Chapitre 151 – Bienvenue à Zombieland (4)
— Un donjon ? m’extasiai-je. Ce qui veut dire que je vais pouvoir quitter ce monde par la dalle de sortie !
Dans mon esprit, une vague de déception noya tout ce qui pouvait l’être. Après quelques secondes de silences, la persona répondit.
Non. Le système n’a pas encore assez de puissance.
— Mais tu viens de dire qu’on peut créer un donjon ? Il faudrait savoir. Le système a étendu son emprise jusqu’ici ou pas ?
Oui. Le processus est en cours, même s’il n’est pas encore finalisé. Mais on ne peut pas rentrer.
— Explique-moi ?
Je me laissai tomber sur mon lit. Les bras écartés ainsi, je me rendis compte de la tension que mes muscles avaient accumulée dans la matinée. Je me remis assise avec mal avant de commencer à me masser les épaules moi-même.
Tu ne connais pas grand-chose aux plans, n’est-ce pas ?
Cette question soudaine me fit réaliser que non, en effet. Mis à part ce que m’en avait dit FeiLong – que j’aurais bien aimé revoir, ce bon vieux FeiLong – je ne savais pas du tout comment fonctionnait tout ça.
— Les plans sont des planètes, me souvins-je de ses mots. Et…
Ce n’est pas tout à fait exact.
— Oh ?
FeiLong se serait trompé ? Étonnant, lui qui était si droit, si fier, qu’il pût avoir des connaissances fallacieuses.
Sache que le système, même si j’ignore moi-même ce qu’il est ou ce qu’il représente, où se situe son cœur ou même… comment il fait pour avoir ce pouvoir incommensurable… Sache qu’il s’étend dans l’univers tout entier.
— L’univers ? Tu te fous de moi.
Il était bien question de planètes, oui. Mais il ne pouvait pas avoir une puissance aussi… infinie. L’univers ! C’était un machin en expansion continue, si rapide que même la lumière ne pouvait le rattraper. Comment aurait-il pu en être capable ? Non, ce devait être faux. Après tout, la persona avait elle-même avoué qu’elle ne savait pas tout.
Détrompe-toi. Je ne sais pas tout sur lui, mais ce que je sais, je le sais. Il s’agit d’informations qui ne sont pas sujettes au doute, crois-moi. Mais revenons à ce que je disais, veux-tu ? Les plans. Les planètes. Oui, les deux existent et les deux sont traités de la même façon par le système. S’il est vrai que la plupart de ce que les Architectes appellent « plans » sont en réalité des planètes situées aux quatre coins de l’univers dans le temps et l’espace, il existe de vrais plans d’existence. Celui où se situe ton univers. Celui où vivent les Architectes. Le plan des dieux, également. Les Abysses, aussi. Ce que tu appellerais Enfer, sans doute. Un plan de feu et de tourments, qui était à l’origine une prison créée par les dieux, mais je digresse.
— Viens-en au fait ? l’intimai-je, de plus en plus curieuse.
Le nombre initial de vrais plans d’existence est très limité. Mais grâce à la magie, notamment celle dont tu t’es servie, on peut créer des plans mineurs, limités dans l’espace. Si j’en crois ce que j’analyse depuis que j’en suis capable, nous nous trouvons sur une réplique de la Terre, après une catastrophe.
— Je l’avais bien compris… Alors il s’agit vraiment… Je commençais à penser que j’avais fait un bond dans le futur et qu’il s’agissait réellement de ce qui attendait la Terre. Tu sais, je suis supposée avoir créé ce plan, mais je n’ai aucun contrôle, et… comme mes compétences ne fonctionnent pas toujours comme prévues…
Non. Il s’agit bien d’un plan à part, hors de l’univers. Il flotte dans le grand Tout, baigné par le voile interplanaire. Si mes calculs sont corrects – et ils le sont sans aucun doute – en montant à bord d’un transport quelconque, une fusée peut-être, et en t’éloignant à peine au-delà de la couche d’ozone, tu te volatiliserais au contact du voile.
— Me volatiliser ? Le voile interplanaire ? C’est comme un rideau entre les plans ?
Soudain, une idée naquit dans mon petit cerveau.
— Et si je me débrouillais pour…
Oublie ça ! Nul ne peut traverser le voile interplanaire. Seul le système sait comment faire. Même les dieux sont à peine capables de faire filtrer une infime partie de leurs pouvoirs au-delà du voile. Tu disparaitrais à tout jamais, sans possibilité de réincarnation. Ton âme serait détruite.
