MoL : Chapitre 20
MoL : Chapitre 22

Bonjour amis lecteurs et amoureux de la magie, des araignées et autres liches.
Je profite de la publication du chapitre du jour (et de celui sur uTip) pour vous prévenir d’un point qui me semble important.
Le 10 septembre, je me fais opérer d’un décollement rétinien qui a attendu trop longtemps à cause de tout le cirque qu’on a vécu en 2020.

C’est arrivé à un point où l’ophtalmo m’a intimé de prendre tout le repos possible pour mes yeux en attendant le 10 septembre.

Donc d’ici-là, je vais ralentir sévèrement le rythme (sauf pour MoL, j’ai encore assez d’avance pour vous satisfaire.)

Voilà voilà.
Je n’ai rien à ajouter à la situation.

Bonne lecture 🙂

 

 

Chapitre 21 – Roue de la Fortune

 

Dans les tunnels sous Cyoria, Zorian était assis, jambes croisés et yeux clos. Il tentait de ressentir l’esprit des Aranea proches par lui-même. C’était là la tâche qui lui avait été confiée par la matriarche comme première leçon et ça lui rappelait inconfortablement les exercices de détection de Xvim.

Ça ne se passait pas très bien. Une autre chose que ces exercices partageaient avec ceux de son mentor.

[Cela ne fait que 3 jours,] le sermonna la voix désarticulée de la matriarche. [Tu as à peine commencé. Ne sois pas impatient.]

— Il doit exister un meilleur moyen d’apprendre, se plaignit Zorian. Ce genre de méthode par le test et l’erreur, il aurait pu l’imaginer et la pratiquer sans son aide. Pour autant qu’il pouvait le voir, la seule chose que la matriarche pouvait faire pour aider, c’était d’être expérimentée et apte à agir si quelque chose devait tourner mal. Ce qui, maintenant qu’il y pensait, était plutôt précieux quand on s’amusait avec une chose comme la magie mentale. Ou la magie tout court, d’ailleurs.

[Ça, et le fait qu’il est plus simple de sentir et de contacter l’esprit d’un Ouvert que celui d’un… non-psychique,] fit remarquer la matriarche en hésitant un peu sur la fin. [Je doute cependant que tu sois capable de trouver de nombreux individus Ouverts pour t’entraîner ainsi à la surface. Peu accepteraient de te laisser te connecter à eux. Quoi qu’il en soit, je réalise que cette étape initiale est ennuyante et difficile mais elle est nécessaire. Si je n’ai pas expliqué les choses de façon satisfaisante, je te présente des excuses mais je ne sais pas comment le faire mieux que ça. Cette capacité n’est pas quelque chose que j’ai appris, c’est quelque chose que je fais. Les Aranea apprennent à le faire instinctivement à un très jeune âge, un peu comme les humains apprennent à marcher et parler. Te sens-tu capable d’expliquer comment bouger ses jambes à une personne qui est paralysée depuis sa naissance ?]

Zorian fronça les sourcils. Ainsi, il n’était même pas capable de maîtriser des capacités télépathiques infantiles ? Merveilleux. Inspirant profondément pour se calmer, il tenta de considérer la tâche à accomplir et la façon de le faire. Oui, oui, la matriarche insistait sur le fait qu’il devait juste essayer jusqu’à y arriver par le pur poids de l’effort mais il était un mage, bordel ! Les mages agissaient intelligemment, pas de façon brute.

Être un psychique revenait à être un mage mental naturel. Même avec tout ce que la matriarche impliquait à propos de leur spiritualité bizarre d’Aranea, c’était tout ce qui comptait. Un psychique pouvait lire les pensées et les émotions, se promener dans les souvenirs des gens, pirater leurs sens et leur contrôle moteur, communiquer avec eux par télépathie et dieu savait quoi d’autre. Même la matriarche admettait que les Aranea utilisaient un langage humain modifié pour lancer leurs sorts de vocalisation et le reste de leur arsenal non mental.

La divination en était la clé, il pouvait le sentir. Si les pouvoirs psychiques étaient basés sur l’esprit, pourquoi permettaient-ils également d’améliorer les divinations ?

[Pas toutes les divinations,] corrigea la matriarche dans l’ombre, apparemment intéressée par le fil des pensées de Zorian. [Uniquement celles qui introduisent les résultats directement dans ton esprit. Le Don t’aide à interpréter les résultats de tels sorts plus facilement et comme la plupart des sorts de divination de haut niveau donnent toujours un résultat qui est en partie introduit dans ton cerveau… Eh bien, tu peux imaginer comme c’est pratique.]

Soudain, un engrenage cliqueta dans l’esprit de Zorian. Selon les livres qu’il avait lus à la bibliothèque, les sorts destinés à lire les pensées des gens n’étaient pas très difficiles en principe. Le problème, c’était le résultat qui était presque totalement incompréhensible pour la plupart des utilisateurs à moins qu’ils n’eurent passé des années à travailler l’interprétation. Les sorts destinés à établir un contact télépathique souffrait du même problème, bien que moindre – tant que les deux personnes parlaient la même langue, ils pouvaient au moins échanger une communication verbale. Autrement dit, les sorts fonctionnant sur l’esprit humain étaient remarquablement similaires à des divinations qui tentaient de poser des informations de façon brute… Ce qui n’était pas une chose que les mages étaient naturellement équipés pour traiter.

En rassemblant tout ça, il sembla évident à Zorian que l’un des pouvoirs définis d’un psychique se trouvait être sa capacité à trouver un sens aux informations qui entraient directement dans son esprit – fussent-les pensées d’autres personnes ou quelque chose de plus exotique comme les résultats d’une divination. La partie qui l’intéressait dans l’immédiat ? C’était une compétence passive. L’utiliser n’était pas une chose qu’il devait faire volontairement, c’était un état de son être et s’il voulait sentir les esprits des Aranea à proximité, peut-être devait-il arrêter d’essayer de pousser son pouvoir vers les environs pour plutôt le concentrer en lui. Il prit une profonde inspiration, visualisa le résultat comme autant de papillons lumineux autour de lui et… leur ouvrit simplement son esprit.

Des soleils brûlants explosèrent tout autour de lui, y compris dans des endroits dans lesquels il ne s’était pas attendu à trouver des Aranea en premier lieu. Apparemment, la matriarche avait amené plus de gardes que ce qu’elle lui avait ouvertement montré.

[Ton premier succès,] remarqua-t-elle en brisant la concentration de Zorian d’une approbation télépathique, faisant explose son champ de vision comme un rêve. [Bien joué. Les choses devraient être plus faciles à partir de maintenant. Je te féliciterais volontiers pour ce résultat si rapide mais je dois être honnête et avouer que je n’ai aucune idée de la rapidité avec laquelle un humain progresse dans ce domaine habituellement.]

— Peut-être que les choses seraient allées encore plus vite si tu m’avais dit que je faisais mal les choses, répondit Zorian sur un ton ennuyé. Pourquoi ne m’avoir pas dit que j’étais censé me concentrer en moi plutôt qu’autour de moi ?

