LDO : Chapitre 22
LDO : Chapitre 24

Chapitre 23     Guerre psychologique

 

 

– Cheng Shun. J’accepte ton marché. Je créerai un millier de soldats de ton choix, morts-vivants ou magmatiques, selon tes désirs. En contrepartie, moi, Osumba, te demande quelque chose de simple.

Je me tournai vers Dai Lin, puis vers Pio. Ils étaient pendus à mes lèvres. Bon, pour Pio, c’était normal, il était toujours impassible de la sorte.

Croisant à nouveau le regard du chef des bandits, je fronçai légèrement les sourcils sans m’en rendre compte.

– Aide-moi à supprimer la source de la corruption de ces terres. Ensemble, éliminons ce qui crée les morts-vivants qui apparaissent et qui menacent les villages et toute forme de vie.

C’était dit. Je lui avais fait ma demande. Désormais, tout ne dépendait plus que de lui. Allait-il accepter ? Et si oui, comment allions-nous procéder ? Je ne savais absolument rien des morts-vivants qui rôdaient un peu partout dans le monde souterrain et peut-être que lui non plus. La source ? Encore fallait-il la trouver et qu’elle soit quelque chose que l’on puisse gérer ensemble.

Il réfléchit quelques minutes, dans le silence le plus absolu. Il étudiait mon visage avec soin, cherchant à décrypter mes émotions sans doute, et pesant le pour et le contre de ce marché. Allait-il vraiment y gagner ? Voilà la question qu’il se posait, j’en étais certain. Mais je ne démordis pas de mon choix, et soutins son regard jusqu’au bout.

Il finit par m’adresser un sourire en me posant une question.

– Bon. Je vois. Après tout, c’est ce que tu désires. Mais… Que vas-tu gagner de tout ça ?

Il cherchait donc à comprendre mon but ultime ? Je n’avais aucune raison de le lui cacher.

– Une fois ces terres nettoyées de cette malédiction, je serai alors libre de m’y déplacer plus sûrement, et de chercher les runes dont j’ai besoin. Dai Lin m’a orientée jusqu’à présent pour éviter les zones dangereuses, mais notre parcours est toujours très limité. Je suis persuadé qu’il y a des tas d’endroits où je pourrais trouver des runes puissantes. Je veux pouvoir y accéder.

Il leva les soucils.

– Pourquoi dans ce cas ne pas m’avoir demandé de t’accompagner pour les trouver ? Je ne crains pas les morts-vivants qui rôdent. En doutes-tu ?

Je secouai la tête.

– Pas du tout. Si tu es aussi puissant que Wang Wei, qui est au niveau de la fondation de l’Âme, alors je suis sûr que tu ne les crains absolument pas, en effet. Mais…

– Mais ?

– D’une manière ou d’une autre, ces runes, j’aurai l’occasion d’aller les chercher. Je veux en profiter pour aider ce monde ainsi que venger mon amie dont le village a été anéan…

Je me rendis compte qu’elle était toujours là, à m’écouter. J’étais en train de lui rappeler des mauvais souvenirs. Mais elle me répondit aussi promptement que possible, me voyant mal à l’aise.

– Ne t’en fais pas, Osumba. Ne t’en fais pas. Tu crois que je n’y pense pas tous les jours ? Je… Je te suis reconnaissante pour ton initiative. Merci.

Ses yeux humides m’offraient un genre de reconnaissance que je sentais provenir du plus profond de son être. Elle n’arrivait pas à retenir ses larmes alors même qu’elle tentait de se montrer forte en apparence.

Elle craqua pour de bon et se mit à pleurer à chaudes larmes en tombant à genoux.

Décidément, c’était une fille et elle était vraiment émotionnelle. Mais après ce qu’elle avait enduré, je pouvais le comprendre. Si j’avais perdu mon village natal au pates de bêtes sauvages, j’aurais sans doute été dans le même état qu’elle, malgré toute ma masculinité.

Je décidai de couper court à cette scène en me tournant vers Cheng Shun.

– Alors ? Que décides-tu ? Ce que je te demande te semble-t-il trop dur ? Inacceptable ?

Il secoua les mains devant lui, comme pour m’arrêter avant que je ne dise trop de bêtises.

– Pas du tout. Je voulais simplement savoir pourquoi cette décision. Tu aurais pu me demander tellement plus, mais tu t’es contenté de ça. Osumba, tu as un grand cœur, hahaha !

– Est-ce drôle ?!

Il riait de ma générosité. Je le regardai de travers, les yeux légèrement plissés.

