MoL : Chapitre 38
MoL : Chapitre 40

Et avant d’entamer en beauté ce chapitre, un petit point entre nous.
Je ne suis pas très présent depuis 4 mois maintenant, toujours à cause de mon œil qui nécessite un traitement à plus long terme, supposé être terminé en février.
J’avais pris de l’avance sur MoL, par plaisir en premier lieu et parce qu’on n’est jamais trop prudent également, donc j’ai de quoi tenir jusque là, ne vous en faites pas : le chapitre sera toujours au rendez-vous (même si parfois, il arrive le lendemain par manque de temps).

J’ai entamé la traduction de MoL il y a un petit moment maintenant, plus de 8 mois, peut-être ?

Et nous voici maintenant au chapitre 39. Moment que nombre d’entre vous attendaient ; on vient de dépasser la traduction précédente qui avait été abandonnée à la fin du chapitre 38. À partir de maintenant, pour tous ceux qui ne l’ont pas lu en anglais (ou peut-être les deux chapitres qu’une autre personne avait tenté de traduire sur le forum avant d’abandonner face à la masse de travail nécessaire à ce LN), c’est un sentier non arpenté. Vous allez pouvoir continuer là où vous vous étiez arrêtés et découvrir des choses nouvelles, je l’espère, plaisantes 🙂

Non, je n’abandonnerai pas en cours de route. Je verrai la fin de MoL et vous la verrez aussi, c’est promis. On n’abandonne pas une œuvre de ce calibre.

 

Et pour mettre un point humain et généreux en ces fêtes de fin d’année étranges et marginales, parce qu’on en a tous un peu (ou beaucoup) besoin en ces temps sombres, mon cadeau de noël va suivre. Un cadeau pour vous tous 😀

Bonne lecture !

 


 

Chapitre 39 – Coïncidences suspectes.

 

Zorian observa son bourreau en silence, aussi détendu et impassible qu’on pouvait l’être face à un homme aussi déraisonnable et sans pitié. Xvim lui rendit son regard, le visage une image de sang-froid simple et inébranlable qui rendait ridicules les efforts de Zorian pour garder son calme en comparaison. Pourtant, il ne ploierait pas. Il n’avait pas ployé. Il finit par remplir toutes les demandes stupides de Xvim et n’avais jamais explosé ce faisant, pas une fois. Bien sûr, ses exploits n’avaient pas une fois impressionné l’homme, même quand il fit montre d’un talent pour la mise en forme du mana largement au-delà de tout niveau académique… mais il ne s’attendait pas à mieux de sa part.

Ils continuèrent à se fixer l’un l’autre dans un mutisme durable.

— Ça, décida finalement le mentor, c’était nul. Tu es inflexible, lent et paradoxalement impatient. Je vois que tu as tendance à vouloir trop en faire, à essayer de te lancer dans un domaine trop avancé pour toi sans les fondations nécessaires. Un problème commun parmi nombreux mages de ton âge, c’est vrai, mais tout le monde fait comme ça n’a jamais été une excuse correcte pour quoi que ce soit. Nous allons devoir travailler tout ça avant d’attaquer des choses plus substantielles.

— Bien sûr, monsieur, dit calmement Zorian. Je m’assurerai de pratiquer tout ce que vous m’avez montré, à la maison.

— Bien. Je m’attends à mieux lors de notre deuxième session, ajouta le mentor fou en s’appuyant sur le dosser de sa chaise avant de faire un geste de la main. Tu peux y aller.

Zorian hocha la tête de façon solennelle, se leva lentement et quitta le bureau aussi vite qu’il le pouvait sans rendre évident le fait qu’il était pressé de partir. Seulement une fois la porte fermée et loin de Xvim osa-t-il se détendre.

Ça aurait pu finir pire que ça. Bien, bien pire. Il savait qu’il avait pris un risque en tentant de lire les pensées de Xvim mais l’homme avait tellement abusé avec lui qu’il n’avait pas pu s’en empêcher. D’ailleurs, quelles étaient les chances qu’il décide de protéger son esprit pour un simple rendez-vous avec un étudiant ? Plutôt bonnes, apparemment, parce que Zorian rencontra un puissant bouclier mental lorsqu’il tenta de s’introduire dans son esprit, même rien qu’en surface. Il se retira immédiatement, terrifié à l’idée que sa sonde télépathique eût été détectée, mais quelle que fut la défense de Xvim, elle lui donnait apparemment trop peu d’informations en retour pour pouvoir remarquer l’attaque trop délicate de Zorian. Enfin, c’était ça ou il avait remarqué et avait décidé de ne rien dire, ce qui semblait très peu probable – si ç’avait été le cas, il se serait au moins permis un commentaire désagréable à propos de l’attaque maladroite et faiblarde, même si elle ne l’avait pas dérangée le moins du monde.

Il était intéressant de noter que Xvim avait jugé devoir protéger son esprit pour cette rencontre, cependant. Xvim était-il l’un de ces mages qui portait un bouclier en permanence, ou avait-il su, d’une manière ou d’une autre, pour les talents cachés de Zorian ? Les possibilités étaient nombreuses. Zorian nota mentalement de s’inviter dans le bureau de l’homme quelque part dans la semaine juste pour voir si ce bouclier était présent alors même qu’il ne s’attendait pas à le voir…

Ses pensées étaient toujours préoccupées par Xvim lorsqu’il arriva à la maison, moment auquel il réalisa qu’il pouvait sentir l’esprit de Nochka et de sa mère à l’intérieur ; ce qui chassa totalement le sujet du mentor abusif de sa tête. C’était inattendu – elles ne prévoyaient pas de lui rendre visite, pour autant qu’il le savait. Il entra dans la maison et se rendit immédiatement à la cuisine, où il pouvait sentir les esprits d’Imaya et Rea, et les trouva effectivement assises à table, papotant autour de cookies et de… Brandy aux prunes ?

Eh bien, pourquoi pas… Après avoir échangé de rapides salutations, il tenta de demander à Rea quelle était la raison de sa visite sans sembler malpoli ou accusateur. Il n’y parvint pas si le regard mauvais qu’Imaya lui lança était d’une quelconque indication mais Rea elle-même ne sembla pas s’en préoccuper.

— Nochka était impatiente de vous voir revenir et j’ai décidé de l’amener à Kirielle à la place, expliqua-t-elle. D’ailleurs, il est un peu injuste de vous faire perdre votre temps en nous amenant Kirielle à chaque fois. Vous êtes étudiant en magie et je devine qu’il y a d’autres obligations qui gravitent encore autour de ça, alors que je ne suis qu’une simple femme au foyer avec plein de temps libre.

Simple femme au foyer, bien entendu, oui. Si elle s’avérait réellement n’être que ça, il… eh bien, il ne ferait rien de spécial mais il en serait choqué. C’était possible mais elle était trop confiante et émotionnellement stable pour n’être qu’une simple femme au foyer.

— Pour ma part, je ne vois aucune objection à ce que Nochka vienne ici de temps en temps, s’invita Imaya. Alors ne t’inquiète pas de ce que je pourrais dire.

— Je vois, répondit lentement Zorian, avant de se tourner vers Rea pour croiser son regard inflexible.