[Je l’ai fait. Est-ce ma faute si tu l’as dédaigné comme une simple superstition Aranea ?] lâcha la matriarche nonchalamment. [Et je ne savais pas que le problème se situait là en particulier. Je suppose que ma tendance à répondre à tes pensées te laisse imaginer que je les comprends en totalité ? La vérité est bien moins impressionnante, j’en ai peur. Les télépathes comme toi et moi subissent un grand nombre des mêmes limitations que la magie humaine. Nous avançons simplement beaucoup plus rapidement dans ce domaine et n’avons pas besoin de sorts structurés pour utiliser nos capacités. À moins que tu ne structures tes pensées en de vraies phrases, le mieux que je puisse faire actuellement est de recevoir une image assez floue de ton état émotionnel et de tes intentions. C’est doublement vrai parce que tu es un humain et que je suis une Aranea, deux espèces radicalement différentes qui ne partagent pas la même anatomie, esprit inclus.]

— Huh. Alors le langage et les espèces ont une importance pour un psychique, comprit Zorian. Je me posais la question, justement.

[Ce n’est pas un gros problème, habituellement. La plupart des créatures ont tendance à penser avec des mots lorsqu’ils engagent une conversation mentale,] expliqua la matriarche. [Tant que deux créatures parlent la même langue, ils peuvent engager librement une conversation télépathique, peu importe la différence entre leurs systèmes de pensées ou leurs esprits. S’ils ne partagent pas le même langage… eh bien, tout n’est pas perdu. Les psychiques peuvent potentiellement communiquer avec des esprits totalement étrangers. Cela implique le besoin de structurer tes pensées en des concepts suffisamment larges pour être compris par un esprit différent, mais pas trop large pour ne plus avoir de sens. Malheureusement, cette méthode est très brute est tend à être douloureuse pour la cible et à la désorienter rapidement. Je crois que tu en as déjà fait l’expérience lorsque tu as rencontré l’une des Aranea moins compétentes lors d’une de tes vies précédentes.]

— Alors ce n’est pas uniquement parce que tu es plus puissante que tu parles avec moi si facilement ? demanda Zorian.

[Non. Il faut du temps pour apprendre le langage humain, mentalement et culturellement. Il m’en a fallu, tout comme à de nombreuses autres Aranea qui interagissent occasionnellement avec des humains. Cependant, notre toile est suffisamment extensible et seule une minorité d’Aranea comprennent le langage humain. La plupart restent largement ignorante et s’occupent de leurs affaires, ce qui est la raison du silence de mes gardes en ce moment-même. Crois-moi, elles ne sont pas si renfermées d’habitude. Mais si elles tentent de communiquer, il y a fort à parier que tu finisses simplement avec une migraine.]

— Ce qui veut dire qu’une attaque mentale est plus facile qu’une communication ? s’interrogea Zorian avec curiosité. Je veux dire, si une communication chaotique est pratiquement un assaut mental en premier lieu, il ne devrait pas être bien difficile de faire griller le cerveau d’une créature et d’en avoir fini avec elle.

[Ce dont tu parles est appelé Explosion Mentale et c’est l’attaque télépathique la plus simple qui soit,] confirma la matriarche. [Mais aussi la plus simple à contrer. Tu devrais vraiment cesser de t’inquiéter de la possibilité que je t’attaque. Les explosifs que tu portes en permanence dans ta poche ne sont-ils pas suffisants pour te rassurer, si ma parole ne l’est pas ?]

— Ça aide, avoua Zorian, mais je posais la question non parce que je n’écartais pas la possibilité d’hostilités entre nous, mais simplement parce que j’étais curieux.

[Eh bien, parfait. Quoi qu’il en soit, nous devrions retourner au développement de ton esprit avant de perdre le fil,] reprit la matriarche. [Tu as rencontré ton premier succès mais c’est bien trop instable pour être utilisable à l’heure actuelle. Tu dois être capable de sentir les esprits autour de toi instantanément sans n’avoir à t’asseoir ou te concentrer, de préférence en faisant tout autre chose en même temps.]

Zorian soupira. Apparemment, le traumatisme post-Xvim n’était pas encore passé.

 

___

 

 

Le reste du mois fut sans grand intérêt et presque entièrement consacré au peaufinage de ses sens spirituels et magiques – au sein du nuage de mana. Bien que la matriarche eut refusé de lui apprendre quoi que ce fut tant qu’il n’aurait pas maîtrisé son sens spirituel, il remarqua que ses leçons lui donnaient un contrôle rudimentaire sur son empathie, suffisamment pour le conserver fermé avec suffisamment de concentration mais pas assez pour cibler une personne en particulier ou l’améliorer volontairement. Ce simple fait avait rendu son enseignement déjà plus que rentable en lui permettant de supporter les bains de foule un peu plus convenablement à l’avenir.

En parlant d’évènement social, Zach s’était montré incroyablement insistant concernant sa fête le soir du festival d’été. Après avoir harcelé Zorian à plusieurs reprises, il avait fini par le faire accepter. Oui, ça les rapprocherait un peu trop pour la soirée mais il était curieux de découvrir à quel point son empathie allait lui permettre de supporter une situation réelle et de ce à quoi ressemblait la maison de Zach à l’intérieur. D’ailleurs, il tentait de mieux connaître ses camarades de classe et c’était une bonne opportunité de discuter avec certains d’entre eux sans avoir l’air trop bizarre.

— Je peux vraiment venir avec toi ? demanda Taiven en marchant derrière lui.

— Pour la dernière fois, Taiven, oui. Zach a été clair : plus nous inviterons de personnes, mieux ce sera, s’exaspéra Zorian, et ce fait était peu surprenant quand on savait ce que Zach tentait de faire. Mais si tu ne veux pas venir –

— Oh non, je viens totalement. Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de participer à une fête dans la maison Noveda. Je trouve juste ça un peu étrange, c’est tout. Un peu surprise que tu aies accepté d’y aller, par contre. Ce genre de trucs, c’est une peu un anathème pour toi.

— C’était soit ça soit aller au bal, expliqua Zorian. On ne m’a que laissé choisir le poison, pas si je voulais le boire.

— Ah, je vois, fit Taiven d’un hochement de tête. Je suppose que ça a l’air d’être la meilleure option, en effet.

Zorian jeta un coup d’œil à Taiven du coin de l’œil, se sentant légèrement coupable. En vérité, la raison principale pour laquelle il l’avait invitée à l’accompagner était pour voir jusqu’où elle se débrouillerait face aux envahisseurs. Il savait qu’elle était bien meilleure que lui en matière de combat mais probablement pas tant que ça et il voulait fixer un point de comparaison. Un qui n’était pas aussi ridicule que Zach ou qu’un mage de combat expérimenté comme Kyron.

Mais encore une fois, on parlait de Taiven. Elle avait probablement fini par combattre les envahisseurs à chaque fois qu’elle était restée en vie. Hors de sa vue, tout simplement. Au mois, cette fois, elle aurait l’avantage de leur faire face aux côtés d’un Zach de combat.

Ils avaient à peine frappé à la porte et Zach était déjà là pour les faire entrer. Il avait probablement eu vent de leur arrivée dès lors qu’ils avaient traversé la porte de la propriété, maintenant que Zorian y pensait – il y avait forcément des sorts de détection qui protégeaient ce manoir.

