Voilà, enfin terminé xx Ca valait le coup, cela dit !
Bonne lecture !
Chapitre 413 – Qu’est-ce veut dire ‘se débarrasser de ce qui n’est plus utile’ ?
Long Ao était pétri de douleur et d’indignation. Il était absolument inconsolable. Il tendit la main, pointa Wu Kuangyun du doigt et cria en pleurant des larmes de sang : « Wu Kuangyun ! Espèce de… » Son cri avait de quoi déchirer le coeur de n’importe qui, mais tout ce qu’il vit, c’était le regard malicieux et moqueur de son ennemi.
Alors… Il n’a jamais eu l’intention de me persuader de me rendre ! Il s’est foutu de moi du début à la fin !
Long Ao s’effondra presque à cette pensée. Il avait toujours été très fier de son intelligence et de son astuce, mais aujourd’hui, il s’était fait manipuler si piteusement !
Les troupes ennemies étaient devant lui, et les siennes à l’arrière, mais elles le huaient dans une démonstration de mécontentement et de méfiance. Le grand général eut l’envie soudaine de se suicider sur-le-champ, comme pour s’excuser auprès du monde entier…
C’était une humiliation totale !
Il avait toujours été quelqu’un de fier, qui avait triomphé de chaque bataille. Avait-il jamais été humilié de la sorte ?
Et il avait fallu que ça arrive dans un moment aussi critique. Son armée avait atteint ses limites et n’avait nulle part où aller. Sa seule option était de refouler sa colère et de se rendre, mais ses propres soldats ne croyaient plus en lui. Tout le prestige qu’il avait accumulé durant des décennies, au prix d’efforts rigoureux, avait été réduit en poussière par son adversaire !
Il n’en restait plus rien !
Long Ao commença à chanceler sur son cheval, au point de presque en tomber. Sa vision s’était obscurcie et il n’avait plus aucun espoir. Inconsciemment, il fit faire demi-tour à sa monture et retourna vers ses troupes.
Les souvenirs des généraux qu’il avait vaincus et humiliés par le passé tournaient dans son esprit. Il ne put s’empêcher de se demander s’ils avaient éprouvé la même chose que lui à ce moment…
Wu Kuangyun ne le poursuivit pas. Il resta juste immobile sur son cheval, un sourire moqueur aux lèvres. On dirait que le plan de ce Roi des Enfers Chu marche du tonnerre. Regardez-le… Il est si furieux qu’on aurait cru qu’il était à moitié mort. Il a l’air d’avoir perdu toute envie de vivre… C’est fantastique !
Long Ao retourna à son armée et fut accueilli par les regards suspicieux, dubitatifs et méprisants de ses subordonnés. Les soldats l’observaient silencieusement de la même manière.
Il a délibérément baissé la voix pour qu’on ne l’entende pas. Il plaidait définitivement pour sa vie ! Et son interlocuteur n’est pas rentré dans son jeu…
L’autre général a dit que Long Ao l’avait appelé papa… Et le Grand Général Long n’a même pas démenti… Il l’a même forcé à jurer, mais il n’a fait que cracher du sang sans promettre ne pas l’avoir appelé de la sorte !
Qu’est-ce que ça indique ?
Ça montre que le Grand Général Long le suppliait vraiment de l’épargner… Qu’il tentait d’être bien traité, de recevoir un statut et d’être récompensé après s’être rendu. Il a même essayé de s’attirer ses bonnes grâces en l’appelant servilement papa… Mais il a été sévèrement humilié en retour !
Est-ce… Est-ce vraiment notre Grand Général Long ?
Long Ao eut l’impression qu’on lui poignardait le coeur devant ce silence gênant et ces regards suspicieux. Il voulut dire quelque chose, mais il commença à voir des étoiles devant ses yeux. Il ouvrit la bouche pour adresser quelques mots, mais il finit par vomir une grosse gorgée de sang…
Il était tant et si bien abattu qu’il commença à considérer de se suicider…
Il fit faire demi-tour à son cheval et cria tout à coup : « Wu Kuangyun ! Je n’ai pas pu dévorer ta chair de mon vivant, mais je chasserai ton âme dans ma mort ! Que ça soit au paradis ou en enfer – je ne coexisterai jamais avec toi ! »
Il continua de mugir alors que du sang coulait toujours de sa bouche.