Bien que son empathie ne détectât aucune intention hostile et qu’elle ne s’était jamais montrée menaçante d’aucune façon, il la trouvait vaguement dérangeante. Elle le mettait mal à l’aise. C’était son langage corporel, il le réalisa – sa posture était des plus détendues mais elle ne bougeait pas d’un poil, elle était statique et tendue à ce point.

Prenant une décision instantanée, Zorian décida de prendre le deuxième risque de la journée et plongea une sonde dans les pensées de surface de la femme. Il ne voulait pas s’habituer à la normalité du viol des pensées de tout un chacun mais si une personne avait l’air bizarre ou menaçante, il sentait que c’était justifié. Et Rea avait absolument l’air suspecte à ce moment précis.

L’esprit de Rea n’était pas protégé et elle n’indiqua d’aucune façon qu’elle avait détecté son intrusion. Cela dit, il n’en tira rien de sérieux : elle ne se sentait pas très introspective à ce moment-là, ni ne songeait à rien d’incriminant. En fait, elle semblait l’étudier lui, alors même qu’il faisait la même chose. Un peu comme Zorian pouvait affirmer qu’elle n’était pas une femme au foyer ordinaire, elle aussi savait qu’il était tout autre chose qu’un simple étudiant normal.

Il décida de la faire parler d’elle et de sa situation, espérant guider la conversation – et ses pensées – sur la voie qui la ferait révéler qui elle était réellement. D’ailleurs, Imaya semblait de plus en plus gênée par leur silence et au moins pour elle, il devait le briser.

— Vous savez, je viens de réaliser que je ne vous ai jamais demandé pourquoi vous et votre famille avez emménagé à Cyoria, dit Zorian. Je suis sûr que l’histoire est fascinante.

Pendant les trente minutes suivantes, Zorian discuta avec Rea de sa vie et de son passé récent, Imaya sautant occasionnellement entre eux pour donner son opinion. Malgré ses effots, Zorian ne parvint pas à découvrir le moindre secret profond dans les pensées de Rea. Son esprit était trop concentré sur ce qu’elle disait, et le peu d’informations qui filtrait depuis ses pensées profondes n’y servir à rien. La seule chose que Zorian pût affirmer avec certitude était son honnêteté. Elle ne lui avait pas menti une seule fois. Son histoire parlait de sa famille, venant d’une zone rurale aux alentours de Cyoria et qui s’était installée en ville par simple désir d’y vivre une vie meilleure, et elle y croyait sincèrement, ce n’était pas là un cliché inventé pour l’occasion. Son mari voulait un travail mieux payé et il ne pouvait pas y prétendre dans leur ancien village, Rea désirait partir loin de leurs anciens et déplaisants voisins qui propageaient des rumeurs horribles à leur sujet dès qu’ils le pouvaient et ils étaient tous deux insatisfaits de l’état de l’école là-bas. Aussi étaient-ils partis, et ce n’était pas plus compliqué que ça. Actuellement, ils étaient toujours en train de devenir officiellement citoyens de Cyoria et faisaient face à quelques soucis financiers mais Rea semblait ne pas s’en faire, prétendant que ce n’était que temporaire.

Zorian remarqua deux choses dans les pensées de surface de Rea. D’abord, elle possédait une ouïe absolument ridicule. Pendant toute la conversation, elle écoutait en même temps Kirielle et Nochka discuter dans une autre partie de la maison, séparée de la cuisine par un couloir et deux portes fermées. Zorian lui-même ne pouvait même pas entendre le murmure de leurs voix, même en tendant l’oreille au maximum. Deuxièmement, tandis que Rea ne savait pas qu’il lisait dans son esprit, elle était plutôt bonne dans l’art de deviner les motivations et l’humeur des gens, à l’ancienne – elle réalisa rapidement qu’il était suspicieux et qu’il tentait de l’interroger.

Et elle trouvait ça amusant. Très, très amusant.

Au bout d’un moment, Zorian fut forcé d’admettre sa défaite, se retira de l’esprit de Rea et s’excusa pour s’en aller. Au moins, il était rassuré que Rea ne semblât pas entretenir de plan sinistre les concernant, lui et sa sœur, ce qui était vraiment la seule chose qui lui importait à son propos. Elle pouvait garder ses secrets tant qu’ils ne viendraient pas le hanter plus tard.

— Oh, j’ai failli oublier, dit Imaya alors qu’il allait partir. Kael a dit qu’il voulait te parler quand tu serais rentré. Il est dans la cave, à faire joujou avec son équipement alchimique une fois encore.

Zorian la remercia pour l’information et descendit dans le sous-sol pour voir ce que Kael désirait de sa part. Il aurait pu s’agir d’un grand nombre de choses, vraiment – il avait parlé d’une multitude de problèmes au Morlock depuis le début de la boucle et il s’estimait chanceux que Kael fût si raisonnable à propos de ce qu’il avait appris. Il devait admettre, avec beaucoup d’embarras, qu’il n’en aurait même pas accepté la moitié, à sa place.

Mais bon, il avait le sentiment que Kael acceptait facilement son explication sur la boucle temporelle par cupidité. Il était sûr que Kael voyait la boucle non comme une anomalie terrifiante et plus comme une opportunité fantastique pour catapulter ses compétences et ses connaissances à un niveau extrême s’il jouait les bonnes cartes, et ça influençait probablement son inclinaison à accepter l’histoire de Zorian. En l’espèce…

— Ah, tu es là, l’accueilli le Morlock. As-tu les ingrédients que je t’ai demandés ?

— Ouaip, répondit Zorian en fouillant dans son sac pour en sortir une boîte en bois pleine d’ingrédients alchimiques.

— Tu n’as pas eu de problèmes ? demanda Kael en acceptant la boîte avant d’en examiner le contenu, en sortir une des bouteilles – celle pleine d’un liquide noir – pour l’amener devant une source de lumière.

— Non. Le marchand m’a regardé d’un air étrange parce que je lui ai acheté beaucoup d’ingrédients rares et chers, mais il n’a rien dit. Il serait cependant plus sage d’acheter le prochain lot ailleurs.

— Probablement, acquiesça Kael en rangeant la bouteille avant de refermer la boîte.

Il ne proposa pas de rembourser Zorian pour ses dépenses. L’une des demandes de Kael, la toute première une fois qu’il fut au courant pour la boucle temporelle, était de se faire financer ses recherches dans leur totalité, au mieux de ses capacités. Il prit la demande de Kael pour ce qu’elle était – non seulement un moyen de s’assurer des fonds mais également un défi pour Zorian de prouver ce qu’il avançait. Après tout, s’il croyait vraiment en sa propre histoire de voyage dans le temps, il n’aurait aucun scrupule à dépenser son argent ainsi, n’est-ce pas ?

Kael plaça la boîte sur la table de travail à ses côtés, parmi d’autres, boîtes, bols et bouteilles, parmi des instruments d’alchimie qui encombraient l’endroit. Il sembla un peu perdu dans ses pensées l’espace d’un moment, ses yeux bleus luisant en analysant rapidement le reste du sous-sol, mais se concentra bien vite à nouveau sur sa concentration avec Zorian.

— Combien de fois penses-tu être capable d’en racheter ? demanda-t-il.

