TheDAB : Chapitre 53
TheDAB : Chapitre 55

Chapitre 54

 

« Tu es enfin dans ton état normal ? Où sommes-nous ? Que comptais-tu faire ? Et quelle était cette épr… Non, avant tout, sors-nous de là ! » Shi Kun put enfin lâcher toutes ces questions qui lui brûlaient les lèvres depuis plus de deux jours. Ne sachant pas par où commencer, il se contenta de tout déblatérer d’une traite. Le doyen répondrait bien assez rapidement.

« Quoi ? » Mais ce dernier fronça les sourcils. « C’est toi qui nous a amené ici ! Rien de tout ceci n’était prévu ! Je devais simplement ouvrir la porte de l’épreuve de l’élu ! Pourquoi a-t-il fallu que tu m’interrompes ? »

Shi Kun croisa les bras et fit une grimace, perplexe. Au bout de quelques instants, il reprit la parole en voyant que le doyen regardait déjà autour de lui, cherchant probablement un moyen de sortir de ce monde coloré.

« Je n’ai rien fait. Tu oses essayer de mettre sur le dos d’un grand élu une faute qu’il n’a pas commise ? Crois-tu que cela va se passer ainsi ? » Shi Kun n’aimait pas être accusé à tort. Même s’il supportait la plupart des injustices qui pouvaient lui arriver, ils n’étaient ici que deux et il se savait innocent. Le doyen était alors forcément coupable et il osait pourtant faire comme si ce n’était pas le cas. Cela mettait Shi Kun en rogne. Non seulement il accusait un innocent d’une faute qu’il avait lui-même commise mais il le faisait en sachant que cet innocent savait qui était le vrai fautif.

Cela dit, la colère ne dure qu’un temps. Un temps très court, finalement : se mettre en colère est fatigant et Shi Kun avait d’autres chats à fouetter, d’autres guerres à mener, d’autres siestes à pratiquer.

« Bon. Peu importe. Comment sort-on d’ici ? » Shi Kun finit par se dire que la diplomatie fonctionnerait peut-être mieux que les menaces. Et puis, après avoir rappelé au doyen qui était le grand élu chouchou de la Paresse qui les avait tant impressionnés, il en tira la conclusion évidente que montrer de la mansuétude était affirmativement la meilleure chose à faire. Se comporter en grand seigneur, oui ; ainsi, le doyen lui en serait reconnaissant et corrigerait peut-être son erreur tout seul.

Mais ce dernier continuait à observer les environs sans prêter attention à Shi Kun. Aussi, celui-ci posa une question de plus, qu’il trouvait plus censée. Une chose à la fois, après tout.

« Quelle est cette épreuve que je dois passer ? J’ai déjà entendu parler de ce genre de monde, de royaume miniature. Crois-le ou non, j’en ai même déjà visité un. Je sais qu’il existe trois façons de sortir de ces mondes. En ouvrant une porte ; en se faisant jeter dehors par le monde lui-même ; en terminant une épreuve. Je suppose donc que nous nous trouvons dans le troisième cas, puisqu’il était question d’une épreuve. Alors, quelle est-elle ? Je vais faire un effort et nous sortirons d’ici. »

Le doyen se retourna alors et lui adressa un sourire amer.

« L’épreuve ? Ha ha… Si seulement. Nous ne sommes mêmes pas là où nous devons être pour que tu puisses passer l’épreuve de l’élu. Je… Je ne sais pas où nous sommes. Comment pourrais-je te faire passer une quelconque épreuve ? »

Shi Kun fit une nouvelle grimace en entendant l’explication du doyen.

« Et tu sais comment sortir ? »

« Pas du tout. » le doyen secoua la tête d’un air navré.

« Mais alors… Qu’allons-nous faire ? Je ne suis qu’un cultivateur qui n’a pas encore atteint le troisième niveau de la maîtrise du qi. Tu es celui qui vas devoir nous sortir de cet endroit ! » Shi Kun se mit à s’inquiéter en entendant que même un puissant cultivateur au stade des Fondations avouait être totalement dépassé par la situation. S’il ne pouvait rien faire pour eux, alors qu’allaient-ils pouvoir faire ?

Après tout, Shi Kun n’avait rien fait de mal et voilà qu’il se retrouvait enfermé dans un monde inconnu dans lequel il ne parvenait même pas à entrer en contact avec la Paresse. Oui, elle aurait sans doute pu l’aider s’il avait pu le faire…

« Ne t’en fais pas. Nous allons visiter les lieux et nous découvrirons le fin mot de cette histoire. Nous sortirons d’ici. » Le doyen secoua encore une fois la tête en souriant un peu amèrement, de façon résignée. Il savait qu’il n’allait pas avoir le choix.

Il avait réellement emmené ce gamin capable d’invoquer un grand ancien dans un endroit inconnu et potentiellement dangereux. Il était de sa responsabilité d’assurer sa sécurité. Il ne pouvait pas permettre qu’il arrive quoi que ce fut à Shi Kun : malgré sa puissance si faible, il était capable d’une chose si insensée et le doyen ne nourrissait qu’un désir ardent de le rendre plus fort afin de lui permettre d’invoquer l’Orgueil.

