Chapitre 91 – Le pire donjon du monde ? (1)
[Dame du Lac – niveau 185]
[Créature – Sirène de la Mer Cristalline]
[Force – 115]
[Constitution – 300] [Points de vie – 1 200]
[Dextérité – 180]
[Vivacité – 180]
[Piété – 250]
[Intelligence – 150] [Mana – 600]
[Charisme – 400]
[Compétences]
[Don][Parole Divine][Bluff][Chant Hypnotique]
— Ouah, fis-je sans le vouloir, ces stats sont bien meilleures que les dernières que j’ai observées chez un boss. On sent la montée de niveau.
La Dame du Lac restait là, béate, comme si elle attendait que je lui parle, que je lui donne des ordres, que je lui invoque des sous-fifres. Vérifiant rapidement la quantité d’énergie que j’avais à disposition, je décidai de ne rien en faire et de lui laisser le donjon rien qu’à elle.
— Par contre, on va faire autre chose, ricanai-je.
Décidément, je passais vraiment outre le fait que la zone était d’un niveau bien trop élevée pour moi et je m’amusais alors plus que dans n’importe lequel des donjons précédents. Il fallait dire que j’avais une drôle d’idée. Si elle fonctionnait… ça allait être quelque chose.
Tout d’abord, je me concentrai pour influer sur le comportement de la Dame du Lac. Lorsque je lui donnai de nouveaux ordres mentaux, ses yeux brillèrent d’une étrange lueur froide et dorée. Il ne fallait pas oublier que malgré son apparence féérique, elle restait un monstre et un boss de donjon par-dessus le marché.
Friderik se tourna vers moi, et malgré la présence de l’eau tout autour de nous, s’exprima comme par magie.
— Que comptes-tu faire ? Ce donjon n’était pas pour moi ?
Il semblait évidemment déçu. Mais je ne pouvais rien y faire, ce donjon était réellement pour la Dame du Lac. Il ne fallait pas qu’il s’en mêle ou les choses n’allaient pas se passer comme prévu.
— Je te ferai un autre donjon très vite, ne t’en fais pas. D’abord… J’ai besoin de gagner des crédits. Si Joc a raison, alors le système me l’interdit mais pas lui. Je peux gagner des crédits à dépenser chez Joc, et gagner des niveaux. En plus, vu le niveau de la zone, vais-je gagner des crédits encore plus rapidement ?
— Moui… Alors fais vite. Je suis déçu.
Il s’attendait à pouvoir dévorer des équipements en masse. Je lui adressai un léger sourire.
— Ne t’en fais pas, tu auras de quoi manger bien plus tôt que tu ne le penses. J’en mettrais ma main au feu.
— …
— Quoi ? Un problème ? m’étonnai-je.
— Tu promets ? murmura-t-il.
— …Pfff. Idiot, ricanai-je.
Ignorant sa petite moue, je terminai l’aménagement de mon donjon avec un petit sourire. Un seul monstre, une seule et immense grande « salle » que représentait le lac… et un seul et unique objet.
J’aurais pu lui bâtir une demeure ; après tout, j’en avais acquis le droit lorsque j’avais vaporisé l’océan. Mais mon plan pour le moment se limitait à une chose bien particulière, un test que je souhaitais pousser jusqu’au bout.
J’ordonnai à la Dame du Lac de rester tout au fond des eaux et de ne pas attaquer d’explorateurs à moins d’avoir été agressée la première. Puis, sans autre regard pour ce qui m’entourais, je rejoignis la surface.
— Oh, je suis trempée, maintenant, me plaignis-je une fois sur la terre ferme.
Regardant à droite et à gauche, je sus qu’il était temps.
— Polymorphe humain.
Sous ma forme d’exploratrice et accompagnée de mon familier gris et gluant à la coupe de cheveux improbable, je me rendis en direction de Camelot. Les rumeurs de mes exploits à Roram avaient probablement déjà atteint la capitale et je ne craignais pas d’apeurer les foules en me baladant avec un monstre sur mon épaule.
De plus, j’étais un Paladin de l’Église d’Albion et je disposais du charisme qui allait avec. Je pouvais probablement et facilement convaincre n’importe qui que je n’étais pas animée de mauvaises intentions.
Je traversai la forêt et y aperçus quelques ombres furtives se déplacer entre les arbres.
— Des monstres ? J’espère qu’ils ne m’attaqueront pas…
Si j’avais su qu’il allait y avoir des monstres si près de la capitale, je n’aurais jamais été si insouciante. S’ils m’attaquaient et me tuaient, …je n’osais même pas y penser. Je n’avais pas le niveau pour les affronter, après tout !
Transpirant légèrement et le visage crispé, je décidai de presser le pas. Plus tôt je serais sortie de cette forêt, plus tôt je serais en sécurité à Camelot. La forêt n’était pas si profonde, je devais pouvoir la traverser en moins de trente minutes en suivant le sentier.