— Eh bien… J’hésite à te répondre aussi souvent que tu le désires, parce que je suis sûr que tu es capable de brûler les réserves plus rapidement que je puis les acheter si tu te lâches, mais je suis plutôt riche. Grâce à la boucle temporelle, j’ai découvert un moyen rapide d’extraire un grand nombre de cristaux de mana dans les sous-sols de Knyazov Dveri, et les vendre me permet de gagner beaucoup d’argent à dépenser, expliqua Zorian. Alors… Deux ou trois boîtes par jour ? Plus, peut-être, bien que je conseillerais de n’en point profiter, ce serait une mauvaise idée, je ne pense pas être capable d’éviter d’attirer une attention malvenue si je commence à acheter autant d’ingrédients rares…

— Je… vois… dit lentement Kael, clairement plus qu’un peu surpris par l’information. C’est beaucoup d’argent. Par curiosité, pourquoi avoir été t’embêter à trouver le moyen d’en gagner autant ? Pour financer tes propres expériences ?

— En partie, admit Zorian. Ça a assurément rendu les choses plus faciles de pouvoir balancer l’argent par les fenêtres. Le temps est précieux. Et oui, je sais que c’est une étrange inquiétude à avoir quand on est coincé dans une boucle qui n’en finit pas.

— En partie… ? Mais encore ?

— La cupidité, je suppose, avoua Zorian. Quand j’aura finalement réussi à sortir de cette boucle temporelle, je veux vraiment que tous mes besoins financiers soient couverts. Probablement pas le meilleur usage de mon temps, mais bon…

— Ne t’en fais pas, je te comprends totalement, dit Kael en souriant légèrement. Je ne serais probablement pas capable de résister à la tentation moi-même. En fait, je l’aurais même sûrement déjà fait bien plus tôt, même sous la menace d’autres voyageurs temporels et la présence des problèmes plus importants dont tu as fait mention. Tant de problèmes n’existeraient plus dans ma vie si j’avais accès à, disons, un million de pièces…

— Eh, tu es un alchimiste, lui fit remarquer Zorian. Ta profession a toujours demandé beaucoup de fonds, à moins d’être l’un de ces alchimistes qui ne font usage que de ce qu’ils font eux-mêmes pousser et ce qu’ils récoltent de leurs mains dans la nature. C’est tout à fait logique de souhaiter ça.

— Peut-être. Je ne pense pas être aussi talentueux que toi dans le domaine, cela dit. Enfin, pas sans en venir au vol. L’idée de chercher des cristaux de mana ne me serait jamais venue. Qu’y a-t-il de si précieux à leur sujet pour que les gens veuillent en payer un si bon prix ?

Zorian regarda Kael, l’air étonné.

— Il est un peu étrange pour un alchimiste de poser cette question. Je suis presque sûr que le cristal de mana en poudre est un ingrédient très important.

— Pas dans le genre de potions que je fabrique… expliqua Kael en secouant la tête.

— Ah. Eh bien, le mana cristallisé est techniquement du mana ambiant sous forme solide. Plus difficile à utiliser parce qu’il doit tout d’abord être brisé sous une forme plus naturelle, plus éthérée, mais très pratique pour fabriquer des batteries de mana. La plupart d’entre elles, notamment celles fabriquées à l’aide de la formulation, perdent tout leur mana en quelques jours. Le mana cristallisé, en revanche, est totalement stable dans des circonstances normales. C’est très pratique, pour par exemple alimenter un objet magique ou une barrière de protection indépendamment du niveau de mana ambiant.

— Ah, alors il s’agit des cristaux utilisés par les nouveaux trains, comme source d’alimentation.

— Oui, confirma Zorian. J’ai entendu que l’utilisation du mana cristallisé dans les trains fait vraiment grimper les prix récemment, et ça inquiète pas mal de monde. C’est très pratique pour moi, par contre.

— Dommage qu’on ne l’utilise que pour alimenter les objets, dit Kael. Posséder une espèce de batterie personnelle serait un bon moyen de dépasser tes limites de mana. As-tu creusé ce sujet ? Même si elle ne durait que quelques semaines, ce serait exactement ce qu’il te faudrait, dans ta situation.

— Bien sûr que j’ai cherché à me renseigner, pouffa Zorian avant de grimacer. C’est impossible Le mana personnel perd son affinité avec son créateur en quelques minutes, devenant du simple mana ambiant. Je ne pourrai par charger une telle batterie et l’utiliser ensuite.

— Ah.

— En effet, ah. Mais… Une potion, peut-être ? Y a-t-il une potion qui permet d’augmenter les réserves de mana, ou même la régénération naturelle, qui donne un bonus de mana temporaire, quelque chose comme ça ?

— J’en doute. Je pense que nous aurions entendu parler d’une telle potion si elle était disponible. Mais c’est possible, je suppose, spécialement si elle possède de sévères effets secondaires qui en interdisent l’utilisation. Tu devrais demander à Lukav à ce sujet – si quelqu’un sait comment répondre à cette question, ce sera lui, dit Kael avant de gigoter, mal à l’aise. D’ailleurs… Comme nous parlons de Lukav, j’aurais une requête… un peu personnelle.

— J’écoute, dit Zorian avec curiosité.

— Ok… commença Kael. Quand je t’ai donné la liste de toutes ces personnes à voir au sujet de la magie de l’âme, je ne t’ai pas vraiment donné une liste d’étrangers. Nous ne sommes pas les meilleurs amis mais je connais ces personnes. Il s’est passé des choses entre nous, nous avons échangé nouvelles et informations… Apprendre que quelqu’un s’amuse à les kidnapper et les tuer m’a beaucoup, beaucoup énervé.

Zorian fit la moue. Maintenant que ça lui était mis sous le nez, il s’était montré vraiment insensible lorsqu’il avait parlé des disparitions à Kael, n’est-ce pas ? Ce n’était pas juste un autre mystère étrange pour Kael, mais une attaque directe envers lui et ses connaissances.

— Je ne t’en veux pas, se hâta-t-il d’ajouter. Je réalise que tu as déjà énormément sur les épaules et que rester en vie tout en comprenant ce qui se trame dans les coulisses de la boucle temporelle prend le pas sur tout le reste. Cependant… j’apprécierais vraiment si tu pouvais effectuer des recherches sur ces tueurs et trouver un moyen de les arrêter pour de bon.

— Bien sûr, accepta immédiatement Zorian. Je comptais totalement le faire, dans tous les cas. J’ai simplement reporté cette enquête jusqu’au jour où j’aurai trouvé comment régler les problèmes plus urgents et où je me serai amélioré en magie de combat.

D’ailleurs, il avait compris qu’enquêter sur les forces de l’envahisseur de Cyoria allait automatiquement le mener sur la voir de cet autre mystère. Les deux étaient clairement connectés, peut-être même deux fronts de la même opération.

— Je vois. C’est un poids qui s’ôte de mon cœur, soupira Kael. S’il y quoi que ce soit pour t’aider avec ça… fais-le moi simplement savoir. Je suis toujours en train de me renseigner mais je pense pouvoir mettre la main sur quelques recettes de potions de vérité.

— Je possède déjà ma propre magie d’interrogatoire mais je suppose que posséder plus d’options ne peut pas faire de mal.

En vérité, les potions de vérité pourraient être encore efficaces que ce qu’il imaginait, au moins au stade actuel de l’enquête… mais il avait vraiment besoin de développer sa capacité à plonger dans la mémoire des gens et il était peu enclin à les utiliser.

