TheDAB : Chapitre 12
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Chapitre 13

C’est mon Dao !

 

Autour de la taverne scellée par une formation impénétrable mise en place par le patriarche Destinée en personne, une foule s’amassait déjà, composée des restes de clients mis à la porte et de nouveaux venus curieux. La porte était close ; pour tout dire, personne ne parvenait même à l’atteindre pour tenter de la pousser, la formation du patriarche s’en assurait. Les fenêtres ? Étrangement opaques, encore plus qu’à leur habitude.

« Il se passe quoi, là-dedans ? » Telle était la question que tout le monde se posait et à laquelle personne n’était capable d’apporter la moindre réponse. Si l’un souhaitait découvrir ce qui se tramait entre ces murs, il n’aurait d’autre choix que de patienter en attendant qu’on lui permette de savoir.

Cela dit, si un de ces pauvres hères avait été capable de traverser la formation, il aurait pu pénétrer dans une grande salle vide… Vide ? Presque. Il n’y avait là qu’un tavernier assis derrière son comptoir et ces deux âmes attablées l’une en face de l’autre.

L’un des deux buveurs était d’un physique banal. Ses cheveux noirs lui descendaient jusqu’aux épaules et le gras qui les recouvrait laissait imaginer la date de leur dernier lavage. Une barbe de trois jours permanente, comme si elle refusait de pousser plus que ça, faisait de l’ombre à un regard déjà trop éprouvé par la vie à un trop jeune âge.

Cette personne n’était nulle autre que Shi Kun, un verre à la main et le sourire aux lèvres.

Il sirotait paisiblement le meilleur alcool – et le plus onéreux – qu’il lui avait été donné de boire tout en gardant les yeux fixés sur l’homme assis en face de lui.

Ses longs cheveux blancs étaient relevés en un chignon chic et intellectuel. Sa longue barbe blanche se terminait en pointe entre ses pectoraux et ses vêtements brodés de dragons azurs ne laissaient que peu de place au doute quant à son identité.

D’un sourire réservé et avec un regard profond, il laissait paraître tout l’intérêt qu’il portait à Shi Kun, son invité du jour. Ce dernier avait déjà vidé trois grandes carafes d’alcool et malgré son défi contre Xiao Jie datant de trop peu de temps auparavant, il ne montrait absolument aucun signe d’ivresse.

« Incroyable. Vraiment incroyable. Jusqu’où peut-il boire ainsi ? » Le patriarche le regardait siroter son précieux, et plus il l’observait, plus ce mendiant le fascinait.

« Senior cultivateur, je sais que je vous l’ai déjà demandé mais êtes-vous vraiment sûr que vous ne voulez pas boire avec moi ? Seul, c’est un peu… » Shi Kun hésita pour la troisième fois depuis leur arrivée. Mais le Patriarche se contenta une fois de plus de secouer la tête en souriant.

« Ah, non, bois. Bois ! Et je t’ai déjà dit de ne plus m’appeler ainsi. Je ne suis plus un cultivateur face à un mortel, alors tu dois m’appeler Patriarche. Tu fais partie de ma secte de la Porte Azure désormais. »

Shi Kun n’arrivait toujours pas à se rentrer ça dans le crâne. C’était arrivé si vite et de façon si improbable qu’il n’y croyait encore qu’à moitié.

« D’ailleurs, lorsque nous en aurons fini ici, nous rentrerons te fournir le nécessaire. Quelques robes de la secte, un endroit où vivre et… »

Au point où il en était, Shi Kun n’allait pas tarder à percer. À ce moment, il serait prêt, s’il le souhaitait, à définir son Dao. Sa propre voie, le chemin qu’il allait suivre dans sa vie. Il pouvait également ne pas le faire et se contenter de choisir un Dao existant en marchant sur les pas d’un autre, qui avait défini un Dao avant lui. Si cette façon de faire était plus attirante pour certains car les techniques liées au Dao étaient déjà connues et utilisées, créer son propre Dao avait le mérite de permettre de suivre une voie totalement adaptée à sa personne. C’était certes plus dur, plus long et plus fastidieux mais les résultats étaient nettement plus profitables.

« Ok, ok, Patriarche. À votre santé, alors. » Shi Kun leva un verre plein de plus et se mit à le boire, toujours aussi lentement, savourant chaque goutte. Au bout d’un moment, le patriarche Destinée ne parvenant toujours pas à fixer son regard sur cette lueur argentée dont parlait l’ancien Xiao Jie, finit par perdre patience.

« Il a dit qu’il l’avait vue à la fin. Lorsque… Lorsque Shi Kun avait bu la dernière carafe d’une traite. » Réalisant que la façon de faire n’était peut-être pas la bonne, il prit l’initiative d’aller plus loin.

« Shi Kun… À ma santé, bois donc un verre cul sec ! »

Puisque le patriarche riait, les bras écartés et que c’était lui qui invitait de toute façon, Shi Kun ne vit pas de raison de ne pas faire ce qu’il disait. Après tout, cette façon de boire possédait elle aussi des avantages. L’alcool déversait sa chaleur d’un seul coup dans le corps tout entier, la sensation était également très agréable.

