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Chapitre 18     Comme un poulet sans tête

 

 

En galopant au hasard dans les plaines, Dai Lin finit par reconnaître des lieux familiers. Elle était certaine de se trouver près du village de Bargan, qui n’était qu’à quelques jours de voyage de l’endroit où elle avait vécu toute sa vie. Nous n’avions pas parcouru tant de chemin que ça, finalement, même monté sur Zombicorne qui n’avait pas de problème d’endurance puisqu’elle était morte.

Dai Lin avait insisté pour qu’on fasse un arrêt chez son cousin Pio, qui était engagé dans la milice de Bargan et qui prenait soin de ses deux vieux parents. En prenant la direction du village, nous avions ressenti un conflit non loin et en s’approchant, nous avions entendu ce qui semblait être la fin d’un affrontement féroce.

– Oui, je suis certaine que c’est lui ! Comment pourrais-je me tromper ?! Oh, Pio, Pio, …et tes parents ? Que va-t-il leur arriver ? Mais comment est-ce que tu as pu

En voyant les larmes couler, je me sentis mal. Notre court voyage nous avait un peu rapprochés, elle et moi, et tandis que je ne me préoccupais que de la façon de rentrer chez moi, je me disais qu’il serait peut-être bon également de veiller de temps en temps à ce qu’elle ne soit pas trop triste ; elle avait perdu son village, elle venait de perdre son cousin, et comme on disait ‘jamais deux sans trois’, j’espérais que je n’allais pas être le troisième.

Après tout, elle me servait de guide, tout était plus facile avec elle.

Et tandis que je la voyais pleurer l’âme de son cousin Pio, le corps sembla vibrer légèrement. Ou plutôt, une aura très fine qui le recouvrait et que je n’avais pas détectée avant vibrait. C’était faible, et elle convergeait petit à petit en un seul point, tentant de s’extraire de la dépouille.

Bien entendu, je savais ce que c’était. Je possédais la connaissance de la rune Yim, et tout était clair : il venait de mourir quelques minutes auparavant, et son âme était en train de le quitter. Quelques dizaines de secondes encore et elle s’envolerait vers une destination inconnue, à tout jamais.

C’était le moment idéal pour tester cette rune, si jamais j’avais voulu le faire. Même Zhou Xuefang, je le sentais, fronçais les sourcils d’un air de reproche. Il ne disait rien parce qu’il savait ce que j’en pensais, mais pour lui, qui n’avait pas la même vision des choses que moi, effectuer des tests, montrer sa puissance et aller de l’avant était toujours plus important qu’un préjugé tenace.

Et il avait peut-être raison, le bougre. Après tout, je vivais dans son monde. Enfin, dans celui dans lequel il avait vécu toute sa vie ; son monde natal restait la Terre, tout comme moi. Lui qui avait réussi à se hisser à une position incroyable, à un statut équivalent à celui d’un demi-dieu, ne détenait-il pas quelques vérités ?

Il fallait que j’aille de l’avant aussi. Depuis que j’étais là, je passais mon temps à compter sur les autres, et à demander de l’aide. Mais même si ça fonctionnait encore, un jour je serais si puissant qu’il n’y aurait plus personne pour m’aider… Il fallait que je me débrouille tout seul si je ne voulais pas tomber de très haut quand ça arriverait.

Pourtant, tout en observant cette aura se rassembler en une gouttelette pas plus grosse qu’un pouce, et qui pendait ‘vers le haut’, comme si elle était sur le point de se détacher, je ne parvenais pas à me convaincre d’utiliser le pouvoir de la rune Yim. On parlait là de la vie et de la mort, une chose avec laquelle il ne fallait pas jouer.

Osumba…

Ah, il n’avait pas pu se retenir, il allait encore me faire la morale.

Osumba, est-ce vraiment à toi de décider ? Il ne s’agit pas de ta vie, après tout.

– Je m’en fous. On ne joue pas avec la mort. Si les dieux ont décid…

Arrête avec tes histoires de dieux !

