LVL1S : Chapitre 114

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Chapitre 114

 

Je laissai la lame brûlant d’un feu de dragon à l’intérieur de la gueule du dieu pendant un moment de plus avant de finalement l’en retirer.

« Alors, tu as acquis un peu d’humilité maintenant ? »

« Demande-moi ce que tu veux… Je répondrai ! »

« Non, je ne peux pas sentir une sincérité totale de ta part. »

Je fourrai à nouveau mon épée dans ce qui servait de bouche à Harpok.

« Stop… Attends juste un moment ! Pause ! Je promets de devenir humble ! Laisse-moi une chance ! »

« Hmm… J’ai du mal à te croire, d’où me vient ce sentiment ? »

« Non, non, demande-moi vraiment n’importe quoi et je te répondrai au mieux de mes capacités. »

« Ok, je vais te croire pour l’instant. »

Je baissai les yeux vers Harpok, qui venait de se poser au sol.

« Es-tu un dieu ? »

« C’est exact. Je suis bien un dieu. »

« Alors, tu as sans doute entendu parler de Métatron. »

« Bien sûr que je le connais ! Il est celui qui m’a emprisonné dans cette boîte à bijoux ! »

J’attendis un moment avant de continuer, l’observant attentivement.

« Quelle est ta relation avec lui ? »

« Je possédais des secrets qu’il désirait m’extorquer alors il m’a torturé à ce point. »

« De la torture ? Comment est-ce que ça a pu durer si longtemps ? Tu es si sensible à la douleur. »

« C’est parce qu’il y a quelque chose de spécial à propos de ton épée. Les armes normales ne sont pas capables de blesser un dieu. Ce doit être une arme de classe Artefact. »

« Peut-être ? Je n’en ai aucune idée. Donc il est possible de blesser des dieux avec ces armes de classe Artefact ? »

« Oui. En fait, c’est la raison pour laquelle Métatron m’a fait subir ça. Il voulait des réponses. Il désirait posséder un Artefact. »

« Oh, alors c’est une chose qui peut blesser un dieu. C’est bon à savoir. »

Maître, avez-vous finalement reconnu ma valeur ?

En effet. Il semble que tu vas m’être plutôt utile.

« Eh bien, même si c’est un Artefact, elle ne pourra faire de mal qu’aux dieux mineurs. Cette épée sera incapable d’égratigner les Hauts-Dieux, sans même parler des Rois des Dieux. »

« Les Rois des Dieux ? »

« Par exemple, le Père du Ciel et Métatron sont tous deux à peu près au même niveau. »

« Oh, alors pourquoi Métatron était-il si intéressé par l’acquisition d’un Artefact ? Il ne pouvait pas être si intéressé par le massacre de quelques dieux mineurs, n’est-ce pas ? »

« Non. C’est juste que Métatron a la capacité de ralentir le temps et de renforcer certains attributs. Si un Artefact venait à être amélioré de la sorte, il est fort probable qu’il deviendrait capable de tuer un Haut-Dieu. »

Hmm… Ralentir le temps, oui. Je m’en souviens, c’est bien sa capacité. Comment contrer ça ?

« Alors, tu as résisté à la torture et tu ne lui as finalement pas avoué ? »

« Non, non, non, j’ai fini par craquer et lui dire que l’acquisition d’un Artefact passait par le sacrifice d’un dieu. Je savais que même lui échouerait. »

« Je vois… Alors tu lui as menti et l’a conduit dans un piège. »

« Eh bien… Je suppose, c’était un petit sacrifice pour le bien d’un univers entier. »

« Devrais-je insérer Krishna dans ton orifice à nouveau ? Est-ce que tu me mens, à moi aussi ? »

« Non ! Non, non, non, je n’oserais jamais ! Tout mais pas cette épée ! »

« Tu étais apeuré par Métatron, c’est pour ça que tu lui as parlé… Au moins, il n’a pas réussi. »

« Eh… Au bout du compte, c’est ce qui importe, non ? »

Je pouvais voir son œil bouger frénétiquement de droite à gauche. Il tentait évidemment de trouver une excuse et était simplement nerveux comme aurait pu l’être un être humain.