— Oh, soupirai-je en étouffant l’idée que j’avais eue d’aller rendre visite aux dieux, sans même savoir ce que j’aurais fait une fois là-bas.
Le système a percé le voile. En plusieurs endroits déjà. Bien sûr, il ne pouvait pas passer à côté d’un nouveau plan d’existence. Il sait. Il allait forcément savoir. C’est comme ça que ça fonctionne. Et il est déjà capable d’introduire son influence ici-même. Mais envoyer des informations est facile ; il suffit de forcer un peu et c’est une chose qu’il fait très bien. Ce qu’il peut envoyer ici lui appartient déjà, il en fait ce qu’il en veut. Mais arracher quelque chose à ce plan… Ce qui est attaché à ce plan l’est fortement. Il est bien plus compliqué d’enlever une chose native d’un plan que de lui ajouter quelque chose.
— Je crois que je comprends… Mais je ne fais pas partie de ce plan. Alors, si je meurs, Joc sera capable de me récupérer ?
Négatif. Tu fais partie de ce plan. Tu es Wuying, et ton âme est celle de Wuying, qui a vécu ici pendant seize ans, et dont tout la généalogie fait partie de ce plan. Tu lui appartiens au même titre que n’importe qui d’autre ici.
Finalement, j’avais compris ce qu’il se passait, mais on en était revenu au point de départ. Je ne pouvais pas sortir de là, et je n’avais donc pas le droit de mourir. Par contre, le système était là, et donc sans doute capable de me trouver s’il le voulait vraiment ; et envoyer des types à ma recherche lui était à fortiori possible. S’ils me trouvaient, ils me tueraient, ou… me captureraient le temps de pouvoir m’extraire de là.
Non. Je ne pouvais toujours pas prendre de risque. Et l’endroit où j’étais la plus en sécurité, c’était bel et bien dans un donjon. Mais…
— Si je crée un donjon, ça ne va pas passer inaperçu, commentai-je.
Inaperçu ? Sur ce plan, tu peux faire ce que tu veux, la vie est si chaotique, les gens ne s’étonneront de rien… Il se passe tant de choses, il y a des morts-vivants, il y a des médecins qui tentent de guérir les infectés, il y a des chercheurs qui tentent de créer un sérum universel, un vaccin. Quoi qu’il arrive, les habitants de cette ville souterraine penseront qu’il s’agit une fois de plus de quelque chose de normal dans le cours des choses.
— Je parlais du système. Tu ne crois pas qu’il va remarquer que le premier donjon de ce tout nouveau plan a été créé ? S’il ne sait pas encore que je suis là – après tout, n’importe qui aurait pu…
Il le sait.
— Quoi ?
Laisse tomber la précaution, il sait que tu es là et il sait que tu l’as créé. Je te rappelle que tu as utilisé ta compétence sur le plan des Architectes. Il voit absolument tout ce qui s’y passe.
Ce n’était pas logique. Pas logique du tout. S’il voyait tout… Non, il ne pouvait pas. Elle devait se tromper. Lorsque j’étais loin d’Imperos, il ne pouvait pas me voir. Après tout, il n’avait aucun pouvoir à l’extérieur de la ville, et il avait fourni beaucoup d’efforts pour créer la persona tout en outrepassant cette contrainte.
C’est donc ce que tu penses ? Je comprends, maintenant. En effet… Le système ne peut pas agir à sa guise hors de sa ville bien-aimée. Mais ce n’est pas une question de capacités. S’il le désirait, il pourrait facilement détruire le plan entier, alors qu’il est… gigantesque.
— Quoi ? Je ne comprends plus vraiment… avouai-je.
Mais s’il désirait le faire, il devrait consacrer une partie de sa puissance à la tâche, et il ne peut pas se le permettre. Il utilise presque toute sa puissance infinie pour contrôler ce qu’il contrôle… Il ne peut pas se le permettre, non. Comme pourrait le faire ce que tu appelles un ordinateur, il peut réallouer de la puissance à une tâche qu’il n’exécute pas encore, mais ça prend du temps… comme ce qu’il fait lorsqu’un nouveau plan comme celui-ci apparaît. Il lui faut plusieurs jours pour en avoir le contrôle total et ténu à la fois.
— Je comprends…
Et à chaque fois qu’il le fait, son emprise sur le reste s’affaiblit, même si rien qu’un peu.
