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Chapitre 71 : Un danger peut en cacher un autre 2/7

 

Les troupes s’étaient rassemblées en un total avoisinant les 4000 âmes, cachées derrières un flanc de falaise, dans un seul et même but.

« C’est bien leur dépôt, on en est sûr ? » voulut s’assurer Aaron Tate.

« Certain, mon Colonel. Lors de l’une de nos patrouilles nocturnes, nous avons découvert et suivi 5 caravanes jusqu’ici. » répondit avec assurance le Commandant Richard.

Jusqu’à cette position un peu déserte, étonnamment plate en dépit du fait qu’elle se trouvait au milieu des montagnes. Il n’y avait qu’une seule entrée, renforcée par des barricades, une garde et partiellement masquée par les arbres. Tout autour se trouvaient des campements et quelques maisonnées, abritant de nombreux sacs et wagons.

Dire qu’il en reste même après avoir nourri deux régiments…

Le Baron Tate eut un sourire, et écouta la suite de la conversation.

« Ce sont les provisions d’Istel. » conclut Richard.

« J’étais loin de me douter qu’il puisse exister un coin pareil… » lâcha, un peu sidéré, le Major Mendel.

« Moi non plus, je ne pensais pas le trouver là, signifia Roan. C’est un endroit très reculé, parfait pour cacher un stock. Mais… »

Il s’interrompit. Quelque chose l’ennuyait. La zone était trop éloignée de la ligne de front, sans compter que la route qui menait jusqu’ici était si large et dégagée que quelqu’un aurait inévitablement fini par tomber dessus. Au final, si l’endroit semblait sûr, il révéla rapidement de trop nombreuses failles stratégiques. Il focalisa sa vision sur l’entrée et vit quelques traces au sol, et le garde en poste à la porte de fortune.

Je m’en fais peut-être trop… mais…

« Combien de soldats gardent l’accès ? » demanda soudainement Aaron Tate, le sortant de sa réflexion.

« Difficile de déterminer avec exactitude, mais à en voir les tentes ils doivent être au moins 500. » estima Richard.

« Sans compter ceux à l’intérieur de la grotte… Ils doivent être entre 1500 et 2000. » répondit le Colonel Tate, après un moment.

Tous assentirent. Avec 4000 soldats à ses ordres, la victoire lui était assurée.

« Excellent travail, Commandant Richard. J’en tiendrai compte. » ajouta-t-il.

« Ha ha. J’ai juste eu de la chance. » répondit l’intéressé, en s’inclinant.

Il disait totalement vrai. Ceci n’ôtait rien à sa réussite, mais sans Roan, il ne serait allé nulle part. Les soldats d’Istel s’étaient retranchés en arrière en conséquence à au plan de Roan, et le commandement fut contraint, sans le moindre doute, de réduire le nombre d’hommes en place pour défendre la réserve. Par ailleurs, ils avaient augmenté le nombre de caravanes en transit, par plus petits groupes, afin d’augmenter les chances que certaines provisions arrivent à destination, avec pour résultat d’augmenter la difficulté à trouver l’endroit pour les troupes de Rins. Ainsi, tous, Roan compris, exprimèrent la plus profonde reconnaissance au Commandant Richard.

« On frappe en vitesse et on se replie. » trancha Aaron Tate.

« Compris ! » répondirent les trois hommes.

Il était impossible d’espérer se saisir de tout. Il fallait tout brûler et espérer s’en tirer à bon compte. Il fit un signe au porteur de drapeaux qui commença à en agiter un. À son ordre, des flèches vinrent s’abattre en sifflant sur les tentes, dont des soldats sortirent dans la panique avant de pousser leur dernier râle.

« Chargez ! » hurla Aaron Tate, d’une voix magistrale et d’une puissance à faire tomber les arbres.

Les 4000 soldats s’élancèrent en criant, motivés par leur Colonel en personne, et ne trouvèrent face à eux personne pour leur résister. Ils parvinrent ainsi à s’avancer jusqu’au plus profond de la position, au centre des réserves. Il ne restait plus un seul ennemi, et ce fut précisément cet élément qui arracha une grimace à Roan.

Ils ne sont pas du tout assez…

C’était finalement le Commandant Richard qui avait vu juste : ils étaient 500. En tout. Il existait deux possibilités : soit Istel était en plus mauvaise posture qu’ils ne l’avaient imaginé, soit ils cachaient quelque chose.

Pourquoi est-ce qu’ils ont abandonné leurs réserves ? Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond…

« Ha ha ha, on les a eus, Roan ! » s’exclama Aaron Tate, tout sourire.

