DMS : Chapitre 87
DMS : Chapitre 89 Bonus

Chapitre 88 – Départ pour Camelot (4)

 

Des sirènes ? Il y avait vraiment des sirènes dans cet océan ? Mes yeux s’ouvraient et se fermaient et je ne savais que répondre à ça. On parlait bien de sirènes, d’autres créatures des légendes, n’est-ce pas ? Ces créatures qui hypnotisaient les voyageurs en chantant et qui les dévoraient ensuite ?

Celles-là même que j’avais découvertes dans l’Odyssée d’Homère ?

Je ne pouvais pas laisser passer ça. Pas moyen.

Je raffermis ma résolution et de petites rides apparurent sur mon front. Me tournant vers Hohol, je pris ma décision.

— On le fait.

Il sembla ravi de ma réponse et alors qu’il se mettait à nouveau à crépiter d’une énergie électrique, m’attrapa et se mit à courir vers l’océan. Tout en sprintant, il me lança des explications à la volée.

— Dès que tu en auras une à tes trousses, remonte rapidement ! grogna-t-il, je ne sais pas de quel moyen les dieux disposent pour fuir mais je suis certain que tu sauras le faire !

Pendant une seconde, j’eus l’impression de m’être faite prendre à mon propre piège. Oui, à ses yeux, j’étais une déesse. Mais merde, je ne disposais pas de pouvoir de téléportation ou d’une vitesse divine ! Je ne savais même pas comment fonctionnerait la lévitation sous l’eau, en s’imaginant qu’elle marche, tout simplement.

Mais il ne me laissa pas plus de temps pour réfléchir ou revenir sur ma décision. Il avait déjà les pieds sur la plage et s’arrêta net tout en me balançant comme un sac, loin devant lui. Je parcourus des kilomètres avant de retomber et de toucher l’eau dans un grand fracas qu’Hohol n’avait probablement même pas vu tant il m’avait lancée loin.

— Blblblblblblblbl !!

Je voulais jurer et l’insulter mais tout ce qui sortit de ma bouche à ce moment fut une salve de bulle et un son ressemblant à Wuying en train de se noyer.

Je n’avais même pas eu le temps de prendre une profonde inspiration avant de me retrouver submergée. Tout était arrivé bien trop vite et je ne comprenais toujours pas bien dans quel sens se trouvait ma tête.

Il était complètement fou, ce géant ? Il s’imaginait que puisque je possédais la capacité de tuer l’un des siens, je pouvais me sortir de toutes les situations avec aisance ?

…Bon, je ne pouvais pas lui en vouloir de penser ça, après tout, je les avais tout de même bien incités à croire en ma toute-puissance. Il était trop tard pour regretter !

J’ouvris les yeux, que j’avais fermés par réflexe en plongeant. Je m’attendais à ce que le sel me brûle, à ne rien y voir d’autres qu’un monde flou et à ne pas comprendre où je me trouvais.

…Eeeeh ?

Ceci dit, à ma grande surprise, mes yeux ne me faisaient pas souffrir, et je les ouvris en grand, témoin de la scène qui se jouait devant moi. Je m’en trouvai même paralysée de stupeur, l’espace d’un instant, malgré mes poumons qui commençaient à me faire sentir qu’il serait peut-être malin de retourner respirer illico.

C’était vraiment le paysage le plus cristallin que j’avais observé au cours de ma vie. Je me trouvais quelques mètres sous la surface et devant moi s’étendait un monde infini, aussi loin que mes yeux pouvaient voir. L’eau était aussi limpide que de l’air, je pouvais voir les nuages au-dessus de ma tête et les fonds marins, loin sous mes pieds ; les rayons du soleil qui filtraient dans l’océan dansaient tels des rideaux magiques, illuminant les lieux comme s’il s’était agi de la terre ferme.

Inc… Incroyable…

Mais l’heure n’était pas à la contemplation béate. J’avais mal et je réagis immédiatement. Secouant bras et jambes, je fis de mon mieux pour retrouver l’air, le précieux air empli d’un oxygène des plus savoureux.

— Pouuuuaaaaaah !!!