Shi Kun leva son verre et lui rendit son rire.

« Haha, à la vôtre, Patriarche ! Merci pour tout ce bon alcool ! » Shi Kun descendit son verre plein d’une traite avant de le claquer sur la table en soupirant de plaisir.

Le patriarche Destinée n’en dit pas plus et se contenta de plisser les yeux. Grâce à sa base de cultivation extraordinaire, il n’eut aucun mal à percer à jour ce qui se passait dans le corps de son invité et repéra rapidement cette lueur argentée qu’il attendait. Elle n’était pas apparue dans les vaisseaux sanguins comme l’avait suggéré Xiao Jie, mais bel et bien dans l’estomac ! L’estomac était devenu comme un réservoir empli d’une vive lumière argentée. Celle-ci passa rapidement au travers des parois organiques et se déversa dans l’intégralité du corps, rejoignant les vaisseaux sanguins. À leur tour, ces vaisseaux transportèrent naturellement cet étrange pouvoir en direction du dantian, qui l’absorba comme une éponge sèche aurait absorbé de l’eau.

« Oui ! C’est ça ! » Le patriarche était extatique. Contrairement à Xiao Jie, il avait fait attention du début à la fin et si le doute subsistait encore précédemment, il n’était plus question désormais de se poser de questions quant à la nature de cette étrange lueur. Le patriarche l’avait ressentie, allant volontairement jusqu’à projeter sa conscience furtivement dans le corps de Shi Kun afin de la suivre à la trace pour l’étudier de plus près.

« Ça ? C’est ça, quoi ? C’est comme ça que vous vouliez me voir boire ? Hah ! Ravi de l’entendre ! » Shi Kun relia l’exclamation de joie avec le fait qu’il venait d’accéder à la demande du patriarche et lui sourit de plus belle. Le patriarche n’y fit pas trop attention et claqua des mains, perdu dans ses pensées.

« Alors comme ça, l’alcool qui entre dans son corps se transforme naturellement en une énergie spirituelle argentée… Hmm… C’est extraordinaire, pour en dire le moins. Il faut que je surveille son cas de très, très près. Heureusement, il a choisi notre secte de la Porte Azure. Le destin est de mon côté ! » Balayant rapidement ces pensées dans un coin de sa tête, il devait maintenant s’occuper d’un problème plus urgent qu’il n’avait pas manqué de remarquer.

« Shi Kun ? Tu es sur le point de percer vers le 1er niveau de la maîtrise du qi. Sais-tu ce que cela signifie ? » Il prit immédiatement son air le plus sérieux pour lui poser la question.

« Incroyable, votre air est si sérieux. » Shi Kun s’émerveilla de la capacité du patriarche à changer d’expression aussi souvent et aussi rapidement.

« J’ai comme une impression de déjà-vu… » Le patriarche balaya ces pensées également et continua.

« Sais-tu ce que ça veut dire ? Réponds. »

Shi Kun haussa les épaules, totalement impuissant. Il versa une nouvelle rasade d’alcool dans son verre sans rien demander et le porta à ses lèvres d’un air nonchalant.

« Tu vas pouvoir créer ton Dao… si tu le désires. »

Shi Kun haussa les sourcils, but une nouvelle gorgée et demanda :

« Créer mon Dao ? Ce n’est pas la première fois que j’entends ça. Qu’est-ce donc ? »

« Hmm… Tu es effectivement un débutant. Le Dao, c’est une philosophie de vie. Une voie, un chemin qui te représente, qui te correspond. Lorsque tu définis ton Dao, tu sais alors sur quel chemin tu vas marcher lors de ta cultivation. »

Shi Kun réfléchit pendant quelques minutes, en silence. Soudain, il ouvrit la bouche.

« Je ne voudrais pas être malpoli, Patriarche… » Il hésita à continuer. Devait-il vraiment l’avouer ? Mais il sentait qu’il serait totalement inconvenant de lui cacher la vérité.

« Parle, n’aie crainte. » Le patriarche l’incita à continuer d’un mouvement de la main.

« Eh bien… En réalité, mon dantian est ainsi depuis quelques jours à peine. Lorsque j’étais un mortel, je ne craignais rien, la loi me protégeait. Mais maintenant que mon dantian me permet théoriquement de cultiver, j’avais peur que des disciples viennent me harceler, la loi n’étant plus une barrière à leurs yeux. Alors j’ai songé à entrer dans la secte afin de bénéficier de son statut. Je ne comptais pas cultiver. »

La bombe était lancée. Plus moyen de désamorcer ça ; Shi Kun transpira un peu tandis que le patriarche restait silencieux, les sourcils froncés et qu’il le fixait d’un air sombre. L’avait-il insulté en lui disant ça ?

Se sentant obligé de se justifier, Shi Kun ouvrit la bouche à nouveau et ce n’était pas pour boire, cette fois.