— Heureux que vous ayez décidé de venir, leur annonça Zach en les guidant vers la salle à manger où la fête était censée prendre place. En considérant la façon dont tu m’as traité récemment, je m’attendais à moitié à ce que tu ignores ta promesse et que tu restes dans ta chambre.

— Je t’ai traité étrangement ? fit Zorian d’un air étonné : d’une part, Zach ne l’avait pas tant ennuyé dans cette boucle – est-ce qu’il essayait de lui faire avouer quelque chose pour le démasquer ou avait-il simplement passé tant de temps dans les boucles qu’il ne parvenait plus à les distinguer ?

— Eh, qu’est-ce qui vous arrive ? demanda Taiven en les regardant d’un air incertain. Y a-t-il quelque chose que je dois savoir ou…

Zach la fixa pendant une seconde avant de se tourner vers Zorian pour lever un pouce vers lui.

— Une nouvelle copine, hein ? Mec, tu en as une à chaque fois que je te vois. Je ne t’aurais pas cru comme ça !

— Quoi ? s’exclamèrent Zorian et Taiven dans un même cri.

Zorian s’en trouva sincèrement perplexe l’espace d’un instant mais réalisa que Zach mélangeait les boucles encore une fois. Akoja, Ibery et Taiven, il l’avait vu en compagnie de ces trois cavalières ce soir particulier. Mais… c’était totalement différent ! Aucune d’elle n’était même intéressée par lui !

— Zorian est un gigolo ? demanda Taiven d’une voix calme et légèrement inquiète.

— Je ne le suis pas ! nia Zorian haut et fort avant de tourner sa rage vers Zach, qui arborait un sourire amusé. Et toi ! Arrête de répandre des rumeurs stupides me concernant ! Je sais pour sûr que tu ne m’as jamais vu avec une fille jusqu’à ce soir ! Et tu te demandes pourquoi je t’évite depuis le début du mois…

— Désolé, désolé, fit Zach en grimaçant. Je me moquais juste de toi. Ne t’inquiète pas, je suis sûr que ta petite amie ne va pas te quitter pour quelques remarques stupides de ma part. Et si elle le fait, elle ne valait pas le coup en premier lieu.

— Oh, vraiment ? trancha Taiven. Tu penses qu’il ne serait pas dévasté de perdre une petite amie comme moi, aussi puissante, intelligente et sexy que m –

— Taiven, ne t’y mets pas, coupa Zorian en soupirant. Zach, elle n’est pas ma petite amie. Juste une amie.

— Qui se trouve être une fille, nota Zach en remuant les sourcils.

— Oui, répondit Zorian en grinçant des dents.

— Ah, bref. Au moins, tu as déjà une cavalière de danse pour la soirée, conclut Zach avec légèreté.

Zorian doutait de ça. Taiven était une fille très attirante possédant un joli corps svelte et athlétique couplé à un visage angélique – et on ne parlait pas de ces horribles statues hautaines. Elle aimait les hommes pareillement dotés en apparence et les chances pour que Taiven trouvât quelqu’un d’autre à qui accorder sa première danse étaient plutôt élevées. Zach peut-être, si la façon dont il lui reluquait l’arrière-train était d’une quelconque indication.

— Tu sais, cet endroit est plutôt désert, chuchota Taiven pendant qu’il marchaient. Je sais qu’il est le dernier de sa maison et tout ça mais je ne vois même pas le moindre serviteur s’activer, nulle part.

— La plupart des serviteurs ont été remerciés par mon tuteur lorsque j’étais encore enfant, expliqua Zach, ce qui ne surprit pas Zorian – Taiven était nulle en chuchotements. Depuis que mes parents sont morts, quand j’étais encore un bébé, il a toujours eu la main libre pour faire tout ce qu’il voulait et ce qu’il jugeait nécessaire afin de conserver la maison Noveda debout jusqu’à ce que je puisse en prendre les commandes. Il en a découlé qu’il a trouvé la plupart du personnel peu nécessaire et les a renvoyés.

— Tu n’étais pas d’accord avec ça ? supposa Zorian, qui pouvait définitivement détecter un courant sous-jacent d’hostilité dans les paroles de Zach – ce qui concordait avec le fait qu’il le brutalisait régulièrement au début de certaines boucles.

Après lui avoir accordé un long regard surpris, Zach soupira.

— Disons que lui et moi avons des désaccords et restons-en là, dit-il.

— Tu sais, je n’ai jamais découvert ce qui est arrivé à ta famille, continua Taiven. Comment peux-tu être le dernier de ta lignée ?

Zorian mit un coup de coup de poing dans l’épaule de Taiven pour avoir posé cette question et le ponctua d’un regard froid pour répondre à son expression scandalisée. Il n’était pas sûr de ce qu’elle trouvait choquant, cela dit – n’avait-elle vraiment pas réalisé à quel point sa question était inappropriée, ou était-elle surprise que Zorian la frappe elle pour une fois au lieu de pratiquer la violence habituelle Taiven-sur-Zorian ?

— Oh, laisse-la tranquille, elle assume sa curiosité, tout simplement, rassura Zach qui savait ce qui s’était passé dans son dos d’une manière ou d’une autre. J’aime ce genre d’attitude, en réalité.

— Sans blague, grogna Zorian.

Maintenant qu’il y pensait, Taiven et Zach possédaient la même attitude je-m’en-foutiste alors peut-être n’avait-ce pas été la meilleure idée du monde de présenter ces deux-là…

Sur ce, Zach se lança dans une explication à rallonge sur la maison Noveda et sa chute… dont Zorian ignora la plupart pour étudier peintures et portraits le long du chemin. En vérité, Il avait déjà découvert toutes les informations sur Zach et la maison Noveda qu’il avait pu et peu de cette histoire était neuf pour lui.

Quoique tragique, l’histoire de Zach n’était en rien unique et pouvait être remontée à deux causes : les Guerres de Fractionnement et le Nettoyage.

L’Ancienne Alliance était une construction compliquée, un empire patchwork fait d’une multitude d’états semi-indépendants et belliqueux qui n’écoutaient qu’occasionnellement les ordres provenant d’Eldermar. Cela dit, malgré toutes ses fautes, elle parvenait avec succès à réprimer dans l’œuf les guerres internes entre ses états-membres. Les conflits armés étaient rares et très limités en taille, spécialement parce que l’Alliance n’était menacée par aucun vrai ennemi extérieur. Aussi, quand l’Ancienne Alliance éclata et que les états qui en résultèrent mobilisèrent leurs troupes pour la guerre, ce fut la première fois en presque un siècle que de vrais combats eurent lieu dans la région. Ainsi qu’un seau d’eau glacé pour tous les mages de combat d’Altazia : ce fut la première fois que des armes à feu furent employées à une telle échelle.

