LDO : Chapitre 16
LDO : Chapitre 18

Chapitre 17     Perspective d’avenir ?

 

 

Je m’avançai jusqu’au milieu de la petite pièce circulaire, dont la seule entrée était celle que je venais d’emprunter, et posai le regard sur ce qui m’étais déjà familier depuis longtemps.

Fermant les yeux, je me remémorais la première rune que j’avais trouvée, Qos. Une rune du paradis. Elle me permettait d’insuffler du Qi de ténèbres, que je maîtrisais bien maintenant, dans un être vivant afin d’en changer la couleur. J’avais toujours trouvé cette rune un peu inutile, même si elle m’avait permis des choses et d’autres. Je m’étais toujours dit que j’allais trouver un jour une rune plus puissante, plus utile, plus à même de me permettre de devenir le plus fort d’entre tous.

Je rouvris les yeux, pour observer cette lumière gravée dans un petit socle de pierre. Le créateur de ce lieu l’avait clairement laissée là comme récompense à qui parviendrait à passer cette stupide porte.

Comme la première fois, cette rune ne me voulait pas de mal, je le sentais naturellement comme on pouvait sentir une odeur sans le vouloir. Elle me désirait, elle souhaitait plus que tout trouver un maître, un propriétaire, quelqu’un qui serait capable d’en faire le meilleur des usages. Je ne pensais pas à ce moment qu’il y avait d’autres manieur du Bagua du Taiji en ces lieux, et même si je n’étais pas le meilleur des hommes ni le plus grand des combattants, j’avais au moins le mérite d’être là et d’être le seul à pouvoir trouver une utilité à cette rune.

Je me remémorais la façon dont la rune Qos m’avait frappé de plein fouet, et je tendis la main en toute confiance, pour couvrir cette rune qui m’appelait désespérément.

Et comme la première fois, la connaissance frappa mon esprit comme une flèche tirée à bout portant. Je fus projeté en arrière, et chutai sur les fesses, désemparé par ce que je venais d’apprendre. Le visage sans doute des plus pâles, les lèvres tremblantes, je venais d’acquérir un pouvoir que j’estimais maudit, une puissance que je ne désirais pas !

– Qu… Je ne veux pas de ça ! Reste où tu es ! Comment se débarrasse-t-on d’une rune ?! Zhou… Xuefang ! Dis-moi !

Se débarrasser d’une rune ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? Pourquoi voudrais-tu te débarrasser d’une rune que tu viens de trouver ? Tu n’en as pas d’autres pour la remplacer…

– Peu importe ! Je n’en veux pas, elle… Je la sens ! Dans mon esprit ! Elle veut me… Je ne veux pas !

Je griffai ma tête chauve avec mes ongles tranchants. Heureusement, le corps d’un cultivateur était plus solide que celui d’un simple humain, sinon j’aurais sans doute gardé des cicatrices profondes de ce que je tentais de m’infliger. Mais je n’en avais que faire à cet instant précis ; je voulais simplement que cette rune, que ces connaissances qu’elle m’avait infligées, sortent de ma tête pour de bon.

Malheureusement, les choses ne vont pas toujours comme on le souhaiterait, et je n’avais aucun moyen de libérer cette rune tant qu’une autre ne pouvait prendre sa place. J’étais coincé avec un pouvoir maudit, qui chercherait sans doute très rapidement à me posséder de l’intérieur.

– Aaaaah ! Pour…quoi…

Je faillis fondre en larmes en imaginant mon futur. Zhou Xuefang réagit aussitôt, sentant sans doute mon flux de Qi perturbé au plus haut point.

Que se passe-t-il, mon garçon ? Quelle est donc cette rune qui te pousse à agir ainsi ?

Il ne pouvait pas la sentir en moi ? Il avait de la chance. Moi, je ne pouvais pas l’ignorer, même si je le voulais.

Désespéré et le visage crispé, je lui répondis :

– Je viens de devenir maître de la rune de la montagne, Yim.

