MoL : Chapitre 70 Bonus

MoL : Chapitre 69 Bonus
MoL : Chapitre 71

Encore un chapitre bonus de MoL, offert par Shivenem, encore une fois ! Un énorme merci pour ça 🧡

 

Jour 23/31 des soldes !
Je vous rappelle les termes du contrat :

MoL : 50 € / chapitre
EER : 25 € / chapitre

Et vous souhaite une excellent lecture 🙂

Chapitres en attente :

EER : 3
MoL : 0


 

 

Chapitre 70 — Emportée

 

Loin sous la surface de Cyoria, dans une grotte récemment creusée et séparée du réseau de tunnels principal, une armée s’amassait. Composée d’à peu près de deux cent personnes, dont cent vingt avaient été rassemblées par Alanic et le reste se trouvant être des mercenaires engagés par Zorian pour des sommes d’argent non-négligeables. Bien sûr, cela n’incluait pas les nombreux experts incapables de se battre et présents uniquement pour étudier le portail ibasien. Il y avait en plus de tout ce joli monde un bataillon de golems construits pour l’occasion, quatre-vingt étant éparpillés dans la zone, et quarante mercenaires Aranea venant de différentes Toiles conseillées par les Adeptes de la Porte Silencieuse.

Pour une armée, ce n’était pas grand-chose. Mais le groupe était suffisamment large pour que passer outre les patrouilles ibasiennes sans se faire remarquer fût… difficile.

Pour des mages ordinaires, bien sûr. Zorian pouvait simplement envoyer ses simulacres se faufiler entre les gardes en vadrouille et ouvrir un portail dimensionnel de l’autre côté afin de déplacer les troupes incognito.

Il y avait quelque chose de très amusant dans le fait de téléporter une armée de la sorte, établir des camps de base temporaires au plus profond de leur territoire avant de lancer une attaque surprise sur leur base.

Zorian était en train d’attacher des cylindres métalliques à sa ceinture, chacun d’eux empli de mixtures alchimiques dangereuses, lorsqu’il sentit Zach l’approcher.

— Tu as l’air inquiet, lui annonça ce dernier.

Zorian fronça les sourcils. Il n’avait pas remarqué, avant que Zach n’en fasse mention, mais maintenant qu’il le disait, ouais. Il l’était.

— Un peu, admit-il en continuant ses préparatifs. Je veux dire, on risque une autre confrontation avec Quatach-Ichl. C’est l’un des seuls êtres au monde à pouvoir nous infliger des dégâts durables, voire définitifs.  À chaque fois qu’on se mêle de ses affaires, on prend des gros risques.

— Eh, ça ira, souffla Zach en rejetant l’idée d’un geste de la main, avant d’envoyer une claque dans le dos de son ami – ce qui fit tituber Zorian et valut à Zach un regard ennuyé, auquel il répondit par un grand sourire. D’ailleurs, ce t’as d’os emmerdant n’est pas aussi dangereux que tu crois. Je l’ai combattu à de nombreuses reprises, et je suis toujours là. Il n’aime pas utiliser la nécromancie au combat, pour une raison que j’ignore.

Alanic, penché sur une carte des tunnels et de la base ibasienne avec Xvim, décida que cette remarque méritait des précisions.

— La plupart des sorts nécromantiques ne sont pas adapté au combat, expliqua-t-il sans quitter la carte des yeux. Ils demandent trop de concentration et doivent réprimer la résistance magique de la cible afin de fonctionner. Il est plus rapide et facile de brûler les gens ou de les trancher en morceaux. Les si terribles sorts décrits dans les livres sont dédiés à la torture et faits pour être infligés à une victime soumise, pas des choses que l’on utilise sur un champ de bataille.

Zach et Zorian digérèrent l’information pendant un long moment de silence. Un de ces jours, Zorian venait de le décider, il allait devoir questionner Alanic sur son passé… le vieux prêtre-guerrier refuserait sans doute de lui en parler au début, mais peut-être que s’il choisissait le bon moment et se montrait vraiment insistant ?

Bon, peu importait. C’était pour une autre fois. Il songea à faire mention de l’égalité des chances entre les deux adolescents et l’ancienne liche sur un ton sarcastique, mais décida finalement que ce serait juste tourner autour du pot. Alanic avait précisé que Quatach-Ichl ne lancerait sans doute pas de sorts nécromantiques en combat parce qu’ils étaient sous-optimaux, et c’était sans doute vrai – prendre l’habitude de jouer avec vos adversaires était plutôt stupide, et la liche était loin de l’être ; elle avait survécu pendant plus d’un millier d’années, ce n’était pas en faisant des choses idiotes.

Pour dire vrai, Zorian trouvait ces rayons désintégrateurs lancés par ce vieux squelette assez terrifiants déjà.

— Tu sais, nota soudain Zorian. L’ancien moi serait horrifié de me voir aujourd’hui.

