Chapitre 38
Arrivant de dernière minute !
« Méprisable ! Déplorable ! Lamentable ! » Guo An lança insulte sur insulte en direction de Shi Kun sans même se rendre compte qu’il se trouvait aux côtés du patriarche. À chaque mot, il avançait d’un pas, le regard perdu et légèrement fou, comme s’il allait finir par se jeter directement au cou de Shi Kun pour l’étrangler.
Il n’eut pas fait quatre pas que le patriarche l’arrêta d’un geste de la main, qui créa un souffle de vent capable de repousser Guo An en arrière.
« Que se passe-t-il ? Explique-toi, Guo An. » Le patriarche Destinée n’était pas agressif, pas plus qu’accusateur. Il désirait réellement connaître la raison du changement de comportement soudain de Guo An. Quelque chose lui disait que c’était lié à son problème de méridiens.
Celui-ci secoua la tête et serra les dents. Les yeux injectés de sang, il pointa à nouveau un doigt accusateur en direction de Shi Kun.
« Lui ! C’est lui ! C’est sa faute ! Mes méridiens sont bouchés, presque au-delà de toute récupération, parce que j’ai bu ce poison ! Ce poison qu’il transportait nonchalamment sur lui ! »
Le patriarche fronça les sourcils. Un poison ? Quand donc ces deux-là s’étaient-ils rencontrés ? Guo An n’était pas du genre à se promener au hasard dans la secte et Shi Kun n’était absolument pas le type de disciple à aller voir ce qu’il se passait du côté des zones de méditation.
« Qu’a donc fait ce disciple pour attiser ta colère ? Pourquoi dis-tu que tout est sa faute ? » Le patriarche resta posé, cherchant à maintenir sa neutralité en la matière.
« Patriarche ! J’ai bu ce que je pensais être de l’alcool, que ce disciple transportait à la vu de tous, tel un marchand ambulant ! » Il n’allait évidemment pas raconter qu’il avait volé cet alcool. Guo An jeta un coup d’œil furieux vers Shi Kun, de façon assez menaçante pour lui intimer de ne rien dire.
Regard que Shi Kun ne comprit naturellement pas.
« Eh ? L’alcool ? Il était destiné à ma consommation personnelle. Qui t’a demandé de me le voler ? »
Guo An eut envie de vomir du sang. Dans son état actuel, il était impuissant face à ce disciple qui n’avait honte de rien, il ne pouvait même pas lui donner la leçon qu’il méritait. Il se tourna vers le patriarche, choisissant d’ignorer Shi Kun pour ne pas craquer mentalement face à sa propre faiblesse.
« Patriarche ! Il est vrai que j’ai légèrement forcé la main à ce disciple. Mais il est venu de son propre chef dans la zone de méditation primaire. Il devait savoir que l’anarchie est de mise, là-bas. Si l’on n’est pas un prédateur, alors on est une proie. Vous ne pouvez pas me reprocher de lui avoir forcé la main ! »
Le patriarche hocha la tête, pensif. Guo An avait raison. Tant que les disciples ne se blessaient pas, alors tout était permis dans les zones de méditation. Il s’agissait d’endroits créés spécialement pour l’entraînement et l’évolution des disciples et il fallait être fort, tant mentalement que physiquement, pour ça. Si Shi Kun y était allé et avait subi une conséquence fâcheuse, il ne pouvait pas s’en plaindre.
« Mais qu’il se promène avec des bouteilles d’alcool empoisonnées… ! C’est pire que tout ! Il n’y a là rien d’honorable en tant que disciple, Patriarche ! Il savait que nous, les cinq génies de notre génération, allions participer à ce tournoi, alors il s’est débrouillé pour me trouver, moi ! Il savait que si c’était moi, je lui volerais son alcool ! Alors c’est pour ça qu’il n’a opposé aucune résistance, je comprends mieux maintenant ! Il savait… que j’allais partager son alcool avec mes amis. »
Le patriarche commença à saisit la situation. Loin d’être idiot, il avait déjà rejoué l’histoire complète dans sa tête. Il jeta un coup d’œil vers Guo An avant de poser longuement le regard sur Shi Kun, qui se contenta de bâiller de façon désintéressée.
Finalement, le patriarche parla.
« Disciple Guo An, je comprends ce par quoi tu viens de passer. Je conçois que c’est peut-être difficile à accepter, mais crois-moi, Shi Kun n’est pas assez… intéressé par toi pour te jouer ce genre de tour. Si tu veux tout savoir, parole de patriarche, il n’est même pas intéressé par ce tournoi, il ne s’y serait jamais inscrit s’il n’y avait pas été obligé. Alors que dire des cultivateurs ? Tout ça lui passe au-dessus de la tête. »
Shi Kun ne savait pas s’il devait prendre ça comme un compliment ou comme une insulte et décida de l’ignorer. De son côté, Guo An ne comptait cependant pas en rester là. Soigner ses méridiens allait lui prendre de longs mois, peut-être même plus que ça. Il ne pouvait pas simplement accepter d’avaler cette affront sans rien dire.