Il venait de me couper la parole de la façon la plus violente que je lui connaissais ! J’étais choqué.

Les dieux n’ont rien à voir avec tout ça ! Je te l’ai déjà dit et répété ! Un dieu n’est rien d’autre qu’un humain ayant atteint un plan de cultivation supérieur ! Tu… Tu as des pouvoirs incroyables, un potentiel hors du commun, tout ça grâce à une technique extraordinaire, qui te permet de posséder des capacités que nul autre ne peut avoir, et toi… Toi, tu refuses de progresser !

Il était clairement furieux. Je pouvais comprendre son point de vue, mais j’avais le mien également, pourquoi n’essayait-il pas de se mettre à ma place ? Mais il ne me laissa pas le temps de lui répondre et enchaîna.

J’ai été bloqué ici pendant des centaines d’années, tout ça pour finir avec un gamin comme toi. Tout ce que je désire, c’est te rendre plus fort, pour nous permettre à tous les deux de rentrer sur Terre. Tu le sais, et je ne te mens pas. C’est mon but ultime.

Il m’envoya rapidement le coup de grâce.

Osumba, il va falloir que tu fasses des choix, à partir de maintenant. Je t’ai soutenu inconditionnellement parce que tout ce dont tu rêvais, c’était de rentrer chez toi, tout comme moi. Et je suis prêt à tout pour t’aider à nous faire atteindre notre but. Mais maintenant, il va falloir que tu te décides à ne pas faire les choses à moitié. Tu ne pourras pas y arriver si tu refuses un énorme pouvoir uniquement parce que tu as des préjugés religieux infondés. SI tu ne poursuis pas ton but de toutes tes forces, alors je cesserai de t’aider et j’attendrai la fin. Notre fin, parce que c’est tout ce qui arrivera.

– Infondés ? Mais depuis toujours, un dieu a toujours été un…

En prononçant ces mots, je me rendis compte qu’il avait raison. Sur Terre, on parlait de dieux, mais on ne les a jamais vus. On n’en sait rien, et ils ne donnent pas signe de vie. Ici, sur les Continents Immortels, il n’y avait pas de dieu non plus, mais une personne comme Zhou Xuefang était ce qui y ressemblait le plus, et il était vraiment bien placé pour savoir de quoi il parlait. Après tout, s’il disait vrai, alors il était le genre de personne ayant été en contact avec des cultivateurs désormais devenus des dieux. Dans le pire des cas, ne pourrait-il pas avoir une certaine influence auprès d’eux ?

Je pouvais ou ne pouvais pas tenter le coup. Mais une autre chose devait être mise sur la balance. Qu’est-ce que ça allait m’apporter de l’empêcher de mourir ? Je voyais la goutte d’âme reliée par ce qu’il restait d’accroche, elle était sur le point de se séparer du corps. Il ne me resterait alors plus que l’espace de deux ou trois secondes pour la rattraper avant qu’elle ne s’en aille pour toujours.

Fermant les yeux, je décidai de donner une dernière chance au destin de m’empêcher de faire le pas sur une voie que je ne pourrai ensuite plus quitter.

Prenant une profonde inspiration, je demandai :

– Dai Lin, est-ce que tu veux que je lui sauve la vie ?

Toujours pleine de larmes, elle avait le visage enfoui sur le torse de son cousin Pio.

Elle leva les yeux vers moi d’un air incrédule.

– Lui sauver la vie ? Mais il n’a plus de tête !!

– Ce n’est pas important. Je le peux.

Effectivement. Si l’âme tentait de s’accrocher à son corps avec tant de force, c’est qu’il possédait un désir de vivre assez puissant pour que je puisse faire quelque chose. Je ne savais pas ce que ça allait donner ; allait-il récupérer sa tête par magie ? Une nouvelle allait-elle pousser ? Deviendrait-il… brrr… un homme sans tête ?!

Je ne le savais pas, mais j’étais certain, à 100%, que je pouvais renvoyer l’âme de Pio dans son corps.