Lorsque ma tête creva la surface de l’océan, je pris la plus profonde inspiration de ma vie. Elle était si délicieuse que j’en pris une autre dans la foulée, et puis une troisième. Seulement alors mes poumons cessèrent-ils de se rappeler à mon bon souvenir. Baissant les yeux, je pus constater que je ne voyais plus rien sous la surface : elle était d’un joli bleu, le ciel s’y reflétait lassivement.

— Alors ce n’est qu’une fois sous l’eau qu’on…

Je n’eus pas le temps de me laisser aller à réaliser la nature étrange ou magique des lieux. En plein milieu de ma phrase, je sentis que quelque chose m’avait attrapée par la cheville et sans crier gare, j’eus à peine le temps de prendre une inspiration de plus afin de retenir mon souffle ; je me faisais déjà tirer vers le bas, de façon totalement irrésistible.

Merde, il y a des monstres ici, quelle conne ! Était-ce vraiment le moment de s’oublier dans un lieu à peine plus joli que la galerie des glaces ?!

Sous l’eau, au travers des bulles et des turbulences, je tournai la tête pour voir quelle était cette chose qui avait entrepris de m’entraîner par le fond. Ce qui croisa mon regard fut choquant, pour ne pas en dire moins.

Un visage magnifique – vraiment, somptueusement, terriblement parfait – me regardait fixement en souriant. J’aurais presque pu me laisser charmer et changer de bord, si j’avais croisé ce regard et vu ce visage sur la terre ferme. Non, vraiment.

Mais ce qu’il y avait sous ce visage n’était pas si agréable. Un torse nu exhibant une poitrine voluptueuse de façon totalement impudique, des bras fins et magnifiques certes… mais cette queue de poisson brillant d’écailles bleues, vertes, irisées et sur lesquelles jouaient les reflets du soleil.

Une sirène ! Évidemment !

Si je devais me fier aux légendes, alors elle cherchait à me noyer pour ensuite me dévorer. Et je ne pouvais me fier qu’à ça puisque je ne savais rien de plus sur les sirènes du plan des architectes. Je me mis à paniquer et des bulles s’échappèrent de ma bouche tandis que mes yeux cherchaient dans tous les sens afin de trouver quelque chose, n’importe quoi.

Mais j’étais au milieu de l’océan, à quoi m’attendais-je ? Je n’allais pas trouver un tronc d’arbre, une corde ou même une ligne de pêche afin de m’y accrocher !

De façon implacable, elle m’entraînait toujours plus bas. Je n’avais pas vraiment l’impression qu’aurait pu induire une telle plongée ceci dit, parce que les fonds de l’océan étaient aussi limpides que la surface.

Merde ! Elle était juste sous la surface ! Pourquoi Hohol n’a-t-il pas agi ?!

Il n’avait sans doute pas eu le temps de réagir ; après tout, il se trouvait à des kilomètres de là, loin, très loin, et c’était arrivé en moins d’une seconde.

Je ne pouvais pas résister. Même en tentant de me débattre, mon agresseur était bien trop agile, elle était faite pour vivre et se déplacer dans l’eau. Elle se contentait de me tirer vers le bas sans faire d’effort, tout en souriant de façon vraiment adorable, comme si elle cherchait à me séduire.

Bordel, comment espères-tu me séduire alors que tu essayes de me noyer ?!

Et puis, c’était une fille, non ? Elle avait un visage féminin alors c’était sans doute le cas. Je sais que j’avais imaginé pouvoir être charmée par un tel visage dans un cas moins exceptionnel, mais il ne fallait pas exagérer.

Je me débattis encore plus fort, essayant de libérer ma jambe. Mais sa prise était ferme et tenace. Je n’avais aucune chance de résister à un monstre de niveau 180. Oui, je pouvais le voir au-dessus de sa tête… Je serrai les dents et tentai tout de même de lui porter des coups de poings. J’étais toujours équipée de mes armilles et si je pouvais juste la frapper une dizaine de fois…

Mes mouvements furent patauds, lents et visqueux, comme on pouvait s’y attendre sous l’eau. En dix secondes je parvins à lui porter trois coups, et des coups tellement mous que j’aurais pu moi-même les affronter avec ma tête.

