, bandèrent leurs arcs et des milliers de flèches vinrent s’abattre en contrebas.
« Bataillon de la Rose ! » lança Roan de toutes ses forces, la main levée tandis qu’il exécutait un signe.
Et à son ordre, l’infanterie parvint en une fraction de seconde au front et dressa ses boucliers.
« Formation tortue, immédiatement ! » lança encore Roan.
« Restez groupés ! » abonda en son sens Gale, pourtant son supérieur direct.
Les flèches résonnèrent contre les boucliers en tintant. Cependant, malgré tous les efforts de la Rose, que même Aaron Tate ne put s’empêcher de reconnaître, ils n’étaient pas assez de soldats pour espérer protéger tout le septième régiment. De nombreux soldats moururent ainsi.
Et merde !
Roan, furieux, s’élança en avant et commença à faire tournoyer sa lance. À nouveau, sa pointe devint rougeoyante, puis une flamme vint à la suivre. Celle-ci, en prenant en intensité, vint brûler des centaines de flèches qui s’apprêtaient à fondre sur eux. Les soldats aussi bien que leurs chefs regardèrent la scène d’un air absent. Il était comme un dieu des flammes. Comme le Monarque de Feu.
« Tirez encore ! Balancez tout ce que vous avez ! » relança Martin Teise.
En proie à la furie, il s’avança sur le devant de la falaise, visible aux yeux de tous. Il n’en fallut pas plus à Harrison…
Mange ça, tocard.
Il décocha une flèche mais au même moment, une flèche ennemie vint érafler le bras et dévia très légèrement son tir.
« Encore ! Enco… Aaaaaah !!! » s’interrompit le Colonel Teise dans un cri.
Sa flèche se planta dans son bras droit et le fit hurler comme un possédé.
« Colonel ! » s’exclama l’un des archers.
L’agitation gagna les hommes de la colline, accordant un répit temporaire aux soldats de Rins.
« Harrison, recule ! » fit Roan.
L’intéressé lui fit un large sourire et recula aussitôt. Tous les soldats étaient enfin sortis, et la grotte s’enflamma complètement.
« Roan, tout le monde est là ! » l’avertit Aaron Tate.
Celui-ci éteignit le feu qui consumait son mana, au bout de sa lance, et commença à avancer, dos aux flammes. Il s’en était fallu de peu…
Mais c’est encore trop tôt pour se détendre. Les soldats d’Istel vont bientôt descendre.
Sans l’ombre d’un doute, même leur Colonel hors course, ils devaient bien avoir dans leurs rangs d’autres gens capables. Il fallait presser le pas.
« Mon Colonel, nous devons retourner vers la montagne ! » dit Roan dans l’urgence.
C’était, pour le Baron Tate aussi, la seule et unique solution. Il avait effectué une erreur, mais il n’en restait pas moins un chef très expérimenté. Il hocha de la tête.
« Je me charge des arrières. » déclara Roan, d’un ton qui ne laissait pas la moindre place à la discussion.
Aaron Tate hésita une seconde, mais finit par hocher une nouvelle fois de la tête.
« Merci, Roan. »
Le Colonel s’avança alors en direction des troupes, et ajouta : « Le bataillon de la Rose s’occupe de couvrir notre retraite, foncez ! »
Les soldats de la Rose se félicitèrent et se mirent en place à l’arrière de la formation, leurs larges boucliers de bois fièrement dressés. Épaules contre épaules, ils ne laissèrent pas le moindre écart. Selon les ordres non plus du Commandant Gale, mais de son second, Roan.
« En formation ! » signifia le Lieutenant Austin.
Roan était un peu plus en avant, afin d’agir en éclaireur pour le bataillon.
« Lâches ! » rugit tout à coup une voix aussi puissante que la foudre.
Un homme grand et large, un bandage à l’œil gauche. Vernon Pellet.
« Bloquez-le ! » cria Austin de toutes ses forces.
Roan se recula légèrement, et les lances sortirent des boucliers comme dans une formation de phalanges.
« Êtres pathétiques ! » aboya Vernon.
Son épée longue, chargée de mana, vint foudroyer l’un des boucliers et le trancha en deux. Les soldats qui le maintenaient eurent un violent mouvement de recul suite à l’impact, mettant en branle les fondements même de la formation.
« Tenez bon ! »
À la commande du Lieutenant, d’autres soldats prirent immédiatement leur place à une vitesse étonnante.
Impressionnant… Mais ce ne sont que de simples soldats.
Vernon Pellet n’allait pas se laisser impressionner par si peu. Alors qu’il s’apprêtait à frapper à nouveau, des dizaines de pointes de lance parfaitement synchronisées tentèrent de l’atteindre. Il bloqua leur attaque en se contentant de faire pivoter son épée, leur présentant son arme dans la largeur de la lame. Une gerbe d’étincelles se diffusa de façon sonore tout autour de lui, et les soldats perdirent à nouveau l’équilibre, parvenant à peine à sentir des picotements dans les doigts.
« Crevez ! » lança Vernon Pellet, de façon menaçante, tandis qu’il s’enfonça dans la formation et fit pleuvoir les coups.
C’était une bête sauvage, à laquelle personne du bataillon de la Rose n’était capable de résister.
« Je vais tous vous tuer, enfants de putains, vous m’entendez ?! C’est Istel qui vous écr… »
Il s’interrompit soudainement. La pointe d’une lance manqua de l’atteindre en plein dans la tempe, suite à un mouvement de bond qu’il fit par réflexe.