– Il te reste moins de cinq secondes pour te décider.

J’étais franc et direct, froid. Froid parce que je ne voulais pas l’induire, je ne souhaitais pas qu’elle croie que j’avais vraiment envie de le faire. Je voulais que le destin emprunte ses lèvres pour me guider sur le choix que je devais faire.

Elle regarda la dépouille une dernière fois, sans doute mitigée, peut-être un peu apeurée. Puis elle me regarda avec ses yeux humides mais décidés et me dit :

– Sauve-le. S’il te plait.

Alors que ces mots quittaient faiblement sa bouche, la petite goutte d’âme se détacha du corps, et s’envola. Ce n’était pas très rapide, mais elle commençait déjà à disparaître, comme si elle s’effaçait simplement de l’existence.

Sans attendre, je déployai le Bagua du Taiji autour de moi, et les deux piliers Qos et Yim s’élevèrent, l’un face à moi, l’autre dans mon dos, légèrement sur ma droite. Je le sentais. La puissance de la rune Yim perçait la terre et les cieux, ou plutôt transcendait la vie et la mort. Le concept même de l’âme était quelque chose que le pilier de la Montagne comprenait et maîtrisait, comme s’il en avait lui-même été le créateur.

Lorsque j’utilisais le pilier du Paradis érigé à partir de la rune Qos, il émanait autour de lui un brouillard noir qui enveloppait ma cible. Il n’en était rien pour le pilier issu de la rune Yim ; il ne se passa rien, simplement rien. Mais je sentis ma volonté parcourir l’espace et de la même manière que je parvenais à utiliser le Bagua d’une simple pensée, je vis l’âme de Pio cesser de s’effacer tout d’abord, puis réapparaitre de façon plus nette avant de faire machine arrière et d’entrer dans son torse comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.

– Osumba ?

Dai Lin ne comprenait pas ; je venais de déployer une technique, mais je ne faisais rien. Elle ne pouvait évidemment pas voir ce qu’il se passait, pour elle, son cousin était mort depuis un moment déjà ; depuis avant notre arrivée, en réalité. Cela faisait quelques minutes à peine. Mais dans l’absolu, elle avait raison. Pio, ou plutôt son âme, avait tenu extrêmement longtemps avant de ne plus pouvoir rester attachée à son corps. Je savais grâce à mes connaissances sur la rune Yim que dans la plupart des cas, une âme ne mettait que quelques secondes à disparaître. Le temps que j’avais eu pour m’engueuler avec Zhou Xuefang montrait bien à quel point Pio était accroché à sa vie.

Son cadavre tressaillit légèrement, et cessa de bouger. Puis à nouveau, fut pris de spasmes, et finit par s’asseoir, naturellement. Et je fus mis à ce moment face à deux réalités.

Tout d’abord, je venais de m’engager dans une voie que je ne pourrais plus jamais renier. S’il n’y avait vraiment pas de dieux me regardant de haut, alors j’allais devenir le plus puissant être des Continents, je m’en fis la promesse, à plusieurs reprises, afin d’être sûr qu’elle vaille quelque chose. Dans le cas contraire, si j’avais grandement offensé les dieux, alors il était trop tard pour faire machine arrière. Il fallait donc que je donne tout ce que je pouvais pour gagner en puissance. Plus et plus vite que quiconque.

Deuxièmement, j’avais la réponse à la question que je me posais précédemment. Sa tête allait-elle repousser ou non ? Allait-elle se reformer comme par magie ? Allait-il peut-être mourir à nouveau car il n’avait pas de tête ?

Pio était là, assis, et regardait Dai Lin.

Enfin, pas exactement.

Son torse était tourné vers elle, mais là où devait se trouver sa tête, il n’y avait toujours qu’un moignon. Parfaitement cicatrisé, cela dit, mais un moignon. Il ne pouvait pas parler, et je me demandais même s’il parvenait à y voir quelque chose sans tête et sans yeux ; mais il commença à agiter les bras dans tous les sens comme pour essayer de s’exprimer. Il mima un combat à la lance, un ours, se laissa tomber au sol et se releva. Il prit alors une Dai Lin aussi pâle que la lune dans ses bras, comme pour signifier des retrouvailles tant attendues.