L’information était utile, mais… inexploitable pour l’instant. Oui, j’avais un jour promis de libérer tous les esclaves du système, de le faire tomber en me levant contre lui, de… le soumettre. Mais il me fallait une puissance infinie pour ça, et je n’étais pas prête. Je n’étais qu’un insecte, perdue sur un plan dont il ne pouvait même pas s’échapper, comme une cage létale dans laquelle il pouvait se faire bouffer par des zombies à n’importe quel moment.
— Allons créer ce donjon, lâchai-je en secouant la tête.
Après tout, je ne pouvais rien y faire. Je devais aller de l’avant et prier pour que tout se passât comme je l’entendais. Et puisque j’étais coincée là, autant tenter de gagne de l’expérience et des niveaux pour m’approcher, rien qu’un peu, de mon but.
— D’ailleurs, que vais-je y mettre ? me demandai-je.
Je dirais, des zombies. Le donjon passerait inaperçu.
— Des VMs ? Je n’en ai pas. Et même celui que j’ai tué ne s’est pas ajouté à ma collection. Je pense qu’il s’agit d’humains, même s’ils sont infectés, ce sont des habitants de ce plan, pas des créatures, et je ne peux…
Ce ne sont plus des humains. Un VM est mort. C’est un cadavre ambulant. Et une fois passé de vie à trépas, le système ne les considèrera plus comme ce qu’ils étaient. Crois-moi. Si tu n’as pas ajouté ce VM à ta collection, c’est parce que le système n’avait pas encore d’emprise sur ce plan. Je pense que tu peux réessayer, désormais. D’ailleurs… tes statistiques et compétences devraient déjà être reconnues. Donc ne les crains plus trop.
— Comment ça, ne les crains plus trop ? Ils peuvent quand même me bouffer, ou pire, m’infecter, tu sais ? Que se passera-t-il s’ils m’infectent ? Je vais mourir, me réincarner au village des géants, mais… Non, je ne peux pas prendre le risque de me relever totalement infectée.
Je doutais que ce pût être le cas. Ma réincarnation serait totale – elle recréait mon corps. Si je me faisais infecter, je m’éveillerais en parfaite santé. Mais il y avait une chose qui me faisait plus peur que ça : si je mourrais et devenais moi-même un VM, qu’est-ce qui arriverait à mon âme ? Le système – ou Joc – la récupérait lorsque je mourrais, mais si je me transformais simplement en zombie, je ne pouvais être certaine de rien.
Peut-être resterait-elle juste coincée en moi, pour toujours – ou jusqu’à ce qu’un bienfaiteur mît à mort le zombie que je serais devenue.
— Bien. Il faut que je tue un VM, hein ? Ce n’est pas comme s’il y en avait à tous les coins de rue. J’en ai déjà croisés quelques-uns, mais il semble qu’il s’agisse d’exceptions. Je ne peux parier sur une prochaine rencontre. Après tout, je suis bien placée pour savoir que la Wuying de ce monde n’en avait pas croisé un seul en seize ans.
Nous en trouverons. Tu te souviens de l’entrée du tunnel inter secteurs ? Avec un peu de chance, ce n’est pas encore réparé.
— Je pense que Xiaolong a prévenu quelqu’un. Mais on peut toujours aller voir, soupirai-je. En espérant qu’il n’y ait pas déjà une horde…
Je me levai, décidée à y aller. Juste avant que je ne quitte la chambre, un bip attira mon attention. Je savais de quoi il s’agissait : l’ordinateur était relié à la nouvelle version d’internet – undernet. L’internet des bunkers. Et ce tintement signifiait que quelqu’un voulait me parler sur le réseau Survivor.net, une espèce de Facebook post-apocalyptique.
— Qui c’est ? Fecto12 ? Il veut discuter avec moi ? Je le connais pas, murmurai-je en m’asseyant malgré tout.
Je cliquai sur son profil, et tout apparut blanc. Pas d’adresse, pas d’autre nom, pas de photo de profil, pas même une date d’anniversaire. Le nombre de ses amis, par contre ? Plus de 1700. Il aurait pu s’agir d’un pervers ou d’un type bizarre qui aimait harceler les filles, mais quelque chose dans mes tripes me disait le contraire.
Une grande zone de texte apparut une fois que j’eus cliqué sur répondre. Immédiatement, il prit la parole.
[Beau boulot à la cantine, aujourd’hui.]
Alors, c’était quelqu’un de l’école.
[Qui es-tu ?] demandai-je.
[Je pense que tu es prête à entendre la vérité.]