Roan lui adressa un regard perplexe et sans lui répondre, s’avança vers un sac en toile. Sans autre forme de procès, il le déchira de sa lance.

Putain. Je le savais.

« Sortez immédiatement ! » cria-t-il de toutes ses forces.

Le sac était rempli de foin à l’odeur désagréable. Pour cause, il était recouvert d’huile. Comme il l’avait pressenti, il entendit soudainement un sifflement, celui d’une flèche. Il focalisa, grâce à la Larme de Kalian, sa vision dessus, et vit qu’elle était enflammée. Derrière elle se trouvaient des centaines d’autres.

« Tirez-vous ! » insista-t-il.

Les soldats ne demandèrent pas leur reste et sortirent en toute hâte de la grotte. Aaron Tate, qui était tout aussi avancé que lui, resta comme bloqué sur place, et Roan fut contraint de le soulever et de le projeter plus en arrière avant de tenter de sortir à son tour. Une première flèche toucha l’une des tentes, et l’incendie commença à gagner du terrain.

Je suis tombé dans un piège…

C’était la première fois depuis sa résurrection qu’il essuyait une défaite.

 


 

« Hahaha ! On a enfin eu ces rats ! » s’exclama un homme à la large carrure.

Les yeux rivés sur la position en contrebas, il vit les soldats du septième régiment de Rins en panique.

Ils ont brisé peut-être brisé nos lignes de ravitaillement et mis nos troupes en déroute, mais c’est terminé.

Parfaitement organisé, le royaume de Rins avait opposé une si farouche résistance que même le détachement d’un régiment spécialement dédié à défaire leur tactique n’avait pu résister.

Ils étaient trop peu et trop rapides…

Finalement, le mieux était encore de les laisser accéder à ce qu’ils désiraient. D’autant plus qu’avec l’avancée du gros des forces d’Istel, ce point de ravitaillement ne lui était plus d’aucune utilité.

Et ils sont finalement tombés dans le panneau !

Il se réjouissait de les entendre chercher désespérément une échappatoire à la grotte, à tenter d’éteindre les feux et crier.

« Colonel Martin, ne devrait-on pas les frapper avec davantage de flèches ? » demanda un homme au visage couvert d’un bandage, de la joue gauche à l’arrière du crâne, après avoir été blessé par une flèche tirée par Harrison. C’était Vernon Pollet.

« Non, ça ne changerait rien. On ne récupérera rien de cette zone, laissons les soldats brûler et économisons nos flèches. » s’opposa Teise Martin.

« Je vois… »

Imbécile… On devrait en finir tant qu’on le peut.

En vérité, il ne portait pas vraiment le Colonel Teise Martin en très haute estime. C’était encore un de ces officiers civils, qui ne devait sa position qu’à son titre de noblesse. Tout du moins en jugeait-il ainsi. Le fait était que là où Teise Martin réfléchissait, lui aimait à foncer dans le tas et avait tendance à réfléchir seulement après.

Si je n’étais pas blessé…

Il n’aurait même pas accepté de reculer. Tout ça à cause de lui…

Il faut que je retrouve ce connard de lancier.

Il grinça des dents et scruta les alentours de la grotte, en injectant du mana dans son œil encore valide. Il le vit alors.

Lui…

« Hahahaha ! »

« Qu’est-ce qu’il vous prend ? » s’étonna Martin.

« Il est là, le responsable de ma blessure. »

 


 

Les flammes grignotaient du terrain, des tentes aux sacs, et de nombreuses flèches avaient touché des cibles mouvantes.

« Éloignez-vous de là ! »

« Poussez pas, ça sert à rien ! »

D’aucuns ne purent éviter les flammes, et une odeur de chair brûlée se fit rapidement sentir.

Il n’y a aucune échappatoire, et on ne peut pas espérer escalader la paroi…

Roan s’agaça. Au final, la seule issue était celle qu’ils avaient emprunté, mais elle était bloquée par d’épais troncs d’arbres balancés depuis les hauteurs. Le Commandant Richard était absorbé dans ses pensées et ne savait comment réagir.

« Arrêtez de courir comme des abrutis ! » cria Aaron Tate, furieux.

Les soldats commencèrent progressivement à se calmer. Les survivants se réunirent au centre de la pièce, où le feu ne s’était pas encore déclaré. Des hurlements de douleurs leur parvenait aux oreilles, et eux-mêmes sentirent la chaleur les mordre.

« Ramenez les blessés ici ! » hurla le Major Mendel.