— Pourquoi ? s’étonna Zach, les sourcils levés.

— Cette attaque est plutôt… audacieuse, dit-il. Il n’y a pas moyen que j’eus pu accepter, et considérer le risque raisonnable. Une partie de moi se moque de cette réaction, et la balaye avec aisance sous prétexte de lâcheté, mais il y a une autre part qui ne peut s’empêcher de se demander si la boucle temporelle n’aurait pas érodé ma capacité à distinguer la prudence d’un comportement. Et si nous parvenions à quitte la boucle et nous occuper de Robe Rouge, pour mourir deux mois plus tard parce que nous sommes devenus complètement stupides et que nous ne pouvons plus reconnaître le danger là où il se trouve ?

À la grande surprise de Zorian, Zach sembla considérer la question avec sérieux. Zorian s’était attendu à le voir rire de ses inquiétudes avec sa légèreté habituelle, ou lui demander comment son ancien lui aurait deviné la façon dont il aurait réagi après toutes ces années. Au lieu de ça, Zach sembla réfléchir et resta silencieux pendant plus d’une minute.

— Je doute que ça arrive, finit-il pas déclarer, son ton et ses manières quelque peu adoucies. J’ai… des choses à faire, une fois hors de la boucle. Des choses relevant du social. Il va me falloir au moins un an ou deux avant de pouvoir aller chatouiller du dragon ou quoi que ce soit, et je ne pense pas que tu ailles chercher des ennuis sans moi à tes côtés. Quelques années devraient être suffisantes pour nous permettre de nous réajuster au monde réel, hein ?

Zorian regarda Zach d’un air hébété. Son ami avait vraiment une image fleurie de lui, s’il l’imaginait incapable de se foutre dans la merde tout seul. Zorian n’était toujours pas sûr de ce qu’il souhaitait faire de sa vie si… quand ils sortiraient de là, mais il aurait sans doute besoin d’une quantité astronomique d’argent et de ressources rares. Il pouvait facilement se voir dans plus d’embrouilles que nécessaires pour se les procurer, ou après en avoir amassé suffisamment pour que les gens se demandassent ce qu’il allait bien pouvoir faire avec tout ça.

Il secoua la tête.

Maintenant n’était pas le moment pour se poser ce genre de questions. Le mouvement d’ouverture de leur attaque imminente se profilait et Zorian avait un rôle crucial à y jouer. S’il voulait empêcher Quatach-Ichl d’être appelé et ramené à la base, quelqu’un devait s’infiltrer et soit assassiner, soit paralyser les dirigeants ibasiens aussi vite que possible avant que leurs forces principales ne passent à l’attaque. Et ce quelqu’un était, naturellement, Zorian. Lui et les Aranea engagées pour l’occasion, bien sûr.

Camoufler une présence suffisamment efficacement pour ne pas être repéré était compliqué. Dans un affrontement entre deux mages aux talents égaux, l’un cherchant à se cacher et l’autre à le trouver, ce dernier était presque sûr de toujours gagner. Mais si votre adversaire pouvait manipuler votre esprit, en revanche, pour vous dicter ce que vous voyez et ce dont vous vous souvenez… alors même le plus sophistiqué des sorts de détection n’était rien de plus qu’une bonne blague.

Bon, en théorie, du moins. Zorian était sûr que les Ibasiens noteraient leur présence assez rapidement. La magie mentale n’était pas vraiment une inconnue chez les mages, même si peu d’entre eux pouvaient l’utiliser aussi aisément et discrètement que lui et ses nouvelles amies arachnides. Pourtant, ils ne devaient pas rester invisibles pendant très longtemps – juste assez pour traquer et éliminer tous ceux capables de contacter la liche.

— J’y vais, annonça Zorian tout haut, se parlant à lui-même plus qu’aux autres.

— Laisse un simulacre avec nous, intervint Alanic.

Zorian hésita. Il avait renvoyé tous ses simulacres avant le début de l’opération afin de conserver l’intégralité de ses réserves de mana. C’était ennuyeux, parce qu’il devrait se reposer sur la capacité de Daimen pour rétablir un lien avec Koth, mais il sentait que ce plan nécessitait sa concentration la plus totale. Cela dit, Zorian ne devait rien faire de trop intensif en mana pendant cette première phase, alors peut-être pouvait-il s’accorder le luxe de laisser un simulacre derrière lui.

Il exécuta une incantation et des gestes complexes avant de rassembler ses mains devant lui, y faisant apparaître une boule ectoplasmique. Il sentit le sort se ruer sur son âme, la connectant à la boule blanche devant lui. Au moment où il sentit que la connexion était établie, il plongea la main dans la boule et y imposa une image mentale de lui-même, la faisant se tortiller et onduler comme un être vivant.

— Oui, ça a toujours l’air aussi glauque, commenta Zach en se penchant vers Alanic.

