DMS : Chapitre 9
DMS : Chapitre 11

Pour notre premier bonus officiel de DMS, Remercions Antoine bien bas, tirons-lui notre chapeau et continuons à le révérer, il n’existe pas que pour MWLU finalement ! Moi qui croyais qu’il n’avait qu’une passion xD

 


 

Chapitre 10 – En montagne (3)

 

 Ma bague ?

Il me regardait d’un air incrédule.

— Pourquoi est-ce que tu veux ma bague ?

 Contente-toi de me la donner. Ne pose pas de questions, lui répondis-je.

Il resta coi pendant un moment, ne sachant probablement ni où je voulais en venir ni ce que je comptais faire ensuite. En tout état de cause, il ne pouvait que me faire confiance s’il voulait sauver sa vie. Sans mon aide, il serait déjà mort à l’heure qu’il était.

Alors que les deux gardes tomtes à l’entrée de mon donjon se faisaient à nouveau massacrer dans leur propre piège, le type-dont-je-ne-connaissais-pas-le-nom – et que je ne voulais même pas perdre mon temps à demander, d’ailleurs, me donna sa bague. C’était une chevalière ornée d’une lettre B gravée sur fond d’or massif, semblait-il. Sans doute, en cas de besoin, allait-elle être suffisante pour convaincre le vieux marchand.

 Et maintenant, que fait-on ?

Il avait l’air perdu. En réalité, je ne savais même pas s’il allait pouvoir rentrer en vie, mais peu m’importait. La vie est dure, et il allait l’apprendre à la dure. Enfin, si je n’avais pas d’autre choix évidemment. A partir du moment où j’avais la possibilité de l’emmener avec moi, il me restait quand même un peu de conscience, mais pour ça il fallait déjà que je sorte, moi.

 Regarde, ils s’éloignent. Je crains que la prochaine fois qu’ils ne viennent par ici, ils ne pensent à escalader et venir jeter un œil dans ce trou. On va devoir se cacher ailleurs.

 Ah ! Dans un endroit où ils ont déjà cherché, peut-être ? proposa-t-il.

À quoi bon ? Vu leur nombre, même si dix d’entre eux ont déjà fouillé un endroit, d’autres suivront.

 Alors quoi ?

 Nous allons devoir rester en mouvement et profiter des zones d’ombre pour nous cacher tout en nous déplaçant vers la sortie. Si des gobelins montent la garde, on court sans s’arrêter.

 Mais il fait nuit noire, dehors ! Sais-tu quelles bêtes maléfiques rôdent à la nuit tombée ? s’écria-t-il un peu trop fort à mon goût. Heureusement, il n’y avait pas de gobelin à proximité.

 Si on reste ici trop longtemps, seule la mort nous attend, de toute façon. Tu te crois capable de leur échapper jusqu’au matin ?

 Tu es folle.

 Bon, alors. Cesse de te plaindre.

Pendant ce temps, les deux éternels compères qui n’avaient toujours pas compris la leçon se faisaient achever par Thomred des Cavernes. Mais alors que je m’attendais à les voir revenir à la charge encore une fois quelque temps plus tard, après leur mort un aventurier solitaire prit immédiatement leur place dans le donjon. Il attendait probablement à l’extérieur que les conditions pour son propre essai soient remplies. Il était seul, c’était peut-être un niveau 3.

Tirant mon compagnon de fortune par le bras, je l’emmenai avec moi en sautant en bas de notre cachette alors qu’il n’y avait aucun gobelin à proximité. Il était temps de tenter de se déplacer le plus calmement et le plus furtivement possible vers la sortie.

En tout cas, c’est ce que j’espérais…

 Là ! Derrière ce rocher. Baisse-toi.

 Fais attention à droite, il y en a qui approchent.

 Ne bouge plus, attends, attends, … Maintenant !

 Non, reviens ! Ouah, t’as failli te faire voir… Pauvre con.

C’était quelque peu compliqué de gérer ce type qui faisait n’importe quoi. On aurait dit qu’il faisait de son mieux pour nous faire attraper, dès que je ne lui donnais plus d’instructions pendant dix secondes. Ce mec ! J’avais failli à plusieurs reprises le laisser aller et m’en laver les mains. Mais quelque chose au fond de moi me poussait encore à éprouver du remord. Et si FeiLong avait tort, que ces types n’étaient pas dénués de sentiments, mais simplement « programmés » pour ne pas les montrer ? Après tout, à partir de quel moment une conscience artificielle pouvait-elle être considérée comme sensible ?

Les deux tomtes qui gardaient l’entrée de mon donjon venaient de se faire tuer en bonne et due forme. Ils n’avaient même pas eu le temps d’activer le piège. Cet explorateur était d’un tout autre niveau que les autres idiots qui étaient venus se sacrifier inlassablement. Il devait assurément être de niveau 3, pour être entré seul et se débrouiller parfaitement de la sorte.