– Ah, mais… Ha ha, non, pas du tout ! C’est simplement que… Eh bien, ce n’est pas mon cas. Je ne serais pas qui je suis si ça avait été le cas, tu sais. Mais à une époque… Je comprends, je comprends… J’étais comme toi. Avant que la vie ne me… Enfin, bref. J’accepte volontiers le marché de l’Âme, Osumba.

Une lumière bleue nous entoura tous deux et quelque chose sembla sortir de moi et se lier à lui. C’était une impression étrange mais je savais qu’il s’agissait là du marché de l’Âme. Je ne pouvais plus revenir sur ma parole, désormais.

Mais lui non plus. Et ça, c’était un sacré avantage pour l’avenir, je pouvais déjà voir devant moi, aussi loin.

Une fois la lumière dissipée, c’était présent en moi, je le savais. Je pouvais le sentir dans mon dantian, comme un nœud qui menaçait de se défaire à tout moment.

Oh ? Osumba ?

Zhou Xuefang ? Evidemment, il vivant en moi, il avait dû voir arriver le marché de l’Âme dans mon dantian.

Tu as enfin passé ce marché ? Désolé, j’étais occupé à réfléchir, j’aurais dû te conseiller plus tôt. Tu pouvais lui demander ce que tu voulais, absolument tout. Je sens en lui cette envie irrésistible de posséder une armée puissante, il disait le contraire mais il aurait accepté à peu près n’importe quoi.

Et c’était maintenant qu’il le disait.

D’ailleurs… Ce n’est pas vraiment dans les règles ce qu’il vient de faire. Il a essayé de profiter de ta jeunesse et de ton ignorance ? Sans doute… Hmm…

Cheng Shun reprit la parole tandis que j’écoutais le vieux parler.

– Maintenant que c’est fait, pouvons-nous doucement commencer à créer cette fameuse armée du magma ?

Ses yeux brillaient. Il avait eu ce qu’il voulait, je n’avais maintenant plus le choix et je devais lui offrir un millier d’hommes transformés en soldats bouillonnants. Il voulait donc commencer tout de suite.

– Hmm… Allons-y. Mais je ne pourrai pas te créer une armée de mille homme aussi facilement. J’ai besoin de temps, mon Qi aura besoin de souvent se régénérer.

– Pas de problème, nous avons tout notre temps.

– D’ailleurs, es-tu capable de me fournir autant d’hommes ?

Il rit de bon cœur.

– Evidemment. Je possède déjà plus de mille têtes sous mes ordres. Tu crois que je t’aurais demandé ça si je ne pouvais pas ? Bien entendu, cela ne dépend maintenant plus que de toi. Je les tuerai lorsque tu le jugeras nécessaire. Avant ça, mangeons !

Il ne savait pas ce qu’il voulait ? Il était trop excité par le marché ? Il venait de me demander de commencer, et maintenant il me proposait de manger avec lui. Quel personnage étrange. Mais j’avais effectivement un petit creux, alors pourquoi pas…

 

**

 

Nous partageâmes un repas à trois, lui, Dai Lin et moi. Pio était retourné dehors pour nous attendre, incapable de se nourrir de toute façon.

– Pouah. Je suis plein.

J’étais complètement rempli. Des fruits, des légumes inconnus, de la viande tellement bonne que j’aurais pu pleurer en l’avalant, j’avais eu le droit à la totale.

D’un seul coup, alors que je m’apprêtais à reprendre un peu de cette cuisse d’animal non-identifié grillée à la broche alors que je n’avais plus de place pour l’avaler, une voix me tira de mon bonheur béat.

Voilà.

– Zh… Hein ? Quoi encore ?

J’avais eu le réflexe de ne pas m’exclamer à voix haute, mais intérieurement.

Je viens de délier le marché de l’Âme dans ton dantian. Bon sang, il était compliqué, celui-là. Ce type, Cheng Shun, avait placé dans les conditions du marché des choses inacceptables. J’ai mis un moment à les corriger.

– Comment ça ?

Il s’est servi de la façon ambigüe que tu as eu de poser ta condition pour la rendre impossible à réaliser. Tu as demandé l’élimination de la source de la corruption, pas de ce qui se dresserait sur votre chemin jusqu’à la rencontrer. Tu allais être obligé de l’amener paisiblement face à ce qu’il aurait dû détruire pour toi. Il ne t’aurait pas aidé avant ça et t’aurait simplement regardé faire.

– Quoi ?!