Zorian l’ignora. C’était la partie la plus sensible du sort, le lanceur devant conserver une image fixe et complète de lui-même bien ancrée dans son esprit tandis qu’il manipulait l’ectoplasme. S’il se laissait distraire pendant une seule seconde, la copie serait soit totalement loupée, ou au minimum imparfaite, parce que bien que le sort fût ancré à son âme, il puisait dans ce que l’esprit du lanceur considérait comme étant la représentation d’une créature de chair et de sang afin de transformer cette idée en une forme réelle. Une multitude de petits sacrifices devaient être accordés pendant cette phase, et des êtes trop peu intelligents ne pouvaient pas comprendre comment le lancer. La première fois que Zorian était parvenu à produire un simulacre, par exemple, il avait obtenu un amas de chair perturbant contenant malgré tout un squelette… presque complet. Le sort avait sacrifié tout le reste pour représenter l’ossature à la perfection.

Bien sûr, Zorian était désormais trop doué pour échouer, même si Zach tentait de le distraire avec ses commentaires épuisants. La sphère ondula encore, gonfla et dans une éruption, donna naissance à une multitude de pseudopodes qui finirent par prendre la forme d’une silhouette humaine.

Des minutes plus tard, une copie parfaite de Zorian ouvrit les yeux et regarda autour d’elle. On aurait pu imaginer que les simulacres naissaient déjà conscients de tout ce qu’ils devaient savoir, prêts à se jeter au cœur de l’action à la première occasion, mais en réalité, ils semblaient toujours un peu confus et avaient besoin d’une demi-minute pour rassembler leurs esprits et comprendre.

— Voilà, dit Zorian. Autre chose ?

— Non, répondit le prêtre en secouant la tête. Vas-y. Essaye de ne pas te faire tuer, je suppose.

Je suppose ? grommela Zorian. Voilà une bien belle façon de motiver les gens. Merci, Alanic.

Et il partit. L’attaque sur la base ibasienne sous Cyoria venait de démarrer.

 

___

 

Les étapes initiales de l’infiltration se déroulèrent extrêmement bien. Zorian employa en combinaison une sphère invisible flottante embrumant l’esprit des gardes de la base et les Aranea afin de parfaitement les immobiliser, après quoi ils se séparèrent en petits groupes pour couvrir l’intégralité des lieux aussi rapidement que possible.

Il y eut quelques complications. D’une part, de puissantes et vicieuses barrières étaient disséminées çà et là dans la base, arrangé selon un schéma que Zorian ne parvint pas à déchiffrer. Elles n’avaient pas été là lorsqu’il avait envahi la base lors d’une itération précédente, ce qui impliquait que les Ibasiens les abaissaient en temps normal avant de démarrer l’invasion de Cyoria. Zorian était plutôt perplexe quant à la raison pour laquelle ils annuleraient leurs propres défenses de la sorte, même s’ils avaient l’intention d’abandonner la base une fois la ville entre leurs mains. Pendant un moment, il craignit avoir été trahi par l’un ou l’autre des mercenaires malgré leurs précautions, et devoir faire face à une sécurité augmentée de la base en réponse. Cependant, les protections étaient placées de façon si aléatoires, la structure complète si pleine de défauts et de trous, que Zorian finit par chasser cette idée. Si les Ibasiens s’étaient attendus à une attaque, ils auraient mieux protégé leur base que ça. En l’état, l’installation des barrières avait presque l’air d’une collection de défenses personnelles, érigées par des mages qui ne s’étaient pas donné la peine de consulter qui que ce fût avant de le faire. Dans au moins deux des endroits, elles se faisaient opposition et se percutaient l’une l’autre si sévèrement qu’il en résultait des zones mortes, s’annulant l’une l’autre.

Zorian ressentit le besoin urgent d’écrire une lettre salée à Quatach-Ichl afin de le critiquer en bonne et due forme pour n’avoir pas appris à ses sbires à créer un schéma défensif efficace. Ce genre de choses donnait une sacrément mauvaise réputation au chef également, il devrait songer à ça…

Peu importait. Un autre problème survint dans ces espèces de chiens bruns que possédaient les Ibasiens et qui pouvaient sentir les Aranea arriver, peu importait leur niveau de camouflage, et ne cessaient alors d’aboyer. Et ils avaient naturellement été placés sous un sort de l’esprit vide, parce que Zorian ne pouvait ni se connecter à eux, ni même voir leurs esprits. Il s’était vu forcé de les remplacer par des copies ectoplasmiques immobiles après les avoir tués, ce qui lui demanda une considérable perte de temps et de mana.