— Garde à l’esprit que Lukav sait comment faire une potion de vérité, alors si tu échoues, je pourrai toujours te téléporter à son village pour avoir une discussion amicale avec lui. Peut-être acceptera-t-il de partager…

— Il sait comment faire ça ? Merde, enfoiré de cachotier, il s’est bien gardé de me le dire… grommela Kael. Pourtant, ça me fait penser qu’il est loin d’être une victime sans défense, pas plus qu’Alanic le prêtre. Ce serait peut-être une bonne idée de les impliquer dans cette enquête – ils sont largement capables de neutraliser les attaquants par eux-mêmes et on leur donne suffisamment d’informations.

Alors ça, c’était une idée. Il allait être compliqué d’assurer la coopération d’Alanic sans tout lui avouer mais les bénéfices pourraient être immenses. Il devrait songer à considérer sérieusement cette option quand il allait commencer à enquêter pour de bon sur le Manoir Iasku et les disparitions autour de Knyazov Dveri.

— Bien, reprit Kael après quelques secondes de silence, déverrouillant l’un des tiroirs de son plan de travail et en tirant un petit calepin banal. Cela étant réglé, j’aimerais discuter d’un autre sujet déplaisant : le marqueur de ton âme.

Zorian se redressa un peu, d’un seul coup plus alerte. En vérité, quand il avait parlé du marqueur à Kael et qu’il lui avait permis d’effectuer une analyse de son âme, il n’en attendait pas des masses. Kael était peut-être un nécromancien mais il n’était encore qu’un amateur. Pourtant, il avait considéré que faire confiance à son ami ne lui ferait pas de mal – Lukav et Alanic étaient tous deux assez peu experts en magie de l’âme et il était fort possible qu’ils eussent loupé quelque chose de critique, une chose que seul un nécromancien pouvait découvrir. Et il s’avéra que c’était le cas.

— Qu’y a-t-il ? demanda-t-il, l’excitation à peine dissimulée dans sa voix.

Kael soupira et appuya le calepin contre Zorian, le forçant à le prendre. En le feuilletant, cependant, Zorian réalisa qu’il n’en comprenait pas un traître mot ou le moindre dessin. Empli de diagrammes inconnus et d’un jargon étrange coupé de brefs paragraphes qui ne signifiaient rien pour celui qui manquait des connaissances pour les déchiffrer. Il regarda Kael d’un œil ennuyé.

— Je vais être direct, dit Kael en ignorant son regard. Ton marqueur ne devrait pas fonctionner.

Voyant l’expression confuse de Zorian, se hâta d’expliquer.

— J’étais immédiatement suspicieux quand tu m’as décrit à quel point le marqueur était enlacé à ton âme – pourquoi quelqu’un créerait un marqueur si profondément incrusté et en ferait ensuite un simple moyen d’identification ? La volonté de créer un marqueur résistant aux dégâts et difficile à retirer pourrait l’expliquer mais c’est malgré tout excessif : il existe des moyens moins invasifs qui auraient uniquement échoué si l’âme était mutilée au point de tuer la personne. Ces méthodes possèdent un défaut remarquable, cela dit. Elles sont bien plus faciles à copier que ce qui existe dans ton âme. C’est ce qui, je pense, est la clé de ce choix. Le marqueur a été créé pour empêcher toute tentative de copie sur d’autres personnes. Et afin de le faire –

— Il a besoin de vérifier si l’âme hôte est celle d’origine ou s’il a été transplanté, continua Zorian.

— Oui, fit Kael en prenant son calepin des mains de Zorian, en tourna une des dernières pages et le lui rendit.

Regardant à nouveau le calepin, Zorian y vit un diagramme supposé être la silhouette brute d’un corps humain, quelques cercles, des triangles et des lignes droites tracées sur son ensemble. En-dessous se trouvait un court paragraphe parlant de canaux d’essence, de sondes informatives et de barrières de transition. Tout ça ne voulait rien dire de plus pour Zorian mais il pouvait cette fois comprendre que ce dessin était censé représenter son âme, le marqueur qui y était attaché et ses interactions avec… autre chose.

— Je ne prétends pas comprendre totalement le marqueur, ajouta Kael. Ou même la plus grande partie – c’est une chose digne d’inspiration, clairement créée par un maître ultime en magie de l’âme. J’aime particulièrement comme il se rend invisible aux analyses basiques de l’âme. Je ne suis même pas surpris de ne pas l’avoir découvert avant d’être informé qu’il se trouvait là. Pourtant, il y a des choses à propos de son fonctionnement qui sont évidentes à mes yeux et l’une d’elle est le fait que le marqueur est créé pour consulter l’âme hôte – le cœur de l’âme, la partie qui ne peut changer quoi que l’on fasse – et altérer son étiquette d’identification en fonction de ce qu’elle voit. Transplanter le marqueur vers une autre personne devrait donner des résultats d’identification totalement différents.

— Mais c’est clairement ainsi que ça fonctionne ! protesta Zorian. Zach et moi possédons le même putain de marqueur ! Le sort de traque n’aurait pas fonctionné sinon !

— Il est cassé, dit calmement Kael. Ton marqueur. Il y a des parties qui sont totalement inertes, soit parce qu’elles ne te reconnaissent pas comme la personne pour qui il a été créé, soit parce qu’il lui manque quelques parties critiques qui se sont perdues dans le transfert. Je suppose qu’au moins l’une d’entre elles est supposée envoyer un signal au mécanisme de la boucle quand tu meurs, afin de la terminer prématurément – ça expliquerait parfaitement pourquoi tu te fais renvoyer quand Zach meurs mais que l’inverse n’est pas vrai. Il possède la version intégrale du marqueur.

— Mais la partie principale fonctionne ?

— Dans un sens. Le marqueur fait ce qu’il est supposé faire, consulter le cœur de ton âme. Mais pour une raison quelconque, il est bloqué sur la valeur qu’il avait dans l’âme de Zach. Il est cassé, mais cassé en ta faveur.

— Huh, lâcha pitoyablement Zorian – qu’était-il censé répondre à ça ? Honnêtement ? Ce n’est pas une énorme surprise. J’ai toujours suspecté que le marqueur était, d’une façon ou d’une autre, dysfonctionnel. Après tout, je doute fortement qu’un truc de si haut niveau soit incapable de reconnaître un hôte. Qu’est-ce que ça change ?

— Tout dépend de la façon de voir les choses, dit Kael. Tu n’es pas en danger de soudainement te voir expulsé de la boule, alors je suppose que d’une perspective personnelle, ça ne change pas grand-chose. Mais en regardant la situation d’un point de vue plus objectif… Si j’ai raison, alors peu importe l’ensemble de circonstances qui t’a traîné dans la boule, ça reste quelque chose d’erroné. Une erreur chanceuse, mais une erreur. Ce n’est pas reproductible à souhait.

Zorian fronça les sourcils. Qu’est-ce qu…

Et ça le frappa.

— Attends. Comment Robe Rouge a fait pour entrer dans la boucle ?

— C’est toute la question, n’est-ce pas ? demanda Kael, ses doigts martelant frénétiquement la table. J’ai peur de ne pas savoir comment y répondre. Mais il n’a clairement pas utilisé la même méthode que toi.