Les armes à feu étaient connues depuis des siècles à Altazia mais n’avaient jamais été tenues en haute estime par les généraux et les décideurs d’Eldemar et d’autres pays puissants. Les essais initiaux visant à en faire usage avaient montré qu’elles étaient peu pratiques à manier et presque aussi dangereuses pour l’utilisateur que pour sa cible. Les mages d’artillerie étaient bien plus mobiles et efficaces que n’importe quel canon. Pourtant, suffisamment de personnes entretenaient un intérêt certain dans ces technologies et cet intérêt, au lieu de mourir, s’enflamma à mesure du temps qui passait. Cependant, même après que les puissances navales eurent armé leurs vaisseaux de canons, même quand des groupes de mercenaires eurent appris à manier des fusils correctement, les armes à feu furent toujours une impasse. Il n’y avait rien qu’un fusilleur pouvait faire qui ne pouvait pas être fait mieux par un archer, et arcs et arbalètes étaient bien meilleur marché, plus faciles à enchanter grâce à la magie que les armes à feu à leurs munitions. Le seul avantage de ces dernières était le besoin moindre d’entraînement avant de devenir efficaces et les pays de la Vieille Alliance n’avaient que faire de recrues mal entraînées.

Jusqu’aux Guerres de Fractionnement, évidemment. Avec la dissolution de l’Alliance, chaque état s’arma d’un seul coup jusqu’aux dents pour les conflits à venir et posséder une armée médiocre immédiatement était soudainement plus important qu’en posséder une meilleure dix ans plus tard. Les petits pays, incapable de lutter au niveau magique contre les grosses puissances de façon inhérente, investirent lourdement dans les armes à feu comme une alternative à la magie de combat. Eldemar, était l’un des quelques pays possédants une armée pleinement fonctionnelle, ne voyait pas l’utilité de s’amuser avec ces jouets de gueux.

Personne ne s’attendait vraiment à voir les armes à feu si dévastatrices qu’elles s’avérèrent l’être. Même les pays qui en faisaient gros usage ne les voyaient pas faire plus que ralentir l’avancée des armées magiques classiques et peut-être les motiver à aller voir ailler s’il y avait un autre pays à conquérir. Au lieu de ça, des armées entières de fusilleurs massacrèrent des armées de mages, prenant les pouvoirs établis totalement au dépourvu. En lieu et place du résultat attendu – les gros pouvoirs absorbant peu à peu les petits – les puissances majeures finirent par s’affaiblir, se fractionnant souvent en parts plus petites tandis que des ennemis internes reniflaient les occasions de frapper. Même si ces nations finirent par adapter leurs doctrines et leurs tactiques pour combattre la technologie, les dégâts étaient faits et chaque guerre de fractionnement au sein des gros états ne fit que rendre le système politique d’Atazia plus compliqué.

C’était spécialement vrai parce que les Guerres de Fractionnement avait frappé durement les maisons de mages qui se trouvaient être l’élite politique et intellectuelle d’Altazia. La raison en était simple – être un mage de combat était hautement prestigieux et de nombreuses maisons utilisaient leur budget militaire comme moyen de gagner réputation et influence, ce qui leur permettait de fait d’accroître leurs intérêts commerciaux et politiques. Avec l’arrivée des Guerres de Fractionnement, la demande de mages de combat n’a fait qu’augmenter, poussant de plus en plus de mages à s’enrôler dans une armée ou une autre à la recherche de gloire et de fortune. Le retour de bâton se fit sentir quand les gens moururent. Peu familier avec la puissance et les limites des armes à feu, souvent dédaigneux à leur propos, de nombreux mages tombèrent face à des tireurs d’élite, feu d’artillerie ou autres salves groupées. Plus d’une maison noble fut totalement handicapée par les pertes, la maison Noveda étant l’une d’entre elle.

Cette maison était fondamentalement militaire, même si ses membres étaient actifs dans de nombreux autres domaines également. Selon Zach, les dirigeants considéraient le service militaire comme nécessaire pour se forger un caractère et chaque mâle était obligé de servir au moins quelques années dans sa jeunesse. Même un certain nombre de filles le faisaient de leur propre volonté. Connectée de très près à la famille royale d’Eldemar et d’une attitude très traditionnaliste, la maison Noveda soutenait les ambitions militaires d’Eldemar de tout cœur, poussant chaque mage prêt au combat à participer à l’effort de guerre. Aussi, quand Eldemar entama les Guerres de Fractionnement en lançant une attaque massive vers ses voisins plus petits, la maison Noveda était en première ligne.

Et ils le payèrent lourdement.

Pourtant, bien qu’elle fut grandement diminuée par le contrecoup immédiat de la guerre, la maison Noveda n’était pas encore à terre. Avec quelques dizaines d’années, elle aurait pu retrouver sa grandeur et son influence politique. Malheureusement, ce fut le moment que le Nettoyage choisit pour survenir et tout ruiner.

Personne ne savait d’où cette peste était venue. Elle avait simplement commencé à se propager parmi les soldats, un beau jour ; une maladie mortelle et incurable qui tuait absolument tous les malades sans se soucier de leur âge ou de leur condition physique, pas même de leur capacité magique. Une fois qu’une personne l’avait contractée, sa mort était inévitable – d’abord la fièvre, le délire. Puis la cécité et des pertes de sang par les yeux avant de finalement succomber. Les guérisseurs classiques étaient inutiles, aucune magie n’était efficace et même le clergé et ses mystères perdus échouèrent à limiter la propagation. Au bout du compte, personne ne put rien y faire et tout le monde fut obligé d’attendre que la maladie s’éteigne d’elle-même, ce qu’elle finit par faire. Aussi mystérieusement qu’elle était apparue, la Peste du Nettoyage s’évapora après avoir balayé le continent tout entier.

Le nombre exact de morts était toujours sujet à débat mais la plupart des auteurs s’accordaient à dire qu’entre 8 et 10% de la population d’Altazia avait succombé à l’épidémie. Quelques groupes avaient souffert plus que d’autres, sans rythme ni raison. La famille de Zorian avait été totalement épargnée par exemple – ses deux parents et ses frères n’avaient pas été touchés, ce qui rendait la famille très, très chanceuse. Au contraire, Zach avait perdu absolument tout le monde et les quelques membres Noveda qui survécurent aux Guerres de Fractionnement perdirent tous face à la Peste du Nettoyage, laissant une maison vide, telle une carapace, un écrin protégeant des souvenirs dont le seul bénéficiaire était un jeune garçon, trop jeune pour s’occuper de lui-même.

— …et voilà comment cette triste histoire se termine, conclut Zach. La Peste du Nettoyage a au moins mis un terme aux Guerres de Fractionnement. Mais assez de ces sujets déprimants. Nous y sommes !

En effet, ils y étaient, et bordel, Zorian remercia tous les dieux pour son contrôle rudimentaire sur son empathie – la salle que Zach avait choisi pour assembler tout le monde était bien plus petite que la salle de bal et l’humeur y était bien plus sauvage et débridée, provoquant des amas de foule plus denses et excités. Dans son état normal, ç’aurait été un véritable enfer.

Et comme il réfléchissait à la meilleure façon de se mêler aux autres étudiants pour se créer une éventuelle possibilité d’apprendre à les connaître en discutant, le choix lui fut arraché. Taiven désirant elle aussi aller bavarder – bien que ses raisons fussent très probablement moins importantes – elle décida que le meilleur moyen consistait à des présentations de la part de Zorian. Pratique, hein ?

Après avoir parlé à quelques personnes avec qui il était raisonnablement familier et qu’il savait qu’il pouvait aborder sans souci – Karl et Benisek – Zorian se déplaça en direction d’autres camarades qui semblaient moins enclins à se laisser interrompre. Bien sûr, dans un groupe de cette taille, il était idiot de s’imaginer que personne d’autre n’allait les approcher.