Après quoi, tout fonctionna parfaitement pendant un moment. De nombreux Ibasiens furent éliminés, et bien que la base commençât à se réveiller en se rendant compte que quelque chose d’étrange était en train de se produire, ils n’étaient toujours pas conscients de l’étendue du problème qu’ils avaient sur les bras. Cependant, il y avait une chose que Zorian n’avait pas calculée…

Les Ibasiens avaient combattu les Aranea par le passé. Avant le début de la boucle temporelle – et même pendant celle-ci, lorsque Robe Rouge les avaient éradiquées – la Toile de Cyoria avait représenté un immense obstacle à leurs plans. Aussi, ils avaient pris une multitude de contremesures et établi des défenses spécifiquement dédiées aux araignées. Nombre d’entre elles avaient été abandonnées lorsque les Aranea locales avaient mystérieusement disparu, les experts réassignés à d’autres tâches, plus… productives… mais certaines étaient restées intactes. Juste au cas où.

Lorsque les Aranea avaient bougé en direction du centre de la base, elles semblèrent passer au travers d’une membrane invisible qui déclencha une alarme dans toute la caverne. Bruyante, stridente, personne ne put la manquer, et tous réalisèrent son origine, parce qu’ils se mirent à ériger des périmètres de protection, lancèrent des sorts sur leurs esprits et attrapèrent leurs armes.

[Oups ?] hésita l’Aranea la plus proche de Zorian.

[Je ne comprends pas ce qui nous a repéré,] se plaignit une autre. [La magie humaine est une telle connerie…]

Zorian renifla dédaigneusement. Bon, ce n’était pas totalement inattendu. Il étendit son esprit, le connecta au réseau de relais télépathiques qu’il avait densément éparpillés dans toute cette partie du monde souterrain, et ordonna à la horde de monstres miniatures qu’il avait rassemblée d’attaquer la base.

De l’un des tunnels, un mille-pattes rouge surgit en trombe, suivit par un bataillon de Gobelins crochus et de drakes des cavernes. Les Ibasiens concentrèrent leur puissance de feu sur l’insecte géant en premier lieu pour tenter d’abattre la cible la plus menaçante, mais virent leurs sorts échouer en percutant le nombre de barrières que Zorian avait placées sur le monstre. D’un autre tunnel, un essaim de bestioles ressemblant de loin à des méduses volantes débarquèrent tranquillement. Elles avaient l’air lentes et pataudes, mais lorsque les ennemis tentèrent de les dégommer, ils découvrirent qu’elles possédaient un bouclier magique naturel qui bloquèrent les projectiles. Pire, les méduses pouvaient se lier les unes aux autres et fusionner leurs boucliers en quelque chose de plus puissant, une immense barrière quasiment impénétrable. Du troisième tunnel, une horde de grenouilles phalanges décida qu’il était de bon ton d’arriver en galopant et en bondissant. Les Ibasiens en tuèrent un bon nombre, mais pour chaque décès, cinq de plus arrivaient, et toutes agissaient avec une désorganisation exceptionnelle, formant spontanément des groupes et partant d’un seul coup en solitaires sans discipline aucune, et balayant tout ce qu’elles pouvaient de leurs langues acérées.

Finalement, le quatrième groupe de monstres ne se préoccupa même pas d’emprunter un quelconque tunnel. Les Vers de Roche que Zorian avaient dominés se contentèrent de surgir du sol, après avoir creusé leur propre entrée dans la base.

Le plan avait de grandes chances de s’écrouler, désormais. Zorian le savait. Bien que lui et les Aranea eurent neutralisé un bon nombre de dirigeants, ils n’avaient pas encore eu tous ceux capables d’invoquer la liche. Si les Ibasiens désiraient l’appeler à l’aide, ils le pouvaient encore. Cependant, Zorian avait remarqué par le passé qu’ils étaient généralement réticents à agir de la sorte. Quatach-Ichl avait horreur d’être demandé pour fournir de l’aide quant à des choses banales, et s’il ne tuait pas ceux qui le décevaient de la sorte, il était enclin à les démettre de leurs positions hiérarchiques et réduire leurs salaires – ce qui avait d’horribles conséquences chez certaines personnes.

Zorian espérait que les Ibasiens, face à ce qui ressemblait à une attaque Aranea, décideraient de s’en occuper seuls plutôt que de tout de suite faire venir l’artillerie lourde du nom du Quatach-Ichl.

Bon, au moins, il semblait avoir eu raison à ce propos. Les Ibasiens choisirent de combattre l’invasion de monstres comme des grands. Le souci, c’était qu’ils gagnaient. Le mille-pattes fut intercepté par des Trolls et fracassé à mort sous leur nombre, les méduses virent leur bouclier s’affaiblir sous les attaques concentrées et les grenouilles furent repoussées par le feu. Quant aux Vers, eh bien… Les Ibasiens avaient leur propres Vers à eux. Zorian avait compté sur la défaite des siens, mais pas si rapidement. Il n’avait même pas encore fini d’abattre la chaîne de commandement, merde !

Il reçut soudain un message du simulacre : Zach voulait aider pour les assassinats.