« Alors, la raison pour laquelle tu as été enfermé, c’est parce que Métatron a échoué et a passé ses nerfs sur toi ? »

« Non… En réalité, après son échec, il est revenu et m’a demandé quelle était la manière correcte de faire… »

« Hmm… Et que lui as-tu dit ? »

« Pour la paix de l’univers, je l’ai envoyé… ailleurs. »

« Dans un autre univers ? »

« Exact, un univers parallèle. Je lui ai dit qu’il pouvait augmenter la puissance d’un Artefact en absorbant l’essence de vie d’un nombre incalculable de vies insignifiantes. »

« Oh, combien est-ce donc, un nombre incalculable ? »

Je lui posais la question fatidique en fronçant sévèrement les sourcils.

« La magie nécessaire à l’amélioration d’une arme en Artefact demanderait sans doute le sacrifice de milliards de vies. »

« Alors, afin de sauver les vies de ceux de cet univers, tu l’as envoyé semer la mort dans cet univers parallèle, c’est bien ça ? »

« Oui, quelque chose comme ça. Ce qui arrive dans un autre univers ne me concerne pas, c’était une bonne option. »

Je grinçai des dents sous le coup de la colère.

« Je vois. Alors comment penses-tu qu’une personne de cet autre univers réagirait face à une telle histoire ? »

« Pour être parfaitement honnête, je ne peux comprendre la façon de penser d’un mortel. »

« Alors que se passerait-il si ce mortel en question ressentait l’envie brûlante de t’enfoncer cette épée dans la gueule jusqu’à ce que tu finisses en boulette de hachis grillée ? »

« Wa… Tu n’es pas de cet univers. N’est-ce… Ce n’était pas mon intention ! Noooowoobwwonbnoob ! »

Je lui enfonçai Krishna une nouvelle fois dans la gueule, en insistant bien cette fois.

Devrais-je tuer cette merde ?

Maître, je suggère de l’utiliser plutôt que de simplement s’en débarrasser.

« Johra, ce serait bien plus rentable de lui soutirer tout ce qu’il sait. »

Krishna et Lena s’étaient tous deux fait l’avocat de cette daube qui se prétendait un dieu mais je n’étais pas encore prêt à alléger ma main.

« À cause de toi, toute vie sur Terre est morte ! Des milliards d’humains, des milliards de milliards d’animaux, même les insectes ! Tous ont été sacrifiés ! De quel droit prétends-tu vivre ?! »

Je laissai l’épée, qui brûlait encore plus ardemment qu’avant, dans sa gueule pendant un moment. Lorsque sa mâchoire inférieure tomba, inerte et que sa langue et son palais ne furent plus qu’une flaque dégueulasse au sol, en réalité.

Mais Harpok n’était toujours pas mort. La vitalité d’un dieu était vraiment incroyable et sa gueule entière se régénérait à une vitesse folle.

« Johra, tu as fait le bon choix. Simplement le tuer n’aurait pas été fructueux sur le long terme. Après avoir appris tout ce qu’il sait, il sera toujours temps de mettre un terme à sa vie, de la manière la plus brutale et douloureuse qu’il te prendra d’imaginer. Il devrait être sujet à cent fois ce qu’ont subi tous ceux de notre monde natal. »

Lena bouillonnait d’une furie que je ne connaissais pas à une IA. Peut-être que c’était là la volonté de son créateur, qui avait codé ça dans le plus profond de sa programmation. Quoi qu’il en fût, son jugement était clairement affecté.

« Thanatos, es-tu là ? »

« Avez-vous appelé, Maître ? »

Thanatos apparut et se prosterna immédiatement à mes pieds.

« Je te donne la permission de torturer ce machin de la façon la plus brutale possible. Je te confie Krishna. Krishna ? »

Servir d’outil au dieu de la mort ? C’est un honneur.

« Assure-toi d’extraire absolument tout ce qu’il sait et fais-moi ton rapport. »

« Il sera fait selon votre volonté, Maître. »

Après avoir prêté Krishna, je la laissai attraper Harpok et dans un sourire sadique, disparaître dans un coup de vent.

« Johra, cet être qui était Melpomene est une existence inconnue. Même les matériaux qui composent son corps ne sont dans aucune de mes bases de données et n’existent pas en ce monde. »

« Oh, ce serait étrange si la mort pouvait être catégorisée comme un matériau, eh. Je suis épuisé, je vais rentrer. »

J’avais le cœur lourd après avoir finalement appris la raison derrière l’extermination de la vie sur Terre. Non, ce n’était pas uniquement la Terre, Métatron avait sans doute ciblé beaucoup d’autres planètes de la même façon. La simple idée de toutes ces vies éteintes pour simplement donner naissance à un Artefact donnait la nausée. »

Une fois de retour au manoir, je me rendis auprès de la princesse afin de vérifier sa condition avant de filer vers ma chambre pour y trouver Viezda.