Quoi ?
[De quoi tu parles ? Xiaolong ? T’es pas drôle, tu sais.]
[Non. Pas Xiaolong. Mais un ami qui veut que tu découvres la vérité.]
Quelle vérité ?
[Patience, Qian Wuying. As-tu déjà entendu parler du projet Renaissance ?]
[C’est quoi, ce truc ?]
[J’espérais que tu pourrais me le dire.]
[Et comment pourrais-je savoir ?]
[…Peut-être devrais-tu en demander un peu plus à tes parents.]
Comme une coïncidence malvenue, la voix de mon père résonna au moment même où j’allais demander à cet inconnu pourquoi mes parents auraient-ils dû savoir quoi que ce fût à ce sujet.
— Je suis rentré ! Et j’ai amené de la pizza !
Une boîte de dialogue rouge me signala que mon message n’avait pas pu être délivré. Il s’était déjà déconnecté…
Je me levais donc, la tête pleine de questions, et descendis dans la cuisine.
— Eh, papa, demandai-je une fois attablée, après avoir embrassé mon père sur la joue. Comment était le boulot ?
— Toujours parfait, ma petite citrouille. J’ai entendu que tu avais fait parler de toi à l’école, aujourd’hui ?
— Je suppose, fis-je en haussant les épaules. Ce n’est pas comme si être sous les feux de la rampe me dérangeait vraiment. J’ai l’habi…
Je fermai la bouche avant de dire un truc qui aurait pu paraître trop étrange. Dans ce monde, je savais bien que j’étais quelqu’un d’assez timide pour ne pas vouloir ça. Pour ne surtout pas vouloir ça. Non, je ne pouvais pas avoir l’habitude de me retrouver sous les regardes des gens.
— Je vais bien, c’est tout, lâchai-je en attrapant une poignée de navets un peu trop gros pour être naturels. La moitié des gamins de l’école sont des bouchers expérimentés.
— …Des gamins ? Ils ont ton âge, tu sais… commenta ma mère.
Oups, une bourde de plus.
— Et si tu m’avais laissée emporter mon arme à feu, ma précieuse, j’aurais été encore plus en sécurité.
— Tu ne sors pas de cette maison avec une arme à feu, jeune fille, répondit-elle en croisant les bras. Tu sais ce qui es sût ? L’école à la maison. J’ai cherché un peu, et il existe apparemment de très bons programmes pour les étudiants qui ont échoué à entrer dans le système universitaire…
— Je n’ai pas échoué, rétorquai-je immédiatement.
— Ce n’est pas ce que je voulais dire, soupira ma mère. Écoute…
— Papa ! Tu vas la laisser me faire ça ?! On parle de rebuts sociaux trop cons pour exister en société !
— Personne ne fait quoi que ce soit à personne avant la fin du repas, commenta-t-il. J’ai travaillé toute la matinée et je suis crevé, affamé et ces légumes me font de l’œil.
— Tu n’as pas ramené de la pizza ? fis-je en levant un sourcil.
— Si, aussi, répondit-il en souriant de toutes ses dents.
— Eh, papa, c’est quoi, le projet Renaissance ? lâchai-je d’un seul coup, à moitié pour changer de sujet, à moitié pour avoir une vraie réponse franche et instinctive.
Il se mit à tousser bruyamment et cracha des morceaux de navets qu’il avait apparemment croqués comme amuse-gueule. Il frappa sur son torse à plusieurs reprises et reprit son souffle, à moitié étouffé.
— Où… as-tu COUGH, COUGH ! entendu… parler de ça ?
— Juste un truc que j’ai lu sur l’undernet, haussai-je les épaules. C’est quoi ?
Il fit mine d’étudier un poivron avec la plus grande attention du monde, et finit par répondre – au temps pour les réactions spontanées.
— Eh bien, c’était un plan destiné à repeupler la surface…
— Hein ? C’était ? Il s’est passé quoi ?
— Rien. Il n’a simplement jamais été mis en œuvre. La date originale du projet était… 14 AZ, je crois, mais l’idée date de 09, et avait déjà été jugée trop dangereuse à cette époque. Après tout, il existe des milliards de VMs à la surface. D’ailleurs, la population des secteurs est toujours 30% inférieure à son maximum. Il va se passer des décennies avant qu’on soit obligés de prendre une telle décision.
— Mais… Tu n’es pas rien qu’un peu curieux ? Comment sont les choses à la surface ? Je veux dire… Ta génération a grandi en haut, non ?