— Ouais, acquiesça Zorian. Ça me paraissait déjà plutôt évident, mais je ne pouvais en être sûr. Qu’il possède une autre méthode pour entrer dans la boucle pourrait expliquer pourquoi il n’a jamais pu utiliser son propre marqueur afin de me traquer à travers le pays comme je l’ai fait avec Zach. Il ne possède pas le marqueur, si toutefois il en a un, carrément. Pour me localiser, il lui faudrait capturer Zach.

— Et s’il est effectivement un maître nécromancien comme tu sembles le penser, alors il sait probablement que tu ne peux pas posséder le même marqueur que Zach, puisqu’il ne fonctionne que pour Zach. Alors il n’a simplement aucune raison de tenter de te localiser de la sorte, pour commencer.

Ils bondirent d’une théorie à une autre pendant presque une demi-heure mais tout n’était que spéculations vides. Ils ne disposaient d’aucun moyen de vérifier quoi que ce fût ; Kael pensait que Robe Rouge chevauchait en quelque sorte Zach, soit en laissant une portion de son esprit en lui de la même façon que l’avait fait la matriarche avec Zorian, ou en possédant un quelconque lien d’âme avec Zach. Zorian refusa immédiatement l’idée d’un paquet mémoriel. La logistique de ce genre de chose ne collait pas – Robe Rouge était actif quelques heures à peine au début de la boucle, si l’on se fiait à son arrivée rapide dans le camp Aranea au tout début de cette fameuse boucle. Travailler une grande quantité de souvenirs prenait au moins une journée entière. Sans même parler du fait que Zach ne commençait pas chaque fois par se rendre au même endroit et était plus que questionnable que Robe Rouge eût pu avoir accès à son paquet mémoriel à chaque fois.

Non, Robe Rouge n’utilisait définitivement pas de paquet mémoriel. Et vraiment, Zorian ne le voyait pas être lié à l’âme de Zach – s’il l’était, il aurait analysé l’âme de Zach pour y chercher d’autres liens éventuels et aurait découvert le marqueur « double ». Au lieu de ça, il s’était immédiatement précipité pour affronter les Aranea. L’idée que quelqu’un eût pu être connecté à l’âme de Zach ne lui avait même pas effleuré l’esprit.

Personnellement, Zorian pensait que Robe Rouge possédait une espèce de marqueur. C’était totalement possible, il le sentait, qu’il existait un moyen, pour les personnes qui savaient ce qu’elles faisaient, d’entrer dans la boucle proprement – créer leur propre marqueur et le faire fonctionner. Même si cela soulevait une nouvelle question : pourquoi n’avait-il pas simplement achevé Zach pour vivre sa vie librement ensuite ?

En quoi Zach était-il si spécial à ses yeux ?

— C’est vrai. Je ne pense pas qu’on aille où que ce soit, là, finit par dire Zorian. Il y a autre chose que je dois garder à l’esprit ?

— Rien que Lukav et Alanic ne t’aient déjà dit – évide toute magie qui pourrait altérer ton âme. Nous ne savons pas ce qui provoque le blocage du marqueur sur l’identification de Zach. Il est peut-être cassé, ou peut-être que la petite partie de l’âme de Zach dont tu m’as parlé lui sert à t’identifier comme étant lui. On ne sait pas ; alors fais attention, on ne sait pas ce qui pourrait pousser le marqueur à ne plus fonctionner.

— J’étais déjà effrayé de me lancer dans ce genre de choses avant, et pour ces raisons précises, en effet, dit Zorian en s’appuyant contre le dossier de sa chaise et en poussant un soupir un peu trop dramatique. Dommage, par contre. Cette araignée que Lac d’Argent m’a envoyé chasser, je rêvais d’en faire mon familier ou de devenir un… comment dire ? Chasseur-Gris-Morphe ? Je suppose que ce rêve va rester un rêve…

— Tu ne savais pas ? Si la plupart des métamorphes sont basés sur des animaux normaux, ce n’est pas pour rien, le prévint Kael. Devenir un métamorphe signifie recevoir des instincts de l’autre partie de l’âme, et les créatures magiques possèdent toujours de très puissants instincts… Plus la créature est magique, plus c’est puissant. Et elles tendent à être extrêmement violentes et territoriales. Si l’on parle des chasseurs gris, je suis presque sûr qu’ils ne tolèrent même pas leur propre espèce, alors ne parlons même pas des autres. Une telle attitude dégoulinerait sur ton âme si tu devenais un Arachnomorphe de cette espèce. Et il faut également considérer le problème héréditaire – même si es capable de maîtriser les instincts d’un chasseur gris et que tu ne les laisses pas te contrôler, tu ne peux garantir que tes enfants seront aussi déterminés, et en particulier parce qu’il s’agira d’instincts de naissance. Je recommanderais fortement de ne pas y penser. Quant à en faire ton familier, garde à l’esprit qu’il faut un temps considérable pour que l’âme de la créature se lie à la tienne, et qu’il faut que tu en sois proche pendant tout ce temps. Tu ne peux pas être sûr que le monstre ne va pas te tuer pendant ce temps. Et si parviens à le soumettre à ta volonté, il pourrait rester dangereux pour toute personne n’étant pas protégée par le lien d’âme. C’est-à-dire tout le monde sauf toi.

— Pas besoin de me sermonner, je plaisantais… répondit Zorian platement.

— Bien.

— Même si j’avoue que ses capacités auraient été sacrément utiles… reprit Zorian sur un ton rêveur. Résistance à la magie, rapidité et solidité physique ? Oui, s’il vous plaît.

— Tue-la, débite les morceaux et fais-en une potion d’amélioration, suggéra Kael. Tu peux demander à Lukav de t’aider, je suis sûr qu’il sauterait sur l’occasion. Peu de gens sont assez fous pour chasser un de ces monstres, après tout, et je suis plutôt certain qu’il n’a jamais eu l’occasion de travailler des pièces de chasseur gris.

— Tu sais que ça ressemble à une bonne idée… ?

— Heureux d’avoir pu t’aider, dit Kael en jetant un œil dans un pot en métal, pour finir par grimacer. Bon, mon expérience actuelle ne se passe pas vraiment bien. Et je pensais l’avoir, cette fois… Il est temps de lancer la quatrième fournée.

Il observa Zorian d’un air cupide.

— Dis, aurais-tu le temps de m’aider ? Certaines étapes sont plutôt simples et observer mon travail va te permettre de ne pas oublier ce dont je parle aussi facilement que la dernière fois.

— Ouais, je vais t’aider, et par tous les dieux les plus divins, tu vas arrêter de me le rappeler ?! se plaignit Zorian. C’était il y a plus d’un an et j’avais des tas de trucs dans la tête, c’est normal d’oublier ! D’ailleurs, je travaille déjà à combler les fautes de ma mémoire.

— Hmm… Je te souhaite bonne chance avec ça, dit Kael. Quoi qu’il en soit, nous savons tous deux que tu te souviendras mieux de mon travail si tu y participes au lieu de bêtement apprendre un texte. Vois ça comme une leçon gratuite !

Bon. Il utilisait effectivement beaucoup l’alchimie pour résoudre les problèmes auxquels il avait affaire, alors ce n’était peut-être pas une si mauvaise idée.