Soudain, un bruit résonna dans mon dos. Un craquement de bois, comme des branches mortes écrasées par mégarde. Je me retournai d’un coup par réflexe tout en sursautant.
— Huh ?!
Et je pus remercier ma chance de ne pas m’avoir abandonnée pour une fois dans ma vie ! J’eus à peine le temps de me baisser inconsciemment pour voir un loup bondir au-dessus de ma tête !
— Merde ! Merde !! criai-je.
S’il n’avait pas écrasé une branche morte, j’aurais été de l’histoire ancienne à ce moment. Nous étions proches de Camelot et les monstres étaient tous d’un niveau avoisinant une étoile. J’avais déjà une petite expérience de ce qu’il fallait donner pour pouvoir tuer une telle créature ; et sans Hohol, je n’avais pas la moindre chance d’assommer la bête pour la frapper à mort.
Et puis, un loup traquait-il forcément ses proies seul ? Si un deuxième se mêlait à la fête, il n’était même plus question d’imaginer survivre.
Le loupe se retourna, babines retroussées et bave aux lèvres. Il n’était désormais plus question de cacher sa présence et il grognait de la façon la plus menaçante possible. Sans attendre, il fléchit les pattes et bondit à nouveau dans ma direction, visant clairement la gorge.
— Ooooh nooon !
Friderik, toujours sur mon épaule, tendit un tentacule visqueux et dur comme la roche afin de protéger mon cou. Au moment où le loup l’atteignit, je vis des étincelles jaillir dans tous les sens tandis que la bête se faisait repousser.
— Des étincelles ?! Mais qu’est-ce que c’est que ce loup ?
Je plissai les yeux.
[Canidé aux Dents d’Acier]
Bon sang, j’étais passée à côté d’une mort immédiate ! C’était un monstre de niveau 193, comme je m’y attendais. Ceci dit, il n’avait pas l’air de vouloir abandonner l’idée de me mettre à mort. Tournant rapidement les yeux, je pus constater qu’il était seul. Peut-être était-ce bien un chasseur solitaire, après tout, ce qui n’arrangeait en revanche pas ma situation pour autant.
Friderik bondit au sol et se changea rapidement en un varan, presque aussi gros que le loup. Il avait décidé de l’affronter ? Mais même s’il était puissant, pouvait-il vraiment terrasser un monstre de ce niveau ?
Je n’eus pas le temps de me poser la question. Je pouvais clairement voir que mon slime adoré arborait une blessure en forme de morsure. Le loup avait réussi à entamer sa défense d’un simple coup de crocs.
— Fais attention, je t’en prie…
Je désirais l’aider, mais il fallait pour ça que je trouve le moment parfait. J’avais le sentiment que je n’aurais pas de seconde chance. Il y avait ce quelque chose de malsain et d’intelligent tout au fond des yeux du monstre, et j’étais intimement persuadée qu’il ne laisserait pas passer une attaque ratée.
Friderik se jeta sur le loup au moment où celui-ci bondit sur moi et l’intercepta au vol. Il tenta d’enrouler quatre tentacules gris et rocheux autour de la tête de la bête mais la différence de puissance était trop évidente. L’énorme musculature du loup lui permit de reculer d’un seul coup, s’arrachant facilement de l’étreinte mortelle.
Il grogna tout bas avant de bondir à nouveau mais en direction de Friderik, cette fois !
Friderik fit alors ce qu’il savait faire de mieux. Non, il ne chercha pas si le loup avait une poitrine à peloter mais sous sa forme de varan, il leva la queue et les pattes arrières afin de chercher à attraper le loup. Il l’avait déjà fait de nombreuses fois face aux aventuriers et c’était sa façon habituelle de les achever. Cependant, conscient qu’il n’arriverait pas à l’étouffer en lui attrapant la tête, il avait l’intention d’immobiliser ses quatre membres. Les deux pattes arrière de Friderik se séparèrent pour devenir quatre tentacules tandis que sa queue supporta les attaques de la mâchoire, affichant de plus en plus de traces de morsures et finissant par trembler sous les assauts répétés du loup.
Finalement, le loup ne possédait qu’une gueule et même en parvenant à blesser la queue de varan qui l’attaquait, il ne parvint pas à gérer les quatre liens qui lui entouraient désormais les pattes.
D’un seul coup, je vis briller au fond de son regard une lueur froide. Il leva la tête et hurla. Lorsqu’il la baissa à nouveau en direction de son adversaire, ses crocs étaient rouges et luisants, dégoulinants d’énergie.
— Merde ! Tu crains, là !
Je me jetai en avant, tentant le tout pour le tout. Après tout, je sentais que Friderik risquait sacrément gros sur la simple attaque qui allait suivre. Il était temps de tenter pour la première fois de me servir d’une compétence de Paladin. Je priai pour qu’elle soit efficace.
— Frappe étourdissante !
Je brandis mes poings en avant et ceux-ci semblèrent, l’espace d’une seconde, radier d’une énergie nouvelle. Alors que le loup avait la gueule grande ouverte autour de la queue de Friderik le varan qui tentait toujours de gérer la bête, je me surpris à lui envoyer une de ces mandales, du genre qui me choqua moi-même.