Une rune de la montagne, hm ? Si je me souviens bien, la montagne a pour caractéristique de…

– Les runes de la montagne ont pour doctrine la stabilité. Je le sens bien. Leur crédo est « pousser à l’intérieur ».

Pousser à l’intérieur ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

– Toutes les runes de la montagnes ont ce crédo, tout comme celles du Paradis suivent celui qui leur permet d’« établir l’esprit de la réalité ». Et… La rune Yim confère ce pouvoir bien particulier de capturer l’esprit d’une personne mourante pour l’enfermer à nouveau dans son corps… C’est de la sorcellerie, ce n’est pas naturel ! On ne joue pas avec la mort !

Retourner l’esprit d’un mourant dans son corps ? Tu as eu un pouvoir te permettant d’empêcher les gens de mourir ? Et tu n’aimes pas ça ? Mais… Est-ce que tu te rends compte de ce que ça implique ?

Il ne comprenait pas. Je devais lui expliquer avant qu’il ne fasse fausse route.

– Non. Non. Non, je ne peux pas ressusciter un mort, si c’est ce que tu crois. D’ailleurs, si une personne est mourante, c’est que son corps a atteint sa limite. Retourner un esprit dans un tel corps n’a aucun sens, il mourrait à nouveau.

Viens-en au fait ? Qu’est-ce que tu ne me dis pas ?

– La rune Yim associée au Qi des ténèbres permet de retourner l’esprit dans le corps, mais pour en faire un mort-vivant, rien de plus. Je ne peux pas… Je ne peux pas accepter ça, et je refuse de pratiquer ce genre de sorcellerie.

Un mort-vivant ? Tu peux créer des morts-vivants ?

Il était long à la détente, ou sincèrement surpris ?

– Oui. Et ce n’est pas naturel ! Je refuse de jouer avec le cycle de la vie et de la mort. Seuls les dieux peuvent décider de ce genre de choses. Et même si je le faisais… Ils me détesteraient pour avoir fait d’eux des zombies. Je le sais.

Mais tu…

– Je te vois venir. Non, je n’aurai aucun contrôle sur eux. Ils garderont leur libre arbitre, leurs souvenirs et leur conscience. Leurs émotions et leur identité. Ce seront simplement des zombies… Et je ne veux infliger ça à personne, je te le dis tout de suite… Bon sang ! Tout ça pour une rune qui ne me servira à rien ! Je suis tellement en colère, si tu savais !

Il ne répondit pas, mais je savais qu’il était en train de réfléchir au problème en y mettant toutes ses capacités cognitives. Peut-être cherchait-il un moyen de me permettre de me débarrasser de ma rune ? Enfin, dans tous les cas, je venais de me souvenir de Dai Lin et de Zombicorne, qui m’attendaient – je l’espérais – dehors.

– Sortons, maintenant. Je suis de mauvaise humeur, et de toute façon, ça ne sert à rien de se lamenter si je ne peux pas m’en débarrasser.

Le temps que je fasse ce que j’avais à faire dans cette pièce, la porte dans laquelle le démon avait vécu pendant tellement longtemps avait commencé à pourrir à vue d’œil. Son bois n’était plus possédé, et n’avait plus aucune propriété magique. Il accusait le poids des siècles durant lesquels elle aurait dû dépérir petit à petit.

Mais peu m’importait. Le chemin du retour fut plus court que l’aller, étrangement. Je vis la surface en une dizaine de minutes à peine, et mes compagnons m’attendaient patiemment, l’une occupée à regarder le ciel, l’autre à brouter de l’herbe – mais pourquoi est-ce qu’un zombie éprouvait-il le besoin de manger ? Et de l’herbe, en plus ? N’aurait-il pas dû être friand de cerveaux ? D’ailleurs, avait-il besoin de manger, pour commencer ?

Chassant ces idées loufoques et inutiles de ma tête, je ne répondis rien à Dai Lin lorsqu’elle me demanda ce que j’avais trouvé d’intéressant en bas. Je me contentai de bondir sur Zombicorne et d’attendre qu’elle fasse de même.