— Très bien. Par quoi dois-je commencer ?

 

___

 

Le lendemain, Zorian décida de faire bon usage de son temps en respectant sa promesse de trouver une solution à ses problèmes de mémoire. Bon, il dut organiser une autre des leçons de Kirielle avant ça, mais il n’y eût aucun problème avec ça. Elle progressait bien plus rapidement qu’elle ne l’avait fait la première fois qu’il avait tenté de lui apprendre la magie parce qu’il avait déjà lu en elle à de nombreuses reprises et se trouvait donc plus apte à la motiver et lui expliquer certains points d’une façon qu’elle comprenait plus intuitivement. Ses obligations achevées pour la journée, il tira sa révérence et sortit pour une promenade, espérant que Kael ou Imaya ne lui trouvassent pas un autre travail à lui mettre sur le dos.

Sur le long terme, Zorian savait qu’il possédait déjà une solution toute trouvée pour ne plus jamais rien oublier – il pouvait simplement créer des paquets mémoriels comme ceux de la matriarche et les stocker dans son esprit pour une utilisation future. La carte que la matriarche lui avait laissée était toujours claire comme de l’eau de roche comme s’il s’agissait du jour où il l’avait assemblée pour la première fois. Elle lui servait d’exemple brillant, de phare dans la nuit, et lui indiquait un moyen, un jour, de faire la même chose. Et ce n’était pas comme si apprendre des choses sur les paquets mémoriels allait être une perte de temps : il travaillait déjà dessus dans tous les cas. C’était même sa priorité du moment.

Le problème résidait dans le temps dont il allait avoir besoin avant que ses efforts portent leurs fruits. Il pouvait s’agir de mois, voire d’années… Bon, de préférence pas des années, parce que les souvenirs de la matriarche pourraient s’être désagrégés à ce moment-là, mais le point important restait le même : ce n’était pas une solution à court terme pour son problème du moment. Heureusement, les mages humains étaient plutôt bons dans l’art de créer des solutions rapides à des problèmes immédiats. Qui n’avait pas eu besoin, à un certain moment, de mémoriser une carte jusque dans ses moindres détails ou de réciter un livre mot à mot ? Zorian serait choqué si le sort pour faire une telle chose n’existait pas déjà quelque part. Tout n’était que question de le trouver.

Il décida de tenter sa chance à la bibliothèque en premier lieu. Un peu banal et sans imagination mais c’était le meilleur endroit pour démarrer ses recherches et il n’avait pas passé du temps à en parcourir les rayons depuis belle lurette maintenant. Elle lui avait clairement manqué pendant son exil.

Trois heures plus tard, il était déchiré entre le sourire de satisfaction et l’urgence de trouver quelque chose à brûler pour évacuer toute cette frustration. Pour le bon côté de la chose, il avait trouvé ce qu’il cherchait. Il n’existait pas moins de cinq sorts différents qui pouvaient lui permettre d’obtenir l’effet désiré, principalement en permettant au lanceur d’enregistrer ce qu’il voyait et entendait avant de ranger ces informations dans son esprit. Les détails différaient, notamment sur le fait qu’il fût capable ou non de mettre l’enregistrement en pause mais le principe restait le même. On prétendait même que ces données permettaient de reformer des souvenirs clairs par la suite, permettant au lanceur de se souvenir plutôt que de voir l’enregistrement. Y compris des choses qu’il avait oubliées.

La mauvaise nouvelle, c’était que ces sorts n’étaient disponibles que dans la partie restreinte de la bibliothèque.

Spécifiquement, la section dédiée à la magie mentale.

Zorian s’enfonça dans le dossier de son fauteuil, se balançant prudemment sur les deux pieds de derrière avant d’enlever ses lunettes pour se masser les yeux. Dire que l’académie était réticente à donner des permissions à un élève anonyme au sujet de la magie mentale aurait été une sévère sous-estimation. Il avait besoin d’un meilleur poste à la librairie s’il désirait obtenir ces informations et il n’allait jamais obtenir ce poste et le passe associé par des moyens légaux.

Il plissa les yeux tout en regardant le plafond. Il ne pouvait rien y faire. Il allait devoir en voler un.

— Qu’est-ce qui rend mon meilleur élève si morose, aujourd’hui ?

Zorian bondit sur son fauteuil, le pauvre objet en équilibre le faisant presque tomber à la renverse. Après s’être finalement stabilisé, il se retourna et offrit à Ilsa un regard pas du tout amusé.

— Désolée, dit-elle, son sourire et les émotions qu’elle dégageait avouant tout le contraire. Je ne pensais pas que vous réagiriez de façon si… explosive.

— Vous m’avez simplement surpris… un peu, dit Zorian.

Il avait détecté une personne qui passait grâce à son sens spirituel, mais ce n’était pas une occurrence très inhabituelle en ces lieux. Ce n’était pas comme si la bibliothèque était vide, après tout.

— Que puis-je pour vous, Miss Zileti ?

— Oh, rien – j’ai déjà terminé ce pour quoi j’étais là. Vous ne m’avez pas remarquée parce que vous étiez absorbé dans votre lecture, mais je suis déjà passé ici deux fois, maintenant. Je ne voulais pas vous interrompre la première fois, vous aviez l’air très occupé. Je m’apprêtais à quitter les lieux quand je vous ai vu en train d’essayer de creuser un trou dans le plafond avec vos yeux nus. Je me demandais si je pouvais vous aider pour quoi que ce soit qui vous trouble.

— J’apprécie l’offre, Miss Zileti, dit Zorian. Vraiment. Mais je ne pense pas que vous puissiez m’aider à ce propos.

Aussi utile qu’elle pût être, Zorian était presque sûr que lui demander de l’aider pour commettre un crime était une mauvaise idée. Amusante, mais mauvaise.

— Sur quoi travaillez-vous, exactement ? demanda-t-elle en jetant un coup d’œil sur le livre en face de lui. Les sorts de préservation mémorielle ? Pourquoi auriez-vous besoin de ça ?

— Il me faut un moyen pour mémoriser rapidement un ou deux livres, répondit Zorian de façon honnête.

Ilsa le regarda, sans trop comprendre.

— S’il s’agit du travail concernant les cours…

— Non, je pense m’en tirer assez bien en cours, la coupa Zorian – en tout cas, il pensait même trop bien y arriver, il était au top niveau en termes de notes malgré ses efforts pour éviter de sortir du lot. C’est personnel. Tout ce que je peux dire, c’est que je vais partir en voyage bientôt et je ne serai pas capable d’emmener quoi que ce soit avec moi. Rien que mes souvenirs, en réalité. Et alors que ma mémoire est plutôt excellente, ce n’est pas suffisant pour mémoriser, disons, un livre entier de recettes alchimiques mot à mot.

— Tout ça m’a l’air suspicieux et inquiétant.

— Je ne prévois rien d’illégal, la rassura Zorian.

— J’en suis sûre, lâcha platement Ilsa. C’est pour ça que vous cherchez des sorts que vous n’avez pas le droit de connaître.

— Et c’est bien pour ça que j’étais morose quand vous m’avez approché, contra Zorian. Je pensais avoir trouvé une solution à mon problème, et il s’avère que c’est hors de ma portée pour l’instant.