Dans le même temps, elle riait. Étrangement, elle était capable d’émettre de jolis sons même sous l’eau et son rire était magnifique, l’incarnation de la beauté divine sans doute. Je ne pouvais pas imaginer quelque chose de plus étourdissant que ça. Ma tête se mit à tourner, à la fois parce que je ne pouvais plus respirer mais aussi à cause de sa voix enchanteresse.

Mais elle ne riait pas pour se moquer de moi. Elle semblait heureuse, vraiment ravie, comme si j’étais un membre de sa famille perdu depuis des années et qu’elle venait enfin de retrouver, ce qui la comblait de joie et d’un bonheur sans bornes.

Putain de merde de monstre ! Je suis pas ta mère ! Fous-moi la p…

— …blblblbl !

Décidément, plus je m’emportai, moins je réfléchissais. Je venais de perdre quelques secondes d’un précieux souffle… J’avais un jour échappé à l’étouffement par un serpent géant, puis j’avais failli mourir asphyxié par Friderik, et voilà que maintenant…

Cette fois était la bonne ? J’allais finalement éprouver cette sensation jusqu’à la mort ?

Mais merde, si je meurs…

Je ne pouvais pas mourir ! Si je mourrais, je me retrouverais coincée à Imperos et le système me mettrait immédiatement la main dessus ! C’était un non catégorique !!

…Si seulement j’avais pu avoir mon mot à dire.

Dans cette immensité cristalline commençait déjà à apparaître des points noirs. Non, ils ne faisaient pas partie du décor… Il s’agissait de mes propres yeux et du manque d’oxygène. J’allais bientôt mourir, et cette fois, ce n’était pas sans importance. Je ne pouvais pas me libérer, frapper cette sirène ne servait à rien, et d’autres approchaient déjà pour m’attraper à leur tour et me tirer vers le bas, encore plus rapidement.

J’avais bien tenté de léviter, mais sous l’eau… c’était parfaitement inutile.

Si j’avais pu enfiler mon armure, j’aurais pu les charmer…

Tu parles, ce sont des femelles.

Et la voix de Duphine ?

Sous l’eau ? Pauvre conne.

Je me rendis compte que l’eau était réellement mon plus gros point faible. Je ne pouvais rien faire, sous l’eau. Rien faire d’autre que mourir. Je ne pouvais même plus utiliser ma dernière option, l’Appropriation, puisque je l’avais déjà utilisée moins de 24 h plus tôt…

Ah ? Mais…

C’était un risque que je pouvais prendre. J’étais loin du camp, loin de tout ; Seul Hohol restait là, près de la plage. J’espérais pour lui – et pour moi – qu’il serait capable de résister à la puissance de l’Incinération mais c’était vraiment mon dernier atout. La dernière carte que je pouvais abattre.

En espérant que l’eau, encore une fois, ne fasse pas défaut à mes espoirs, et que prononcer des mots étouffés par des bulles n’allait pas m’empêcher de lancer le sort.

— Incinération Impériale !

C’était magique, après tout. Les mots sortirent malgré la présence de l’eau dans ma bouche, déformés, comme prononcé dans un langage extra-terrestre, informatique ou un mélange des deux.

Aussitôt, je sentis la chaleur monter au fond de moi, et tous les poils de mon corps prendre feu en une fraction de seconde. Les sirènes me lâchèrent et leurs magnifiques visages se déchirèrent en des rictus paniqués, emplis de dents qui étaient désormais étrangement pointues. Même leurs yeux étaient l’incarnation même de la sournoiserie, du sadisme et de la folie. Les rides qui leur parcouraient le visage faisaient peur à voir. Vraiment, sans exagérer.

Mais je n’eus pas le temps de trop y penser. Autour de moi, je vis une lumière blanche apparaître d’un seul coup, comme si j’étais une étoile en train d’exploser. Je savais qu’il fallait que je fasse vite ; en même temps, j’avais peur de mettre un terme au sort. Après tout, ces créatures étaient d’un niveau très élevé et moi non.

Mais je me souvins que j’avais réussi à affecter un géant avec un sort ultime qui était probablement du même niveau que celui-là. Alors je me rassurai un peu et me surpris même à sourire.