Il dégaina alors sa longue épée et hurla de colère : « Attends-moi, Wu Kuangyun, mon fantôme te rendra visite ce soir… » Il s’égorgea alors de son épée, se suicidant ainsi à dos de cheval ! Sa voix aiguë était pleine de tristesse, comme celle d’un démon échappé des enfers. Elle débordait d’une haine infinie et de chagrin, au point que tous ceux qui l’entendirent en eurent la chair de poule.
Il mourut sur place, sans tomber de cheval bien que son sang continue de gicler. Ses yeux fusillèrent Wu Kuangyun d’un regard plein de rage et rancœur. C’était les yeux d’un homme mort – profonds et comme connecté aux enfers…
Un des généraux les plus célèbres de cette génération avait choisi de se suicider !
Sa garde personnelle éclata en sanglots : « Commandant-en-chef ! »
« Commandant-en-chef ! » Beuglèrent des milliers d’hommes à l’unisson, avant de tomber à genoux et de pleurer.
Wu Kuangyun frémit un peu, puis il éclata soudainement de rire. « Tu ne sais pas qu’il y a plus de dix millions de personnes qui veulent ma mort, connard ? Tu devrais au moins savoir ça si tu veux te venger de moi. Tu viendras me trouver pendant mon sommeil ? Bah, tu devras faire la queue avant d’arriver jusqu’à moi ! Cet abruti est mort, et il a tout de même osé me menacer avant de clamser ! »
Il leva ensuite le bras et annonça d’une voix puissante : « Long Ao est mort ! Ren… Vous ne vous êtes pas encore rendu… Vous avez l’intention d’attendre jusqu’à quand, hein ? » Il avait d’abord voulu dire ‘Rendez-vous’, mais il avait réalisé que c’était un peu pédant, d’où son interruption.
Un homme au visage couvert d’un masque noir se tint sur les murailles. Ses vêtements noirs claquaient au vent. Son regard était glacial, acéré et sans pitié. C’était le Roi des Enfers Chu !
« Laissons-nous ces gens se rendre, Ministre Chu… » Demanda Tie Butian tandis que ses yeux brillèrent.
« Naturellement, étant donné que leur Commandant-en-chef est mort ! » Répondit indifféremment Chu Yang. « Une fois qu’ils se seront rendus, nous exécuterons la garde personnelle de Long Ao ; les officiers supérieurs seront également exécutés, et le reste des officiers sera emprisonné. Les bataillons existants seront dissous et réorganisés en une ‘nouvelle force’. »
« Je comprends qu’il faille exécuter les officiers supérieurs et que les autres soient emprisonnés, mais pourquoi exécuter la garde personnelle ? » Demanda Son Altesse en fronçant les sourcils. « Tuer des prisonniers de guerre est… »
« Ce n’est pas le moment de se montrer bienveillant et miséricordieux. Nous devons nous concentrer sur notre survie, traverser tout ça – et ce n’est qu’alors que vous pourrez penser à dominer le monde entier ! » Répliqua froidement le jeune homme. « Vous ne comprenez pas pourquoi il faut exécuter la garde personnelle, parce que vous ignorez ce qu’est réellement une garde personnelle ! On ne les désigne pas de ces termes pour rien. »
Tie Butian fut embarrassée, aussi sourit-elle pour toute réponse. Un officier supérieur qui se tenait près de là prit la parole. « Sa Majesté ne dirige pas l’armée, aussi est-il compréhensible qu’elle ignore ce qu’il en est. Quoi qu’il en soit, nous n’aurons pas à tuer beaucoup de soldats de sa garde personnelle, car Long Ao est déjà mort. Par conséquent, la plupart des hommes de sa garde vont l’accompagner en se suicidant ! »
Il continua son explication avec une expression assez sérieuse : « Et ceux qui ne suivront pas leur maître décédé… garderont probablement une rancune tenace à notre égard, et cherchent probablement à mourir après s’être vengés. » Il poussa un long soupir. « Voilà ce que ça signifie que de faire partie de la garde personnelle, Votre Majesté… Voilà ce dont parlait le Ministre Chu ! »
Il marqua une pause avant de poursuivre. « Cette soi-disant ‘garde personnelle’ est composée de vrais fanatiques, incarnant la définition même du mot ‘loyauté’ ! Il existe depuis toujours une loi déconcertante sur-le-champ de bataille, qui dit que la puissance et l’influence d’un général célèbre se mesure grossièrement par le nombre de soldats de sa garde personnelle prête à mourir à sa suite s’il venait à être tué sur-le-champ de bataille. »
Tie Butian fut choquée de l’apprendre !