— Bien sûr. Comme tout le monde. Mais tu sais, seul le président peut ordonner un descellement des secteurs. Et ça n’arrivera pas tant que nous ne serons pas 100% sûrs que c’est sans danger. Jusqu’à ce que ta mère trouve le vaccin, voilà.
Il envoya un sourire discret à ma mère.
— Et, jeune fille, si tu comptes encore rentrer à la maison, la tête pleine de complots et de conspirations, peut-être qu’elle a raison ; tu devrais peut-être étudier ici.
— Papa !
— Je plaisante. En réalité, je pense que c’est une bonne idée de te laisser porter Jade, ton arme, juste pour un temps. Je téléphonerai demain matin pour m’expliquer avec la sécurité.
— Tu peux faire ça ? m’étonnai-je.
— S’ils veulent qu’un jour, la fille du général Qian entre dans leurs rangs, ils vont coopérer, crois-moi. Tu as un permis de port d’arme valide, et ce qu’il se passe avec ces VMs à l’école, j’appelle ça une situation d’urgence. Tu n’es pas d’accord ? Ne vas simplement pas l’agiter sous le nez de tout le monde, ok ?
— Promis. Merci, papa !
Étrangement, pouvoir porter mon arme me rendait extatique. Folle de joie et d’amour pour ce papa tout nouvellement découvert mais que je connaissais viscéralement depuis toujours. C’était l’effet de la fusion avec l’autre moi, bien sûr. Une bonne chose, peut-être, finalement. Je n’avais jamais vraiment connu de vie de famille comme celle-là.
C’était un doux rêve.
— Pas de quoi, chérie. Maintenant, pourquoi ne vas-tu pas faire tes devoirs ? Tu dois en avoir, n’est-ce pas ? Je dois discuter de certaines choses avec ta mère.
Certaines choses, hein ? Quelque chose me disait qu’il y avait plus sous le projet Renaissance que ce qu’il voulait bien me raconter, et qu’ils allaient en débattre entre eux. J’espérais juste ne pas en avoir trop dit… S’il s’agissait vraiment d’un truc genre secret défense, rien ne me garantissait qu’ils épargneraient même leur propre fille pour avoir évoqué le nom du projet, pour en avoir eu connaissance.
Une fois dans ma chambre, une lumière bleue clignotait sur l’écran de mon ordinateur.
Fecto12.
[Alors ? Tu lui as demandé ?]
[Ouais. C’est une espèce de truc naze de repopulation de la surface qui a été abandonné.]
C’était comme ça que je m’exprimais, à seize ans ? Quelle honte. Une espèce de truc naze. Bon sang.
[Ah. Alors c’est comme ça qu’on en parle, maintenant ? LOL.]
[Tu dis que mon père ment ?]
[Non, désolé. Tu as probablement raison, Qian Wuying, fille d’un général de secteur et d’une scientifique de renommée mondiale. Ce n’est probablement rien de plus que ce qu’il dit. On se reparle plus tard.]
Il se déconnecta sans attendre de réponse. J’éteignis l’écran et m’enfonçais dans mon fauteuil.
J’avais tous les souvenirs nécessaires dans ma tête. Mon père ne m’avait jamais menti. Pas même pour des trucs à la con, le père Noël ou la petite souris, les fées et les lutins. Jamais. Pourtant… quelque chose clochait sévèrement avec ces histoires de VMs.
— Bon. Il est vraiment temps d’aller chasser du VM. On a l’après-midi, ça devrait aller, murmurai-je.
Excellente idée.
***
Trouver un VM s’avéra plus simple que prévu, finalement. Étrangement, Xiaolong n’avait prévenu personne de la porte défoncée, et la petite zone résidentielle dans laquelle elle se trouvait était une impasse – et sans doute personne n’était encore rentré de son travail quotidien.
Sur place, alors que j’étais encore plutôt loin, j’entendis une espèce de vrombissement, un râle, un… ce bruit caractéristique des VMs. Je savais qu’il y en avait plus d’un, peut-être même un peu trop. Je m’approchai discrètement, à moitié baissée, et me cachai derrière une maison.
Je sortis la tête pour observer l’autre côté de la rue, là où la porte du tunnel était éventrée.
Il y avait quatre VMs. Trois étaient debout et semblaient ne pas vouloir bouger, se contentant de balancer d’avant en arrière, tandis que le dernier était allongé au sol, les jambes totalement immobiles. Peut-être était-ce un rampeur, issu d’une personne invalide de son vivant. Ou peut-être sa colonne avait-elle était brisée lors de sa mort. Peu importait.