 

*

 

Lorsque tout fut terminé, la lumière avait disparu et j’étais seule. Seule sur une terre stérile et désolée, sans la moindre trace de vie.

J’avais vu apparaître tout un tas d’informations et j’avais eu le temps de les déchiffrer une à une.

[Schéma de la Sirène de la Mer Cristalline acquis.]

[Schéma de l’hippocampe de la Mer Cristalline acquis.]

[Schéma de la pieuvre de la Mer Cristalline acquis.]

[Schéma…

Je possédais une dizaine de créatures supplémentaires. La plupart étaient ridicules et il y avait même une bactérie et une crevette… Mais en plus de la sirène, j’avais obtenu une pieuvre. Ces deux-là avaient attiré mon œil.

En même temps, j’avais obtenu le schéma de plusieurs structures sous-marines liées aux créatures qui habitaient la zone, le fond de l’océan.

Mais l’océan, lui…

…avait disparu.

— Bon sang, où suis-je ? me plaignis-je, ne me dis pas que quelque chose s’est produit et que je me suis téléportée ?!

Sans perdre une seconde, je sortis la flûte d’Hohol de mon sac et soufflai dedans.

Raka
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18 thoughts on “DMS : Chapitre 88

    1. Je suis contre la secte du f5.
      Je vais la demanteler au nom de l’hérésie.

      On ne commente jamais avant d’avoir lu. Question de respect 😉 

  1. Haha incroyable elle a vaporisé l’océan !
    Toujours un plaisir de te lire Raka, tu arrive à nous surprendre à chaque chapitre ❤

  2. Ouais, en gros, elle a littéralement annihilé toute forme de vie dans l’océan. Putain, le sort de taré ^^ » ! Du coup, non seulement, elle n’est pas morte mais en plus, grâce à ce sort, elle a pu collecter plein de monstres sous-marins. Bon, sur les 10, t’en a 8 qui sont inutile mais elle a une sirène et une pieuvre. La chasse était meilleure que ce qu’elle avait prédit :p !

    Par contre, ne me dites pas que sans faire exprès, elle a également annihilé Hohol ??? Ce serait vraiment con pour elle parce que du coup, elle va devoir se taper le retour à pied et elle va en avoir du chemin à faire ^^ »… Bon, on verra bien lors du chapitre suivant mais quand même, ce petit cliff est placé comme il faut. Faut juste se faire violence et être suffisamment patient ^^ ».

    Bref, merci pour ce chapitre 🙂 !

    1. Mais la contre partie c’est qu’elle aurait maintenant un géant parmi sa panoplie de monstres qu’elle pourrait invoquer dans ses donjons (même si pour l’instant elle n’en aurait pas l’énergie). Ca vaut le coup, nan ? 🙂

      1. Oui c’est vrai mais dans ce cas, faudra un donjon suffisamment grand pour pouvoir le mettre. Et puis dans tous les cas, il me semble qu’elle ne peut pas avoir dans sa collection les géants vu que ce ne sera pas la première fois qu’elle en tue un accidentellement. Surtout que suite à sa première fois, elle n’avais rien reçu comme schéma.
        Après, le chapitre suivant révèle la situation d’Hohol donc je te laisse découvrir par toi-même ce qu’il est devenu ^^.

  3. Rofl Raka… pas bien les cliff de ce style. Merci pour le chapitre je me demande qui aurait charmé qui avec son armure d’équipée 🙂

    Ça motive à faire des dons pour la suite 😀

    1. Comme un gland j’ai oublié de signer le don… Donc si tu lis ça raka le don à 13h30 c’est moi :p

  4. incroyable qu’elle aie plutôt pensé avoir été téléportée au lieu de « simplement » avoir vaporisé l’océan. Elle ne se rend pas compte à quel point elle est puissante, en fait. Tous les autres architectes seraient effrayés s’ils savaient. Mais c’est dommage, apparemment elle ne peut pas stocker les nouveaux sorts qu’elle découvre dans une sorte d’inventaire, à chaque fois, c’est au petit bonheur la chance celui qui sortira. Elle aurait déjà le niveau d’une déesse à part entière dans le cas contraire.

    Quel merveilleux chapitre, comme toujours ! Merci Raka !

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