Je trouvais son comportement étrange, comme s’il se fichait de ne pas avoir de tête ou d’être devenu un mort-vivant. Oui, parce que ses mains étaient devenues blanches, manquant encore plus de couleur que le visage de Dai Lin, qui ne bougeait toujours pas, choquée.

Et je posai les yeux sur Zombicorne, par réflexe. Elle broutait tranquillement à quelques pas, son flanc troué exposé à ma vue.

Elle non plus, elle n’avait pas eu l’air de se rendre compte de son changement en mort-vivant. Elle n’était sans doute toujours pas au courant, et peut-être ne réaliserait-elle jamais ? Mais elle était une bête, une créature à l’intelligence moindre. Pio aurait dû se rendre compte que quelque chose n’allait pas !

Je m’approchai de lui, et alors qu’il lâchait Dai Lin pour se tourner vers moi, je levai une main pour l’agiter là où aurait dû se trouver sa tête. J’avais un visage dur, volontairement. Il fallait que je lui montre qui était le patron, qui était celui qui allait devenir le plus fort d’entre tous. Zhou Xuefang avait sans doute raison, je devais user de tous les moyens pour gagner en puissance et me permettre… Non, nous permettre de rentrer chez nous. Lui comme moi.

Ma main passait à travers l’endroit vide où il n’y avait pas la tête de Pio. L’espace d’une seconde, il ne réagit pas, peut-être choqué par ce qu’il voyait – et je ne savais pas ce qu’il voyait ; je ne voulais pas le savoir, d’ailleurs.

Mais soudain, il recula frénétiquement, assis sur le sol, pour s’éloigner de moi.

Dai Lin prit la parole pour essayer de le calmer, ou de lui expliquer ce qu’il se passait.

– Pio ! Pio, arrête, du calme ! Tu… Il t’a sauvé la vie !

Pio n’écoutait pas. Il continuait à reculer, et une fois suffisamment loin de moi, se releva et se mit à courir. Je n’en attendis pas plus pour faire ce que j’avais à faire. Je savais parfaitement qu’il devait être paniqué, et je ne voulais pas qu’un type sans tête se mette à courir partout. Non, nous allions l’emmener avec nous. Après tout, un mort-vivant de plus ou de moins, qu’avions-nous encore à perdre ?

– Pio, stop. Si tu bouges encore, je te retire cette vie que je t’ai donnée.

Je savais bien que je ne pouvais pas. Moi, je le savais, mais lui ? Il s’arrêta net. Même sans oreilles, il avait entendu ce que je lui avais dit. Il se tourna lentement vers moi, et c’était une sensation désagréable que de ne pas pouvoir le regarder dans les yeux, être obligé de fixer son torse… Je me sentais inférieur, faible.

Il fallait que je chasse ces idées de ma tête. Je n’étais pas faible ! Il avait raison, je possédais une technique puissante et très rare, et je devais m’en servir pour montrer que je pouvais aller loin, très loin. Je n’avais plus le choix, et je faisais ce qu’il fallait pour m’en convaincre dès que je le pouvais.

Pio s’approcha de moi, comme attiré par un destin inexorable. Il avait les épaules basses, et il traînait du pied. Son manque de volonté était flagrant mais il approchait. Je savais que la rune Yim ne me permettait pas de m’imposer comme maître absolu des âmes que je retenais en ce monde, mais s’ils choisissaient de me suivre de leur plein gré ?

– Pio, je suis désolé. Dai Lin voulait que je te sauve la vie. Je l’ai fait sans savoir que tu n’allais pas récupérer ta tête.