 

*

 

Ma monture s’en allant vers une destination encore inconnue, je gardais le silence. Il était lourd, et pesait sur l’ambiance. Je sentais Dai Lin dans mon dos, frustrée d’avoir dû abandonner après s’être rendue compte qu’elle n’obtenait pas de réponse à ses questions.

Et je me sentis alors un peu coupable.

Elle m’avait toujours supporté du mieux qu’elle pouvait, m’offrant une confiance qu’elle n’avait aucune obligation de me donner, sans garantie, sans preuve, et elle m’accompagnait maintenant vers des horizons lointains sous un soleil factice qui brillait au plafond de l’immense monde souterrain.

– Je…

Je ne savais pas quoi lui dire. Je voulais briser le silence, et lui expliquer, mais je ne pouvais pas lui annoncer ce que j’étais devenu. Une espèce de Sorcier jouant avec la mort et les esprits comme s’ils n’étaient que de simples outils. Je me détestais rien que parce que j’étais capable de le faire ; je me promis une fois de plus de ne pas utiliser cette puissance maléfique. Jamais je n’accepterais de perturber le courant des âmes et de la vie. Je ne voulais pas devenir quelqu’un de maudit par les dieux.

Mais peut-être était-ce la une punition divine, justement ? J’avais offensé les dieux et je ne pouvais pas admettre que ce n’était pas le cas, comme le disait le vieux dans mon dantian. Je les avais insultés en regardant un chaman mourir, et maintenant ils avaient fait de moi un bouc émissaire ; ils m’avaient mené à un pouvoir que je détestais, et qui était certain de me faire douter de moi, de me faire rager et me mettre en colère.

Maintenant, l’épreuve qu’ils m’imposaient était violente : ils savaient que je ne voulais absolument pas utiliser ce pouvoir, et qu’il allait me mettre mal à l’aise en mon for intérieur. Alors ce que je craignais le plus devait finir par arriver. Le destin allait me forcer, d’une manière ou d’une autre, à briser mon serment. Je pouvais le sentir, ça se profilait dans un futur proche. La tentation allait arriver, suivie de la culpabilité. Tout ça parce que j’avais mis des dieux en colère !

Mais pour le moment, il fallait expliquer tout ça à Dai Lin, qui me laissait le temps de trouver mes mots.

– J’ai trouvé une rune.

Je sentis sa surprise dans mon dos.

– Une rune ? Tu as trouvé une rune pour ta technique, c’est ça ?

Je hochai la tête, d’un air grave.

– C’est exactement ça… Malheureusement.

Elle exprima de l’étonnement plus que de la vraie surprise.

– Comment ça, malheureusement ? C’est ce que tu cherchais, non ?

– Je ne cherchais pas ça ! C’est la dernière rune que je souhaitais trouver ! Je te le garantis !!

Elle ne me demandait pas en quoi mon nouveau pouvoir consistait. Je n’arrivais pas à trouver le courage de le lui annoncer de but en blanc, et j’attendais qu’elle me pose la question, j’aurais alors sans doute eu un peu plus de courage pour lui répondre.

Mais elle gardait le silence, désespérément. Je ne pouvais pas ne pas lui dire, je savais qu’elle attendait, ou plutôt qu’elle espérait savoir. Mais elle était témoin de mon comportement depuis que j’étais remonté, et elle ne voulait pas faire le premier pas.

– Tu ne veux pas savoir ?

Ce fut tout ce que je parvins à sortir pour faire avancer la conversation. Bon sang, je ne voulais pas parler de ce pouvoir… Mais il fallait bien qu’elle sache, même s’il me faisait honte.

