SSN Chapitre 173
SSN Chapitre 175

Chapitre 174 : Attaque aérienne 3/3

 

« L’Invasion survenue aux abords du donjon de Daejeon s’est produit à cause d’un incident technique ayant interrompu les communications entre l’armée et la Direction Nationale des Donjons. Nous n’avons pour l’heure toujours pas de bilan des blessés… En revanche, si le Roi d’Alandal reste introuvable, le porte-avions qu’il a acheté récemment est apparu dans le ciel, juste au dessus de la station, d’où il a dépêché des cavaliers sur des wyvernes qui s’affairent déjà à repousser les monstres. »

Minjae poussa un long soupir en essayant de se redresser mais ne parvint ainsi qu’à faire tomber sa couette au sol.

« Le monde souffre de ces invasions, mais les gouvernements ne semblent plus avoir d’yeux que pour Alandal. Où sont passées les ressources nécessaires à la sécurité nationale ? C’est dans un tel contexte que l’opinion publique… »

En tournant la tête, Minjae comprit enfin d’où venait cette voix. Le poste de télévision attaché au mur avait, tout comme pour lui, capté les regards des différents patients de ce qui lui sembla être un hôpital.

« Vous êtes tous guéris ! » lança une voix fluette du même temps qu’elle mit la télévision en sourdine.

« Qui… Qui êtes-vous ? » bégaya Minjae, à qui la surprise avait remis un peu d’énergie dans la voix.

« Moi, c’est Sooah, hihi ! Je vais prier pour toi ! »

Un sourire au visage, elle lui prit la main et ferma les yeux. Minjae, quoiqu’encore plus étonné, se laissa faire et ferma lui aussi les yeux. Son esprit empli de sentiments confus s’apaisa enfin à mesure qu’un flux d’énergie se mit à circuler en lui.

« Haha… C’est tout bon ! Tu peux rentrer chez toi. » ajouta Sooah.

« Que… Euh… Merci. »

Il se passa une main à l’arrière de la tête, témoin manifeste de sa gêne. Il se sentait malgré tout chargé d’une puissance nouvelle, aussi bien sur le plan psychique que physique. Il ne venait qu’à peine de s’éveiller à la magie, mais l’intervention de Sooah ne faisait pour lui aucun doute.

C’était une bénédiction…

« Minjae ! » crièrent tout à coup deux voix.

Ses deux amis étaient venus le rejoindre et semblaient plus que soulagés de le voir en si bonne forme. En voyant Sooah, ils s’inclinèrent immédiatement, en marque du profond respect qu’ils lui témoignaient.

« Ah bon, je vous laisse alors. Au revoir, messieurs ! » fit la petite en s’éloignant.

« Eh beh… C’était qui, la gamine ? » demanda Minjae, une fois seulement qu’il se fut assuré qu’elle ne pourrait l’entendre.

« Comment oses-tu l’appeler une gamine ?! » s’énerva l’un des deux, tandis que l’autre lui lança un regard réprobateur.

« J’ai dit quelque chose qu’il fallait pas ? » s’étonna-t-il.

« C’est la princesse d’Alandal. »

« Hein ? »

« La petite sœur du Roi d’Alandal. »

« Ah oui, d’accord. … Qui ça ? »

« C’est la sœur de Kang Woojin, imbécile ! »

« Hein ?! »

Les yeux écarquillés, Minjae dirigea sa tête vers le couloir qu’elle avait emprunté. Il sentait encore la chaleur de sa petite paume contre la sienne et le profond soulagement que ceci lui avait évoqué… Comment pouvait-elle être la sœur de Kang Woojin ?

« Quand tu es tombé dans les vappes, j’ai vraiment cru que tu n’allais pas en revenir… » changea de sujet celui qui s’en était jusqu’alors tenu au silence.

« Désolé de vous avoir inquiétés… Au fait, on est où là ? » s’interrogea le jeune homme.

« Tu ne sais pas ? Haha… Dans un endroit tellement formidable que j’aurais bien fait un selfie, si seulement j’avais eu mon téléphone sur moi… »

« Non, mais sérieusement. C’est quel hôpital ? »

« J’étais sérieux ! Nous ne sommes pas dans un hôpital, mais dans le Château de Vivie. »

« Le quoi ? »

« Mais tu vis dans une grotte, ou quoi ? Le porte-avions d’Alandal ! »

« Ah… »

Malgré quelques doutes, Minjae fut bien forcé de résoudre à croire ses amis, qui peinaient d’ailleurs eux aussi à revenir de tout ce qui leur était arrivé.

« On a un de ces bols, hein ? J’ai l’impression d’être dans un film… » confia l’un d’eux.

« Nous avons vécu une sacrée expérience, c’est certain… » fit, plus réservé, Minjae.

L’air un peu attristé par son manque d’enthousiasme, le plus silencieux d’entre les deux remonta légèrement le volume des informations.