Il avait l’air intrigué. Il leva les mains pour chercher cette fameuse partie du corps qu’il avait perdue, et lorsqu’il ne la trouva pas, il retomba assis, le cul par terre. Il venait alors de comprendre – ou peut-être de se souvenir – de ce qu’il s’était passé à la fin de son combat contre l’ours.

Pour preuve, il se tourna rapidement vers la bête morte, puis vers moi, à nouveau. Il me posa les mains sur les épaules avant de me serrer dans ses bras. C’était vraiment très étrange, lorsqu’il avait encore une tête, il devait être un peu plus grand que moi, mais maintenant, ses épaules m’arrivaient au niveau du menton. Et je voyais au-delà, Dai Lin qui me regardait, toujours aussi perplexe. Elle ne devait pas savoir quoi penser.

Devait-elle me remercier pour l’avoir sauvé ? Me haïr pour l’avoir réanimé de cette façon ?

Mais après tout, c’était elle qui me l’avait demandé, et je l’avais prévenue, je ne pouvais pas savoir ce qui allait se passer.

– Pio. Dai Lin. Suivez-moi, tous les deux. Les choses vont changer, désormais ; nous allons écrire notre propre légende. Ok ?

Dai Lin avait sans doute déjà eu le temps d’y réfléchir auparavant, parce qu’elle hocha immédiatement la tête, bien décidée à me suivre de toute façon.

Pio, quant à lui, ne hocha pas la tête puisqu’il n’en avait plus, mais leva le pouce pour me signifier qu’il était d’accord. Il était malin, à en croire Dai Lin, et il avait dû rapidement comprendre qu’il n’avait aucune chance de se refaire une vie dans son état. Me suivre restait la seule option.

 

***

 

Un peu plus tard ce jour-là, nous fîmes face à plusieurs monstres puissants, que je n’avais jamais rencontré auparavant. D’après Dai Lin, ils étaient vraiment dangereux et approchaient du 8ème niveau Terrestre. Mais étrangement, du haut de mon 3ème niveau Terrestre, je ne les trouvais pas si effrayants que ça. Sans doute Dai Lin et son arc, ainsi que Pio et sa lance y étaient-ils pour quelque chose.

Nous avions trouvé une façon de nous battre plutôt efficace. Pio, qui avait récupéré sa lance près du cadavre de l’ours, les affrontait en première ligne. Il ne craignait pas de mourir, ou en tout cas, il ne le montrait pas. D’après Dai Lin, il était déjà très courageux de son vivant, alors je n’osais même pas imaginer ce qu’il pouvait faire une fois en possession d’un corps de zombie. Pendant ce temps, elle arrosait les monstres d’une pluie soutenue flèches de l’arrière, les gênant et les achevant parfois.

De mon côté, je ne faisais rien d’autre que de les dépecer et récolter ce qu’il y avait à récolter. C’est-à-dire, pas grand-chose. En réalité, ils ne faisaient que s’occuper des monstres tous les deux, et n’avaient absolument pas besoin de moi.

À une ou deux reprises, je dus sortir ma lance de foudre pour me défendre, mais à chaque fois, la différence de niveau était si grande qu’elle se volatilisait en un coup, et je devais appeler Pio à l’aide. Il était si prompt que je ne craignais jamais la mort.

Les monstres ne prêtaient pas attention au fait qu’il soit un homme sans tête au teint blafard, et en contrepartie, il se moquait de subir des dégâts. Nous avions tôt fait de remarquer que toutes les blessures qu’il subissait se régénéraient petit à petit. Tel était le pouvoir d’un mort-vivant… J’en étais presque jaloux.

Le soir venu, Nous croisâmes un troupeau de licornes. C’était un troupeau de Zombicornes, mais vivants ! Peut-être sa famille ? Nous n’avons cependant pas eu l’occasion de le vérifier, ils s’enfuirent tous au galop.

– On ne les chasse pas ? Comme tous les autres monstres, il y a une chance qu’ils possèdent une pierre spirituelle, tu sais…

– Non. Je me verrai très mal tuer un troupeau de ces monstres devant ma fidèle Zombicorne. Laissons-les partir. De toute façon, on va bientôt devoir trouver un endroit où passer la nuit en sécurité.