Les soldats de la garde de Long Ao s’étaient mis à pleurer à chaudes larmes à son suicide, et quelques-uns avaient dégainé leurs couteaux pour se suicider.
Ils avaient réalisé qu’ils avaient perdu après que le Nuage de Fer leur ait donné une chance de se rendre aux soldats communs, qui déposèrent alors immédiatement leurs armes. Cependant, les soldats de la garde personnelle – du moins ceux qui vivaient encore – devinrent extrêmement furieux, et ils commencèrent à tuer leurs camarades. Ces soldats ordinaires commencèrent alors par contre-attaquer, et ils commencèrent à se tailler les uns les autres en pièce !
L’armée du Nuage de Fer n’avait pas encore bougé que les soldats du Grand Zhao s’étaient déjà lancés dans une bataille acharnée. Le champ de bataille devint une scène de carnage, où la garde personnelle massacrait les autres soldats en gémissant et en pleurant. Ils criaient follement en brandissant leurs armes : « Le Grand Général n’était pas ce genre d’homme ! Il n’était définitivement pas ce genre d’hommes ! Vous l’avez profané ! C’est votre faute… »
Ces cris tragiques résonnèrent un long moment, puis ils se turent lorsque l’intégralité des trois mille hommes de la garde personnelle fut tuée. Le dernier soldat de la garde debout continua même de massacrer furieusement tous ceux autour de lui jusqu’à épuiser ses dernières forces. En fait, il utilisa les forces qui lui restaient pour crier ses dernières paroles : « Le Grand Général n’était pas… »
On voyait clairement qu’il espérait que son cri atteigne les oreilles de feu Long Ao. Il semblait vouloir lui dire qu’il croyait à son innocence, et qu’il défendait malgré tout sa réputation et sa dignité… Même après sa mort. Son dévouement venait de la confiance aveugle qu’il avait en son Général durant son vivant ! Tout le monde s’était trompé sur lui et du coup, sa propre garde personnelle s’était sacrifiée afin d’offrir un hymne final à l’homme à qui ils avaient juré loyauté !
Notre Grand Général n’a pas mérité ça !
Cependant, la voix de ce dernier homme s’étouffa en plein milieu de sa proclamation d’innocence, alors que son corps se retrouva noyé sous une mer d’épées et de sabres.
Son sang comme son âme jaillirent vers le ciel – tout comme sa loyauté !
Tie Butian observa cette scène de carnage où la chair comme le sang volaient dans tous les sens. Elle poussa un long soupir : « Quel dommage qu’un général aussi célèbre ait une mort aussi misérable ! C’est vraiment lamentable ! »
« Votre Majesté a un coeur débordant de compassion, n’est-ce pas ? Mais ça n’en vaut pas la peine ! » Dit froidement Chu Yang. Il était impoli, mais la jeune femme ne s’énerva pas pour autant. Elle demanda simplement : « Pourquoi ? »
« Ces soi-disant ‘généraux célèbres’ tirent leur renommée de centaines de batailles. Chacun d’entre eux finit naturellement par avoir ses propres soldats extrêmement dévoués, qui le suivront pour le restant de leurs jours. Et, chaque fois qu’un tel général meurt – nombre d’entre eux meurent avec lui ! Et de plus, ces gens sont parfaitement heureux de mourir pour lui ! Et tout ça grâce à son charisme. »
Il poursuivit : « Il ne mériterait tout simplement pas de devenir général s’il ne possédait pas un tel charisme ! C’est quelque chose de très banal sur le champ de bataille. En fait, certains généraux rassemblent même intentionnellement des clochards, des orphelins et des condamnés à mort comme leurs propres enfants… Parce qu’ils savent pertinemment que ces gens n’ont rien… Et par conséquent, leurs seuls sourires suffisent à rendre ces gens prêts à mourir pour eux… Sans même parler du fait qu’ils aient donné à ces laissés pour compte un sens à leurs vies. »
« De plus, il s’agit d’une guerre entre deux nations et pas d’une guerre civile… n’est-ce pas ? » Ajouta Son Altesse en souriant.