D’un autre côté, dans les conditions qu’il a posées, il a bien spécifié que tu ne pourrais plus réclamer le commandement des soldats que tu allais créer. Il se serait servi de ce point pour que tu perdes toute possibilité de les faire retourner à l’état de cadavres.

– Je ne peux pas faire ça, de toute façon.

Mais ça, il ne le sait pas. Il m’a bien l’air persuadé que tu peux les lui retirer à tout moment. Et la façon qu’il a eue de lier le contrat faisait que tu ne pouvais plus, tu n’en avais plus le droit.

– Je vois. Quel lâche.

Je fronçai les sourcils en entendant ce qu’il avait tenté de faire. Il voulait m’entuber du début à la fin. Posséder une armée que je ne pourrais plus lui retirer et ne pas m’aider en retour. Je décidai de garder ça dans un coin de ma tête et de trouver la solution pour me venger, plus tard.

Mais comme je te l’ai dit j’ai délié le contrat. Je l’ai restructuré depuis l’intérieur. Décidément, vivre dans ton dantian m’apporte des plaisirs que je n’aurais imaginés avant. Moi qui suis un grand adepte de la recherche sous toutes ses formes, je peux faire ici des choses dont je n’aurais jamais rêvé.

– Heureux pour toi… Et donc, tu as fait quoi ?

Ça m’a pris du temps parce que modifier le contrat en toi modifie également le contrat en lui, et je ne voulais pas qu’il remarque quoi que ce soit. Mais ça y est, c’est bon. Désormais les termes de ce qui vous lie sont les suivants : tu dois lui créer une armée de mille soldats spéciaux grâce à ton pouvoir. Simplement ton pouvoir, Osumba. D’un autre côté, il est obligé de supprimer les morts-vivants du monde souterrain jusqu’à ce que tu estimes qu’il en ait fait assez. D’ailleurs, j’ai modifié l’ordre dans lequel sera fait les choses. Il devra t’aider le premier. Il aura ce qu’il veut ensuite.

– Oh… Incroyable…

Avoir un type à la puissance quasi divine vivre en moi était vraiment quelque chose d’exceptionnel, et en tous les cas très utile.

Et quoi qu’il en fut, je décidai de donner le change pour ne pas me faire suspecter.

– Peut-on enfin commencer à te créer une armée ? Mais rappelle-toi, je ne peux les créer qu’un par un, je peux en créer un toutes les 4 heures.

– C’est tout ?

Il était visiblement surpris, un peu déçu même.

– Mais ça va être très long ! Moi qui pensais que tu pourrais au moins les créer dix par dix… Combien de temps… Six par jour, il faudra presque cinq ans pour terminer ! Tu es certain de ce que tu dis ?

– Absolument. Pourquoi mentirais-je ? Nous sommes liés par un contrat, il faut donc que tu puisses être conscient de ce que ça implique.

– Hmm…

Il se mit à réfléchir intensément. Il ne voulait évidemment pas passer à côté de sa super armée, mais il la voulait au plus tôt.

– Je n’avais pas prévu d’avoir à te nourrir pendant cinq ans… C’est impossible. Il me la faut plus tôt que ça.

Je haussai les épaules.

– Que puis-je y faire ? Mon Qi reste mon Qi. Je ne peux pas en créer à partir de rien juste pour aller plus vite. Pour ça, il faudrait que je sois infiniment plus puissant, et je ne possède pas les ressources…

Il claqua des doigts en souriant.

– Problème résolu ! Tu es du troisième niveau Terrestre. Dis-moi, Osumba, si tu passais, disons, au septième ou au huitième niveau, combien de temps cela prendrait-il ?

Il avait mordu à l’hameçon encore plus naïvement que je n’aurais pu le faire quand je n’étais qu’un gamin sans expérience. J’étais fier de moi, je commençais à le faire danser dans le creux de ma main.

– Je pense qu’au huitième niveau, je pourrais terminer le tout en… six mois, peut-être.

– Six mois ? C’est parfait ! Osumba, je vais te fournir des ressources de cultivation jusqu’à ce que tu atteignes le niveau désiré.

Son visage se durcit d’un coup, et des rides apparurent sur son front.

– Cela dit… Je te préviens. Si tu m’as menti sur ce point, et que tu es incapable de terminer en six mois à ce moment, huitième porte ou non, armée magique ou non, tu mourras de ma main et dans d’atroces souffrances. Compris ?