« Je… Je le sais, j’aime me reposer, je n’aime pas les efforts. J’aime boire aussi. Et admirer les nuages. Prendre mon temps pour vivre. N’avoir aucune obligation. Lorsque je m’imagine être forcé de faire quelque chose, je ne peux m’empêcher d’avoir envie de vomir du sang. Pourquoi m’obliger à vivre ma vie d’une certaine façon si je souhaite la vivre autrement ? Après tout, c’est ma vie. Je… Dites quelque chose ! »

Le patriarche grogna tout bas. Jamais, au cours de sa longue vie, n’avait-il entendu quelqu’un parler ainsi. Lorsqu’un mortel possédait un dantian lui permettant de cultiver, il s’agissait d’une bénédiction des cieux. Jamais, ô grand jamais un mortel capable de cultiver n’avait-il annoncé être trop fainéant pour le faire. Ce serait comme dire « Je peux guérir d’une maladie incurable mais j’aime trop être malade ! »

Bien sûr, il s’agissait du point de vue du patriarche, les choses étant légèrement différentes en réalité. Être mortel n’était en rien une maladie ; il s’agissait du contraire : être un cultivateur, c’était être un niveau au-dessus de la mortalité.

Une longue voie, sinueuse et ardue… avec tout au bout, l’immortalité !

Sur le papier évidemment. Chaque stade de cultivation offrait des avantages en terme de longévité, mais nul n’en connaissait la fin. Même l’Empereur, la personne la plus puissante du monde, vieillissait et après de nombreux milliers d’années, même lui commençait à voir apparaître des rides sur son visage.

« Je vois. » finit par murmure le patriarche.

Il se gratta la barbe.

« Te rends-tu compte que ce que tu viens de dire est la première étape dans la création de ton Dao ? »

Shi Kun recula la tête, surpris.

« Eh ? Mais je ne veux pas créer… »

« Tu as avoué tout ça avec une telle conviction ! Je peux clairement garantir qu’il s’agit là de ton mode de vie, de la volonté de ton âme ! Tu y crois comme au ciel et à la terre, comme aux dieux et aux démons ! Il s’agit de ton Dao ! …Même s’il est bel et bien étrange, je l’avoue. »

« Mon Dao ? Mais je ne veux pas le… »

« Ah, arrête avec ça. Tu ne te rends pas compte de ce que tu dis. Tu possèdes une volonté de fer, et ton Dao… Il est étrange mais je peux dire, du haut de mon expérience, qu’il est bien particulier. Si ce que je pense s’avère correct, alors… De toute façon, nous allons bientôt voir si suivre ton Dao est ton destin. S’il s’avère que ton destin est pour toi de créer un Dao, alors tu le feras, je t’y obligerai. Je m’en chargerai quoi que tu dises. »

Le patriarche Destinée s’arrêta là avant de lever la main et d’effectuer un geste incantatoire.

« …Oh, non, pas encore… » Shi Kun eut d’un seul coup envie de pleurer.

« Ma vie paisible… ? »

Il se plaignit tout bas tandis qu’apparut sur la table devant lui un énorme dé à dix faces, aussi gros qu’un poing.

Raka
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17 thoughts on “TheDAB : Chapitre 13

  1. Bienvenue dans notre nouveau jeu de rôle, Shi Kun ton avatar est confronté à une épreuve importante, sois il changeras de classe en formant son dao et deviendra the drunken almighty beggar, sois il restera un simple disciple et pourra se complaire dans sa fénéantise. 

    Lance un dé 10, tu dois faire au dessus de « x » pour suivre la voie de la cultivation. Laisse libre cours a ton destin !

    DO IT !

  2. N’empêche, malgré tous ces petits tracas que subit Shi Kun, il est aux anges vu la quantité d’alcool gratuite qu’il a à disposition. Un mal pour un bien comme on dit ^^. Par contre, sa vie de fainéantise sera-t’elle finit ou continuera-t’elle après le lancé de dés du destin ? Réponse au prochain chapitre :).

    Bref, merci pour ce chapitre.

  3. Merci pour le chapitre

    Je connais ca on te demande quel est ton rêve ,ce que tu veux accomplir souvent en disant quoique se soit on te soutiendra.Mais enfaite toi tu veux juste un vie pépère.

  4. Merci pour le chapitre !
    PS : Je parie que vous vous êtes tous demandé ce qu’il arriverait s’il rencontrait les géants vignerons
    PPS : à propos… il gagne plus en fonction de l’an qualité de l’alcool ?
    PPPS : ou alors c’est le degré d’alcool qui importe…
    PPPPS : pourquoi suis je si impatient d’avoir la suite alors qu’on a 4 chapitres par semaine ??
    PPPPPS : TU NOUS AS DROGUÉ
    PPPPPPS : dois-je terminer là mon commentaire ?
    PPPPPPPS : Non
    PPPPPPPPS : bon, ok
    PPPPPPPPPS : admirez tout de même cette belle pyramide de PS
    PPPPPPPPPPS : (pour le fun)

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