Bien. Le plan capotait déjà, alors il supposa qu’il n’y avait pas de mal à laisser Zach foutre le bordel, maintenant, avant de tout annuler. Au minimum, ça le défoulerait.

Aussi rapidement que possible, il se synchronisa avec son simulacre et ouvrit un portail dimensionnel entre la salle de commandement et la base Ibasienne, laissant aussitôt apparaître Zach à ses côtés. Celui-ci regarda autour de lui, et posa longuement les yeux sur le champ de bataille, enregistrant l’étendue et la progression de ce qu’il s’était produit jusqu’alors, avant de se tourner vers Zorian.

— Tu sais où sont les dirigeants, en ce moment ?

— Euhh… En quelque sorte ? répondit Zorian. J’ai principalement demandé aux Aranea de les localiser pour moi, mais elles sont un peu occupées à diriger la horde de monstres, pour l’instant.

— Mais tu sais à peu près où ils se trouvent, non ? insista Zach.

— Oh, oui, absolument, acquiesça Zorian en désignant un bâtiment solidement construit pas très loin de là. La plupart des survivants sont là-dedans. Les barrières sont plutôt énervantes, alors il me faudra quelque temps avant de –

Avant que Zorian n’eût pu finir sa phrase, Zach avait déjà lancé deux projectiles vers lesdites barrières. Pas très grands, plus semblables à de petites citrouilles faiblement lumineuses qu’à de vrais sorts offensifs, leur avancée fut rapidement suivie d’un cri perçant qui déchira les oreilles de Zorian.

Ils s’abattirent sur le mur du bâtiment et éclatèrent en ce qui ressemblait à des distorsions spatiales qui arrachèrent la matière se trouvant dans leur environnement direct sans aucune résistance. Le bâtiment entier tomba en morceaux comme une pomme instantanément coupée en quartiers par une machine industrielle, avant de se désagréger complètement, enterrant tous ses occupants sous des tonnes de décombres.

— Un problème résolu, conclut Zach en baissant la main. Et les autres ?

— Bon… marmonna Zorian, un peu étourdi, et amer – seulement un peu, cela dit ; pour dire vrai, il s’était attendu à quelque chose dans le genre lorsqu’il avait accepté que Zach fût partie du plan. Si les Ibasiens ne savaient pas qu’ils étaient attaqués par plus dangereux que des Aranea, maintenant, c’est chose faite. Voyons voir si on peut les tuer avant qu’ils réalisent à quel point tu es horriblement puissant et appellent la liche sous le coup de la panique.

— Allez, accepta Zach.

Décidant qu’il n’y avait plus aucun intérêt à prétendre à une invasion Aranea mineure, Zorian envoya des messages télépathiques à Xvim et Alanic pour leur signifier qu’ils pouvaient entamer l’assaut à proprement parler.

Il reçut une confirmation presque immédiatement. Il semblait que Zach ne fût pas le seul impatient de croiser le fer et botter des fesses.

Zorian comprenait d’ailleurs très bien. Ils avaient passé tant de temps à préparer et organiser cet effort éphémère, il serait presque criminel de l’avorter si près du but.

Il était temps pour les Ibasiens de découvrir ce que cela faisait de se faire envahir par surprise.

 

___

 

Sous la grande ville de Cyoria, une bataille faisait rage. La petite armée d’Alanic, renforcée par divers mercenaires, les golems de Zorian et ce qu’il restait de la horde de monstres dominés avançaient loin dans les rangs désorganisés des ennemis. Cependant, ceux-ci ne jouèrent pas les victimes passives – malgré avoir vu la quasi-totalité de leur hiérarchie éliminée par Zach et Zorian, malgré les lourdes pertes qu’ils avaient subies lors de l’attaque initiale largement sous-estimée, malgré le choc ressenti à la vue d’une armée humaine marchant sur eux, les Ibasiens résistaient à l’attaque avec une puissance considérable. Leur chaîne de commandement avait peut-être disparu, mais des commandants locaux se hissèrent vite au contrôle des forces restantes et firent de leur mieux pour coordonner leurs mouvements. D’énormes golems de guerre chargèrent dans les groupes de défense rapidement formés, cherchant à les briser par la force brute, pour se faire arrêter par des murs de Trolls de guerre qui leur barraient la route. Les Aranea dirigèrent le reste des monstres dans des attentats-suicides, et se firent contrer par les bêtes de guerre ibasiennes qui firent de même. Zach et Zorian se concentrèrent sur un commandant qui semblait particulièrement doué pour faire son nouveau job, aidées par une paire de soldats d’Alanic, deux hommes extrêmement précis, une arme à la main. De nombreuses têtes volèrent, mais il y avait toujours quelqu’un capable de remplacer les morts.

