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Chapitre 26     Je reviendrai plus tard

 

 

Pendant tout le temps que prit la création de son armée d’un millier de soldats de magma, je n’eus pas une seconde à moi – sauf lorsqu’il s’agissait de dormir ou de manger. En travaillant avec ceux déjà créés, je pus en apprendre davantage sur leur puissance et leurs capacités. Eux comme moi étions curieux et petit à petit, nous apprîmes qu’ils n’étaient pas forcés de brûler et de faire fondre tout ce qu’ils touchaient. Ils pouvaient contrôler leur feu intérieur – ou plutôt, leur magma extérieur – dans une certaine mesure, et même s’ils ne pouvaient pas le faire disparaître complètement, il était toujours possible de le rendre inoffensif par le pouvoir de leur volonté.

– C’est incroyable…

À chaque fois que j’observais un soldat de magma tester ses propres pouvoirs et leurs limites, je me surprenais à être de plus en plus sidéré par les infinies possibilités que je voyais à posséder des sous-fifres pareils.

– Cheng Shun est vraiment chanceux d’avoir une armée comme celle-là, désormais.

Je l’avais dit tout haut, comme pour me parler à moi-même, en sachant très bien qu’il arrivait dans mon dos pour voir comment les choses se passaient. Il m’entendit, évidemment, et je ne pus qu’imaginer un large sourire se dessiner sur ses lèvres.

Il me héla immédiatement.

– Ah, Osumba. Tu as terminé ?

Sa voix riait. Je le savais, il était heureux d’avoir pu obtenir ce qu’il voulait. Sans me retourner, je lui répondis, tout en observant mille soldats s’entraîner dans une vaste cour carbonisée.

– Oui. J’ai fini il y a une heure environ. Tu as désormais ton armée, félicitations.

Je l’avais mis de bonne humeur en faisant semblant d’ignorer son arrivée lorsque je parlais un peu plus tôt, et il s’exclama immédiatement :

– Tu as rempli ta part du marché. Je suis content ! Maintenant, n’oublie pas, tu as promis de ne pas en réclamer la possession ou de leur rendre leur apparence humaine ! C’était également une condition du marché.

– Je sais.

Ce que je savais, c’était que Zhou Xuefang avait modifié le marché de l’âme et que cette clause n’en faisait plus partie, mais je n’allais pas le lui dire, je n’étais pas naïf. Il était satisfait et de bonne humeur, il fallait que j’en profite.

– Et maintenant ?

Je posai la question d’un seul coup, comme pour le prendre un peu au dépourvu. Je voulais savoir ce qu’il avait prévu de faire de moi. Après tout, à l’origine, ils m’avaient kidnappé et j’étais peu certain de sa décision quant à ma libération. Mais étonnamment, il me sourit et me dit :

– Ah, tu es libre de faire ce que bon te semble. Regarde. Tous mes hommes sont maintenant des machines de guerre en puissance. Je n’ai plus personne à transformer, je n’ai donc plus besoin de toi.

Je m’en surpris immédiatement.

– Et… toi ? Tu ne veux pas que… ?

– …que tu me transformes, c’est ça ? Ha ha, non ! Bien sûr que non ! Comment pourrais-je abandonner mon humanité ainsi ? Ha ha ha !

Il rit en s’éloignant tout en m’adressant un signe de la main. Il considérait ces soldats comme des êtres qui n’étaient plus des humains, et lui-même ne désirait pas en devenir un ? Pourtant, il avait sacrifié l’humanité d’un millier d’homme juste comme ça, les transformant sans problème en ce qu’il considérait comme des rebuts de l’humanité ?

Et maintenant, il me souhaitait bon vent ? Ce type, c’était n’importe quoi. Je n’arrivais pas à le comprendre. Il m’avait aidé plus que ce qu’il avait prévu de le faire concernant l’origine des zombies, donnant de l’énergie et faisant des efforts simplement pour m’amener une information, mais à côté de ça, il n’avait aucune morale.

– Il ne doit pas être seul dans sa tête…

C’est la seule solution à laquelle j’étais arrivé. Il devait avoir un problème, le même que celui qu’un ancien de mon village avait ; de temps en temps, on aurait dit qu’il était une toute autre personne, et il se donnait même un autre nom. Comme s’il était habité par un autre esprit. Le chaman avait bien dit que c’était là l’œuvre des dieux qui avaient sans doute permis à l’esprit de son frère mort-né de l’habiter, mais alors pourquoi avait-il développé ce mal lors de ses vieux jours ?