L’épreuve, en réalité, devait servir à ça. Évaluer à quel point Shi Kun allait avoir besoin de progresser afin de pouvoir invoquer un grand ancien en plus de celui qu’il possédait déjà. Elle devait se dérouler dans un royaume miniature dont le doyen était après toute une journée de travail en train d’ouvrir la porte. Malheureusement et sans le savoir, ce gamin avait interféré avec la dernière phase critique et les coordonnées astrales furent perdues dans le néant, laissant la place à l’entrée d’un monde totalement aléatoire.

« Quand j’y repense… N’avais-je pas réussi à ouvrir un royaume miniature parfait ? Je… Je n’avais jamais réussi. » Le doyen se mordit la langue pour ne pas crier. En repensant à ce qu’il avait fait, il se rendit compte qu’il était parvenu, pour la première fois depuis les dizaines d’années durant lesquelles il avait tenté, à ouvrir une porte parfaite. Une porte qu’il aurait pu ne jamais refermer s’il l’avait désiré. C’était un accomplissement aussi haut que le ciel et aussi lointain que les océans ; tout ceci était désormais perdu.

Le doyen jeta un coup d’œil vers Shi Kun qui sentit une envie de tuer poindre derrière lui. Il se retourna d’un bond par réflexe et aperçut son coéquipier de fortune le regarder en fronçant les sourcils.

« Eh ? Que se passe-t-il ? » Shi Kun recula d’un pas par instinct face à un cultivateur au stade des Fondations. « Tu… »

Mais le doyen se calma en se souvenant que Shi Kun était la clé de l’invocation d’un grand ancien. Après tout, il n’avait gâché qu’une porte parfaite. C’était une chose extrêmement rare mais pas de quoi risquer ou retarder l’arrivée de l’Orgueil.

« Ce n’est rien. » Le doyen tapota sa sacoche spirituelle et une épée magique en sortit. Petite, bleue et verte et recouverte de picots le long de la lame, elle semblait d’une puissance incommensurable aux yeux de Shi Kun, qui l’observa pendant quelques souffles.

« Hm… Non, elle n’est pas aussi splendide que celle avec laquelle je me suis défendu contre ces oiseaux… Elle m’a l’air bien plus faible. » Tout compte fait, l’impression que cette arme laissa à Shi Kun passa rapidement lorsqu’il se rappela l’épée qu’il avait lui-même eue entre les mains dans le nid.

 « Cette épée est appelée Déchire-Plan. Un nom bien présomptueux, je te l’accorde. Mais sa puissance n’est pas à prendre à la légère. » Le doyen remarqua que Shi Kun observait son arme avec attention et s’en sentit fier. « Maniée par une main experte, elle permet de trancher la réalité. Je… Je suis le plus puissant de nous deux, alors je suis persuadé qu’elle me permettra de sortir d’ici. »

Le doyen leva l’arme vers le ciel et tout en y injectant autant de qi qu’il le pouvait, la fit luire d’une aura majestueuse et acérée, verte comme les champs et bleue comme le ciel.

Soudain, il fronça les sourcils et hurla.

« Haaaaaaaa ! » Le doyen abattit l’épée de toute sa puissance. Une onde de choc balaya les herbes violettes, les arbres irisés et les buissons oranges, pliant même les troncs des arbres les plus jeunes. Shi Kun tomba à la renverse et roula sur plusieurs mètres avant de s’arrêter, la main sur la tête.

Il leva les yeux pour se rendre compte que le doyen avait frappé de toutes ses forces et avait créé une fissure de plus de deux kilomètres de long et cent mètres de large, juste devant lui. En plein milieu, un craquement brillant et scintillant était en train de se refermer comme une blessure qui guérirait toute seule.

« Non ! » Le doyen essaya de se jeter en avant pour atteindre la petite fissure qu’il avait réussi à créer dans l’espace mais celle-ci se referma à la vitesse de l’éclair. Déjà, le monde n’était à nouveau plus que calme, couleurs et cette blessure cicatricielle immense qui entaillait le paysage.

Le doyen tomba à genoux, totalement essoufflé.

« Je… Je ne suis pas assez puissant pour manier cette arme… Je n’arrive pas à en exploiter tout le potentiel. » Il tapota sa sacoche spirituelle et l’épée se changea en un rayon de lumière qui vola immédiatement à l’intérieur.

Shi Kun s’approcha de lui.

« C’était quoi, cette épée ? » Pour tout dire, il avait été réellement impressionné par ce qu’une seule attaque, un seul coup de cette lame pouvait provoquer comme dégâts. Il ne convoitait absolument pas cette puissance mais il ne pouvait malgré tout pas s’empêcher d’en rester ébahi.

Le doyen se releva, épuisé, transpirant et haletant.