— Parfait. Qui d’autre connais-tu, ici ? demanda Taiven.

— Eh bien, cette grande fille aux cheveux verts qui se dispute un peu avec ces deux mecs s’appelle Kopriva Reid.

— Attends, c’est cette Reid ? s’étonna Taiven. L’une de ces gangsters va en classe avec toi ?

— Pourquoi, Taiven ? Suggères-tu que la maison Reid à quoi que ce soit à voir avec le crime organisé ? demanda Zorian avec une léger sourire. C’est une accusation plutôt sérieuse, tu sais. Rien n’a jamais été prouvé, après tout.

— Peu importe. Le point important, c’est que je ne m’approche pas d’un cheveu de cette princesse gangster. Quelqu’un d’autre ?

Zorian étudia la foule une nouvelle fois. Pour être honnête, il trouvait que Kopriva était une personne avec qui il était plaisant de discuter, en tout cas les quelques fois où ils avaient interagi. Elle était un peu rude et avait l’habitude de jurer comme un marin quand quelque chose n’allait pas comme elle voulait mais elle n’avait jamais rien faire de… eh bien, gangster. Un petit groupe de fille qui regardait dans sa direction attira soudain son attention.

— Tu vois ce groupe de fille, par là ? dit-il à Taiven. Ce sont Jade, Neolu, Maya, Kiana et Elsie.

— Elles ont l’air… commères, répondit Taiven d’un air amer. Je passe mon tour.

— Oh, c’est trop tard pour ça, ricana Zorian. Tu vois comme elles regardent par ici ? Elles nous ont déjà repérés et sont en train de débattre sur la meilleure façon de nous approcher.

— Zorian, ne tente pas le destin… le prévint Taiven.

— Je ne tente rien, je connais mon ennemi. Elles viennent de voir un de leurs camarades de classe, un solitaire, arriver avec à son bras une fille de qui elles ne savent rien. Il n’y a pas moyen que ces cinq-là vont laisser passer ça sans mener leur enquête, expliqua Zorian tandis que les filles échangèrent un hochement de tête avant de marcher dans leur direction. Tu vois ? Elles viennent déjà par ici.

Taiven grogna tout bas mais retrouva rapidement un visage serein et plaisant pour les nouvelles venues. Zorian la comprenait parfaitement – il n’attendait rien de spécial de la conversation à venir mais il savait que ç’allait arriver au moment où il était entré dans la pièce et il y était préparé. Et puis, même s’il doutait qu’aucune de ces cinq filles ne fut le troisième voyageur temporel, il s’était promis de ne faire l’impasse sur aucun camarade de classe sans leur avoir au moins accordé une attention minimale.

Ça allait être une très longue soirée.

 

___

 

Comme Zorian l’avait prévu, une fois les présentations faites et la partie danse commencée, Taiven se trouva un étudiant plus âgé, plus grand et plus mignon avant de laisser Zorian se trouver quelqu’un d’autre de son côté. Peu lui importait – il n’aimait pas danser de toute façon – et il utilisa rapidement sa compétence d’expert pour échapper à l’attention et se retirer en périphérie de la salle, en cherchant un coin hors de vue ou personne ne viendrait l’importuner. Il remarqua rapidement qu’il n’était pas le seul à avoir eu cette idée. Tinami Aope semblait avoir déjà trouvé ce coin de rêve et était… étrange, en fait. Quelque part, Zorian doutait qu’elle voulait être laissée seule avec un visage pareil.

— Salut, Tinami, la salua-t-il en la faisant sursauter.

— Euh… bégaya-t-elle. Zorian, c’est ça ?

— C’est moi, confirma-t-il. Tu veux danser ?

— Oh. Oh ! Mais n’es-tu pas venu avec ta petite amie ? N’en a-t-elle rien à faire ? demanda-t-elle.

Zorian pointa du doigt en direction de la partie de la salle où Taiven dansait avec son nouveau partenaire.

— Et puis, ce n’est qu’une amie.

— Ah, fit-elle, gesticulant nerveusement, poussant Zorian à lui offrir sa main sans un mot. Euh… Ok, dans ce cas…

Elle attrapa la main de Zorian avec une force surprenante et se fit un devoir de le suivre sur la piste de danse.

Pendant 30 minutes, Zorian tenta d’engager la conversation avec Tinami sans vrai succès et il jugea qu’elle n’avait accepté de s’ouvrir un peu à lui qu’à cause de ces exceptionnelles circonstances. Elle était vraiment, vraiment timide et il doutait qu’elle put secrètement être le troisième voyageur temporel. Son malaise n’était pas simulé et un voyageur de l’âge de Zach aurait assurément dépassé ce genre de chose ?

— Alors, tu élèves des… araignées, comme passe-temps ? demanda Zorian d’un air curieux.

— Des tarentules, le corrigea-t-elle immédiatement. Mais… euh… J’aime un peu toutes les araignées. Je sais que c’est bizarre, mais…

— Absurde, contra Zorian de façon naturelle.

Qu’est-ce qui pouvait définitivement être bizarre dans le fait qu’une fille timide, délicate et mignonne aime élever des araignées poilues de la taille d’une main ?

— Les araignées sont vraiment des créatures extraordinaires. Même si je préfère les araignées sauteuses, pour ma part – ces deux yeux géants sur le devant les rendent plus humaines.

Tinami le regarda avec des yeux incroyables avant de froncer les sourcils.

— Tu te moques de moi, l’accusa-t-elle.

— Nope, lui fit Zorian avec un sourire supplémentaire. En fait, il y a une colonie particulièrement développée à laquelle je rends visite régulièrement. Ce qu’on peut apprendre en observant la nature est fantastique.

Tinami plissa les yeux et se lança dans une phénoménale série de questions ésotérique à propos des araignées. Comme Zorian avait passé beaucoup de temps à enquêter sur plusieurs espèces lorsqu’il avait effectué des recherches sur les Aranea, il sut comment répondre à la plupart de ses interrogations. Il tenta ensuite de renverser la vapeur en lui posant ses propres questions sur des variétés plus grosses et plus monstrueuses en misant sur le fait qu’elle était intéressée par les plus petits modèles uniquement. Il perdit son pari : non seulement en savait-elle énormément sur les monstres que lui mais elle en savait même énormément sur des monstres ressemblant à des araignées d’apparence uniquement, comme certains démons et sur des monstres aux traits dérivés.

Il se demandait ce qui pourrait se passait s’il la présentait aux Aranea et décida qu’il tenterait le coup à l’avenir. C’était destiné à être amusant, au minimum.

— Je vois qu’il ne t’a pas fallu longtemps pour trouver une nouvelle partenaire après que ton charmant rencart t’a laissé tomber, lui lâcha Zach par derrière, le faisant sursauter de surprise.

Il se retourna et le fixa en réponse, se demanda pourquoi il ne l’avait pas senti approcher, comme toujours… Oh, oui. Il avait fermé son esprit pour la soirée afin de ne pas être importuné par les différents amalgames de sentiments et d’émotions de la foule. Le fait qu’il avait réussi à le conserver fermé sans effort conscient tout en était absorbé dans sa conversation avec Tinami était un signe encourageant qu’il progressait dans la bonne direction.