Des gobelins passèrent près de nous alors que nous étions accroupis derrière une espèce de petit buisson, à l’intérieur même de la grotte. La végétation était éparse mais il y avait tout de même quelques cachettes pour ceux qui savaient être opportunistes et débrouillards.

Le prince charmant que j’étais venue sauver se leva et voulut courir en avant, en direction d’un autre rocher. Forcément, je ne lui donnais plus d’instruction, alors il commençait à faire de la merde.

 Non, attends ! Reste baissé !

Trop tard. Un gobelin avait remarqué un mouvement du coin de l’œil et avait tourné la tête vers nous. Un éclat malsain et sadique se refléta à la surface de ses yeux, et il se rua vers notre cachette armé d’un sourire carnassier et d’une torche. Peut-être sous le coup de l’excitation, ou parce qu’il était certain de pouvoir nous dominer facilement et contrairement à ce que j’imaginais au départ, il ne donna pas l’alerte. Il approchait, seul.

Je compris alors : c’était un gobelin. Egoïstes, violents et idiots, ils ne pouvaient pas renier leur nature. S’il avait la possibilité de se jeter sur une pauvre victime qui lui était offerte, il n’allait certainement pas se priver d’un tel plaisir en appelant ses petits copains. En réalité, je soupçonnais que l’idée n’avait même pas traversé sa petite caboche. De toute façon, pour le meilleur ou pour le pire, voilà qu’un gobelin bavant et ricanant bondissait sur notre buisson.

 

***

 

Je dus plaquer ma main sur la bouche de l’éternel idiot suicidaire qui me servait de compagnon pour ne pas qu’il hurle et qu’il ameute une légion de ces satanées créatures. J’avais bien fait, parce qu’il étouffa un son, j’avais presque l’impression qu’il venait d’avaler sa langue.

Ce fut à ce moment. Lorsque je vis Thomred se faire trancher en deux au niveau de la taille, quelque chose en moi se brisa. C’était un donjon-test, je savais qu’il était destiné à être conquis tôt ou tard, et j’étais même reconnaissante au duo d’incapables pour les crédits qu’ils m’avaient donnés, mais un sentiment improbable d’urgence et de détresse s’éveilla au fond de mes tripes quand je vis les deux morceaux de mon tomte tomber au sol.

Inconsciente de ce qui m’entourait, je me mis à hurler.

 Mon bébéééééééé !! »

Est-ce que c’était logique ? Probablement pas.

Est-ce que c’était le bon moment ? Il y avait peu de chances.

Est-ce que j’étais enragée ? Oh que oui, et même pire que ça.

Mes yeux s’injectèrent de sang alors que je me relevai et balançai une splendide beigne dans la gueule du gobelin, sans trop réfléchir à mon geste. J’avais agi sous le coup de la colère et de l’instinct. J’avais sans doute alerté l’intégralité de la caverne, mais c’était un problème trivial qui allait devoir attendre que je me calme. Je sentais un vide au fond de moi, comme si on venait de me retirer ma seule et unique raison de vivre. Je savais bien que ce n’était pas le cas, mais que pouvais-je y faire ? Ne dit-on pas que les hormones d’une femme sont pires que ton plus féroce ennemi ?

Le crâne du gobelin éclata en une bouillie infâme – j’avais donc tant de force, dans ce corps ? – et sa carcasse continua sa route au-dessus de nos têtes pour s’écraser lourdement un peu plus loin.

Des cris parvinrent à mes oreilles, stridents et emplis de folie. Les gobelins m’avaient évidemment tous entendue… J’aurais pu me sentir pousser des ailes, et tous les affronter en même temps, seule contre une foule armée et assoiffée de sang. Je m’en sentais vraiment capable après l’exploit que je venais de réaliser.

Jusqu’à ce que cette voix dans ma tête se mette à résonner, me tirant d’un coup de ma transe.

[Schéma du Gobelin acquis.]

Ecarquillant les yeux, je ne pus retenir une exclamation.

 Encore ?

Mais bon sang, je venais de perdre Thomred, je le sentais tout au fond de mes tripes, comme si je l’avais abandonné, alors que j’aurais pu faire quelque chose pour lui. Il n’était pourtant pas précieux à mes yeux, ce n’était que le boss de mon donjon, alors quel était ce déchirement dans mon âme, comme si je venais de perdre mon vrai bébé ?

Cela dit, le temps n’était pas à la réflexion, j’attrapai celui que j’étais tout de même supposée sauver et qui n’avait pas bronché depuis un petit moment déjà. Le tirant par la main, je me mis à courir vers la sortie.

 Bordel ! Il y a des gobelins partout ! Cours ! Cours ! Bouscule-les, tu as vu, ils sont faibles !

Mais sans doute totalement dépassé par les évènements, il essaya de bégayer quelque chose avant de trébucher sur un caillou. Il s’étala la face la première et s’assomma.

 Fais chier !