« L’un de nos fidèles est le fils d’une grande et riche famille. Lorsqu’il est arrivé parmi nous et qu’il a décidé de rester après avoir été témoin de la grandeur du grand ancien et avoir entendu ses mots, il nous a fait don de ce trésor de sa famille. Naturellement, il a insisté pour que je sois celui qui le garde. »

Shi Kun se gratta la tête.

« Un trésor ? Pourtant, il me semble dégager une énergie tellement moins impressionnante que d’autres objets que j’ai déjà eus entre les mains. » Shi Kun haussa les épaules. « Après tout, ce n’est sans doute qu’une fausse idée. Je suis si faible. Je ne peux pas estimer avec précision la puissance des objets magiques. »

Shi Kun laissa tombe cette histoire et se tourna vers l’immense et long cratère qu’avait laissé le doyen.

« Et ça n’a pas fonctionné ? »

« Non. » Le doyen secoua fermement la tête en serrant les dents. « J’ai réussi à ébrécher la réalité, et nous aurions pour sortir d’ici si cette petite fissure était restée ouverte. Je ne sais pas où nous serions arrivés, mais en répétant cette action encore et encore, nous aurions fini par trouver un royaume miniature duquel nous aurions pu sortir avec facilité. »

« Je vois. » Shi Kun comprenait où voulait en venir son interlocuteur. « Et tu n’es pas assez puissant pour utiliser cet objet… Peut-être est-ce simplement l’épée qui n’est pas assez puissante. »

Le doyen se mit à rire amèrement.

« Ha ha… Un objet plus puissant que celui-ci ? Tu n’en verras sans doute pas passer énormément. Même moi, un cultivateur des Fondations, n’ai vu d’objets magiques plus puissants que cette arme qu’un nombre limité de fois. Mais en effet, peut-être qu’avec un objet aux mêmes propriétés mais d’une puissance supérieure… Après avoir recouvré mes forces, je pourrais peut-être parvenir à un résultat plus probant. »

Shi Kun se frotta le menton en fronçant les sourcils. Décidément, tout ça commençait à vraiment l’épuiser. Il soupesa l’idée de faire une sieste avant toute chose mais finit par décider qu’il avait djéà beaucoup dormi et que le doyen n’allait sans doute pas l’attendre. Et s’il voulait sortir de là, il était persuadé qu’il devait compter sur son aide.

Shi Kun tapota sa sacoche spirituelle et y envoya ses sens spirituels afin de la fouiller pendant quelques temps. Après tout, le patriarche Destinée avait laissé des objets que Shi Kun pouvait utiliser en cas de force majeure. Peut-être y avait-il parmi eux un trésor utile. Après tout, le patriarche était un cultivateur tout-puissant au stade avancé de la Naissance de l’Âme et avait dépassé le stade de l’Établissement des Fondations longtemps dans le passé. Il devait posséder des objets magiques d’une puissance inégalée.

Mais la sacoche était vraiment gigantesque et Shi Kun ne savait pas combien de temps il lui faudrait pour tout fouiller. À son niveau, des années sans aucun doute.

« Et dire qu’il en a verrouillé la plus grande partie. Si je dois mettre des années à fouiller le petit morceau de sacoche qu’il m’a laissé, à quel point est-elle immense ?! »

Shi Kun décida qu’il pouvait bien passer quelques heures à chercher. Après tout, ne disait-on pas que dans de nombreuses situations, le talent passait aussi par la chance ? Il fallait une bonne fortune de temps à autre pour survivre et avancer dans le monde des cultivateurs.

Et la bonne fortune, Shi Kun savait qu’il n’avait guère d’autre choix que de compter dessus.

Au bout de quelques instants, le monde se mit à trembler.

« Qu… Que se passe-t-il ? » Shi Kun ouvrit les yeux et observa le monde autour de lui. Tout vibrait, comme si un tremblement de terre était en train de secouer la zone. « Un tremblement de terre dans un royaume miniature ? Je… Je n’aime pas ça ! »

Le doyen leva les yeux au ciel, sourcils froncés. Lui non plus ne prévoyait rien de bon et se préparait déjà à se jeter sur Shi Kun pour l’emmener au loin si un quelconque danger se présentait.

Et pour tout danger, il se mit à pleuvoir au-dessus du cratère laissé par l’attaque du doyen.

Mais une pluie étrange et extrêmement localisée. Des trombes de pluie rouge et orange, violette et bleue, comme autant de seaux déversés en une seule fois en un endroit unique.

Il fallut à peine dix souffles pour que le séisme cesse. Déjà, la pluie s’était arrêtée, elle également. Là où le doyen avait refaçonné la nature se trouvait désormais une forêt à nouveau luxuriante et colorée, comme si tout ça n’avait jamais eu lieu.

« Hein ? » Le doyen ouvrit des yeux aussi grands que des soucoupes et ne trouva pas ses mots.

Shi Kun, quant à lui, haussa les épaules. « Ce n’était rien, finalement. »

Raka
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