« Tu es de retour. »

« Oui, ça a été une très longue journée. »

« Oh ? Que s’est-il passé ? »

« J’ai finalement entendu la raison derrière une tragédie qui a eu lieu dans mon passé. »

Je m’effondrai sur notre nouveau lit, totalement exténué. Viezda s’approcha et se trouva un chemin jusque dans mes bras, collant sa tête contre moi pour tenter de me réconforter.

« Je ne sais pas ce qu’il s’est passé exactement mais puisque c’est déjà dans le passé, il n’y a pas grand-chose que tu puisses faire. »

« Je suppose que tu as raison. »

« S’il est possible d’éviter que cette tragédie se reproduise à nouveau dans le futur… »

« Je ne sais pas. Peut-être. »

« Si tu ne peux pas le faire, Johra, alors personne ne le peut. »

« Tu penses vraiment ça ? »

« Ce n’est pas qu’une question de capacités. Quand tu fais quelque chose, tu le fais toujours à fond et de ton mieux, le tout pour que ce soit juste et bien. Je ne pense pas que tu doives t’inquiéter de ce qu’il va se passer à l’avenir. »

« Hmm… Même si ça concerne la vie d’un nombre extravagant d’êtres vivants dans l’univers ? »

« La faute en est à ces mauvaises personnes qui provoquent ces morts de leurs mains. Tu ne peux pas porter la responsabilité de chaque crime de l’univers. »

« Vraiment ? Mais… Je sens que c’est juste une solution de facilité que de penser de la sorte. »

En entendant le commentaire de Viezda, je me souvins tout à coup d’une conversation enfouie profondément dans ma mémoire.

« C’est vrai. J’ai fait une promesse et il y a quelque chose à propos d’une épreuve qui semble inévitable… Qu’est-ce que c’était, au juste ? »

« Johra, tu as l’air fatigué. Pourquoi ne pas dormir ? »

« Ouais… C’est la meilleure idée de la journée. »

Comme je tentais de me souvenir, mon corps succomba à la fatigue et tomba dans un profond sommeil. Peut-être parce que j’y pensais, peut-être était-ce le destin ou son propre choix, mais je rencontrai une nouvelle fois cette personne dans mes rêves.

« Je me souviens. »

« Le penses-tu ? »

« Oui, tu es ***. »

« Presque, je suppose, mais ce n’est toujours pas ça. »

« Différent ? De quelle façon ? »

« C’est tout ce que j’en dirai pour l’instant. »

« J’ai le souvenir léger d’une promesse qui me trotte dans la tête… »

« En effet. Quand le temps viendra, tu sauras. »

« Au fait, pourquoi me rends-tu visite dans mes rêves ? Je sens que nous nous connaissons depuis quelque temps déjà. »

« Cette conversation n’est ni notre première ni notre dernière. Tu vas sans aucun doute oublier mais je vais te le répéter une fois de plus. J’ai ouvert la porte de la destruction sur tous les mondes afin de respecter notre promesse. Le présent, le passé, et le futur se jettent vers le même continuum et la destruction commence à s’accélérer, tu devrais te hâter. »

« De quoi tu parles ? Je ne peux pas me souvenir de ma promesse… Et si je ne respecte pas ma part parce que je suis incapable de m’en rappeler ? L’univers entier sera détruit ? »

« Laisse tomber pour le moment. Le cours du destin est comme une bulle sous-marine. Caché, il grandit petit à petit et va un jour atteindre la surface, l’endroit où tout le monde pourra être affecté, avant de disparaître. Je suis l’incarnation de ta promesse… Le Destin, si tu préfères. »

« Mais de quoi tu parles, à la fin ? Je ne comprends rien. »

« Adieu, jusqu’à la prochaine fois. »

« Eh, stop ! Au moins, dis-moi quand sera la prochaine fois que nous nous reverrons ! »

Je m’éveillai en réalisant que je parlais tout seul. Viezda et Vez dormaient près de moi tandis que le clair de lune artificiel contrôlé par Lena filtrait dans la chambre.

« Lena, tu as tout enregistré ? »

« Oui, comme tu me l’as demandé. »

« Parfait. Je vais regarder ça dans le labo. »

Je me rendis dans mon laboratoire afin d’y regarder la vidéo de moi en train de murmurer dans mon sommeil. J’espérais y trouver une compréhension quelconque concernant la raison de cette conversation, mais…

« Quoi ! Pourquoi est-ce que le son est coupée à chaque fois que je prononce son nom ?! Est-ce que le fichier peut être restauré ? »

« C’est étrange, j’ai tenté de retrouver le son en travaillant sur les mouvements de ta mâchoire mais ce n’est pas possible, pour une raison que j’ignore. Je vais investiguer mon propre algorithme. »

Je sentais qu’une conspiration était à l’œuvre, même Lena était incapable de régler le problème.