[Doit-on sauver la Terre, ou Alphène ? L’O.N.U. semble plutôt favorable à la deuxième option. Qu’en pense le public ? Nous avons été demander l’opinion des passants sur les efforts d’Alandal pour…]

Mais même celles-ci ne purent expliquer le traumatisme qu’ils venaient de subir. L’attaque avait ciblé leur quartier, et leurs familles auraient très bien pu en être victimes.

« Beaucoup de gens sont morts… »

« Rentrons chez nous, on y verra plus clair. » dit Minjae en réponse aux propos de son ami.

« On a atterri à Séoul il y a peu, on doit pouvoir choper un bus. »

« Et la note ? »

« Perso, j’ai tout dépensé au restaurant… Il y a plus qu’à espérer qu’ils nous fassent crédit. »

« Espérons. » assentit Minjae.

C’est ainsi qu’un peu honteux de demander une faveur à ceux qui les avait sauvés, ils sortirent de l’hôpital de fortune.

 


 

Piktak a atteint sa limite !

« Putain, j’ai réussi ! » se satisfit Lee Sahngho.

Son personnage principal avait enfin obtenu sa deuxième classe. Dans son jeu, les vainqueurs et les perdants dépendaient uniquement de l’effort fourni. Lui n’avait de cesse d’en faire, et pourtant, il n’avait encore jamais réussi à vaincre Kang Woojin. Si seulement la réalité avait pu être aussi simple que le virtuel !

« Maître, nous en avons trouvé un. » annonça l’un de ses employés.

« Qui ? » demanda-t-il d’une voix distraite, les yeux toujours rivés sur l’écran.

« Un homme de 70 ans qui a été guéri par un miracle. »

« Hmm. Guéri de quoi ? »

« De… son impuissance. »

« Hmpf. La source est fiable ? »

« Je ne sais pas trop, avoua l’homme. Je tiens ça d’un magazine people. »

Lee Sahngho détacha enfin les yeux de son écran et se leva pour faire face à ton interlocuteur.

« Tu veux que je t’éclate la gueule, ou quoi ? »

« Je… Non non, je vais chercher autre chose ! »

Furieux, il s’alluma une cigarette. C’était à faire confiance à ce genre d’imbéciles qu’il avait mené la guilde Hwarang à sa perte…

« Maître, j’ai moi aussi trouvé quelque chose. »

« Il vaudrait mieux que votre source soit sérieuse… » grommela-t-il.

« Oui, ça vient du journal Yonhap. »

Lee Sahngho lui adressa un léger sourire et l’invita à lui raconter les détails de cette histoire.

« Le vaisseau d’Alandal a sauvé trois jeunes de l’Invasion à Daejeon, où ils ont été invités à monter le temps que la situation se calme. Une fois chez eux, les journalistes ont été recueillir leur témoignage. »

« Et alors, qu’est-ce qu’ils racontent ? »

La guilde Hwarang était en principe chargée de recueillir le maximum de faits et gestes de Kang Woojin, mais dans le cas présent, il n’exprimait pour lui pas le moindre intérêt. C’était un dieu qu’il lui fallait…

« Vous devriez lire ce qu’ils disent. » lui répondit l’employé, avec une telle assurance qu’il convainquit immédiatement son supérieur.

« Merde… Deux secondes, je retourne en ville, pas très envie de perdre de l’xp. Voilà, donc, c’est où ? » demanda Sahngho.

« Juste là, monsieur. » répondit-il en lui tendant le journal.

[Elle a pris ma main et s’est mise à prier. C’est à ce moment-là que j’ai senti quelque chose d’étrange. Une sensation très douce, qui a fait disparaître toute douleur. C’était très étrange.]

« Mouais… Je suis pas convaincu. »

Pas de quoi le punir, bien sûr. Ça restait une trouvaille intéressante, mais il y avait beaucoup de gens capables de faire ça, à commencer par Melody qui, originaire d’Alphène, était versée dans les usages du pouvoir sacrée. Isaz n’accepterait certainement pas ça.

« Vous pensez que c’est Melody ? Moi, j’ai quelques doutes. Je veux dire, on a déjà eu combien de témoignages sur les talents de la vierge sacrée ? Pourquoi en faire la une du journal ? » insista l’homme.

« Admettons. » consentit Sahngho.

« Je continue de chercher, alors. Merci. »

Enfin seul, il put enfin reprendre sa partie, tandis qu’une dizaine d’employés continuaient de surveiller l’actualité et d’interroger leurs indictateurs.

