TheDAB : Chapitre 16 Bonus

TheDAB : Chapitre 15
TheDAB : Chapitre 17 Bonus

Merci Antoine ! À la tienne de la part à tous !

Chapitre 16

La Pagode du Dao – 2

 

Sur les murs de la nouvelle salle se trouvaient toujours des gravures et des dessins de différents Daos. Mais cette fois, il y en avait beaucoup moins que dans la première salle. Peut-être était-ce là la représentation de ceux qui avaient réussi à passer cette deuxième épreuve ? Alors, cela signifiait-il que dans la première salle, son Dao était désormais représenté ?

« L’essence du Dao existe. Je la connais, je sais ce que je veux. Et maintenant, je sais également pourquoi je le veux. » Shi Kun comprenait désormais que la création de son Dao passait par la nécessité d’avoir une bonne raison de le faire. On ne créait pas un Dao uniquement pour le créer : les cieux et la terre ne donneraient pas leur accord pour ça et ne reconnaîtraient jamais un Dao qui n’avait pas de raison d’exister.

« Mon Dao doit exister car le patriarche croit en moi. » Shi Kun se rappela qu’il avait une bonne raison. Une excellente, même. « Si je ne réussis pas, alors il m’y renverra jusqu’à ce que je succède… Je ne veux pas ! Voilà ma bonne raison ! »

Convaincu du bien-fondé de sa réflexion, Shi Kun s’assit sur le tapis situé devant l’autel de pierre.

« Et maintenant ? Dois-je dormir et rêver ? C’est vraiment une façon de faire étrange. Ils sont fous, ces cultivateurs. Je pensais qu’ils atteignaient l’illumination en méditant, pas en dormant. »

Ce que Shi Kun ignorait, c’était que ce processus passait habituellement par la méditation. Certains disciples méditaient pendant des mois avant de comprendre la raison pour laquelle ils désiraient créer leur Dao, la bonne raison qui pouvait expliquer son existence. Shi Kun avait-il simplement eu de la chance ? Était-ce lié à son Dao ? Dans tous les cas, il avait rêvé et en quelques heures, il avait parcouru le même chemin que certains disciples en plusieurs mois.

Le patriarche ignorait évidemment que ça allait se passer ainsi. Il prévoyait de faire sortir Shi Kun de force de la Pagode au bout de trois jours afin de faire le point avec lui et de lui donner certains conseils avant de l’y renvoyer. Mais il fallait tout d’abord qu’il expérimente par lui-même l’épreuve qu’était la création d’un Dao.

Or, Shi Kun était entré moins de vingt-quatre heures auparavant. Il avait mis moins d’une journée complète à former la clé de la Raison du Dao.

« Il y a d’autres clés ? » hésita-t-il. « Mais lesquelles ? Une fois que l’on connait la raison qui nous pousse à créer un Dao, qu’y a-t-il ? »

Shi Kun réfléchit longuement à la question. Une fois que l’on avait une bonne raison de faire quelque chose, que manquait-il ? Suffisait-il de le faire ? Si ç’avait été le cas, son Dao aurait été formé. Que se passait-il avant ?

Shi Kun haussa les épaules. Il s’allongea et décida que puisque les rêves l’avaient aidé à comprendre sa situation, il allait dormir encore. Après tout, c’était une des choses qu’il savait faire avec professionnalisme.

Il s’assoupit rapidement et sombra dans un sommeil de plomb. Plus tard, il s’éveilla en pleine forme et incapable de retrouver le sommeil. Shi Kun grimaça ; après tout, il avait dormi d’un sommeil sans rêve.

« Merde. Ça ne m’aide pas, ça. » Shi Kun râla tout bas en se frottant les yeux.

Il avait toujours la clé de la Raison dans la main. Était-elle liée à la deuxième épreuve ? Devait-il se servir de la raison pour surmonter la suite ?

Shi Kun brandit la clé dans les airs.

Puis, il se concentra et cria même, l’objet toujours pointé vers le plafond.

Il la déposa sur l’autel de pierre.

Il frappa.

Il supplia.

Il chercha même une serrure tout autour de la pièce. Cela lui prit des heures et fut aussi vain que le reste.

« Bon sang ! Je ne peux rien faire de cette clé !! Qui a dit que pour faire quelque chose, il fallait simplement avoir une bonne raison ?! »

Shi Kun se rassit jambes croisées et fronça les sourcils. En fin de compte, s’il ne pouvait pas créer son Dao, alors il était là pour rien. Mais comment sortir ? La pièce dans laquelle il se trouvait ne possédait ni porte ni fenêtre, pas le moindre escalier ni la plus petite sortie.