Actuellement, le simulacre de Zorian se tenait à côté du portail dimensionnel au centre de la base ibasienne, où Xvim et Alanic étaient rapidement arrivés après le début de l’attaque. Malheureusement, la porte des Ibasiens avait été désactivée lorsqu’ils avaient réalisé qu’ils étaient sur le point de la perdre – une autre déviation du plan initial. Même s’ils parvenaient à gagner ce combat, un portail stabilisateur de portail éteint était bien moins pratique à étudier que le même objet en état de marche.

— Nous aurions dû amener plus de monstres, déclara soudain Alanic, se tenant non loin du simulacre et observant le champ de bataille. Nous aurions dû amener plus de tout, en réalité, mais je ne pense pas que nous aurions pu recruter plus de monde. Nous obtenons déjà un bon résultat si l’on juge le nombre d’ennemis à combattre, mais ce n’est pas suffisant. Nous sommes tout simplement trop peu nombreux.

— Nous avions peur que si nous amenions plus de monstres, ils pussent avoir peur et appeler la liche dès le début de l’attaque, fit remarquer le simulacre. Bien qu’en considérant leur victoire facile sur la horde, il est vrai qu’on s’est probablement montré trop prudents.

— En parlant de ça, est-ce que Zach et Zorian ont réussi à éliminer les dirigeants ibasiens avant qu’ils n’aient pu contacter Quatach-Ichl ? demanda Xvim.

Le simulacre appela l’original et lui posa la même question. Dix secondes plus tard, il se tourna vers son mentor.

— Peu sûr, dit-il en secouant lentement la tête. Ils ont eu du mal à localiser les deux derniers chefs. Ils sont morts, maintenant, mais ils ont eu maintes occasions de réaliser la gravité de la situation et de le faire savoir à la liche.

Xvim garda le silence pendant une seconde, pensif face au portail éteint à côté de lui.

— Nous ne devrions pas leur prendre la porte si rapidement, affirma-t-il. Nous aurions dû la laisser entre leurs mains pendant plus longtemps afin de leur donner un semblant de possibilité de retraite. Je pense qu’ils auraient tenté de fuir vers la Maison Iasku plutôt que de perdre une bataille s’ils avaient eu le choix.

— Ou alors, ils auraient trouvé le moyen de commander certains des morts-vivants de Sudomir, avec suffisamment de temps, ce qui aurait rendu notre problème actuel encore pire, fit le simulacre en haussant les épaules.

— Nous analyserons ce que nous avons mal fait plus tard, imposa Alanic. Pour l’instant, il nous faut des solutions. Comment allons-nous profiter de cette situation ?

— Ne devrions-nous pas simplement partir ? demanda Xvim, curieux. Même si nous prenons la base, il nous faudra de nombreuses heures, et encore plus de vies à sacrifier. En plus de ça, il y a de fortes chances que Quatach-Ichl revienne avant ça et nous aurons alors un plus gros soucis sur les bras.

Alanic ne répondit rien, peu satisfait de la proposition. Finalement, le simulacre prit la parole.

— J’ai une idée, dit-il. Pourquoi n’arracherait-on pas le cadre du portail du sol, piédestal compris, pour l’amener à la surface afin de l’étudier ? Je veux dire, si nous voulions nous lancer dans cet assaut en premier lieu, c’était parce que déplacer un portail actif est impossible. Mais nous n’avons plus ce problème sur les bras, nous sommes en possession d’un portail stabilisé et éteint. Alors qu’est-ce qui nous empêche de simplement l’emmener avant de l’étudier ?

Xvim et Alanix échangèrent un regard étonné.

— Quoi ? demanda le simulacre. L’idée a du mérite !

— En effet, admit Alanic. J’étais juste surpris de l’entendre de ta bouche. Parfois, j’oublie que les simulacres sont plus que des extensions de leur original, et peuvent penser par eux-mêmes.

— Pareil pour moi, confirma Xvim.

Le simulacre grimaça. Stupides êtres de chair et leurs préjugés. Stupides, stupides, stupides.

Peu après, Xvim et Alanic ordonnèrent à leurs forces d’effectuer un repli stratégique défensif afin de contenir toute incursion ibasienne et se mirent à détacher la structure de la porte du sol en essayant de ne rien endommager de crucial. Le piédestal était fixé à une espèce de racine qui courait dans le sol en-dessous, ce qui voulait dire qu’une étonnante masse de roche devait être extraite également.

Aucun problème n’était insurmontable, cela dit, et le tout flotta bientôt dans les airs, lentement dirigé vers l’une des sorties de la base.

Leur mouvement ne passa pas inaperçu, par contre, loin de là. Lorsque les ibasiens virent ce qu’ils faisaient, ils devinrent totalement fous. Apparemment, ils haïssaient l’idée de voir la porte emmenée ainsi. À partir de là, la bataille changea de ton – au lieu de tenter de minimiser leurs pertes et de gagner du temps, les ennemis se ruèrent soudain comme des bêtes enragées, afin de récupérer la porte volée, à tout prix. Les forces d’Alanic furent forcées de réellement se défendre désormais, et tentèrent de contenir l’avancée de ces malades avec un zèle tout aussi impressionnant.