De la sueur froide perla dans mon dos. Je la sentais couler le long de ma colonne. Moi qui étais persuadé d’avoir le dessus dans cette négociation, il venait de poser une menace qui n’allait pas rester sans conséquences si je faisais le moindre faux pas. Il semblait que finalement et contrairement à ce que je pensais, j’avais moins d’importance à ses yeux que sa fierté.

– Pourquoi te mentirais-je ? J’ai besoin de toi également.

– Hmm… Nous verrons ça.

Et voilà. J’en avais trop fait et il était désormais sceptique. J’allais devoir la jouer fine si je voulais éviter d’éveiller ses soupçons plus qu’ils ne l’étaient déjà. Ça allait s’avérer compliqué, surtout pour moi qui n’avais pas d’expérience dans la politique et la manipulation. Heureusement…

Répète après moi.

…j’avais un excellent premier ministre.

Je modifierai tes mille hommes parce que le contrat qui nous lie l’exige.

– Je modifierai tes mille hommes parce que le contrat qui nous lie l’exige.

– Hmm ? Evidemment. Je le sais.

Si je suis si faible, ce n’est pas de ma faute. Je ne demande qu’à pouvoir agir plus vite. Si tu peux m’y aider, tant mieux. Mais même alors, je ne serai pas assez puissant pour lutter contre toi. Je n’ai aucun intérêt à tenter de te berner.

Je lui répétai mot à mot tout ce que le vieux me disait. Cheng Shun écoutait avec grand intérêt et sa tension finit par s’apaiser un peu au bout de plus de dix minutes d’explications. J’avais même, grâce à l’aide du meilleur nègre qu’on pouvait imaginer, réussi à le convaincre de m’aider dans ma tâche tout en me fournissant les ressources nécessaires, et qu’à notre retour, je tiendrais ma part du marché !

– Effectivement, ce que tu dis a du sens. Je ne sais pas comment tu as pu me convaincre, mais oui, je trouve ça plus rentable de faire ceci de la sorte. Nous allons emmener des ressources de cultivation, et je vais t’accompagner dans un lieu qui va te permettre de rapidement progresser. Pendant ce temps, je mènerai mon enquête et je ferai ce qu’il faut pour trouver la source de la corruption.

Je lui avais avancé de bons arguments. Je ne pouvais pas trouver la source moi-même, et il devait m’aider. Lorsqu’il m’avait dit qu’il n’était pas obligé de le faire – selon les termes de l’ancien contrat, évidemment – je lui avais rétorqué que l’absence de morts-vivants dans le monde souterrain empêcherait des villages de se faire détruire par dizaines, des vies de se perdre par milliers. Il était le chef d’un groupe de bandits, et les bandits avaient besoin de choses à voler, de gens à rançonner. Ils avaient besoin de l’absence de menace mort-vivante.

Il avait rapidement acquiescé et en avait conclu que même sans contrat, il était effectivement dans son intérêt de s’occuper de ce problème parce qu’en effet, depuis un certain temps, les affaires allaient mal et que les morts-vivants en étaient probablement la cause principale, tout compte fait.

– Je me demande pourquoi je les ai ignorés jusqu’à présent. J’aurais dû m’en occuper bien plus tôt.

J’avais réussi à faire un pas en avant. Il allait décimer les zombies et en chercher l’origine afin de l’anéantir, en ma présence ou non.

– Ton amie restera ici. Elle me servira de garantie…

– De garantie ?

– …au cas où.

Il prenait quand même ses précautions. Il savait où mettre les pieds et gardait la tête froide malgré tout. C’était dérangeant mais je n’avais pas le choix. Il fallait que j’accepte pour ne pas montrer que tout ça n’allait à nouveau plus dans le sens de mes intérêts.

Je devrais venir la libérer plus tard, je ne voyais pas d’autre solution.

– Et Pio ? Il est mon garde du corps, je tiens à ce qu’il vienne avec moi.

– Il reste ici également. Tu viens avec moi, seul.

– …

Je n’avais pas voix au chapitre. Il était ferme, décidé et il était le chef, après tout. J’étais chez lui et je ne pouvais pas exiger trop de bonnes choses. Pio irait bien dans tous les cas, il ne pourrait pas mourir. Dai Lin…

– S’il arrive quoi que ce soit à mon amie, si elle se fait enfermer, maltraiter ou même…

– Violer ? Ha ha ha, ne t’en fais pas pour ça mon jeune ami. Elle sera traitée comme une invité de marque pendant notre absence. Je… m’en assurerai.