— Que fais-tu là, Zach ? soupira Zorian.

— C’est chez moi, ici, répondit-il. C’est mon job de vérifier que les invités vont bien et n’ont pas de souci avec le service ou je ne sais quoi d’autre. Même si là, je voulais simplement te demander si tu voulais voir les feux d’artifices.

Oh, oui, Zorian voulait définitivement les voir et le lui confirma immédiatement. Ainsi, lui et Tinami se joignirent à un groupe de taille respectable dans le jardin, d’où ils allaient avoir une vue dégagée du ciel. Zorian faisait plus attention à Zach qu’au firmament, cela dit. Si le plan de la matriarche fonctionnait comme prévu, Zach allait avoir une réaction intéressante.

Zorian avait toujours fui tout contact volontaire contre les envahisseurs, et pas uniquement parce qu’il était trop faible pour contribuer à l’effort de guerre. Le fait était que tenter de saboter l’invasion était destiné à attirer l’attention du troisième voyageur qui la dirigeait probablement et Zorian ne voulait pas se faire de publicité inutile. Au lieu de ça, il se limitait à réunir des informations à propos des envahisseurs et comptait attendre d’être assez puissant pour survivre à toute attention hostile. Les Aranea n’avaient aucunement l’intention de faire de même, par contre : les forces de l’envahisseur semblaient passer la majeure partie du mois à éradiquer les Aranea comme une force cohérente et la matriarche n’avait aucune intention de s’asseoir sur une information critique pour le bien des apparences. Heureusement, les dirigeants ennemis n’avaient aucun moyen de lier les Aranea et Zorian et la matriarche était d’accord avec le fait qu’il ne devait pas s’en mêler, prétendant qu’il était bien trop utile comme espion et banque de souvenirs pour risquer de se révéler inutilement.

Ainsi, trois jours plus tôt, lui et la matriarche s’étaient assis pour discuter d’un plan d’action. Zorian avait observé les progrès de l’invasion depuis divers points surélevés dans la ville pendant plusieurs boucles et était convaincu que la façon la plus simple et la meilleure et faire dérailler l’attaquer était de prévenir le barrage d’artillerie initial qui précédait les hostilités à proprement parler. C’était spécialement vrai parce qu’il savait exactement d’où ils tiraient par simple triangulation. Malheureusement, il n’avait jamais pu s’approcher de l’un de ces endroits pour observer leurs défenses, ayant été tué les deux fois où il avait tenté. La matriarche avait exprimé son accord : attaquer les trois positions d’où partaient les tirs était probablement le meilleur moyen d’infliger un coup critique aux forces ennemies, et le plan fut mis en œuvre.

Les feux commencèrent… et il n’y eut pas le moindre sort d’artillerie pour les accompagner. L’expression de perplexité grandissante dans les yeux de Zach était unique.

— Quelque chose ne va pas, Zach ? demanda Zorian innocemment. On dirait que tu n’as jamais vu de feux d’artifices avant.

— Euhh… Non, je veux dire, oui, j’en ai déjà… C’est juste que… Laisse tomber, soupira Zach.

Zorian haussa les épaules et se tourna vers Tinami pour lui proposer sa main.

— Que dirais-tu de rentrer pour une autre danse ?

— Hmmm, oui ! accepta-t-elle avec enthousiasme. Allez !

Lentement, les gens se lassèrent des lumières explosant dans le ciel et retournèrent à l’intérieur peu à peu, en des files éparses et laissant Zach et ses sourcils froncés seul, les yeux tournés vers le ciel.

 

___

 

La bonne humeur de Zorian fut de courte durée. Tandis qu’il était vrai que les envahisseurs furent frappés durement par le capotage de leur bombardement initial, l’invasion ne fut pas annulée et ils avaient apparemment fait de la maison de Zach l’une de leurs cibles principales, sans doute parce que c’était là que Zach se trouvait et qu’ils lui en voulaient particulièrement. Peut-être que si les étudiants avaient été témoins des sorts d’artillerie frappant la ville, Zach aurait pu utiliser cette excuse pour prendre le contrôle et préparer des défenses mais l’attaque les prit totalement au dépourvu. Pas même Zach, de sa toute-puissance magique, ne put arrêter le flot qui se déversait sur sa maison, après quoi plusieurs groupes d’élèves furent séparés et isolés du groupe principal dans lequel se trouvait Zach. Zorian était dans l’un de ces petits groupes.

Lui, Tinami, Taiven, Briam et quatre autres étudiants qu’il ne connaissait pas avaient fini par se barricader dans l’une des quelques pièces épargnées de la maison, tentant désespérément de contenir les forces ennemies. Les quatre étudiants anonymes étaient presque totalement inutiles mais les trois autres valaient leur pesant d’or. Briam avait invoqué son familier indéfectible dès lors qu’il avait réalisé qu’ils se faisaient attaque, Taiven savait comment lancer une espèce de vortex de feu incroyablement destructeur qui dissuadait carrément les envahisseurs d’avancer depuis 10 minutes, et Tinami… Eh bien, elle n’était clairement pas débutante s’il s’agissait de se battre et agissait bien différemment en situation de guerre qu’elle ne le faisait habituellement. Elle ne connaissait aucun sort de feu mais elle savait comment tirer des espèces de rayons violets qui forçaient même les plus gros trolls à se rouler par terre en hurlant. Ces rayons ne provoquaient pas de dégâts évidents mais étaient bien utiles – Tinami ne les balançait pas sans réfléchir et se concentrait plutôt sur les empilements d’ennemis et sur l’interruption des lanceurs de sorts ennemis.

— Zorian, j’espère vraiment que tu as bientôt terminé parce que cette position devient rapidement intenable ! cria Taiven.

Zorian l’ignora, gravant avec prudence la dernière série de rune explosives sur les murs du couloir derrière eux. On ne précipitait pas ce genre de tâche à moins de vouloir se faire déchirer la tête soi-même avant même l’arrivée des ennemis. Une minute plus tard, il avait fini et se releva d’un bond, ses genoux craquant douloureusement de la longue période qu’il avait passé accroupi.

— Terminé ! hurla-t-il. Tout le monde se retire dans le couloir !

Pendant que Briam, Taiven et Tinami l’avaient couvert pendant qu’il créait le piège explosif, il se concentrait désormais pour se permettre de tourner le dos à l’ennemi afin de le rejoindre pour s’enfoncer plus profondément dans le manoir. Techniquement, l’un des quatre anonymes l’aida mais il se trouva totalement inutile – le seul sort offensif qu’il connaissait était le missile magique et il en bombardait les trolls, qui pouvaient les ignorer et continuer à charger, au lieu de cibler les mages ennemis concentrés sur leurs sorts. Zorian, conscient qu’il ne possédait pas les réserves de mana nécessaires pour encaisser l’assaut dans son ensemble, décida de retirer les mages de l’équation dans un premier temps. Ainsi attrapa-t-il une baguette qu’il avait chapardée plus tôt dans la soirée, quelque part dans la maison, et lança-t-il un sort de désintégration mineure dans leur direction. Il ne visa pas les mages eux-mêmes – ils n’étaient pas si idiots – mais le sol sous leurs pieds, qui ne possédait aucune résistance magique. Le rayon creusa une ligne crevassée dans le sol en soulevant un nuage de poussière irritant et aveuglant. Au moins, il espérait ainsi faire diminuer leur précision.