L’impact résonna comme un coup de tambour. Mes deux poings avaient heurté sa gueule ouverte et pendant deux secondes, sa tête s’immobilisa et vibra. La couleur cramoisie de ses crocs disparut ; je venais d’interrompre sa capacité.
— Ouah… me surpris-je moi-même.
En réalité, il s’agissait de la seule attaque que j’imaginais pouvoir avoir un quelconque effet. Et pour un effet, ça avait marché du tonnerre !
Certes, deux secondes, ce n’était pas très long. Je l’avais étourdi le temps d’un souffle à peine mais Friderik en profita pour enserrer sa gorge. Il ne voulait pas prendre le risque de l’étouffer et de laisser cette mâchoire puissante au contact de son corps, aussi se contenta-t-il, une fois les quatre pattes de la bête totalement immobilisées, de glisser un tentacule autour de son cou.
Lorsque le loup reprit ses esprits, il était déjà condamné. Incapable de bouger, de respirer ou de mordre autre chose que de l’air, il aboya et glapit de façon totalement impuissante.
— Tu n’avais qu’à pas m’attaquer… Tu t’en prendras à toi-même dans ta prochaine vie.
*
Je n’avais pas mis le loup à mort. Friderik était celui qui l’avait achevé et je n’obtins pas le schéma que je désirais. Peu m’importait en vérité, je n’avais simplement pas osé l’approcher même lorsqu’il était sur le point de mourir. Le plus important se trouvait dans l’absence d’autres créatures dont la meilleure idée de la journée aurait été de nous attaquer. Une fois la bête écroulée au sol, Friderik n’hésita pas et la bouffa crue, corps, poils, organes et os dans un mélange sans doute pas très ragoûtant.
— J’imagine comme ça doit être mauvais… murmurai-je tout bas.
— Ah ? Non, non, ça n’a pas de goût en réalité, répondit-il entre deux craquements gluants.
— Comment ça, pas de goût ? m’étonnai-je.
Friderik termina de désintégrer le loup paresseusement en me répondant.
— Manger pour manger et manger pour absorber sont deux concepts différents. Dans un cas, les aliments ont effectivement du goût, mais dans l’autre, c’est une compétence, et rien n’a de saveur. Je pourrais même dévorer une bouse de Troll sans en être affecté le moins du monde…
Il s’imaginait déjà avaler une… ?
— Tu es bizarre. Vraiment bizarre.
Je fis une grimace dégoûtée. Il venait de m’imprimer une image dans la tête, et je n’arriverais pas à m’en débarrasser avant longtemps, je le savais. N’aurait-il pas pu utiliser un autre exemple ?
Puis il commença à se transformer. Auparavant un varan, il se changea désormais en loup. Même taille, même regard, même aura… Tout était identique à la bête qu’il venait de tuer, à l’exception de sa couleur, sa coupe de cheveux et son corps translucide et gélatineux.
— Tu as réussi à te changer en loup ?
Il hocha la tête.
— Oui. Je n’ai toujours pas compris comment obtenir de nouvelles formes… Elles ont l’air de m’être octroyées aléatoirement… mais cette fois, ça a fonctionné. Je sens que ce corps est bien plus rapide et agressif que le varan. Rien que pour ça, le voyage valait le coup !
Je lui souris, contente pour lui.
Nous sortîmes de la forêt et je dus mettre ma main en visière pendant quelques secondes pour ne pas être éblouie par le soleil couchant qui se trouvait pile face à nous, au-dessus des tours de Camelot.
Friderik refusa de se changer à nouveau en slime et préféra garder sa forme de loup. D’après lui, elle était plus à même de combattre rapidement et de faire face aux situations inattendues. Sans dire un mot de plus, nous nous mîmes en route vers la capitale.
Cette fois, j’avais prévu le coup et je portais ces vêtements que m’avait donné l’explorateur anonyme à la sortie de mon donjon. Ainsi, je passerais bien plus facilement inaperçue sur Albion. Sauf si les gens d’ici aimaient les jolies filles. À ce moment, je ne pourrais rien y faire.
— Haha… Camelot, me voilà !
— …Camelot, nous voilà !
Et je me fis corriger par Friderik le loup gélatineux, juste comme ça.
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Merci pour le chapitre
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Merci pour le chap
je sens venir du « Kaamelott, nous voilas ! » 😉
Merci pour le chapitre
Ps : heureusement que le loup n’avait pas de poitrine
Merci pour le chapitre. Le week-end n’est que dans 6 jours c’est vraiment pas loin :p
Bienvenue à Camelot !!! Ça commence déjà très fort avec l’attaque du loup. Heureusement qu’elle a à sa disposition un slime comme Friderik parce que sinon, ça aurait été la mort assuré ^^ »…
Bref, merci pour ce chapitre 🙂 !
Merci pour le chapitre
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