« Le patriarche viendra sans doute me chercher au bout de ces trois jours. » Shi Kun décida alors de patienter et de dormir lorsque le sommeil viendrait de lui-même. Il aurait bien passé le temps en buvant un peu d’alcool mais au moins il n’avait pas faim ; c’était déjà ça.

À défaut de nuages au-dessus de sa tête, Shi Kun se mit à admirer les gravures sur les murs tout autour de la pièce. Il en avait déjà fait le tour à plusieurs reprises sans trouver de solution à son énigme mais cette fois, il les observa dans le détail.

Dans la première pièce, il y avait une représentation d’un nombre incroyable de cultivateurs et de leurs Daos. Tous en possédaient un, gravé dans leur cœur. Tous avaient trouvé la raison pour laquelle ils devaient le créer. La raison pour laquelle les cieux et la terre devaient accepter leurs Daos.

« Suis-je désormais moi aussi gravé sur ce mur, un Dao dans mon cœur ? » Shi Kun tenta de s’imaginer sur ce mur et se mit à rire.

« Ha ha ha… »

La raison de son amusement était simple. Il ne désirait pas cultiver. Il voulait simplement créer son Dao et sortir de là pour vivre une belle vie, en sécurité dans la secte. S’imaginer accompagnant tous les autres cultivateurs avides de leur Dao l’amusait, en un certain sens.

« Ils font tant d’efforts pour créer un Dao à suivre lors de leur cultivation, et moi, ha ha… Moi, je le crée uniquement pour que le patriarche soit fier de moi et cesse de me harceler. »

Ses émotions envers le patriarche étaient vraiment mitigées. Il ne savait pas s’il devait réellement le considérer comme un bienfaiteur et créer ce Dao pour lui rendre cette faveur qu’était la confiance qu’il lui portant… ou s’il devait simplement le faire pour avoir la paix ensuite.

« J’aimerais bien que mon Dao soit banal. Ainsi, il me laissera tranquille. Y a-t-il seulement un moyen de choisir ? » Shi Kun se remémora ce que le patriarche lui avait dit. Lorsque Shi Kun avait annoncé ce qu’il aimait et ce qu’il voulait dans la vie, le patriarche s’était exclamé qu’il s’agissait là de son Dao ! Mais ce n’était pas la façon dont il souhaitait cultiver ! C’était simplement la façon dont il voulait vivre.

Le Dao était intrinsèquement lié à la cultivation. Pourquoi alors tout ça semblait-il étrange ? Quelque chose clochait dans cette histoire. Mais Shi Kun haussa les épaules et continua d’observer les représentations des cultivateurs ayant réussi à passer cette deuxième épreuve inconnue.

Leurs Daos n’étaient plus dans leurs cœurs, désormais. Ils flottaient au-dessus d’eux et tous tendaient les mains pour les attraper, l’avidité clairement lisible dans leur regard. C’était comme s’ils désiraient plus que tout attraper ce Dao qui ne voulait pas d’eux, ou qui ne leur appartenait pas encore.

Comme une voie qu’ils désiraient suivre de tout leur cœur mais qu’ils devaient se montrer digne d’arpenter.

Plus Shi Kun regardait ces cultivateurs, plus il remarquait que si d’un côté du mur, ils tentaient désespérément de se saisir de leur Dao, de l’autre, ils y parvenaient presque. Les Daos se faisaient plus chaleureux, plus compréhensifs, comme s’ils acceptaient eux-mêmes les cultivateurs qui les avaient créés et qu’ils les jugeaient dignes d’eux.

« Le Dao doit choisir si je suis digne de lui ? » Cette idée n’avait absolument aucun sens. Est-ce qu’un dessin, sur une feuille de papier, devait juger le dessinateur digne pour être dessiné ? Non. Une fois créé, il appartenait au passé de son créateur et il ne pouvait pas s’en détacher. Le Dao également devait fonctionner de la même façon ! Une fois créé, il faisait partie de l’existence même du cultivateur, il n’avait pas d’autre choix. Il ne pouvait pas simplement prétendre être une création autonome pouvant faire ce que bon lui semble ou choisir un autre cultivateur.

« Mon Dao. Il me représente, en effet. Je comprends ces représentations. Le cultivateur doit d’abord trouver une bonne raison de créer son Dao, mais il ne peut pas créer ce qu’il veut. Le patriarche avait raison… La voie que l’on choisit dans sa vie, celle qui nous correspond, est éternelle. Mon Dao est présent dans mon cœur parce que c’est la voie que j’ai choisie, quoi que quiconque en dise. Même si les cieux me le refusent, je vivrai ainsi malgré tout ! »

Shi Kun fit montre d’une rare détermination. Il venait de réaliser que sans ambition, on ne pouvait pas vivre selon ses désirs. Il y aurait toujours des épreuves dans la vie, le genre de chose à surmonter pour pouvoir vivre pleinement selon ses choix. Il s’agissait du sens même du Dao et de la cultivation : surmonter les épreuves afin de rester fidèle à ses principes et ses désirs ! Vie, cultivation, quelle différence ?