Dai Lin haussa les épaules.

– Je crois qu’il n’y a aucun village dans les environs, si je me souviens bien de la carte que j’ai vu chez l’Ancien, un jour.

– Alors nous allons camper dans cette grotte, là.

Il y avait, sur le flanc d’une petite falaise de quelques mètres de haut, une caverne qui nous permettrait de nous abriter pour la nuit. Même si des monstres nous attaquaient, ils n’auraient d’autre choix que de passer par l’entrée, et nous pourrions nous défendre pour le peu que quelqu’un ne monte la garde.

– C’est une bonne idée. D’ailleurs, je ne ressens aucune présence dans cette grotte ; elle n’est pas habitée. Nous allons y dormir.

Elle était plus spacieuse que je ne me l’imaginais. Nous étions à l’aise, et même ma monture pouvait rester dans un coin qui lui était réservé. Elle ne se fit pas prier pour rester à l’intérieur tandis que le soleil s’éteignait, tout là-haut.

– Mais il faut tout de même que quelqu’un monte la garde.

– Tu as raison. Nous allons faire des quarts.

– Des quarts ?

– Oui. Chacun d’entre nous prendra une partie de la nuit pendant que les autres dormiront.

Je fus surpris. Ce n’était pas ce que j’avais prévu. J’avais imaginé lui faire monter la garde, à elle, toute la nuit, pendant que je me reposais. Après tout, elle pourrait récupérer le lendemain, en chevauchant dans mon dos. La place commençait à manquer sur le dos de mon fidèle destrier, mais même à trois, son corps mort-vivant tenait très bien le choc, et elle ne semblait même pas remarquer tout ce poids sur son dos.

J’aurais aussi pu faire monter la garde à Pio. Il n’avait pas besoin de dormir, lui.

Ou alors, nous aurions simplement pu fabriquer quelques pièges afin de nous prévenir de l’arrivée de monstres. Rien de tel que les bonnes vieilles méthodes, non ?

Sa proposition me fit douter et remettre en question tout ce que j’avais prévu. Mais il allait être temps de faire un choix, la nuit était déjà là.


 

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Les votes seront clos vendredi soir à 23h.

 

Concernant les votes de la semaine dernière, en voici les résultats :

 

41 personnes ont décidé de sauver la vie de ce pauvre Pio, et voici ce qui en a résulté. Par respect envers Pio évidemment, ils n’ont pas touché aux dépouilles des soldats morts.

22 lecteurs ont voulu fouiller les cadavres sur le champ de bataille, ainsi que l’ours. Pio serait mort pour de bon et à tout jamais, tandis que nos deux comparses auraient trouvé de l’équipement de qualité médiocre. Ils auraient tout emmené, mais leur bardage aurait attiré l’attention de bandits de grands chemins qui les auraient attaqués et rançonnés. Un personnage important aurait alors fait son apparition, on ne le verra que bien plus tard sous d’autres auspices.

12 parmi vous étiez candidats à la course jusqu’au village afin de prévenir qui de droit de ce qu’il venait de se passer. Evidemment, nos deux comparses noirs (n’oublions pas que même si Pio n’a pas pu en faire la remarque, Dai Lin est noire, elle aussi, maintenant) et leur monture étrange n’auraient jamais pu entrer et se seraient fait chasser au loin. En tout était de cause, ils auraient rencontré les bandits, les mêmes bandits que dans l’option précédente, mais d’une toute autre façon et dans un autre état d’esprit. Il y avait de l’alliance dans l’air.

Raka
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9 thoughts on “LDO : Chapitre 18

  1. C est génial, par curiosité, le corps de pio se serait il régénéré si ils avaient recollés la tête avant t la résurrection

      1. Il n’a plus de tête, elle a explosé.
        Il n’y avait plus rien à recoller.

        S’il y en avait eu une, la réponse est « qui sait ? 🙂 »

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