En disant ça, il envoyé un regard lourd de sens à un garde qui était debout non loin et qui se mit à trembler de tout son corps. Il hocha rapidement la tête en répondant.

– Oui, chef ! Je m’assurerai que personne ne manque à cet ordre ! Compris, chef !

Il fit demi-tour et sortit de la tente en courant, comme s’il était poursuivi par une meute de chiens enragés.

– Et voilà pour elle. Tant qu’elle ne cherche pas à s’enfuir ou à nous jouer un mauvais tour, tout ira parfaitement bien pour elle. Si cela peut te faire plaisir, je lui ferai même mettre à disposition quelques ressources afin qu’elle puisse cultiver en attendant notre retour.

– Vraiment ? Dans ce cas, très bien. Quand partons-nous ?

 

****

 

Cela faisait déjà presque quatre jours que nous chevauchions des créatures étranges et bien que puissantes et rapides, finalement plus faibles que moi en terme de cultivation. Il avait sans doute réussi à les dompter parce qu’elles ne présentaient aucun danger et elles servaient désormais à son groupe de bandits pour les déplacements de longue durée.

Nous étions deux uniquement, cela dit. Il ne m’avait pas dit où il désirait m’emmener, et cela faisait quatre jours qu’il fardait le silence. Il me donnait simplement des pierres spirituelles à avaler tous les jours, et ouvrait son œil Céleste – cette lumière au milieu du front que possédaient ceux qui avaient dépassé le niveau Terrestre – pour vérifier que mon corps supportait bien le Qi qui lui était offert.

Je savais que c’était le cas, parce que je possédais une technique de cultivation parfaite. Je pouvais aisément ouvrir encore deux portes de plus et mon corps le supporterait.

Mais je ne disais rien et le laissais faire. Moins il en savait sur moi et plus j’avais de chances de pouvoir continuer à le tromper. Et c’était nécessaire, aucun doute là-dessus.

Le cinquième jour, il ouvrit enfin la bouche.

– Dis-moi.

– Mm ?

– Ta couleur de peau… Viens-tu d’un peuple ou d’une tribu spécifique de la surface ? Beaucoup de personnes sont-elles… comme toi ?

– Tu t’intéresses à moi et à mon peuple, maintenant ? Tiens donc. Pour quelle raison ?

Il haussa les épaules.

– Simple curiosité. Je ne peux pas monter à la surface de toute façon, donc l’information ne m’est pas vraiment utile, je voulais simplement savoir.

– Oui, mon peuple est comme moi. Non, ce n’est pas un peuple ou une tribu de la surface. Je viens… de bien plus loin que ça.

– Oh ? De plus loin ?

Je ne savais pas pourquoi j’en parlais. Pour tuer le temps ? Pour faire bonne impression ? Parce que de toute façon, il ne pouvait rien faire de plus de l’information ?

– Je viens d’au-delà de ce continent.

Il se tourna vers moi d’un air surpris.

– Plus loin ? Au-delà ? Tu es descendu d’un continent supérieur ?! Pour finir dans les souterrains du continent le plus bas ?

– … Non. Mon but est de gravir les continents, justement. Je ne viens pas d’en haut. Je viens… D’en bas.

– Q… Il n’y a rien, en bas. Rien d’autre que les Ténèbres Primordiales. Arrête de te moquer de moi. Je me tais maintenant, si c’est pour entendre des absurdités.

Il ne me croyait pas. Tant pis pour lui. Le voyage, qui dura dix jours de plus, nous mena vers une ancienne ruine dans laquelle je pouvais ressentir une étrange présence magique.

Une rune ?

– Non. Je… Peut-être, je ne sais pas. On dirait, oui. Mais on dirait autre chose, aussi.

– Osumba ?

Cheng Shun avait sauté en bas de sa monture et m’invitait à faire de même. Je l’imitai rapidement et le suivit à l’intérieur de ce qui me semblait être un petit temple dédié à un dieu quelconque.

– C’est quoi ?

– Un vestige d’un grand temple, situé dans une vaste cité.

– Et il y a quoi, ici ?

– La seule chose magique encore active de toute l’ancienne Cité d’Or.

– Cité d’Or ?

Nous discutions en avançant dans un couloir long et étroit, faiblement éclairé.

– Oui. Cette ville était jadis bâtie d’or. Chaque pierre, chaque pavé, tout était scintillant. C’est ce que dit la légende. Tout a été pillé depuis, et il ne reste que ce bâtiment, qui était étrangement le seul à être fait de pierres blanches. Ce sont des pierres magiques, insensibles au temps qui passe, et elles ont vieilli en plus de dix mille ans comme si elles n’avaient vu passer que cent ans.