Il se tourna ensuite vers les trolls de guerre qui approchaient rapidement. Il y avait vraiment très peu de choses dans ses cordes capables d’arrêter un troll de guerre et le peu qu’il pouvait espérer accomplir demandait trop de temps de préparation. Aussi décida-t-il de sacrifier une grande portion de ses réserves de mana pour les engouffrer dans un lance-flamme surchargé.

Ça ne les tua pas. Le lance-flamme de Zorian n’était pas assez puissant et ces trolls en particulier semblaient vraiment solides, amenés là spécialement après que Taiven eut lancé son vortex de feu. Par contre, leur charge en fut interrompue et Zorian utilisa cette accalmie temporaire pour faire apparaître un nouveau nuage de poussière avant de fuir par le couloir avec le reste des étudiants. L’autre élève avait déjà abandonné sa position bien plus tôt, ce lâche inutile, et Zorian espérait vraiment que la confusion allait leur permettre de gagner de la distance parce qu’il n’était pas assez rapide pour semer un troll de guerre.

Un crissement furieux s’éleva tout autour de lui et il put soudain entendre un des trolls s’approcher dangereusement vite. Putain, il avait horreur de mourir.

Un rayon violet sinistre trancha les airs d’un seul coup, à quelques centimètres de sa tête, pour frapper le troll derrière lui de plein fouet. Le monstre grinça une fois de plus mais de douleur, cette fois, avant de s’effondrer. Zorian creusa une nouvelle tranchée dans le sol en couvrant le couloir d’une cape de poussière toujours plus épaisse. L’instant d’après, il se trouvait dans leur nouveau sanctuaire.

— Merci, dit-il en haletant bruyamment.

— Hm, de rien, lui répondit Tinami en jouant avec l’amulette argentée qu’elle portait, les yeux rivés sur le nuage de poussière, en attente du moindre mouvement. L’amulette semblait être une formule qu’elle utilisait pour lancer ces fameux rayons.

— Ils arrivent, annonça Briam.

— Souvenez-vous du plan, leur rappela Taiven. Laissez-les tous entrer dans le couloir avant de déclencher les runes.

— Et s’ils repèrent le piège ? demanda l’un des anonymes.

— Alors ils hésiteront au moins à continuer leur charge avec tant d’insistance, rétorqua Taiven.

Ils ne prirent même pas soin de fermer la porte – ils se seraient uniquement bombardés d’éclats de bois lorsque les mages l’auraient explosée. Ils avaient déjà perdu deux élèves rien que pour cette leçon.

Bien sûr, la charge des trolls fut précédée par un barrage de lasers et de champs de force. Après que Briam et Taiven eurent repoussé la charge initiale grâce à une défense plutôt anémique, les mages s’avancèrent dans le couloir pour offrir un support aux trolls, sentant que la victoire était proche. Ce fut le moment que Zorian choisit pour envoyer une pulsation de mana en direction de la rune explosive la plus proche ; le couloir entier s’effondra dans une explosion assourdissante et un monde de gravats et de poussière fut propulsé dans leur abri de fortune. Taiven était prête et créa immédiatement une grande bulle d’air frais pour que personne ne suffoque.

— Eh bien, toussa Taiven, trop lente pour les avoir protégés de la poussière assez tôt. Je pense que ça devrait faire cesser les attaques pour un moment. Pourtant, on a un petit problème. Cette pièce est une impasse. La seule sortie est le couloir qu’on vient de défoncer et la fenêtre vers l’extérieur.

— Dehors, c’est surpeuplé d’ennemis, précisa Zorian.

— Mais nous n’avons pas vraiment le choix, n’est-ce pas ? demanda Briam de façon rhétorique. Nous ne pouvons pas rester ici.

— Comment va-t-on descendre ? On est au deuxième étage, on ne peut pas juste sauter par la fenêtre.

— Hmm… très bien, qui sait lancer le sort du disque flottant ? demanda Taiven en levant la main.

Zorian fut le seul à l’imiter.

— Ah. Bon. Ça va devoir le faire, je suppose. Ok, Zorian, je descends la première et j’emmène les quatre poids morts avec moi. Tu suis avec les deux autres.

— Eh ! se plaignit l’un des poids morts.

— Désolée, mais je vous appelle comme je vous vois, répondit Taiven poliment. Allons-y avant que d’autres de ces trous du cul ne convergent vers notre position pour voir à quoi était due l’explosion.

Ainsi, Zorian créa un grand disque flottant de l’autre côté de la fenêtre et y bondit, suivi de près par Briam et Tinami. Au début, tout semblait devoir se passer sans heurt – pas d’ennemis pour les attendre en bas, Taiven avait déjà atterri et son propre disque ne donnait aucune indication qu’il allait céder sous le poids de trois personnes. Mais une née de Becs de fer apparurent inopinément derrière un mur et Zorian jura sur le ton le plus colérique qu’il pouvait utiliser.

Il ne pouvait vraiment rien faire pour gérer une nuée de Becs de fer et Briam et Tinami ne pouvaient pas dire mieux. Ils étaient à peu près 50 et même s’il pouvait en abattre quelques-uns dans le ciel, ça ne signifierait pas grand-chose. Tinami ne pouvait probablement pas forcer son rayon à cibler un ennemi pour le suivre à la trace et ces piafs étaient sacrément agiles. Quant à Briam, ses options d’attaques semblaient strictement limitées à son drake de feu et la nuée d’oiseaux n’avait pas de raison d’approcher suffisamment pour se trouver à portée, alors qu’ils pouvaient se contenter de faire pleuvoir des plumes métalliques depuis les cieux.

Il tira un perceur à tête chercheuse malgré tout et remarqua du coin de l’œil que Taiven avait lancé un essaim de 7 missiles de son côté. Huit Becs de fer chutèrent mais c’était un coup d’épée dans l’eau ; surtout que c’était maintenant le tour de l’ennemi. L’air devant eux se troubla et un nuage de plumes brillantes arriva dans leur direction.

Face à lui, Zorian avait deux choix : tenter d’encaisser plusieurs centaines de projectiles métalliques ou essayer de survivre à une chute plutôt dangereuse. Il savait quel était le choix le plus judicieux. Il désintégra immédiatement le disque flottant et tous trois tombèrent en direction du sol.

Connaissant sa chance, ç’aurait sans doute pu être la fin de cette boucle suite à une nuque brisée mais d’un autre côté, il avait réussi à esquiver cette pluie de plumes brillantes ! Comme il fendait l’air vers le sol, son regard croisa celui du drake de Briam et il ne put s’empêcher de songer qu’il le fixait depuis un moment déjà. Il était compliqué de définir le caractère de ce regard, cela dit, parce que la bête semblait constamment énervée par Zorian.

Soudain, juste avant qu’il ne percute son destin, leur chute fut ralentie et ils se posèrent aussi gentiment qu’une plume. Avant que Zorian ne put demander ce qu’il se passait, un énorme essaim de missiles enflammés apparut de quelque part derrière lui et annihila le nuage de Becs de fer entier.