La question me trotta dans la tête pendant quelques minutes mais je décidai finalement de la balayer nonchalamment. Après tout, ce vieillard était très âgé et moi, j’étais probablement coincé dans ce monde pour de nombreuses années. Il était probable que je ne le revoie jamais – si d’aventure j’avais la chance de réussir à rentrer sur Terre, pour commencer.

– Et maintenant, on fait quoi ?

Dai Lin, qui était présente depuis le début, me demanda enfin ce que j’avais prévu, maintenant que j’étais apparemment libre de partir.

– Je ne sais pas.

J’avais prévu tant de scénarios dans ma tête pendant ces dix jours ainsi que la façon dont je pouvais réagir mais aucun n’envisageait la possibilité qu’il me laisse partir comme ça, sans rien dire de plus. Craignait-il qu’en me forçant à rester, je revienne sur ma parole et qu’au prix de mon âme, je ne lui retire ses mille jouets neufs ?

Dai Lin me sortit de ma confusion en me proposant la chose la plus simple du monde :

– Et si on partait ?

– Ah, euh, hein ? Oui… mais pour aller où ?

Elle haussa les épaules, d’un air très naturel.

– Tu n’avais pas ta petite idée ? Qu’avais-tu dis vouloir faire, une fois ton travail ici terminé ?

Comment avais-je pu oublier ? Ma carte était toujours rangée bien au chaud dans mon pagne. J’y mis la main et la sortis ; Dai Lin m’adressa une grimace bien sentie en recula d’un pas.

– Depuis combien de temps… ne l’as-tu pas sortie de là ?

– Hm ? Pourquoi cette question ?

J’étais déjà en train de déplier la carte en me rapprochant d’elle afin qu’elle puisse également la regarder. Elle allait pouvoir me dire si elle reconnaissait les points d’intérêt et si elle serait capable de nous mener là où le chemin indiquait se trouver l’origine des morts-vivants.

– …

– Dai Lin ? Il y a un problème ? Tu ne reconnais pas l’endroit indiqué sur la carte ?

– …Je.

Elle était étrange. Tout à coup, elle avait changé d’attitude et son visage, auparavant presque aussi noir que le mien, avait blêmi. Je posai la main sur son front.

– Tu es malade ?

Elle tituba légèrement et je la rattrapai avant qu’elle ne s’écroule. Pourquoi était-elle tombée malade d’un seul coup, comme ça ? Ce n’était pas possible ! Elle était une cultivatrice, elle était donc résistante aux maladies !

– Cheng Shun ! Lâche ! Tu l’as faite empoisonner pendant que nous étions partis !

– Osum… N… non… C’est j… juste la simple idée de cette… c… car… rangée là pend… aaah…

Dai Lin, dans mes bras et à moitié inconsciente, cherchait à me dire quelque chose qu’elle ne parvenait pas à articuler. Je ne comprenais rien à ce qu’elle essayait de dire, mais j’en imaginais parfaitement le sens.

– Ne t’en fais pas, Dai Lin. Je ne suis plus un enfant. Je suis un homme et même si je dois affronter Cheng Shun, je lui ferai payer ce qu’il t’a fait.

Elle leva les yeux au ciel, sans doute rassurée par ma détermination, avant de perdre connaissance.

 

**

 

De retour dans la tente du chef, Dai Lin dans les bras et les sourcils froncés, je m’écriai sans laisser le temps au principal concerné de me demander ce qu’il se passait.

– Cheng Shun ! Tu as osé faire empoisonner mon amie pendant notre absence ! Espèce de lâche !

Il me regarda pendant quelques secondes, son regard alternant entre mon visage furibond et la pauvre victime inconsciente dans mes bras ; d’un seul coup, il ouvrit son Œil Céleste et son front se mit à briller.

– Toi… Qu’as-tu fait à ton amie ? Pourquoi a-t-elle perdu connaissance ainsi ? Et de quel droit fais-tu irruption ici en criant ?

Il me posa les questions une à une, restant calme malgré mon agression évidente. Je lui montrais les dents, mes éclairs lançaient des yeux – ou le contraire, j’étais trop furieux pour faire la différence – et je lui balançai Dai Lin, à travers la pièce.

– Tu as encore une chance de la sauver ! Annule ce que tu lui as fait ! Sinon… Sinon… Adieu ton armée !!