– Si. Mais j’attendrai que tu ailles mieux pour que tu puisses m’en parler. Je ne t’ai pas vu esquisser un sourire, toi qui as toujours l’air si joyeux, depuis que tu as acquis ce pouvoir. Ça doit être quelque chose de terrible. Un pouvoir à double tranchant, peut-être ? Une lourde contrainte quant à son utilisation ? Quoi qu’il en soit, tu m’en parleras quand tu seras prêt.

Cette fille était géniale. Je la pris au mot, et finis par garder le silence en la remerciant de tout mon cœur, intérieurement. Et ainsi, nous foncions en avant, sans savoir où nous allions nous arrêter.

 

**

 

« Par ici ! Il s’est caché quelque part contre ce flanc de falaise ! Ne baissez pas les yeux, restez vigilants ! »

Pio et son groupe étaient en train de chasser un ours caméléon des montagnes. C’était une créature dangereuse qui apparaissait de temps à autre, nul ne savait comment, et qui mettait à mort des troupeaux entiers de bétail. Et celui-là était particulièrement vicieux : non seulement il parvenait à entrer dans les zones délimitées par des formations défensives sans que personne ne le remarque, mais il s’en allait tout aussi facilement après avoir tué des dizaines de bête, par pur sadisme plus que par faim. En effet, l’ours caméléon était capable d’avaler trois à quatre bêtes avant d’être rassasié, mais par pur instinct de chasse, ce monstre tuait tout ce qui vivait avant de repartir satisfait.

Et cet ours caméléon avait été pris en chasse par Pio et son groupe de guerriers avertis, qui finirent par l’acculer le long d’une falaise qu’il ne pouvait clairement pas escalader.

Avançant vers l’endroit où il avait disparu, en formation serrée en arc-de-cercle afin de lui couper toute échappatoire, les lances brandies en avant ; un pas après l’autre, ils s’approchaient du mur fatidique contre lequel était camouflé l’ours. Sa capacité était si avancée qu’il était entièrement invisible, même pour ceux qui l’avait vu disparaître. Il pouvait être n’importe où dans cette petite zone formée par la falaise et la dizaine de lances brandies en avant. Il finirait par se faire toucher, et à ce moment, son camouflage disparaîtrait. Il serait fini.

– Chef Pio, chef Pio ! J’ai touché quelque chose !

Au moment où l’un d’eux annonça qu’il venait de percuter une masse invisible du bout de sa lance, le monstre apparut dans toute sa puissance. Deux mètres au-dessus de sa tête, celui qui venait de crier vit briller deux yeux noirs traversés par une lueur glaciale. Il avait planté sa lance infusée de Qi dans la cuisse de la bête, qui s’était relevée sur ses pattes arrières.

Il n’eut pas le temps de réagir, sa tête tranchée par les griffes acérées de l’ours volait déjà quelques mètres plus loin, avant de tomber dans un bruit sourd et de rouler pour finir sa course contre une souche d’arbre.

Le sang trouva alors son chemin vers le cou au bout duquel manquait une tête, et en jaillit en fontaine juste avant que le corps ne s’effondre dans un dernier soubresaut.

Les autres guerriers réagirent à peine à ce moment, trop surpris par l’attaque surprise du monstre et se tournèrent tous vers lui, brandissant la pointe de leurs lances en direction de son cou.

– Ne laissez pas cet indicent vous perturber ! Nous savions que nous aurions des pertes ! Pour nos cinq frères tombés face à ce monstre, allez !

Ils répondirent tous en hurlant, galvanisés par les mots de l’homme qui les dirigeait.

Pio n’était pas un meneur d’hommes. Il était né dans une famille pauvre et sans réel avenir ; poussé par une série de coïncidences et un travail acharné, le gamin destiné à devenir fermier avait réussi à se faire accepter dans la milice du village. Son talent et sa droiture en avaient fait le candidat idéal au poste de chef de la milice. Il n’avait jamais vraiment désiré se retrouver au-dessus de ses amis et collègues, mais le temps lui manquait pour y réfléchir et trouver une autre solution. Il savait bien que personne ne pouvait les diriger aussi bien que lui, avec autant d’efficacité, et à défaut d’une personne plus douée, il tenait le poste.

