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Chapitre 205 : Récupération 1/3

 

– Où est-il ? demanda le professeur Toppler, à peine son masque à gaz ôté.

– Il… il est en salle de réanimation, lui répondit le Capitaine Léon, l’air morose.

Car lui était déjà au courant de la terrible nouvelle… Il n’osa pourtant rien lui dire tandis qu’il se dirigeait vers le service où se trouvait Kim Kangjul.

– Professeur… fit celui-ci d’une voix faible.

– Où se trouve le code terrien ? en vint-il directement au fait.

– J’ai échoué…

– Hmm… alors tout est perdu. Il ne servira à rien de réveiller Kang Woojin. Sans point de référence, la Terre est perdue, même s’il a les codes de suppression et de récupération, lui lâcha le professeur d’un air à mi-chemin entre la peine et la haine.

– Alors, il suffit de ne pas le réinitialiser… répondit Kim Kangjul, en s’efforçant de se redresser.

– Imbécile…

– Vous n’avez qu’à sauver les autres, comme vous m’avez…

– Ça ne fonctionne pas comme ça, le coupa-t-il sèchement.

Et même si tel avait été le cas, à quoi bon ? Le problème de la Terre restait le même. Ses ressources étaient épuisées et la vie ne pouvait en aucun cas y reprendre. Les survivants se détruiraient à un rythme bien plus certain qu’ils ne l’avaient déjà fait par le passé. D’ailleurs, même dans le monde virtuel, ils se détruisaient. Telle était la nature humaine… Toutefois, Kim Kangjul ne semblait pas comprendre.

– Vous allez bientôt être transféré au centre de rééducation, on vous expliquera tout, intervint alors Toppler.

Aurait-il dû suivre les recommandations du Conseil ? Ou mieux se préparer, tout simplement ? Quelle qu’en fut la cause exacte, le professeur Toppler devait désormais assumer la responsabilité de la fin du monde. Tout lui avait échappé…

– Bien, se reprit-il. Écoutez-moi attentivement, Kim Kangjul.

– Mon attention vous est entièrement accordée, professeur, répondit Kim Kangjul, avare de ses paroles.

– Pour connecter un être humain au monde virtuel, on utilise un avatar. C’est un personnage qu’il contrôle, une espèce de prolongement de lui-même au sein de la simulation Trah.net. C’est ça, se connecter… lui expliqua-t-il.

– Je le sais. J’ai toujours vu le système comme une espèce de jeu vidéo. Donc, j’ai été déconnecté.

–  Précisément. Or… Que se passerait-il si on connectait le monde virtuel au monde réel ?

– J’ai peur de ne pas bien saisir, professeur…

– Si on déconnectait le monde virtuel ? Si on pouvait faire apparaître ce monde virtuel dans le nôtre ?

– Ce n’est qu’une simulation. Vous allez bien, professeur Toppler ? s’étonna Kim Kangjul.

– Procédons autrement. Nous pouvons nous connecter à leur réalité, ou à ce qu’ils croient être la réalité. Imaginez s’ils pouvaient se connecter à notre réalité… continua Toppler.

Une telle situation lui paraissait totalement surréaliste. Seul un dieu avait le pouvoir de créer à partir du vide…

– Même si c’était envisageable, il nous faudrait des quantités d’énergie bien plus importantes que ce dont nous disposons, intervint soudainement le Capitaine Léon.

– Nos équipes y travaillent pourtant. Nous essayons de ramener la Terre virtuelle au sein de notre système solaire, revint à la charge le professeur.

– Et qu’adviendra-t-il de cette Terre ? demanda Kim Kangjul.

– Elle restera en l’état. Cette planète est tout juste bonne à nous servir d’arche en attendant des jours meilleurs. Si nous devons biosphériser une planète, ce sera Mars, expliqua Toppler.

– Vous avez perdu la boule, Toppler ?! Vos propos n’ont absolument aucun sens, explosa le Capitaine. Terraformer Mars ne sera pas fait avant plusieurs années, il faut réinitialiser le système. Et puis, à quoi est-ce que ça nous servirait, de ramener la Terre virtuelle ? Dois-je vous rappeler qu’elle est sur le point d’être détruite ?

– Non. Mais je pense à autre chose.

Cette dernière confession arracha un soupir blasé au Capitaine, qui sortit rapidement, notamment afin de prendre des nouvelles des avancées organisationnelles. En tout état de cause, Kim Kangjul comprit enfin toute l’importance de la réinitialisation. Du même temps, il réalisa enfin pourquoi sa vie n’avait été qu’une succession de répétitions, comme dans une boucle temporelle…

En effet, le peu d’explications lui ayant jamais été fournies jusqu’à présent n’avaient été données que dans le but de lui faire redoubler d’efforts. Des efforts, il en avait fait quantité afin de découvrir enfin le monde réel… qui n’était au final qu’un champ de ruines. Ce n’était pas de la déception qu’il ressentait, c’était pire encore. On avait tué une partie de lui-même.