— Tu sais, Zorian, lui dit Zach. Parfois, je me demande si tu n’as pas envie de mourir. Comment fais-tu pour toujours te trouver dans ce genre de situation ? Tu es presque aussi nul que moi !

— Je ne sais pas de quoi tu parles, grommela Zorian en se remettant debout avant d’aider Briam et Tinami à faire de même – étrangement, ils n’avaient pas l’air fâchés de ce qu’il avait fait ; secoués par l’expérience mais pas en colère.

Peut-être ignoraient-ils simplement qu’il avait détruit le disque volontairement ?

— Eh bien, je suis content qu’un autre groupe de survivants ait pu s’en sortir mais on devrait vraiment y aller, annonça Zach. Rester dehors à découvert comme ça n’est pas sûr. Venez, je connais un endroit où nous seront raisonnablement en sécurité.

Zorian regarda autour de lui. Un nombre surprenant d’étudiants avaient survécu à l’attaque et suivait avec obéissance les pas de Zach. En fait, ils avaient probablement survécu justement parce qu’ils le suivaient. Dans tous les cas, Zorian et son groupe décidèrent que les rejoindre ne pouvait pas faire de mal. Ce n’était pas comme s’ils avaient une meilleure idée, après tout.

Ils n’étaient pas allés très loin lorsque les attaquants revinrent en force. Zorian entendit Zach insulter sa malchance et fit une grimace. Ce n’était pas une question de chance – les attaquants traquaient clairement ses mouvements et le ciblaient directement. Zach avait-il seulement pris la moindre précaution pour s’assurer qu’il fallait plus que quelques divinations de base pour le retrouver ? Connaissant Zach, probablement pas.

Mais Zorian s’inquiétait d’autres choses : pendant que Zach était occupé face à un autre groupe de Becs de fer, un ver brun géant fit irruption du sol et commença à semer le chaos en plein milieu de la file étudiante. Zorian n’avait rencontré cette chose qu’à quatre reprises durant les diverses boucles et il le détestait studieusement – ces vers pouvaient nager dans la terre comme si elle était liquide et leur cuir était clairement insensible aux attaques physiques. Ils n’étaient pas particulièrement vulnérables au feu, non plus. Zorian observa la scène de l’un de ces vers qui massacra sans politesse la formation des élèves, envoyant voler des corps quand ils ne prenaient pas la fuite eux-mêmes dans toutes les directions, rapidement interceptés par des loups hivernaux qui quadrillaient la zone.

Tinami ne désirait pas se contenter de regarder. Elle tira un rayon violet sur le ver et obtint finalement un résultat. Littéralement, elle fit hurler la bête qui tourna immédiatement sa gueule acérée dans sa direction, concentrant clairement son attention meurtrière sur elle. Oh oh.

Dans un hurlement qui promettait une vengeance brûlante, il s’enfouit dans le sol. Zorian ferma immédiatement les yeux et tenta de bloquer les sons de la bataille, concentrant son sens spirituel pour traquer les mouvements du monstre. Ce n’était pas excessivement difficile – même si le ver n’était pas un psychique, il possédait le seul esprit sous le niveau du sol et Zorian fut capable d’isoler sa présence de toutes les autres. Il ouvrit son esprit pour garder une trace de celui du ver tandis qu’il se déplaçait à grande vitesse. Tinami semblait figée sur place, consciente qu’elle ne pouvait pas se séparer du groupe sans se faire attraper par les loups comme les autres étudiants qui avaient fait cette erreur… et elle ne pouvait donc pas échapper à son bourreau.

Juste avant que le ver ne refasse surface, Zorian attrapa Tinami et la tira sur le côté en lâchant un cube explosif à l’endroit exact où elle se trouvait une seconde plus tôt. Le ver fit irruption aussitôt après, sa gueule pleine de dents se refermant sur le cube en question. Il s’apprêtait à balancer sa tête dans leur direction mais Zorian activa son jouet et le ver se mit à se convulser et à gigoter en grinçant comme un monstre fou avant de vomir une partie de ses organes internes réduits en bouillie. Tinami fut touchée par ce tir de dernière minute et fut projetée plus loin, en zone périphérique du champ de bataille, où elle resta allongée, inerte. Zorian accourut et fut soulagé de constater qu’elle respirait toujours ; elle ne présentait aucune blessure apparente. Il retourna son attention vers le ver, en espérant qu’il avait finalement décidé de mourir pendant les quelques secondes durant lesquelle Zorian n’avait pas fait attention à lui.

Le ver, élevé dans les airs, la tête vers le ciel, titubait comme s’il était ivre et pendant un doux moment, Zorian imagina qu’il avait gagné… mais le monstre tourna sa gueule vers lui et hurla, un cri empli d’un sentiment de provocation. Cette fois, il ne prit pas la peine de s’enfoncer dans le sol et se contenta de se tendre vers l’avant, bien plus rapidement qu’une créature de sa taille aurait dû être capable de le faire.

Il avait survécu. Le ver s’arrêta à un cheveu du visage de Zorian, luttant visiblement contre des liens invisibles. Soudain, il pivota sur le côté et arracha la moitié du corps d’un loup qui avait tenté d’attaquer furtivement Zorian pendant qu’il était déconcentré.

[J’arrive juste à temps, je vois,] résonna la voix de la matriarche dans son esprit, suivie par sa propriétaire qui apparut en chair et en chitine, sautant de l’ombre d’un arbre proche comme s’il s’était agi de la chose la plus normale du monde.

— Merci, dit Zorian. Mais je ne sais pas ce que tu fais là. Je pensais que nous étions d’accord ? Il devait y avoir aussi peu de contact que possible entre nous pendant l’invasion.

[J’ai décidé que mettre à jour les paquets mémoriels avec les informations que nous avons découvertes ce soir était bien plus important.]

Zorian soupira et jeta un coup d’œil autour de lui. Tout le monde était trop occupé à combattre pour leur vie pour faire attention à eux et ce n’était pas comme si l’Aranea était facile à repérer sous un camouflage mental au milieu de la nuit.

— Fais vite, demanda Zorian.

La matriarche se mit immédiatement au travail. Tout ennemi tentant de s’approcher d’eux, ouvertement ou furtivement, fut abattu par le ver géant qui montait la garde, toujours visiblement sous le contrôle de la matriarche.

Après cinq longues minutes, elle avait disparu à nouveau et Zorian ramassa Tinami pour tenter de rejoindre Zach. Il avait à peine fait quatre pas lorsqu’un rayon rouge irrégulier emplit sa vision, plongeant son monde dans les ténèbres.

Raka
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10 thoughts on “MoL : Chapitre 21

  1. Je serai également presque absent de discord.
    Potentiellement même absent aux pings. Si vous avez vraiment besoin de moi, insistez.

  2. Merci pour le chapitre et remets toi bien, ils sont importants pour toi comme pour nous tes petits yeux.

  3. Merci pour le chapitre !!

    Et je dirais comme George, George, George of the jungle, Strong as he can be, Ahhhh, Watch out for that tree, … je m’égare… Ça y est je l’ai dans la tête pour toute la journée… mer….

    Soigne toi bien. Bon courage !!!

  4. Pour vous répondre, les soins ne sont pas extrêmement compliqués. Pas très risqués non plus. Faut juste y passer, quoi.

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