Et tout l’avait mené à ce jour fatidique. Celui durant lequel il affrontait la plus grande menace à laquelle il avait fait face. Un ours caméléon, une bête qui devait facilement atteindre le 8ème niveau Terrestre et face à laquelle la milice ne faisait clairement pas le poids. Le plus puissant combattant, Pio lui-même, n’avait ouvert que 7 portes terrestres, et les autres étaient à peine aussi capables que lui quand ils fournissaient des efforts considérables.

L’ours rugit lorsqu’une dizaine de lances se précipitèrent sur lui sans peur. Les hommes savaient que plusieurs d’entre eux allaient mourir lors de cette attaque finale, et alors que les plus égoïstes espéraient que leurs voisins se fassent tuer à leur place, les plus braves priaient pour offrir leur vie afin de sauver celles de leurs équipiers.

Un large coup de griffe balaya trois d’entre eux, et des morceaux de corps volèrent en tous sens tandis que le sang de ces victimes qui n’avaient même pas eu le temps de pousser un dernier cri éclaboussaient leurs voisins les plus proches.

Ce mouvement créa une panique temporaire dans le rang. Elle ne dura qu’une demi-seconde, mais elle fut suffisante au monstre pour se ruer en avant par le trou qu’il venait de créer, piétinant sans remords les cadavres déchiquetés devant lui.

– Merde ! Il s’est libéré ! Mais qu’est-ce que vous faites ?! Allez !! Achevez-le !

Pio continuait à aboyer des ordres, à la fois pour mener le flot de la bataille vers un but désiré mais aussi pour empêcher le moral de ses hommes de chuter. En vain, quand la bête libérée se retourna pour leur faire face, ils se mirent à trembler légèrement, incertains de l’issue de la journée. Ils commençaient tous à se dire qu’ils vivaient là leurs derniers instants, jamais une bête pareille ne les laisserait fuir, même s’ils essayaient.

Quant à la tuer ? C’était un doux rêve.

– Chef Pio ! C’est impossible ! Sauvez-vous tous ! Je vais la reten– iurk.

L’un des hommes prit la parole pour tenter de sauver la situation. Quitte à mourir, autant mourir seul, et permettre aux autres de s’échapper. Mais une énorme gueule se refermant sur sa tête l’empêcha de finir sa phrase. Son corps sans vie tomba au sol, le sang dégoulinant des babines de l’ours.

Comme si le goût du sang l’avait rendu extatique, faisant ressortir ses instincts les plus bestiaux, il hurla vers le groupe de chasseurs. Une onde de choc se propagea et les fit reculer de deux pas, les bras devant le visage.

– Il a utilisé une attaque spéciale ! Ce monstre possède des techniques, faites attention !

Pio ne faisait que soulever l’évidence. À défaut de trouver que dire pour calmer la frayeur générale, il voulait au moins permettre à ses hommes de garder les pieds sur terre. En vain, encore une fois, car autour de lui ne restaient que deux guerrier tremblants. Les autres avaient pris la fuite, profitant du moment de latence après l’explosion du cri de l’ours. C’était leur seule chance, et quitte à mourir, alors autant courir le risque de mourir en lâche, mais gagner une infime chance de survie.

– Ces… Même mort, je m’en souviendrai… Bande d’incapables !

Pio jurait sur les déserteurs, mais à quoi bon ? Ils n’allaient pas revenir pour lui faire plaisir. Ce fut alors à son tour de s’avancer, lui qui était plus capable que ses collègues, lui qui avait du courage et de la volonté. S’il pouvait sauver les deux braves qui l’accompagnaient, alors il ne mourrait pas pour rien.

– Barrez-vous. C’est un ordre.