Putain !
Il bloqua le coup à grand peine, mais elle continua de le poursuivre tel un serpent enragé. La vitesse avec laquelle ce serpent se mouvait et la force avec laquelle il abattait son croc ne laissait aucun doute. C’était lui. Il serra les dents et repoussa d’un violent coup la lance, mais forcé de combattre dans une telle situation, il perdit légèrement l’équilibre et il lui sembla se froisser un muscle.
« Je t’ai enfin trouvé ! » grogna Vernon, l’écume aux lèvres.
Roan avait immédiatement rejoint l’arrière du rang dès qu’il avait entendu la voix du chevalier. Les soldats n’avaient aucune chance face à lui, il fallait qu’il s’en occupe lui-même. C’est ainsi qu’il fit un signe au Lieutenant Austin, l’invitant à battre en retraite. Ce qu’il fit, avec le reste du bataillon. Vernon Pellet ne pensa même pas à les poursuivre. Sa cible était face à lui, et Roan avait bien compté là-dessus.
« Je vais te dévorer… » lança Vernon Pellet, exposant ses dents jaunies et vulgaires.
« Tu parles trop. » lui signifia Roan en frappant avec sa lance en position haute, un peu comme avec un maillet.
« Tu as appris à te servir du mana, hein ?! Ça ne te suffira pas, tu es nul, bleusaille ! »
La force qui lui était opposée changea soudain. Vernon déchargea plus encore de mana dans son arme.
Si seulement je pouvais récupérer la force que j’ai eu dans la grotte…
Mais Roan n’avait même pas compris ce qu’il s’était passé, et pour l’heure, son adversaire était bien plus doué que lui. Peut-être s’il s’était encore trouvé autour des flammes… Petit à petit, il se trouva repoussé dos à la falaise, blessé en de multiples endroits. Il eut beau essayer d’employer sa technique de lancier, y ajouter ses connaissances en pugilat et son mana, il n’arrivait pas à reprendre l’avantage. Chaque coup qu’il bloquait lui causait d’atroces douleurs.
« Donne-moi tes yeux ! Tu vas payer ! »
Vernon Pellet insuffla une nouvelle quantité de mana dans son arme et n’eut même plus à frapper pour prendre l’avantage. Son épée était comme posée sur la lance dressée, et forçait directement dessus. Roan se dégagea difficilement, tenta à nouveau de l’atteindre, mais une nouvelle fois, l’épée le bloqua et commença à plier le manche de son arme.
Je vais donc mourir ici ?
Sa lance descendait dangereusement au niveau de son visage, et sa hampe n’allait pas tarder à céder. La main droite face au front, il vit l’anneau de Brent. C’est alors qu’une idée traversa son esprit.
J’ai une chance !
Il s’était jusqu’alors concentré sur ses possibilités de combat, mais l’anneau de Brent constituait lui aussi un élément formidable de possibilités. Il y injecta du mana et le pointa discrètement en direction du chevalier fou.
« Crève ! » fit Vernon d’une voix gutturale.
Roan afficha un léger sourire.
Que la lumière soit…
Quoique de taille modeste, un point lumineux d’une étonnante intensité apparut alors au niveau de l’œil droit de son adversaire, l’aveuglant au point de lui faire fermer. Il perdit sa contenance un instant durant, chose qu’attendait précisément Roan. Il se coucha presque au sol et, dégageant sa lance d’une vive impulsion, il vint la planter dans ses côtes.
« Argh ! »
Toujours aveuglé, Vernon Pellet ne parvint même pas à réagir à la lance qui venait cette fois droit vers sa nuque.
« J’aurai d’autres occasions de payer. » lui dit Roan d’une voix glaciale.
Dans le même temps, la tranche de la pointe de sa lance le décapita et fit tomber la tête au sol. Son corps, toujours debout, était en sang. Il finit par retomber quelques secondes plus tard dans un bruit sec.
« Bon… dieu… » soupira Roan, épuisé.
Il essuya le sang dont il était recouvert.
J’ai dépensé tout mon mana… Il va falloir que je travaille sur le rendement.
Il lui avait bien servi, mais cette dernière utilisation avait totalement vidé sa réserve. L’anneau de Brent ne pourrait véritablement dévoiler sa vraie puissance qu’une fois qu’il aurait effectué de sérieux progrès. Il vit alors que le septième régiment était déjà à mi-chemin, à un croisement entre deux options.
« Par la droite ! Foncez dans la forêt ! » cria, au loin, un homme qui devait à l’évidence être Aaron Tate.
Il avait véritablement tout compris du plan de Roan. Le bataillon de la Rose les suivit bientôt, et Roan s’empressa de les rattraper.
Ils ne vont pas tarder à…
Le son d’un cor de guerre se chargea de terminer sa pensée. De là où il était, Roan ne pouvait pas voir les soldats d’Istel, mais ils étaient déjà descendus.
« Par la forêt, suivez le septième régiment ! » cria Roan.
Le Lieutenant Austin, sans chercher à comprendre, s’exécuta aussitôt et s’enfonça avec le bataillon vers les nombreux arbres à son tour.
On devrait pouvoir les gêner dans leur progression, mais les pertes risquent d’être nombreuses…
Roan eut un nouveau soupir. La tâche qui les attendaient allait s’avérer aussi ardue que risquée. Fort de plus de 20 ans d’expérience au combat, il savait à quel point couvrir les arrières pouvait s’avérer ingrat. Ce jour serait marqué du sang.
La journée va être longue…
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