« Patriarche ! S’il se promenait avec des bouteilles emplies d’un si puissant poison capable de mettre un terme à l’avenir d’un cultivateur, alors il est dangereux ! Si ce n’était pas moi, ç’aurait été quelqu’un d’autre… » Guo An ne savait plus quoi dire d’autre pour convaincre le patriarche de punir ce Shi Kun. Il souhaitait plus que tout au monde que le patriarche le force à boire son propre poison afin qu’il comprenne !
Mais le patriarche soupira.
« Guo An. Le tournoi est lancé, nous ne pouvons pas revenir en arrière. La formation spéciale qui contient cette arène a verrouillé vos bases de cultivation et ne les libèrera que lorsque le tournoi sera terminé. Jusqu’alors, nous ne pouvons rien faire. Lorsque tout sera terminé, nous déciderons tous ensemble de la meilleure chose à faire. »
Il disait vrai. La formation spéciale qui entourait l’arène avait reçu les informations des disciples participant au tournoi et si l’un d’eux quittait la zone sans avoir participé à tous ses combats, alors sa base de cultivation serait verrouillée jusqu’au tournoi suivant, l’année suivante. La formation avait été créée de nombreuses générations auparavant et même le patriarche Destinée ignorait comment la détruire sans abîmer la base de cultivation des disciples qu’elle avait verrouillés.
Guo An le savait, naturellement. Il connaissait ce genre de principe dans la secte. Il ne chercha donc pas à contredire le patriarche ; mais lorsque les combats seraient terminés… Il ne lâcherait plus l’affaire. Ce Shi Kun allait définitivement payer pour son coup mesquin et peu glorieux.
L’ancien Tang Wuhan s’avança à nouveau et appela les deux combattants suivants.
« Tan Qigang et Li Hao ! Avancez-vous et combattez ! »
Tan Qigang était lui aussi l’un des cinq génies de sa génération. Il s’éloigna de la cultivatrice avec laquelle il discutait toujours – probablement la déesse Wu Zexian – et monta sur le ring, le visage livide et l’expression peu assurée. De l’autre côté, un illustre inconnu au 2ème niveau de la maîtrise du qi fit de même.
« Hah ! Et dire que je risque de perdre contre… ça ! » Tan Qigang eut envie de pleurer des larmes de sang. Lui aussi avait bu l’alcool que Guo An avait partagé avec ses amis les quatre autres génies. Tous avaient passé une excellent soirée avant de se séparer pour les deux semaines qui restaient avant le tournoi. S’il avait su, Tan Qigang aurait contacté les autres depuis longtemps pour leur expliquer qu’il se trouvait dans le même cas qu’eux. Mais comme eux, il s’imaginait être le seul atteint d’un mal étrange et n’osa pas se rabaisser face à eux, de peur d’être regardé de haut.
Désormais, plus rien n’avait de sens. Les cinq génies étaient handicapés lourdement, et ce disciple Li Hao que personne ne connaissait avait toutes les chances de vaincre Tan Qigang en levant à peine le petit doigt.
Le combat ne fut d’ailleurs pas surprenant. Se reposant sur sa force brute uniquement, Tan Qigang tomba rapidement face à une technique de poison de Li Hao, qui le paralysa totalement. Juste avant de tomber, inerte et gémissant de douleur, il put tout de même jurer face aux cieux.
« Nooon ! Encore du poison ! »
Le patriarche secoua la tête, désespéré. Décidément, le tournoi de cette année-là n’était pas à la hauteur de sa réputation. Il ne pouvait cependant plus rien y faire. Li Hao quitta l’arène, fier de lui et sous les regards haineux des génies impuissants.
L’ancien s’avança à nouveau, fidèle à lui-même.
« Disciples Cheng Lei et Wu Zexian. Avancez et combattez ! »
Deux génies. L’une était évidemment celle faisant partie du groupe précédent, l’autre était resté dans la foule, en retrait. Était-il timide ? Vu son visage en revanche, il était aussi mal à l’aise que les autres. Il avait forcément bu avec eux.
Leur combat fut triste et monotone. Quelques échanges de coups de poings, et Cheng Lei abandonna, dépité. La défaite prématurée était moins honteuse que des combats de ce genre. Il quitta le ring sous les hue et les bouh des autres disciples, qui voulaient voir de grands combats.
« Mon tour… Maintenant, ça va être mon tour. Je vais affronter cet autre disciple inconnu. » Shi Kun n’attendait pas du tout ce moment avec anticipation. Mais il savait qu’il y était obligé et s’avança avant même que l’ancien ne l’appelle. Les génies empoisonnés aux impuretés le regardaient de travers, du mieux qu’ils pouvaient.
« Disciples Shi Kun et Fu Tao ! Avancez et combattez ! »
Shi Kun prit une profonde inspiration et s’avança vers le centre du ring. Mais quelque chose clochait, sans qu’il parvienne à mettre le doigt dessus.