« Exactement ! »
« Je comprends ! Ma compassion ne fera que me causer du tort à l’avenir. Mais… Je ne peux pas m’empêcher d’être émue devant une telle scène. » Tie Butian sourit doucement et dit : « C’est juste qu’il n’existe pas beaucoup de ‘héros’, et que je ne supporte pas de les voir mourir de la sorte… Peut-être parce que j’emploie moi-même de tels ‘héros’ ! »
Chu Yang resta silencieux un temps, puis il dit : « Ces mêmes héros deviennent médiocres lorsqu’ils sont utilisés par un roi, puisqu’il leur est supérieur. Vous pouvez ranger votre arc une fois que tous les oiseaux sont morts. Vous pouvez cuisiner vos chiens de chassent quand tous les lapins sont attrapés. Ça peut paraître cruel au premier abord, mais c’est un mal nécessaire pour le bien commun… Il faut savoir admettre l’inévitable ! »
Sa Majesté resta silencieuse un long moment, puis il finit par pousser un long soupir et dire « En effet. »
C’était des mots clairement peu flatteurs, mais Sa Majesté comme le Ministre Chu savaient que c’était ainsi qu’on gouvernait une nation. À quoi sert un arc une fois que tous les oiseaux sont morts ? À quoi servent les chiens de chasse quand il n’y a plus de lapins ? Le monde était cruel, du monde pour les gens ordinaires, et… Il était plein d’incertitudes.
Tout le monde sait que les guerres sont menées pour la paix mais cependant, les généraux et les soldats n’ont d’autres choix que prendre leur retraite et de retourner à la ferme une fois la paix obtenue. La plus grande valeur d’un soldat se manifeste lors de guerres brutales. C’est la cruelle réalité !
La guerre attise l’esprit combatif, mais la paix œuvre pour la pacification et l’harmonie ! Ce sont des concepts incompatibles.
Tie Butian tourna la tête pour regarder l’adolescent, puis elle lui dit alors avec gravité : « Ministre Chu, j’ignorais que vous aviez une telle connaissance de la gouvernance d’une nation ! Les gens au pouvoir se débarrassent toujours des roturiers une fois qu’ils ne leur sont plus utiles. C’est la norme depuis toujours. Votre dicton ‘il faut jeter son arc quand tous les oiseaux sont morts’ peut effectivement paraître un peu sévère, mais je dois dire que c’est bel et bien ainsi qu’il faut diriger un pays ! »
« Soyez toujours prêt à utiliser votre arc tant que les oiseaux volent, mais une fois qu’ils sont abattus… Vous pouvez détruire votre arc si vous le souhaitez. C’est ainsi qu’agit un Empereur fantastique. Ne l’oubliez pas. » Dit calmement le Fourbe.
Profondément inspirée, Son Altesse prit une grande inspiration. « Je ne l’oublierai jamais ! » Sa réponse sonnait comme un serment !
Comme leur discussion était devenue quelque peu difficile et complexe, ils s’arrêtèrent là et ne développèrent pas davantage le sujet.
Un long moment passa avant que Chu Yang ne lève un sourcil et dit : « Vous pouvez ouvrir les portes de la forteresse et laisser les soldats qui se sont rendus entrer. »
Tie Butian prit une grande inspiration et dit, le sourire aux lèvres. « Cette guerre touche enfin à sa fin… Du moins ici. » Elle souriait, mais son coeur était troublée. Nous allons bientôt nous rendre au champ de bataille principale, où se trouve Wu Qianqian. Et elle ignore tout de ce qui s’est passé…
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