– Si les 72 maîtres de trônes parviennent à conquérir les mondes du système Trah.net, nous ne pourrons plus nous connecter à lui. Notre dernier espoir est donc de rendre viable Mars, mais… tout risque de se terminer avant que nous n’y parvenions, continua le professeur Toppler, révélant le fond de sa pensée à haute voix.

– Ne sont-ils pas humains, ces 72 seigneurs dimensionnels ? s’étonna Kim Kangjul.

Si eux aussi n’étaient que des dormeurs, quel intérêt avaient-ils à chercher à détruire la simulation ? Il avait peine à comprendre les ressorts de cette histoire…

– Professeur, lança un homme en entrant dans la salle, le Capitaine m’envoie vous signaler que tout est prêt.

– Bien, alors faites-lui savoir que je serai là d’ici quelques instants, lui répondit-il. Puis, se tournant vers Kim Kangjul, lui annonça : Il est possible que Trah.net n’ait pas été créé par des humains, pour autant qu’on le sache.

Car il était une possibilité dont personne, pas même au sein du Conseil, n’osait parler : celle que ce combat n’oppose pas des êtres humains entre eux, mais d’autres races, venues d’autres planètes, d’autres systèmes solaires. C’était en cherchant un moyen de voyager instantanément de Mars à la Terre que l’humanité avait découvert Trah.net, mais rien ne disait qu’elle l’avait inventé. La vérité était morte en même temps que ces silencieux gardiens, il y avait de cela des siècles…

– Reposez-vous, je repasserai plus tard.

Après un tel échec, le professeur Toppler connaissait toute l’importance de trouver un nouveau candidat apte d’exécuter ses ordres. Restait à espérer qu’il serait réceptif aux messages du « monde lunaire »…

 


 

– Le système de neutralisation a été activé, Capitaine ! lança un soldat.

– Bien, alors on y retourne ! répondit le Capitaine.

De retour dans les tunnels, ils arrivèrent rapidement à proximité de la capsule de survie contenant le corps de Kang Woojin. Cette fois équipés d’une énorme scie circulaire, ils avaient bon espoir de parvenir à bout de cette satanée protection… Toutefois, elle ne leur fut d’aucune utilité.

– Nom de…

– Votre langage, soldat. Qu’est-ce qu’il se… commença le Capitaine avant de s’interrompre.

– Kang Woojin… ? reprit le soldat.

– Putain ! Mais où est-ce qu’il est passé ?! s’emporta d’un seul coup leur chef.

– Votre langage, Capitaine…

La capsule était ouverte et le corps de Kang Woojin avait disparu. Jamais auparavant telle situation ne s’était présentée. Il ne pouvait tout de même pas s’être réveillé tout seul… ?

– Bon ! Ratissez-moi la zone au peigne fin, il ne doit pas être bien loin, lança le Capitaine en s’efforçant de ne rien laisser transparaître.

 


 

Le professeur Toppler repoussa la porte dégondée et jeta un rapide coup d’œil autour de lui. Il semblait y avoir eu un combat…

Bon, c’est pas le moment de te laisser débiner, mon vieux. Il faut trouver ce code ! se dit-il afin de se donner du courage.

Mais à peine eut-il mis le nez dehors que les membres de l’unité d’élite, l’escouade spectrale, le fusillèrent du regard.

– Qui êtes-vous ?! leur lança l’un d’eux.

À la vérité, il aurait préféré qu’on le menace avec un fusil… Sans même attendre sa réponse, deux d’entre eux le saisirent sous les bras et le balancèrent dans une salle sans fenêtres. Il fut attaché solidement, et un éveillé lui lança en plus un sort d’entrave. C’était comme si tout son corps venait d’être vidé de ses forces…

– On a une idée de qui c’est, ce vieux ?

– Non, sa tronche ne me dit rien. Va demander au second, il saura peut-être.

– Bien…

Blanka fut ainsi convié à venir voir leur prise, et quelle ne fut pas sa surprise de le découvrir !

– Professeur Toppler… Que faites-vous ici ? l’interrogea l’éveillé indien, l’air circonspect et méfiant.

L’intéressé tenta de remuer les lèvres, sans pour autant y parvenir. À l’évidence, le sort qu’on lui avait lancé était bien plus puissant que ce qu’il s’était représenté. La démonstration de force effectuée, Blanka fit signe à l’un des éveillés de lever le sort d’entrave.

– Je… Merci. Je viens pour sauver la Terre, répondit péniblement Toppler.