La situation ne fit qu’empirer après ça, lorsque les Ibasiens se rendirent compte qu’ils ne pourraient pas récupérer leur précieux, et qu’ils se mirent en tête de le détruire.

— Pourquoi sont-ils si dans cet état ?! cria Zach tout en érigeant un mur prismatique entre la structure de porte volante et les fous furieux ibasiens qui voulaient s’inviter à la fête.

Et juste à temps. Au moment où la barrière se stabilisa, trois différents projectiles la percutèrent – un fin javelot bleu de force qui craquait sous la puissance d’une magie quelconque, un serpent animé fait d’un feu vert brûlant et une grosse sphère blanche autour de laquelle orbitaient de plus petites lunes rouges. Le mur vibra et scintilla, passa d’une couleur à l’autre, et pendant un instant, il sembla ne pas avoir décidé de céder… jusqu’à la fusion des trois projectiles, qui libéra une pulsion qui perturba la barrière et la fit s’évaporer en une brume multicolore.

Le serpent de feu, seul survivant de cette friction de sorts, se jeta de manière affamée vers le portail, cherchant à se faire exploser contre sa surface. Mais il ne l’atteignit jamais. Une boule blanche laiteuse le frappa sur le côté, courtoisie de Zorian, le désagrégeant en une ribambelle de flammèches vertes qui s’éteignirent dans les airs.

— Ils ont peur de ce que Quatach-Ichl va leur faire en découvrant que quelqu’un a acquis un échantillon de son travail, dit Zorian, information que le simulacre estima directement tirée de leurs pensées. Il ne laisse même pas ses alliés l’examiner. Comment penses-tu qu’il réagira en voyant ça ?

La bataille fit rage. Le simulacre observait, plutôt mécontent, les gens se battre autour de lui, cherchant à protéger ou détruire l’objet de toutes les envies. Il ne pouvait pas faire grand-chose lui-même, à moins de vouloir handicaper l’original de ses réserves de mana, et il se cantonna au rôle d’observateur pour la majeure partie du combat. Il observait attentivement, scrutant en détail tout ce qu’il se passait dans l’espoir de repérer une chose digne d’intérêt.

Les Ibasiens chargèrent encore et encore, aidés par des sorts à longue portée de leurs alliés du fond, et se firent repousser encore et encore. Les golems de Zorian périrent peu à peu, le volume et la puissance des sorts à encaisser s’avérant parfois trop importants même pour leur solide coque et leurs barrière défensives. Lorsqu’ils étaient trop endommagés pour se battre, Zorian les bardait de bombes alchimiques et les envoyait rapidement exploser vers un monde meilleur, charges suicidaires étonnamment efficaces. Les sorts de Zach collectèrent un lourd tribut également, mais même ses réserves n’étaient pas illimitées, et le temps qu’il passait à récupérer allait en grandissant à mesure que la bataille gagnait en intensité. Un mage ibasien décida de sacrifier sa vie pour la cause – il finit de lancer son sort, dégaina une dague sacrificielle et se trancha la gorge afin d’utiliser son propre sang afin de l’alimenter de l’intégralité de sa force vitale. Le sort qui en résulta produisit un météore incandescent qui traversa aisément tous les obstacles et aurait réduit porte et personnel en cendres fondues si Xvim n’avait pas utilisé une série de portails dimensionnels afin de rediriger l’attaque vers les Ibasiens.

Finalement, le simulacre nota quelque chose qui devait mériter leur attention. Sur les abords du champ de bataille, un petit groupe de soldats alliés se faisait écraser. Sur les quinze d’origine, la plupart étaient mots. Six survivants luttaient, seuls trois d’entre eux capables de marcher et se battre correctement. Le simulacre alerta l’original par télépathie, et s’entendit répondre que tout le monde était actuellement occupé et que des sacrifices devaient être acceptés dans ce genre de cas.

Lorsque le simulacre ajouta que l’une des survivantes était Taiven, l’original changea d’avis dans la seconde et chercha à se rendre à ses côtés.

Le simulacre n’aurait jamais accepté l’ordre lui demandant de l’abandonner à son sort ; et il était agréable de noter que l’original et lui étaient toujours sur la même longueur d’onde. Il se téléporta près du groupe et intercepta immédiatement une boule de feu grâce à une vague de désenchantement bien placée. Le visage choqué de Taiven fut inestimable.

— Qu’attendez-vous ? demanda le simulacre au groupe.

L’un des Ibasiens tenta de se faufiler vers eux en envoyant voler de la poussière à l’aide d’un sort malencontreusement perdu avant de l’utiliser comme couverture pour son approche. Il se mangea une vague de force dans la tronche comme cadeau de bienvenue.