Le type dans mon donjon venait de nettoyer les tomtes restant comme s’ils n’étaient rien de plus que du menu fretin – ce qu’ils étaient, d’ailleurs – et fouillait les huttes. Il avait tout juste trouvé le coffre dans la grande tente.

 Putain, enfoiré. Toi, je retiens ta tête. Tu vas me rendre ce que tu m’as pris.

Encore une fois, je n’avais pas le temps de tergiverser, et j’avais murmuré ça tout en ramassant le pauvre hère et en l’appuyant sur une de mes épaules pour le transporter. Mais cela fait, j’étais bien plus lente qu’avant et même en ne prêtant pas trop attention à sa sécurité, le cognant dans les racines et les cailloux tout en essayant de me dépêcher, les gobelins gagnaient du terrain à une vitesse folle. Et puis, il y en avait encore quatre près de l’entrée, là, juste devant. Je n’allais jamais réussir à passer.

 Kwiiiiiii !

 Kriiaaaaaa !

Ils devenaient fous en voyant une proie qui tentait de s’enfuir. Leurs instincts les plus bestiaux avaient l’air de se réveiller, et j’eus bien l’impression qu’ils n’allaient pas me laisser en vie, me capturer semblait être devenu une considération secondaire, tout ce que je pouvais désormais voir dans le blanc de leurs yeux sans pupilles, c’était l’envie de me tuer.

Désireuse de passer en force, et confiante en la puissance qui m’avait permise de fracasser une tête de gobelin d’un seul coup, je balançais mon paquetage vivant par-dessus mes épaules, et baissai la tête tout en accélérant, je me sentis alors comme un taureau voyant plein de petits drapeaux rouges en forme de gobelins bloquant une sortie que je n’avais d’autre choix que d’atteindre.

Un, deux, trois.

Trois d’entre eux tentèrent de bloquer ma route, mais je chargeais si violemment qu’ils n’eurent pas la moindre chance. Je ne sais pas s’ils étaient impressionnés ou résignés, mais ils n’avaient pas l’air de vouloir lever leurs armes vers moi, et finirent par bouler à droite et à gauche devant ma charge désespérée.

Mais le quatrième était sûrement un peu plus courageux, parce qu’il tenta d’intercepter le boulet humain que j’étais, un pique en bois dressé devant lui et un sourire sadique d’une oreille à l’autre. Je ne pouvais de toute façon pas m’arrêter, je ne voulais même pas compter le nombre de dizaines de monstres assoiffés de sang qui me couraient après, et puis j’étais lancée à pleine vitesse, après tout.

Sa lance en bois se brisa alors que je sentais que mon donjon se réinitialisait, une fois l’explorateur inconnu parti. Même Thomred refit son apparition, et commença à nouveau sa ronde comme s’il ne s’était jamais fait couper en deux.

Je continuais à courir comme une dératée, le plus rapidement possible, consciente que l’armée à mes trousses continuait probablement à gagner du terrain. Et les javelots de bois qui sifflèrent à côté de mes oreilles me le confirmèrent. Une torche vola également, et termina sa course un peu plus loin devant moi. Une racine, aussi. Ils me balançaient vraiment n’importe quoi ?

Je ressentis un picotement dans ma cuisse, un autre dans mon omoplate. J’étais touchée, sans aucun doute. Il fallait que je continue malgré tout. Chaque pas me faisait souffrir, d’un seul coup, et je sentais un liquide épais et chaud couler dans mon dos et le long de ma jambe. Etrangement, le long de mon ventre, aussi.

De plus en plus faible, j’aperçus la sortie de la grotte. Les étoiles brillaient vivement dans le ciel, un peu plus loin et je ne réussis à parcourir que quelques mètres à l’extérieur avant de m’effondrer, à genoux, puis face contre terre. Mon compagnon tomba à la renverse près de moi, mais je ne me préoccupais plus de lui, je n’en avais plus la force.

Après quelques secondes, je m’attendais évidemment à me faire rattraper par la meute de dégénérés, mais rien ne vint. Levant difficilement la tête et parvenant à me rasseoir en retenant un cri de douleur, je les vis, amassés et entassés les uns sur les autres mais n’osant pas mettre un pied à l’extérieur. Ils pestaient, criaient et crachaient mais n’avaient visiblement pas la moindre intention de sortir de leur grotte. Était-ce en rapport avec les prédateurs qui rôdaient la nuit ?

Mais qu’importait ? Une piste de sang me suivait, et baissant les yeux, j’eus à peine le temps de voir un morceau de lance brisée plantée dans ma poitrine.

Bordel, le quatrième garde, il m’a eue.

Ce furent les derniers mots qui me traversèrent l’esprit avant ma mort.

Raka
Les derniers articles par Raka (tout voir)
DMS : Chapitre 9
DMS : Chapitre 11

Related Posts

8 thoughts on “DMS : Chapitre 10 Bonus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com