– Oh… J’aime ce genre d’histoire.

J’étais effectivement friand d’histoires de ce type, et comme je n’avais plus vraiment l’occasion de lire des livres les racontant, j’étais contant quand on m’en parlait de vive voix.

– Et pourquoi est-on là ?

– Parce qu’il y a ici une formation magique temporelle datant d’il y a très longtemps.

Une formation temporelle ? De la même façon que les ruines apparaissant grâce au Qi temporel à la surface ? Etait-ce lié ? Des reliques d’un âge glorieux passé et oublié ?

C’était donc ça. Ce que tu ressens, c’est le Qi temporel. Le même que l’on pouvait ressentir autour de cette ruine, dans laquelle tu as obtenu ta première rune.

– Je vois… Peut-être que, dans ce cas…

Arrivé au bout du couloir, nous entrâmes dans une vaste pièce au milieu de laquelle un petit bassin scintillant semblait attendre qu’un Osumba vienne s’y baigner. C’était peut-être dû au Qi, à la formation, à un facteur externe, mais je sentais réellement à ce moment que ce petit plan d’eau ne désirait que moi.

– Tu vas plonger, Osumba. Et tu cultiveras dans cette eau. Elle te permettra d’atteindre plus rapidement tes objectifs en matière de cultivation. Je vais te fournir les ressources nécessaires et partir enquêter sur les morts-vivants. Dans moins d’un mois, tu devrais être capable de tenir ta promesse. Et ne t’avise pas de vouloir fuir. Nous sommes liés par un contrat, je te retrouverai.

– Moins d’un mois ? C’est rapide !

En moins d’un mois, cette petite baignade allait me permettre d’ouvrir plusieurs portes Terrestres ? C’était tout bonnement inconcevable. Je ne pouvais pas comprendre comment.

Ce bassin est empli de Qi temporel. Je ne sais pas exactement ce qu’il va se passer, mais quelque chose me dit qu’il s’agit là d’un pari risqué. Peut-être ne le sait-il même pas lui-même. Je soupçonne ce Cheng Shun d’avoir pu cultiver de façon accélérée dans cette eau ; ainsi croit-il désormais que c’est ainsi qu’elle fonctionne. Mais je pense très sérieusement que l’effet ne sera pas le même sur différentes personnes…

– Alors ? Qu’est-ce que tu attends ? Rentre dans l’eau. Je croyais que nous étions pressés ?

 


 

Directement, notre question fatidique :

Sorry, there are no polls available at the moment.

Vous avez jusqu’au 26 janvier à 23:00, heure locale, pour voter ! N’oubliez pas de vous connecter.

 


Pour ce qui étaient des réponses précédentes, voici les divers scénarios qui étaient envisagés :

6 personnes voulaient qu’il l’aide à terrasser Wang Wei. S’il avait choisi ça, il aurait accepté et tout se serait passé de la même façon qu’actuellement. Seulement, il serait resté avec lui dans le temple pendant un mois.

23 personnes voulaient qu’il l’aide à trouver des runes. Il aurait refusé pour la simple et bonne raison qu’il ne peut pas les reconnaître, les sentir ou les trouver. C’était quelque chose de trop compliqué. Finalement, Osumba aurait fini par réussir à s’enfuir sans faire de contrat (je ne donne pas de détail).

16 personnes voulaient des ressources pour cultiver. Il aurait accepté et lui aurait simplement fourni une quantité considérable de ressources qu’il aurait pu utiliser le temps de créer son armée. Il aurait (bel et bien) était bloqué 5 longues années dans cet endroit et au bout de la dernière année, Wang Wei avait réussi à briser le sceau, à la surface et s’apprêtait à descendre pour chasser du Osumba, qui n’était jamais remonté comme promis.

Finalement, ça s’est joué à pas grand chose, 24 personnes ont gagné cette semaine.

Raka
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11 thoughts on “LDO : Chapitre 23

  1. Merci pour ce chapitre 

    Je suis tellement content d’avoir contribué à avoir fait le bon choix.

    Pour les propositions d’aujourd’hui, faire semblant puis cultiver à l’extérieur de l’eau me semble être la bonne solution.

  2. Merci pour ce chapitre !
    Pour la baignade je pense qu’il doit utiliser la rune qui rend noir sur l’eau peut etre que ça va la transformer en eau d’attribut tenêbre ou si c’est pas possiblee faire semblant au bord de l’eau.

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