— Je vois, dit-elle. Par curiosité, à quel point est-ce important de pouvoir avoir accès à une information du livre tant qu’il est stocké dans votre esprit ?

— Je ne suis pas sûr de comprendre, fit Zorian en fronçant les sourcils. Quel est l’intérêt de posséder un livre dans sa tête si ce n’est pour le consulter ?

— Pour en créer une copie, bien sûr, lui sourit Ilsa. C’est un truc utilisé par certains experts en altération lorsqu’ils veulent créer des objets complexes sans devoir transporter l’original. Ils utilisent un sort pour enregistrer le schéma dans leur esprit et utilisent simplement cette connaissance pour créer des copies de cet objet dès que l’envie les prend. Bien sûr, à condition de disposer des matériaux bruts nécessaires. Dans votre cas, il devrait s’agir d’un livre vierge aux dimensions identiques et d’une bouteille d’encre.

— Et… vous savez comment faire ça ? demanda Zorian, plein d’espoir.

Ilsa soupira légèrement.

— Eh bien, je suis une experte en altération… mais même si j’acceptais de vous l’enseigner, ce n’est pas exactement une combinaison de sorts facile à produire. Elle demande une grande connaissance en altération et une maîtrise gigantesque de la mise en forme du mana.

Zorian se concentra pendant moins d’une seconde et tira sur l’épais livre relié de métal qui se situait sur une étagère à proximité, sans même se soucier de faire le moindre geste ou de réciter le moindre cantique. De la pure mise en forme de mana comme dans les exercices les plus basiques, oui. Le livre glissa gentiment de son rayon et flotta jusque devant Ilsa, la stupéfiant totalement. Avant qu’elle ne pût dire quoi que ce fût, il s’ouvrit tout seul et les pages commencèrent à tourner, une à une, d’abord lentement, puis de plus en plus rapidement pour finir en une espèce de flou artistique. Lorsque la totalité du livre fut feuilletée de la sorte, il se referma d’un seul coup. Son point démontré, Zorian renvoya aussitôt le livre se glisser dans son emplacement sur l’étagère.

— Je ne peux imaginer un moyen de vous prouver mes talents en altération dans l’immédiat, annonça Zorian pour briser le silence. Mais je suis parfaitement capable de restructure une poêle en métal en une montre fonctionnelle. Est-ce plus difficile ? À quel point ?

— Pas exactement plus difficile, admit Ilsa, les yeux toujours rivés sur le livre, les sourcils légèrement froncés. Mais certainement différent. Vous devriez vous entraîner pendant des jours pour obtenir un résultat concret et correct.

Elle secoua la tête et arracha ses yeux du livre rangé dans la bibliothèque pour regarder Zorian droit dans les siens.

— Nous allons en discuter lundi, monsieur Kazinski.

— Est-ce que ça veut dire que vous acceptez de me l’enseigner ? demanda-t-il.

— Pas encore. Je vais devoir effectuer quelques tests sur vous afin de juger si vous êtes capable de maîtriser ce sort sans risques.

Ilsa quitta les lieux peu après, laissant Zorian à ses pensées. Il ferma le livre qu’il consultait et le poussa sur le côté. La combinaison de sorts d’Ilsa n’était pas exactement ce qu’il cherchait comme solution rapide et efficace, mais ça pouvait marcher. En fait, c’était même mieux que son idée originale, sous certains aspects. Un peu plus contraignant à utiliser, bien sûr, mais… Oh, et en plus, il n’aurait pas besoin de s’embêter à tout retranscrire sur papier à chaque fois qu’il voudrait y ajouter ou modifier quelque chose. Il allait laisser une chance à la méthode d’Ilsa.

Mais il allait voler ce passe de bibliothèque nonobstant.

 

___

 

Deux semaines s’écoulèrent dans un flou de mouvement incessant. De la routine, essentiellement, comme accompagner Taiven dans le Donjon, apprendre la magie à Kirielle ou aider Kael avec ses expériences – et en profiter pour lui faire analyser son âme de temps à autre, sans plus de résultats. Il fut aidé par le fait que Kirielle eût une amie de son âge, cette fois, et qui la monopolisait plus souvent qu’il l’aurait imaginé. Quel que fut le secret ténébreux que sa mère cachait, Zorian dut admettre que la présence de Nochka rendait Kirielle bien plus facile à gérer qu’à son habitude et il allait définitivement passer par ce point à chaque fois, désormais.

Deux choses ressortirent du lot, cela dit. La première, il avait réussi à apprendre les sorts qu’Ilsa avait accepté de lui enseigner et ils fonctionnaient exactement comme promis. Il était heureux de pouvoir enfin prendre des notes de ce qui se passait dans l’une ou l’autre boucle, car il possédait désormais une méthode pour transférer efficacement le contenu de ses calepins dans la boucle suivante. Kael s’en trouva ravi également, car il pouvait désormais être bien plus libéral quant à la quantité d’informations qu’il allait envoyer à travers le temps – il donna rapidement à Zorian quatre calepins remplis desquels il devait stocker les schémas et lui en promis un de plus avant la fin du mois. Zorian espérait vraiment que Kael n’accumulerait pas les notes de recherche à cette vitesse à chaque fois, parce que le sort permettait à son esprit de contenir 15 schémas différents au maximum. En réalité, le paquet mémoriel de la matriarche prenait déjà presque toute la place.

La deuxième chose intéressante qui était arrivée ? Eh bien, il eut confirmation que Xvim protégeait son esprit en toute situation et à tout moment. Il était entré dans son bureau, totalement à l’improviste, à trois reprises et le bouclier avait toujours été actif. Malheureusement, ses visites inopinées semblaient avoir quelque peu provoqué l’homme normalement imperturbable et Zorian possédait désormais cinq livres d’exercices de base et de variantes à étudier pour la prochaine session. Selon le nombre de livre sur lesquels Xvim allait vouloir se concentrer, leur prochaine leçon pourrait lui demander de créer des formes à partir de sables, démonter une montre par télékinésie sans en briser aucune partie, jouer avec des bougies et des allumettes, tenter de peindre des toiles sans utiliser de pinceaux ou graver des glyphes dans la pierre avec ses doigts. Ou peut-être tout ça, si Xvim se sentait particulièrement vindicatif.

Mais ce n’était qu’une activité de fond – ce sur quoi il concentrait vraiment ses efforts était la traque des Ibasiens et des cultistes du Dragon du Dessous pour comprendre l’architecture de leur organisation. De base, il voulait être prudent, passer la majeure partie du mois à observer, identifier membres et lieux et passer inaperçu mais… Eh bien, il saisit la chance qui se présenta à lui. Tandis que les Ibasiens étaient à peu près tous des mages purs et durs vivant loin dans les souterrains et ne visitant la surface qu’en de rares occasions, la plupart de leurs alliés en ville étaient bien plus modestement protégés. Zorian suivit des cultistes et des mercenaires qui travaillaient avec les envahisseurs, les traquant un à un jusque chez eux pour lire dans leurs pensées pendant qu’ils vivaient inconsciemment leur vie. Les barrières sur leurs maisons, si barrières il y avait, étaient hilarantes de simplicité à contourner ou à briser, permettant à Zorian de fouiller dans leurs affaires afin d’y trouver plus d’indices sur les connexions avec d’autres membres de cette conspiration.