— On a perdu cette position, insista le simulacre. Pourquoi n’avoir pas rejoint un autre groupe ?

— On ne peut pas les laisser ! protesta Taiven en désignant les trois blessés au sol.

— Je t’ai dit de nous abandonner, protesta vivement l’un d’eux. Pars ! On les retient pour gagner du temps !

— On ne laisse personne derrière ! trancha sèchement Taiven.

Les deux autres soldats en pleine forme ne répondirent pas, mais le simulacre voyait bien à leurs expressions qu’ils ne voulaient pas non plus partie en laissant ces blessés à une mort certaine. Probablement des amis.

— Alors que dis-tu de ça ? Tu vas les mettre à l’abri, et je vais m’occuper de contenir les Ibasiens ! offrit le simulacre.

— Zorian… commença Taiven, à la fois inquiète et contrariée.

Mais il ne l’écoutait déjà plus. Il pouvait sentir les ennemis se déplacer à nouveau, alors il invoqua deux larges disques tranchants au-dessus de ses paumes et les lança en face de lui. La première vague d’Ibasiens fut littéralement tranchée en deux dans le nuage de poussière qui n’était toujours pas retombé, hurlant horriblement en se faisant découper vivants. Le commandant de ce groupe essaya de restaurer l’ordre au sein de son unité, criant des ordres et menaçant qui voulait bien l’entendre, si fort que la base entière devait l’avoir entendu. Il cessa son manège quand son propre garde du corps lui enfonça un couteau dans l’œil, le tuant instantanément. Cette trahison apparente, résultat d’un tour de passe-passe de Zorian qui avait contrôlé le corps du traître, sema le chaos encore plus intensément chez les ennemis.

Le simulacre tourna alors son attention vers Taiven et le groupe une fois de plus, pour voir tous les soldats partis, mais Taiven toujours présente.

— Laisse-moi deviner, soupira-t-il. Tu les as envoyés en sécurité et a décidé de rester avec moi ?

— Je te l’ai dit, répondit-elle. On ne laisse personne derrière.

Rétrospectivement, il aurait vraiment dû lui dire tout de suite qu’il n’était qu’un simulacre.

— Écoute, tenta-t-il. Je suis –

[Stupide simulacre !] hurla la voix de l’original dans son esprit. [Qu’et-ce que tu fous encore là-bas, par tous les dieux ?! Les autres soldats sont de retour, mais toi et Taiven, non ?! Arrête tes conneries et arrête de dépenser tout mon mana, merde ! J’en ai besoin pour défendre la porte !]

Le simulacre grimaça. Cette interruption le laissa confus pendant une seconde, incapable de se souvenir ce qu’il faisait juste avant de se faire canarder ainsi.

Il fut un peu plus distrait encore par une nouvelle volée de sorts qui arrivait dans leur direction, la moitié pour lui et l’autre pour son amie. Taiven bloqua sa part facilement, et le simulacre fut sur le point de faire de même lorsqu’il sentit ses réserves de mana diminuer drastiquement. Apparemment, l’original en avait grand besoin, et avait décidé de tout dépenser pour quelque chose, le laissant sans défenses pendant un instant.

— Putain, original… grogna le simulacre calmement.

La volée de sort le percuta, passant à travers son corps ectoplasmique sans difficulté et la désagrégeant rapidement.

Comme le reste de son corps commençait à s’évaporer en se déliant, il accorda un dernier regard à Taiven, qui le regardait, horrifiée.

Seulement alors se souvint-il de ce qu’il était sur le point de faire avant tout ça.

Sa dernière pensée, déjà fugace et éphémère, s’envola avec lui.

Bon sang. J’aurais vraiment, vraiment dû lui dire que j’étais un simu –

 

___

 

 

À la fin, ils parvinrent à extraire la structure stabilisatrice du portail hors de la base ibasienne, intacte. Les tentatives frénétiques de leurs ennemis s’étaient amenuisées après quelque temps, les soldats survivants avaient reculé vers leur propre camp de base et leur avait permis de filer en paix. Les forces assemblées par Alanic et Zorian avaient payé un lourd tribut pour ce demi-succès…

Seul le temps pourrait dire si les experts rassemblés par Xvim trouveraient quelque chose de spécial dans cet artefact qu’ils venaient de récupérer.

Et comme ils s’en doutaient, Quatach-Ichl arriva peu après leur départ, ayant reçu un appel à l’aide, à un certain moment du combat. Zach et Zorian restèrent sur le qui-vive pendant plusieurs jours après ça, s’attendant à tout moment à une invasion prématurée de Cyoria, un peu comme lorsque Zorian avait incité Eldemar à attaquer la Maison Iasku…

Au lieu de ça, les Ibasiens se retirèrent peu à peu de Cyoria.

L’invasion, semblait-il, était annulée.

Raka
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