– En essayant de vous cacher ? Vous admettrez que c’est pour le moins suspect, lui répliqua Blanka, pas franchement décidé à lui laisser le bénéfice du doute.

– Je ne me cache pas. Je venais pour…

– Peu importe. Rien ne sera fait tant que le Roi ne sera pas de retour, et vous ne bougerez pas.

– Kang Woojin ? Où se trouve-t-il ?

– Dans votre monde, rétorqua-t-il froidement.

Sans doute était-il plus sage en effet de le garder enfermé, étant donné sa fâcheuse tendance à disparaître… Sans compter que Blanka ne connaissait rien de ses projets.

– Gardez-le sous surveillance, et surtout, sortez-le de cellule. Mettez-le bien en évidence, à la vue de tous, ordonna Blanka.

– Vous ne pouvez pas faire ça ! Nous devons sauver la Terre, le temps nous manque déjà grandement ! tenta de s’opposer Toppler.

– Nous la protégeons déjà, répondit l’un des membres de l’unité spectrale, peu avant de lui relancer le sort d’entrave.

Hagard mais néanmoins conscient, le professeur assista, impuissant, à l’événement qu’il était venu tenter d’empêcher. Un point dans le ciel, une présence… c’était lui. Cet être abject qui avait pour but d’asseoir son pouvoir sur le monde entier.

 


 

– Grmpf ! Il est plus puissant que je l’imaginais, il absorbe tout ce que je lui balance… avoua Hong Sunggoo.

– Comment ça, il absorbe tout ? grommela Jaenis. Non, je crois plutôt que si la puissance d’attaque ne dépasse pas un certain point, elle ne lui fait rien.

– Vous pensez pouvoir le vaincre ? lança Jung Minchan.

– Je doute d’avoir la puissance nécessaire pour y parvenir… lâcha Sunggoo.

– Peu importe, on continue. On va bien finir par trouver un moyen ! cria Che Haesol, afin de remotiver les troupes.

– Nous devons suivre la volonté de notre Roi. Il faut protéger Sooah, s’opposa aussitôt Jaenis.

– Je suis du même avis que vous, archimage. Nous devons préserver nos forces, abonda en son sens Minchan.

Cependant, aussitôt, plusieurs voix s’indignèrent de cette décision. Il appartenait donc à Jung Minchan de trancher…

– Bien, inutile de nous sauter à la gorge. Procédons à un vote.

– C’est stupide ! Nous n’avons pas le temps pour ces inepties ! explosa Jaenis.

Hélas, il fut bien vite forcé de se ranger du côté de ce premier choix. Le suivant consistait à décider s’il valait mieux fuir, comme Jaenis, Vivie, Minchan et quelques autres le souhaitaient. En vérité, seuls Hong Sunggoo et Che Haesol étaient d’avis de continuer à combattre.

– Nous suivrons donc le souhait de notre maître, se satisfit Vivie.

Ce n’était pas par crainte qu’ils souhaitaient fuir, mais parce qu’ils savaient parfaitement que tôt ou tard, la sécurité de Sooah finirait par être mise à mal. Pourtant…

– Quel ramassis de conneries ! lança une voix aussi puissante que la foudre.

L’intégralité des chevaliers noirs, Kiba à leur tête, levèrent la main afin de signifier leur volonté de combattre. Ryong en fit étrangement autant.

– Nous combattrons, trancha Kiba.

– Tu oses t’opposer à la volonté de ton Roi, orc ?! fulmina la liche.

– Aucunement. Nous combattrons pour la victoire. C’est ainsi que nous la protégerons.

– Hmpf…

Kiba leva sa hache en l’air et, de son air le plus digne, déclama comme une mantra le serment d’allégeance à son Roi.

– L’Immortel n’est pas mort ! L’Immortel ne fuit pas !

– J’avais oublié ça… répondit d’une voix anormalement calme Jaenis.

Lui aussi avait prononcé ces mots. Pourtant, alors que tous s’inquiétaient du sort de leur Roi et osaient à peine en parler, c’était le plus fidèle d’entre ses familiers qui avait pris la parole et juré une nouvelle fois de le servir.

– Nous combattrons pour la victoire ! C’est ainsi que nous saluerons notre Roi ! reprit-il.

Ainsi résonnèrent de puissants cris de guerre au sein de la formation des chevaliers.

Nostra
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6 thoughts on “SSN Chapitre 205

  1. FIGHT!!!!!! Merci pour le chapitre!!

    Alors effectivement faut être souple de la reflexion et bien accroché parce que ca part dans tout les sens ! Si a la lecture c’est chaud patate a la trad ça doit être l’enfer !

    Merci pour les efforts Nostra!!

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