Je n’en pouvais plus. Comment avait-il osé s’en prendre à elle malgré tout ce qu’il avait promis ?! Il n’était vraiment qu’un vulgaire bandit sans foi ni loi !

– Dépêche-toi ! Tu as dix secondes pour la faire reprendre connaissance ! Après, je, je… tu verras !

J’activerais sans scrupule le Qi temporel que j’avais placé à son insu dans tous ses soldats. Je les ferais revenir à leur état naturel d’humains en leur faisant remonter le temps ! Il n’allait pas être content mais il aurait subi ma colère ! Voilà ce qu’il en coûtait de s’en prendre à mon amie !

Il l’attrapa au vol et posa des yeux toujours incrédules sur elle, levant les sourcils, faisant mine d’être un peu confus, même. Il jouait vraiment bien son jeu, l’enfoiré !

– Mais… Quel est son problème ?

– À toi de me le dire… Non, je ne veux même pas le savoir ! Soigne-la ! Je veux qu’elle se réveille !

– Oh, c’est facile, ça.

Il leva la main et lui colla une baffe monumentale, de quoi décrocher la mâchoire d’un lion. Si elle n’avait pas été une cultivatrice d’un certain niveau déjà, sa tête aurait fini entre mes mains, à l’autre bout de la tente.

Elle ouvrit les yeux d’un seul coup en hurlant. Le visage gonflé, la joue tuméfiée et un œil qui commençait à se refermer sous une couleur violacée.

– Et voilà. Autre chose ?

– Toi… Tu… Espèce de monstre ! Pourquoi te mets-tu à la frapper, maintenant ?!

Cette fois, son visage se durcit pour de bon. Une veine apparut sur son front et il se mit à parler plus violemment.

– Et toi ?! Que fais-tu encore là ?! As-tu oublié où tu te trouves ! J’ai été bon avec toi alors que ta vie aurait pu être beaucoup moins agréable, et se terminer aussi vite que tu hausses le ton ! Ton arrogance est vraiment capable de couvrir l’Arbre Immortel, des Racines jusqu’aux pointes !

– Que… Hein ?

Pourquoi est-ce qu’il s’énervait lui-même, maintenant ? Je ne faisais que le mettre face à ses propres méfaits ! Alors c’était comme ça ? Il refusait même d’admettre ses torts !

Mais il avait bien fait reprendre connaissance à celle pour qui je m’inquiétais. D’une façon des plus violentes et malsaines, mais il l’avait fait. Et je savais bien que je ne pouvais pas l’affronter, même en colère. Ne pouvais-je pas simplement laisser passer ? Il fallait que je demande l’avis de Dai Lin, elle était la première concernée.

– Dai Lin… Qu’en penses-tu ? Dois-je lui pardonner de t’avoir empoisonnée ?

Elle me regarda d’un œil incrédule avant de demander :

– Hein ? Je… J’ai été empoisonnée ? Quand ?

– Ah ! Je ne sais pas ! Sans doute un poison à long terme, lorsque j’étais loin de toi. Ils savaient qu’une fois de retour, ils n’en auraient sans doute plus l’occasion.

Je regardais toujours Cheng Shun de travers, m’assurant qu’il ne tentait rien de suspect. Mais il nous regardait discuter, complètement insouciant de ce qu’il semblait se passer devant lui.

– Je… Je ne sais pas, je ne comprends pas. C’est quoi, cette histoire de poison ?

Dai Lin se mit à réfléchir, elle cherchait sans doute à se rappeler à quel moment elle avait pu être affectée par un poison sans s’en rendre compte.

– C’est arrivé lorsque nous étions enfin prêts à partir, Dai Lin. Je t’ai montré la carte et…

 – Ah ! La carte ! Elle était dans… !

Ses yeux se révulsèrent et elle tomba à nouveau au sol, ko pour le compte.

J’ouvris de grands yeux et lançai un regard des plus glacials à Cheng Shun, oubliant totalement qui il était et la puissance qu’il pouvait avoir.

 


 

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Bonne lecture, bon vote, et vous avez jusqu’à vendredi soir, 23h et quelques !

Raka
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10 thoughts on “LDO : Chapitre 26

  1. Merci pour la chapitre !

    S’il te plais Raka dit moi .. est ce possible qu’un jour Osumba meurs a cause de l’un de nos choix ..?

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