 


 

Le Château de Vivie fut finalement arrêté en vol stationnaire juste au dessus de la gare de Séoul, et donnait à la scène un air si étrange qu’une foule épaisse s’était formée afin de venir admirer le spectacle. Il y avait aussi de très nombreux journalistes que le déménagement du quartier général d’Alandal intéressait, que Jung Minchan reçut au cours d’une conférence de presse. Depuis quelques temps, Alandal avait pris l’habitude de décliner toutes les entrevues, ses membres fondateurs ayant estimé à l’unanimité que leur opinion ne valait rien. Toutefois, l’opinion publique commençait elle à se faire par trop négative pour laisser la situation dégénérer davantage.

Et pour cause, de nouvelles Invasions survenaient alors même que tous les indicateurs semblaient au vert. Il semblait qu’une nouvelle catastrophe se préparait, or Alandal restait aux abonnés absents et semblait se soucier davantage de son propre sort que de celui de l’humanité. Rien n’aurait pu être plus faux, mais ils se moquaient d’Alandal. C’était Kang Woojin qui leur faisait véritablement défaut.

Car il était leur héros, capable de résoudre même les problèmes les plus graves. Une fois parti, la peur gagna très rapidement du terrain, particulièrement en Corée. Il ne vivait plus à côté d’eux, brisant ainsi leur sentiment de sécurité. Qu’allaient-ils bien pouvoir faire, et qui était ce Kang Woojin pour les abandonner ? N’était-il donc pas coréen ? De telles questions trahissaient bien l’opinion publique. Ce fut pour cette raison que Jung Minchan prit la responsabilité d’y répondre.

« Vue la situation, ne serait-il pas judicieux de repousser à plus tard l’expédition sur Alphène ? » demanda un journaliste.

« Vous ne comprenez pas. Ce n’est pas pour passer des vacances ni privilégier de vieilles connaissances qu’il s’y rend. Il est justement question de la Terre. » répondit Minchan.

« Que vous dites, intervint un autre. Des rumeurs circulent sur la possibilité qu’Alandal s’établisse à Alphène, sont-elles fondées ? »

« Cette idée est grotesque… »

« Alandal a pourtant terminé les travaux de l’arche de Woojin, si ce n’est pas pour ça, expliquez-nous ! »

Dépité, Minchan se contenta de le regarder sans rien exprimer. Tous voyaient la colonie comme une nouvelle arche de Noé, tous souhaitaient s’y installer. C’était à leurs yeux le seul moyen d’éviter de périr lors de la fin du monde. De très riches entrepreneurs étaient même prêts à engager des sommes colossales afin de s’y octroyer une place, mais on ne rentrait pas dans le Château de Vivie si simplement. Il ne fallait surtout pas qu’on s’imagine qu’il était question de privilège.

Si seulement ils savaient sur quoi il travaille…

Hélas, il ne pouvait pour l’heure rien révéler, ni à un camp ni à l’autre. Car ce n’était pas tellement que les gens perdent foi en Alandal qu’il craignait. C’était que son Roi, la personne la plus préoccupée au monde par la sécurité de la Terre, ne se lasse de la vilenie de l’humanité. Car il y avait une part de vérité dans les craintes exprimées par tous : Kang Woojin pouvait très bien décider, du jour au lendemain, de ne sauver que les siens et d’abandonner tout le reste. En tant que seigneur dimensionnel, il en avait effectivement le pouvoir.

« C’est un vaisseau de combat, pas une arche. Question suivante. » trancha finalement le Premier ministre d’Alandal.

« Quel usage sera fait de ce vaisseau ? Allez-vous continuer de défendre la Corée ? » demanda une journaliste.

« Qu’en ferions-nous d’autre ? Le but du Château de Vivie est précisément d’apporter de l’aide partout où elle est nécessaire. » répondit-il.

« Je me pose une question, intervint un autre. Quel crédit devons-nous réellement apporter à vos paroles quand on sait que les locaux actuels d’Alandal sont en train d’être vidés ? Ce n’est un secret pour personne, Alandal réside désormais dans ce vaisseau. Vous allez abandonner la Corée ? »

« Pas plus que quiconque, non. Notre but est de protéger la Terre. »

« Mais vous êtes coréens ! Qu’en est-il de l’effort national ?! »

« Nous sommes avant tout des citoyens du monde. Dans le contexte actuel, nous ne pouvons nous permettre d’être chauvins. Chaque nation doit tenter de se protéger elle-même. Nos efforts ne doivent privilégier personne. À quoi servirait la Corée si tous les autres pays sont détruits ? Le gouvernement coréen doit cesser de compter sur Alandal. »

Un silence mortuaire s’effondra tout à coup dans l’audience. À en voir l’air grave et les mines des stylos qui s’activèrent en cadence sur le papier, son propos avait été pris comme une forme de mépris pour la souveraineté nationale.

Bon sang, quel imbécile… J’aurais dû mieux travailler sur mon discours…

Jung Minchan s’inquiéta à cet instant des articles assassins qui risquaient de voir le jour sous peu. Ainsi, c’était comme si chaque mine le poignardait lui.

Nostra
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