« Une espèce d’interférence magique ? Non, ça ne devrait pas être possible, j’ai placé plusieurs niveaux de protection que Lena à créés… Mais… Et si c’était une magie que même Lena ne pouvait combattre ? »

Et si ce n’était pas de la magie, alors qu’est-ce qui pouvait avoir provoqué ça ?

Mon incompréhension envers tout ce qui concernait ce rêve devint encore plus grande. Peu importe avec quelle intensité je tentais de me souvenir, rien ne venait.

« Serait-ce un si grand secret que sa connaissance mènerait à la destruction immédiate de l’univers ? »

Je tentai de soutirer des informations à l’enregistrement encore et encore afin de refaire surgir des souvenirs enfouis mais ne trouvai rien de plus grand intérêt.

« Johra, j’ai lancé un algorithme et tout semble correct. Je ne possède pas de données corrompues et je n’ai aucune idée du pourquoi l’audio dysfonctionne. Selon le rasoir d’Ockham, ce pourrait être à cause d’un son en arrière-plan mais ça n’a aucun sens. »

« Lena, continue à analyser le fichier. Pour une raison qui m’échappe, je sens que tu as mis le doigt sur un point important mais je ne peux pas exactement estimer lequel. »

« Oui, chef ! Bien, chef ! »

Le jour suivant, je rassemblai une fois de plus mon équipe pour nous préparer à attaquer les deux donjons restants.

Les donjons de Parli et Baror étaient situés sur le nouveau continent. Ces terres inconnues ne possédaient aucun dispositif de téléportation et Lena s’attela à la création d’un sous-marin. C’était mon ordre, je voulais simplement que personne ne puisse nous voir partir en bateau, en bateau moderne en plus.

« Johra, je possède assez de matériaux pour l’assembler. Ramène simplement ces pièces par ici »

Lena avait fait préparer toutes les pièces dans plus de mille caisses.

« Hm… C’est beaucoup de travail. »

Après m’être rendu sur la plage, j’y téléportai toutes les caisses, une après l’autre. Il me fallut dix jours pleins mais je finis par y amener le dernier morceau.

« Johra, j’ai appelé cet avion le Nautilus. »

« Attends, c’était censé être un sous-marin. »

« Eh bien, il peut fonctionner comme un sous-marin, oui. Mais il peut également voler, même jusque dans l’espace si nécessaire. »

« Tu es encore une fois allé trop loin, pas étonnant qu’il ait fallu autant de temps pour l’assembler ! »

« Il pourrait être utile un jour ou l’autre, tu sais. »

Le Nautilus était un petit sous-marin, ne mesurant que 20 mètres de long et 4 de haut. Il pesait 300 tonnes et pouvait naviguer sous n’importe quelle condition.

« C’est quoi, ça, devant ? »

« C’est la version miniature du laser tri-force que nous avions installé sur le Valen. »

« C’est un peu trop. Tu comptais détruire une étoile, Lena ? »

« Eh bien, tu sais ce qu’on dit, il vaut mieux demander pardon que la permission. »

Nous utilisâmes naturellement le Nautilus comme prévu pour traverser l’océan grâce à sa fonction de pilotage automatique. Je pus ainsi profiter de la magnifique vue sous-marine de ce monde, bien différence de cette qu’on nous montrait sur Terre. Contrairement à cette dernière, les eaux de ce monde grouillaient littéralement de vie.

Durant notre voyage, nous éliminâmes même un Ichtyosaure de 40 mètres de long, une espèce de dauphin préhistorique. Plus tard, ce fut le tour d’un de ces mythiques Krakens qui considéra le Nautilus comme une proie et l’attaqua. Les choses ne se terminèrent naturellement pas très bien pour lui.

« Johra, l’océan entier a été cartographié. »

« Huh ? C’est pour cette raison que tu naviguais si lentement ? »

« C’est comme faire d’une pierre deux coups, la carte pourrait s’avérer utile. »

« Lena, à l’avenir, concentre-toi sur les tâches qui te sont assignées. Tu vas parfois trop loin et ça se termine en un manque à gagner énorme. »

« Okay, chef ! »

Raka
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