« Où est mon adversaire ? Hmm… Fu Tao. Où ai-je déjà entendu ce nom, d’ailleurs ? Il me semble familier. »
L’ancien Tang Wuhan appela une nouvelle fois Fu Tao, mais une nouvelle fois, Fu Tao ne se présenta pas.
« Ce disciple est inscrit depuis longtemps maintenant. Aurait-il oublié ? Quelle honte… » l’ancien secoua la tête et déclara que Fu Tao avait encore le temps qu’il fallait à un bâton d’encens pour brûler, après quoi il serait éliminé et puni par les règles de la secte pour avoir manqué un tournoi auquel il était inscrit, à moins de pouvoir fournir une excellente raison à son absence.
Shi Kun bâilla vingt-huit fois pendant ce temps.
« Disciple Shi Kun, que faites-vous ? » Tang Wuhan fronça les sourcils, le regard étonné. Shi Kun venait de s’allonger sur le sol, les mains derrière la tête.
« Eh ? C’est fatigant de rester debout à attendre quelqu’un qui ne vient pas. Vous devriez essayer de vous allonger, vous aussi. Se reposer est très bon pour la peau, vous savez. »
Il se redressa légèrement afin de rassembler ses mains devant lui pour saluer l’ancien de façon protocolaire. On n’allait pas dire de lui qu’il manquait de respect envers ses supérieurs, ça non.
« Toi… ! Debout ! »
« Eh… » Shi Kun ne comprit pas pour quelle raison l’ancien s’emportait mais finit par obéir. Après tout, il n’était que disciple et l’ancien était un ancien. Il existait déjà un ancien qui le détestait et sans doute tout un groupe d’autres anciens qui ne devaient pas le porter dans leur cœur, alors il ne pouvait pas prendre le risque d’en offenser d’autres à chaque fois qu’il les rencontrait.
Le patriarche, qui connaissait Shi Kun, son caractère et son respect des choses malgré sa paresse légendaire, se surprit à sourire légèrement. Pour une fois qu’il n’était pas celui qui avait affaire au comportement de Shi Kun, il en profitait un peu.
« Il ne reste plus que l’espace de trente souffles… » L’ancien s’apprêtait à déclarer Shi Kun vainqueur en éliminant ce Fu Tao qui ne s’était pas présenté. Après tout, le tournoi devait continuer.
Il entama un compte à rebours, machinal et froid.
« 8… 7… »
« 4… 3… 2… »
« STOP ! » Une voix éclata telle un coup de tonnerre, utilisant tout ce qu’une base de cultivation du 2ème niveau de la maîtrise du qi pouvait offrir. L’ancien se tut et tourna la tête pour découvrir la personne qui venait de l’interrompre ainsi.
Un jeune garçon arrivait en courant, haletant, soufflant et transpirant. La peau sur les os, le visage émacié et les cheveux totalement désordonnés, recouvert jusqu’à la taille de quelques traces d’une étrange substance noire séchée, il s’arrêta à l’intérieur de la formation du tournoi et posa ses mains sur ses cuisses en haletant encore plus qu’avant. Ses vêtements étaient en lambeaux, comme s’ils avaient été déchirés en plusieurs endroits et sa peau était recouverte d’une espèce de mousse verte, laissant supposer qu’il aurait passé trop de temps enfermé dans une grotte humide sans pouvoir bouger.
« Haaa… Haaa… Je… Je suis là… »
Soudain, il se releva et son regard, à la fois glacial et brûlant du feu de l’enfer, trouva Shi Kun. Il serra les dents et son visage maigre comme un champignon, ridé comme un arbre et livide comme celui d’un spectre se crispa.
« SHI KUN !!! »
« Eh ? » Shi Kun se pointa du doigt, comme pour dire qu’il était effectivement là.
« Un mois, hein ?! UN MOIS !!! Qui a dit que j’allais sortir après un mois !! Tu… Tu m’as oublié !! Peu importe le reste, je vais te donner ici la leçon de ta vie et retourner dans les égouts te jeter dans ce puits avant de t’y laisser pourrir pendant trente ans !! »
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Merci pour le chapitre ! Toujours aussi drôle mdr
Merci pour le chapitre
Comment dire oups j ai oublié qqc lol
Quelle chute mais quelle chute xD
Merci pour le chapitre !
Non mais là, on est d’accord : il a une poisse tellement grande qu’à chaque tentative pour espérer avoir la paix, il se trouve dans une merde noire. Il va mourir avant d’atteindre ses 20 ans si ça continue :p.
Bref, merci pour ce chapitre plutôt drôle XD !!!
Merci pour le chapitre
Merci pour ce chapitre
Merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre
merci pour le chapitre c’est toujours un régal 🙂
Du sang du sang !!! XD
ce qui est beau c’est qu’il parle comme ci, dans le cas ou Shi kun ne l’aurait pas oublier dans les égouts ca n’aurait pas posé de problème au final qu’il est été jeté dedans 😀
Y vont peut être devenir ami ? 😮
Tu veux du sang ? Je pense que tu vas avoir encore mieux… :,)
Merci pour le chapitre !