L’ours se jeta en avant face à la stupéfaction lisible sur le visage des deux hommes. Ils n’eurent pas le temps de réaliser ce que Pio leur demandait, une immense patte aux griffes meurtrières vola devant les trois guerriers afin de les trancher tous en même temps. Evidemment, Pio fut le seul aux réflexes assez aguerris pour bondir en arrière et esquiver l’attaquer de quelques millimètres. Les deux autres tombèrent sans comprendre pourquoi, leur corps arraché au niveau de la poitrine.

– Putain ! Merde ! Enfoiré ! Alors c’est toi et moi, hein ? Juste toi et moi ?

L’ours, désormais seul face à sa dernière proie – avant de se mettre en chasse pour rattraper les fuyards, décidément la partie la plus jouissive, plus encore que la mise à mort – se leva sur ses pattes arrières pour se redresser de toute sa hauteur.

Pio savait qu’il ne pourrait rien faire contre ce monstre de puissance. Décidé à donner tout ce qu’il avait, il se résolut.

– Si je dois mourir, je t’emmènerai avec moi ! Saloperie !

Au moment où l’ours abattit ses deux pattes vers le crâne de sa future victime, la lance de Pio bondit vers le cou de la bête. L’expérience lui avait appris des choses, et l’une d’entre elle était la connaissance des bêtes sauvages. Leur cou était toujours leur point faible ; même s’il ne parvenait pas à la tuer, il savait qu’en l’endommageant, elle pourrait se retrouver dans l’impossibilité de se nourrir, voire de respirer, et succomber peu de temps après.

C’était sa dernière chance de sauver son village et le bétail.

Par un coup du hasard – ou d’un heureux destin, au moment exact où les pattes de l’animal étaient sur le point de fracasser la tête de Pio, son instinct lui fit tourner la tête, une fraction de seconde. Il avait senti quelque chose, une présence, une aura, quelque chose approchait rapidement sans se soucier des dangers qu’il représentait. Il ne craignait rien, pas plus ce guerrier humain que cette présence qui approchait, mais son instinct fut traître, et lui fit détourner son attention.

La légère distorsion dans l’élan de l’attaque permit à Pio de toucher exactement où il voulait, et de traverser le cou de la bête. C’en était fini d’elle, il le comprit instantanément. Même si elle avait survécu à son attaque grâce à son niveau de cultivation élevé, elle ne pourrait pas vivre longtemps avec la gorge percée de part en part.

Pio sourit alors que la patte s’écrasait sur son crâne. Il ne sentit même pas la douleur fulgurante alors que son cerveau fut broyé en même temps que sa tête toute entière.

Son corps tomba au sol, lourdement, comme un sac trop plein ; l’ours face à lui eut un instant d’hésitation, et s’écroula également. La moelle épinière transpercée, il ne parvint pas à survivre, malgré sa puissance.

Le silence s’abattit sur cette scène sanglante, baignée par le sang de nombreux cadavres qui gisaient çà et là, inertes. Le village était sauvé, mais à quel prix ?

Et quelques secondes plus tard arriva au galop un animal étrange, monté de deux jeunes personnes, presque des enfants comparés aux soldats qui perdirent la vie ce jour-là.

Le cavalier arrêta cet étrange cheval sur lequel ils étaient perchés et d’un air surpris, demanda à sa compagne de voyage :

– Tu es sûre que ton cousin Pio fait partie de ces hommes ? Parce que tu vois, ils sont tous morts.

– Evidement ! La dernière fois que je l’ai vu, il s’était engagé dans la milice du village situé à moins d’une heure de marche d’ici. Il en fait encore forcément partie ! Et je suis sûr de l’avoir entendu crier, un peu plus tôt ! C’était sa voix ! Je pourrais le jurer !

Elle sauta à terre et trouva rapidement le cadavre qui faisait face à l’ours mort. Elle le reconnut instantanément.

– C’est son Qi ! Je le sens ! C’est… lui…

 


 

Tout d’abord, commençons par ça !

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Ensuite, concernant les résultats de la semaine passée, on a évidemment obtenu ce que vous avez observé, pour une vaste majorité de 61 personnes.