Leur erreur avait été de baisser leur garde, conséquemment aux nombreuses victoires. Aaron Tate s’en voulait personnellement d’avoir mené ses soldats dans cet enfer, et remis en cause l’impatience qui l’avait poussé à diriger la moitié de ses troupes vers ce qu’il avait espéré être une victoire facile.

Il faudra que je sois plus précautionneux, à l’avenir…

Il serra du poing et regarda Roan, occupé à réfléchir.

Même en pareil cas, il reste calme…

Et c’est calmement qu’il s’avança vers l’entrée en feu, bloquée par les troncs.

Je n’ai plus le choix. Tant pis s’ils découvrent la vérité, mon secret ne peut être gardé au prix de leur mort.

Sa vie était aussi en danger. Il se résolut à montrer ce dont il était réellement capable, pour les sauver tous.

Si je réussis à décharger tout mon mana, je devrais pouvoir briser la barricade… On va voir si le Monarque de Feu mérite vraiment son titre.

L’anneau de Brent le protégea des flammes, la force de Reid. Il serra sa lance et avança.

« Roan, qu’est-ce que tu fais ?! » cria le Commandant Gale, jusqu’alors silencieux.

Il se tourna vers eux et leur adressa un sourire.

« Ne vous en faites pas. Vous vous en doutiez… »

Sa réponse cryptique causa quelques réactions étonnées, mais ils le laissèrent avancer. Le feu était partout.

Même l’anneau a ses limites… D’autant plus que si je sens la chaleur, je risque fort de me brûler.

Être insensible à un stimulus n’avait pas que des avantages… Mais tout à coup, il cessa de prêter attention à la chaleur et fit un bond en arrière, lui ayant semblé avoir entendu un étrange bruit. Aussitôt, tous virent la flèche qui l’avait visé, fichée dans le sol. Il porta alors attention à la direction d’où venait la flèche et, focalisant sa vision sur ce point, vit quelqu’un qu’il reconnut immédiatement.

Tiens, le revoilà… Désolé, mais je n’ai pas de temps pour jouer avec toi aujourd’hui.

« Harrison ! » s’exclama-t-il.

« Oui ?! » répondit celui-ci en s’avançant un peu vers lui.

Roan lui fit un signe et lui désigna l’homme qu’il avait vu.

« Ah… »

Pas aussi clairement que lui, mais Harrison reconnut à son tour Vernon Pellet, à qui il avait crevé un œil. Sans même y réfléchir, il se saisit de son arc et s’approcha au plus près des flammes avant de tirer sur la corde de son arc. Il retint sa respiration et… lâcha la corde. La flèche prit feu et se dirigea droit sur lui. Roan lui adressa un regard satisfait.

Chier !

Vernon Pellet lâcha d’un coup son arc et se jeta sur le Colonel Martin afin de le protéger. La flèche ne fit que lui rayer l’armure, mais une seconde plus tard et c’en eût été fini de sa vie.

Le même connard qui m’a crevé l’œil !

Il était furieux. Les deux responsables étaient juste là, derrière les flammes !

Je dois les tuer moi-même !

« Où vas-tu comme ça ? » lui demanda son Colonel, quoique reconnaissant.

« Hmpf. Peu m’importe la situation, ils doivent payer pour ce qu’ils m’ont fait. »

Le danger écarté, Roan se remit face aux troncs enflammés et sa lance se teinta d’une lueur dorée. Le mana s’y écoulait. Soudain, les flammes vinrent vers lui, comme attirées.

« Roan, recule immédiatement ! » lui ordonna Aaron Tate.

Il eut un léger moment d’hésitation. La chaleur lui brûlait les narines. Pourtant, la sensation ne lui était pas désagréable. C’est ainsi qu’à chaque inspiration, de l’essence de flamme venait l’emplir, mais qui comme une bête enragée bloquée en lui, lui fit trembler même les doigts.

Je… je peux y arriver.

Il n’avait jamais ressenti une telle force, mais il était persuadé de pouvoir la maîtriser. Il s’abaissa légèrement et s’efforçant de garder les yeux ouverts, déversa toute l’énergie dans la pointe de sa lance. Elle prit cette fois une teinte rougeâtre, comme si le fer était en fusion. Il s’appuya sur une jambe et frappa de toutes ses forces.

Huh !

La chaleur atteint son apogée lorsqu’une explosion fracassante vint le recouvrir de flammes.

« Non ! » s’exclama Aaron Tate.

« Roan !!! » hurla le Commandant Gale.

Nostra
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