Il trouva quelques choses intéressantes. Par exemple, Tous les agents ibasiens de la ville n’étaient pas conscients de ce dans quoi ils s’engageaient. Les divers marchands qui fournissaient nourriture et d’autres provisions aux envahisseurs semblaient entièrement ignorants de l’identité des gens qu’ils supportaient. C’était juste du commerce, pour eux. Apparemment, il existait encore d’autres bases secrètes et des opérations étaient menées à une plus grande profondeur dans le Donjon de Cyoria, et la plupart d’entre elles n’étaient pas très graves – la récolte de substances illégales, des structures de recherche, et même un site non-officiel du gouvernement. Les marchands pensaient qu’ils approvisionnaient l’une des nombreuses factions de l’ombre et ne prêtaient pas attention à l’identité de leurs clients. Un couple de mercenaires savait que les envahisseurs prévoyaient une espèce d’attaque terroriste pendant le festival d’été mais se fichaient des détails tant qu’ils étaient payés – et ils ignoraient dans tous les cas la vraie étendue de l’invasion.

Puis, il y avait le Culte du Dragon du Dessous, qui le stupéfia honnêtement. Il possédait une structure très complexe et confuse, avec un nombre impressionnant de rangs différents et des catégories de membres, chaque rang semblant avoir bouffé une version différente de l’histoire. En plus de ça, quelques membres semblaient en être uniquement pour les bénéfices et n’avaient jamais adhéré aux croyances du culte. Ils y étaient pour l’argent – apparemment, être membre du culte pouvait être très profitable si on savait jouer les bonnes cartes. Ils savaient que le culte prévoyait de lâcher un Primordial le soir du festival d’été pour ravager la ville et tout ce qui se trouvait autour, mais ne croyaient simplement pas en l’existence du Primordial, pour commencer, alors il n’y avait aucun mal à jouer le jeu, n’est-ce pas ?

N’est-ce pas…

Il n’avait toujours aucune preuve que Robe rouge opérait d’une quelconque façon dans les forces de l’envahisseur, non plus qu’il n’avait partagé ne fût-ce qu’une once de connaissance avec eux au début de cette boucle avant de s’enfuir vivre sa vie. Aussi Zorian décida-t-il de se montrer un peu plus agressif et se mit à pratiquer son analyse des souvenirs sur des cibles acceptables. À cette fin, il identifia un petit groupuscule de cultistes – organisé par un trio de mages qui semblaient être d’un rang légèrement plus élevé que les larbins habituels – et se prépara à les neutraliser afin de les interroger.

Huit cultistes armés, dont trois maniaient la magie. L’ancien Zorian se serait traité de fou s’il s’était vu en train de prévoir de les attaquer, même uniquement en embuscade. Cependant, ils n’eurent pas la moindre chance – il piégea la maison entière dans laquelle ils devaient se rejoindre avant même qu’ils ne pussent s’y rendre car il l’avait découvert plusieurs jours à l’avance et les abattit un à un au fur et à mesure qu’ils arrivaient. La plupart par une suggestion télépathique leur proposant de s’endormir, un peu comme les Aranea avaient tenté de le faire avec lui la toute première fois qu’il les avaient croisées. Le dernier arrivé était un mage possédant un anneau gravé d’une formule lui conférant un bouclier spirituel et il chercha à se battre. Zorian fut forcé de lui faire comprendre ce qu’il voulait en le balançant à plusieurs reprises contre un mur grâce à l’utilisation judicieuse du sort vague de force.

Une fois tous au sol et saucissonnés dans tous les sens, Zorian prit une profonde inspiration et se concentra afin de plonger dans les souvenirs de sa première victime.

Avant d’avoir reçu l’enseignement des Gardiennes de la Caverne Jaune, Zorian s’attendait plus ou moins à ce que sonder la mémoire profonde d’une personne reviendrait à ce que l’on lisait parfois dans les romans d’aventure – une promenade dans une espèce de champ psychédélique, où l’intrus devait naviguer dans un labyrinthe symbolique et combattre des représentations mentales de l’esprit de la victime ou qu’en savait-il d’autre. La réalité était loin d’être aussi concrète ; en tout cas, la façon dont le faisaient les Aranea n’avait rien à voir avec ça et elles avaient semblées plus qu’un petit peu amusées lorsque Zorian leur avait décrit son idée de la chose. Au lieu de tout ça, une sonde mémorielle profonde consistait simplement en une attaque télépathique puissante, capable de percer les couches superficielles de l’esprit de la victime pour se connecter à leurs souvenirs internes à la recherche de ce que le psychique cherchait.

C’était, par sa nature profonde, une procédure dangereuse – contrairement aux manipulations légères de surface, les analyses profondes comme celle-ci pouvaient ruiner un esprit de façon permanente. Un amateur comme Zorian ne possédait absolument aucune garantie qu’il n’allait pas causer de dégâts irréparables à son premier essai, à moins d’avoir effectué des exercices pendant des années et il n’en avait pas le temps. Aussi, il ne fut pas très surpris quand sa première victime se transforma en légume au bout de cinq minutes. Les convulsions et la bave qui avaient précédées son état final possédaient ce quelque chose de dérangeant et faillirent le faire abandonner le tout aussi tôt que ça. Il ne parvint même pas à lire quoi que ce fût dans ses souvenirs, et lorsque le cultiste mourut quelques secondes plus tard, ce fut en vain.

Il lui fallut quelques minutes pour se calmer et étouffer cette petite voix qui lui disait qu’il était un monstre, un vrai monstre, parce qu’il avait tué un pauvre humain sans défense. Suite à quoi il passa à la victime numéro deux. Il décida de rester bien moins longtemps dans l’esprit de ses prochains cobayes.

Les patients deux, trois, quatre, cinq et six survécurent à son passage. Ils pourraient même s’éveiller un jour. Enfin, ils auraient pu, ne serait-ce pour la boucle temporelle qui les réinitialiserait avant. Le sixième essai lui fournit également des résultats – il ne trouva pas grand-chose avant de devoir se retirer de son esprit mais il découvrit quelques noms supplémentaires sur lesquels enquêter, alors au moins, tout n’avait pas été vain. Les deux derniers ne souffrirent que de quelques blessures légères dues à ses sondes et n’avaient pas été capables de lui apprendre quoi que ce fût d’utile.

Zorian quitta la maison l’esprit vidé, se demandant si ce qu’il avait fait était vraiment juste.

Il rentra à la maison pour y trouver Kirielle en pleurs et les autres locataires dans tous leurs états. Rea et Sauh Sashal avaient été trouvés morts chez eux, assassinés brutalement par ce qui semblait être un monstre que les nombreuses unités de nettoyages souterraines avaient manqué.

De leur fille, il n’y avait trace.

Raka
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5 thoughts on “MoL : Chapitre 39

  1. WHHHAAAAAAA!!!!!! j’ai même pas encor lu le chapitre mais MERCIIIIIIIIIIIII RAKA !!!!!!!

    3 chapitre a la suite, déjà que pour une fois je tenais une pèche d’enfer, là tu m’achève la journée d’une manière magistral.

    Encor une fois merci beaucoup et bon courage pour ton œil !

    Tien pour la peine t’as le droits a une gros bisou de noël SMMMAK ! XD

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