20 personnes avaient choisi l’option du livre. Ce livre aurait été, évidemment, un livre de technique. Une évolution du Bagua du Taiji, un raccourci vers une version plus puissante, le Bagua du Taijitu (encore une fois, Google est votre ami, tant pour le Taiji que pour le Taijitu). Il faudra maintenant attendre très longtemps avoir de voir ça se produire.

5 personnes avaient choisi l’énorme pierre spirituelle transparente. Il s’agissait là d’une pierre un peu particulière, compatible avec toutes les affinités ; Osumba aurait pu cultiver jusqu’au 5ème niveau du Qi Terrestre, renforçant également la puissance de ses runes (de sa rune, puisqu’il n’en avait qu’une…) pour en faire une technique d’attaque propre permettant d’infliger des dégâts à ses victimes.

7 personnes voulaient voir des gravures le long des murs. Il s’agissait là de l’histoire complète du créateur de cette technique, ainsi que des informations sur sa vie, notamment sa fin de vie, et des endroits où sont dissimulés des trésors.

8 personnes voulaient qu’il se retrouve face à un sarcophage ouvert sur un cadavre contenant un objet doré. Il se serait agi là d’un des premiers disciples du fondateur, mais je n’en dis pas plus sur son histoire, même si on ne retombe jamais sur son cadavre, on entendra parler de lui un jour. Il tenait dans ses mains le bâton du sceau, permettant de… sceller. Je n’en dis pas plus non plus.

 

Et voilà qui est tout pour cette semaine 🙂
RDV mercredi prochain !

Raka
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12 thoughts on “LDO : Chapitre 17

  1. Merci pour le chapitre gros travail comme d’habitude.
    Il y a quelque truc que je comprend pas je pensais que la technique d’Osumba ne lui permet pas d’avoir plusieurs runes en même temps et donc finalement d’avoir qu’une seule technique équivalent à une rune alors pourquoi avoir dit « renforçant également la puissance de ses runes (de sa rune, puisqu’il n’en avait qu’une…) » ca sous entend qu’il peu utilisé toutes les runes qu’ils trouvent c’est le cas ?
    Et niveau pouvoir des runes entre une qui rend les gens noirs et l’autre qui fait des mort-vivants j’espère que les prochaines seront plus intéressante parce que pour la technique ultime bonjours les runes elles sont un peu naze.
    Enfin continue comme ça je prend quand même beaucoup de plaisir à voir cette histoire évolué.

    1. Merci 🙂

      Alors oui, il y a effectivement quelque chose que tu n’as pas compris – ma faute, peut-être ? Je pensais avoir été clair sur le sujet, mais finalement, peut-être pas…

      Il possède une technique lui permettant de stocker une rune de chaque type à la fois. Une seule rune du Paradis, une seule rune de la Montagne, une seule…

      Il existe huit types de runes différents.
      Paradis, Vent, Eau, Montagne, Terre, Tonnerre, Feu et Lac.
      De la même façon que le Bagua et le Taiji, c’est un principe taoïste.

      Ce que veut dire « une seule rune de chaque et pas d’autres techniques », c’est qu’il ne pourra pas avoir plus de huit techniques à la fois, quand un autre pourra éventuellement en apprendre beaucoup plus.

      Et effectivement les runes de ce début d’histoire ne sont pas ultime, ça aurait été chiant de le rendre pété tout de suite 😉

      1. Ah oui d’accord je comprend mieux après pour les runes je parle de runes intéressante pas complètement pété ce sont deux choses totalement différente mais pour l’heure avec les explications données les deux runes que possèdent Osumba paraissent inutile typiquement la première rune plutot que de rende les gens noir pourquoi pas une rune lui permettant de se camouflé dans le noir c’est pas cheaté comme capacité mais sa peut avoir son utilité enfin tu vois c’est ça que je voulais dire après si toi ta déjà des idées d’utilisation des runes pour la suite de l’histoire c’est le plus important mais moi je vois mal leur utilité pour le moment 🙂

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