— Ils sont quatre. Il faut les tuer tous les quatre, et rapidement. S’ils commencent à faire du bruit, ils vont alerter les autres, dans le tunnel, et dieu sait combien il peut y en avoir… Des centaines, peut-être bien plus…
Mais une chose me revint, à ce moment.
— Tu as dit que mes capacités étaient sans doute revenues ?
Je le pense sérieusement, en effet.
— Lévitation.
Comme prévu, je décollai légèrement du sol. Même dans ce monde sans magie, je pouvais effectivement utiliser mes compétences.
— On va aller leur éclater la gueule.
Je partis en avant d’un seul coup ; décidée à en finir avant même qu’ils ne me remarquassent, je bondis tout d’abord sur celui qui était le plus proche, presque dans la rue à proprement parler.
— Frappe brutale !
Un énorme coup asséné entre les deux yeux aux moment où il se retourna, attiré par mes paroles, et sa tête explosa dans un mélange de sang, de cervelle et de liquide vert gluant.
— Bon sang, ils sont vraiment mûrs, comme dirait le prof de biologie ! Infectés à fond !
Mais en même temps, ils avaient passé des années dans ces tunnels. Ils ne pouvaient qu’être totalement VMs jusqu’au bout des yeux.
Les deux autres zombies debout se tournèrent vers moi et se mirent à avancer dans ma direction en traînant la patte et en claquant des dents. Je pouvais lire dans leurs yeux une famine sans précédent, sans fin et sans rédemption. Me dévorer, c’était tout ce qui comptait pour eux.
— Frappe brutale !
Le deuxième écopa du même sort que le premier ; incapable de résister, il s’écroula, la tête un lointain souvenir.
— Frappe bru… Eh !
Au moment où j’allais m’occuper du dernier debout, celui au sol m’attrapa par la cheville. Bon sang, je ne lévitais pas assez haut et il s’était hissé sur ses hanches ! Il était assis, les deux mains fermement agrippées à mon mollet et la gueule déjà grande ouverte !
— M…erde !
Je tentai de lui envoyer un coup de pied, mais il possédait réellement une force hors du commun ! Incapable de me dégager, je ne pus qu’agir instinctivement, à la toute dernière seconde.
— Empoignement !
J’attrapai son cou et le maintins le plus solidement possible, immobile et les dents à un centimètre de ma peau à peine. Il ne bougeait plus, se débattait mais ne pouvait pas surpasser ma capacité. Cela dit, j’étais coincée et l’autre se jeta sur moi pour tenter de me mordre à la hauteur de ses dents, qui s’avéra être ma poitrine, moi qui lévitais toujours.
— Putain ! Je…
Soudain, une dernière idée me vint. J’allais me faire dévorer par des zombies ? Des zombies. Des morts-vivants, l’apanage du mal dans toute sa splendeur.
— Je… murmurai-je en repoussant d’une main le visage de mon nouvel agresseur. Je suis un Paladin de l’Église d’Albion ! Purification !
Purification ? N’était-ce pas utilisé pour purifier les toxines d’un corps ? Mais ils étaient atteints d’un virus ! De plus, je représentais la volonté de l’Église contre ce qui se trouvait être le mal dans toute sa splendeur ! Ça ne pouvait que fonctionne !
Mes mains s’illuminèrent et je sentis une chaude aura s’en dégager et pénétrer dans le corps des VMs.
Il ne leur fallut pas plus de trois secondes pour s’immobiliser et tomber, totalement inertes.
— Ils sont morts ? Pour de bon ?
On dirait bien.
— La Purification n’était pas censée les guérir en expulsant le virus de leur corps ?
Leurs corps sont morts, uniquement mus par le virus lui-même. Ils n’allaient pas revenir à la vie.
— Je comprends…
[Schéma du Victus Mortuus acquis.]
— Putain ! T’avais raison ! M’écriai-je un peu trop fort.
Un énorme vrombissement, une série de râles affamés émanaient déjà de derrière la porte à moitié éventrée.
- EER : Chapitre 225 - 26 décembre 2023
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- EER : Chapitre 223 - 7 décembre 2023
merci pour le chap
Merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre !
Merci pour le chapitre
Donc tant qu’il sont pas complètement infectés et donc mort elle peut les guérirent sa veux dire, c’est déjà sa.
PS : très bonne idée undernet