« La voie que j’ai choisie… Il s’agit de mon Dao. » Shi Kun en fut définitivement convaincu à ce moment. Il ne pouvait en être autrement.

Alors qu’il hochait la tête, illuminé par une nouvelle compréhension du Dao, une vive lumière jaillit à la surface de l’autel de pierre. La lumière se transforma rapidement en clé d’argent. Shi Kun sursauta légèrement, étonné malgré tout d’avoir passé l’épreuve. Il s’approcha et se saisit de la clé.

« La clé de l’Appartenance ? Alors après avoir trouvé la raison de créer son Dao, il fallait se l’approprier ? …Mon Dao. En effet. Je sens qu’il me représente, moi et personne d’autre. Vivre libre, sans contrainte, me reposer et boire comme je le veux. C’est ma vie. La mienne. Nul ne peut me le retirer. »

Shi Kun disparut comme la première fois et réapparut dans une troisième salle, un peu différentes des deux autres. Presque deux jours s’étaient écoulées depuis qu’il avait posé le pied dans la Pagode du Dao, même s’il l’ignorait car il n’avait aucun moyen de mesurer le temps qui passait.

La nouvelle salle dans laquelle il se trouvait possédait également un autel de pierre, et une porte, tout au fond de la pièce.

« Trois serrures ? » Shi Kun s’en approcha sans regarder autour de lui. Il aperçut une serrure de bronze, une serrure argentée et une serrure dorée.

« Trois clés ? » Il possédait une clé de bronze, la clé de la Raison, et une clé d’argent, la clé de l’Appartenance. Il les inséra toutes deux dans les serrures correspondant et les fit tourner. Elles pivotèrent dans un cliquetis métallique et disparurent comme par magie.

« Il reste une clé à trouver. Une clé dorée. Serait-ce la dernière épreuve ? »

Shi Kun se retourna vers les murs, qui lui avaient permis de comprendre le but de l’épreuve précédente. Il y avait là des cultivateurs comme précédemment, mais beaucoup moins cette fois. Tous étaient fiers et irradiaient de l’énergie du Dao de tout leur être. Une puissance telle qu’il sembla à Shi Kun qu’ils pouvaient imposer leur volonté au travers de ces murs.

« Quelle est l’épreuve, cette fois ? » Shi Kun ne voyait aucune différence entre les cultivateurs d’un côté et de l’autre de la pièce. Tous étaient fiers, tous exhibaient leur Dao comme s’ils désiraient que le monde entier soit témoin de leurs choix.

Il n’y avait pas de tapis par terre. Shi Kun supposa donc qu’il n’avait pas à dormir ou à déduire quoi que ce fut. Qu’allait-il se passer ? Devait-il simplement attendre qu’une chose se produise ?

Il se résolut à patienter et s’appuya contre l’autel de pierre, bras croisés.

Il ne lui fallut pas longtemps pour constater que la lumière faiblissait dans la salle. Ce n’était pas rapide mais il remarqua clairement que certains détails des représentations se trouvaient déjà dans la pénombre alors qu’il les voyait clairement quelques minutes plus tôt.

« La nuit tombe dans la salle ? » Shi Kun leva machinalement les yeux vers le plafond, qui ne lui répondit évidemment pas.

Bientôt, seuls restèrent visibles les auras des Daos émises par les cultivateurs sur les murs. Shi Kun ne pouvait plus voir sa main s’il tendait son bras.

« Mais qu’est-ce qu’il se passe, ici ? Ne me dis pas que j’ai échoué ? » Perplexe, il secoua la tête.

Raka
Les derniers articles par Raka (tout voir)
TheDAB : Chapitre 15
TheDAB : Chapitre 17 Bonus

Related Posts

15 thoughts on “TheDAB : Chapitre 16 Bonus

  1. Un grand merci a Antoine

    Je ferais bien aussi un don pour avoir la suite mais je suis trop pingre pour ça.

  2. Il a vrt du talent derrière son côté flâneur ! J’adore ce personnage il diffère complètement des héros classique, et les méthodes de cultivations liées au dao sont très novatrices !!! Tellement hâte de la suite !

    1. Il n’y est pas encore. Il faut que Nostra revienne pour programmer ça 🙂

      Antoine est passé par le don MWLU (série terminée) en laissant un commentaire lors du don, précisant que c’était pour TheDAB.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com