Chapitre 79 — Crimes et châtiments évités
Bien qu’Aranhal menait une campagne de publicité énorme concernant leur nouveau bâtiment volant face à son propre peuple et celui des pays voisins, apercevoir la Perle d’Aranhal demandait de la chance ou une certaine dose d’effort. Il était situé à côté d’une importante ville industrielle, mais en était pourtant à l’extérieur ; le site de construction avait volontairement été établi en-dehors de la zone d’habitations, suffisamment proche pour être facilement ravitaillé, mais assez loin pour dissuader les curieux de passage.
Le navire était actuellement au sol, posé sur une structure ovale et entouré d’échafaudages. Encore plus loin se situaient une collection d’entrepôts, de baraquements, de tours de guet et de dortoirs temporaires pour les ouvriers et les superviseurs. Finalement, le camp tout entier était cerclé d’un mur de pierre altéré fait pour empêcher les petites créatures et les criminels de bas étage de s’introduire là où ils n’avaient pas à aller. Ni ça, ni aucune autre des défenses subtiles n’empêchèrent Zach et Zorian de s’introduire subrepticement, bien entendu. Ils se trouvaient désormais au sommet de l’une des plateformes d’observation attachées au bateau, et… l’observaient.
Zorian devait l’avouer, la Perle d’Arenhal était une construction magnifique. Les navires volants étaient souvent décrits comme autant de vrais bateaux, naviguant par magie sans eau pour les supporter, et ce, à cause des préjugés qui restaient des premiers modèles. Les anciens créateurs avaient toujours disposé d’une technologie inférieure, soutenue par une économie moins solide, les forçant à se reposer sur des structures existantes comme base de projet. Les bâtiments les plus récents, d’un autre côté, étaient travaillés à partir de rien en tant que ce qu’ils devaient être, et ils avaient rarement l’air de vrais navires. Ils avaient tendance à se composer de longs cylindres couverts de voiles stabilisatrices, ou à être de forme plus triangulaire. La Perle d’Arenhal cassait les codes, et se trouvait être relativement plate et en forme de feuille d’arbre. Elle avait très assurément l’air manœuvrable, mais Zorian était quelque peu sceptique quant à ses prétentions en terme de solidité et de durabilité selon les standards. Et peu importait. Ils voulaient ce bijou parce qu’il était rapide et pouvait voler loin en toute autonomie, pas parce qu’ils comptaient se battre à son bord.
Dans tous les cas, le nom de l’appareil semblait en parfait accord avec sa couleur. Peint dans un blanc étincelant et pur comme les cieux, il n’était pas tâché par la moindre marque, ni le moindre nom laissant entendre son allégeance. Une apparence temporaire, bien entendu : Arenhal entendait le décorer comme il se devait avant de le présenter au public, et ses dirigeants devaient encore se décider quant aux couleurs que la coque allait arborer. La question semblait vraiment triviale pour Zorian, mais était apparemment un point politique de la plus haute importance, qui provoquait actuellement de nombreuses disputes aux sein des hautes sphères du gouvernement d’Arenhal. Le dirigeant actuel continuait à remettre le problème au lendemain, de peur que quiconque perdît l’affrontement tenterait de lui couper une partie des investissements, par rancune.
— Tu disais ? s’exclama soudain Zach, se balançant sur ses talons – l’air tellement ennuyé… Il est l’heure ?
— Ouais, je suppose, confirma Zorian, un peu nerveux, réalisa-t-il. Je vais dire à mes copies de lâcher les singes.
Il contacta ses simulacres par le biais de son âme, sa capacité à utiliser cette méthode étant devenue aussi naturelle qu’instinctive, et leur donna simplement le feu vert. Ils savaient déjà quoi faire.
Les Triclopes dorés étaient des singes magiques natifs de la région. Ils possédaient une fourrure d’un jaune vif, deux petites cornes au sommet de leur tête et un troisième œil bardait le milieu de leur front. Ce dernier leur octroyait la capacité de percevoir la magie d’une façon étrange et difficile à comprendre, ce qui les rendait très intéressés par les objets magiques. Bien sûr, n’étant qu’aussi intelligents et agressifs que des animaux classiques, cet intérêt avait souvent tendance à ne pas être très bon pour la santé dudit objet… Zach et Zorian en avaient capturés plusieurs groupes avec l’intention de les utiliser comme moyen de distraction. Le plan était voué à la réussite, l’équipe de construction ayant déjà eu quelques altercations avec les communautés locales de triclopes, et en voir un certain nombre semer la zizanie dans la base n’était pas un acte des plus étranges en soi. Ils avaient déjà tenté le coup lors des trois itérations précédentes, et savaient que les gardes tenteraient d’abord de contrôler la situation avant de se demander si quelqu’un avait volontairement envoyé un si vaste groupe de Triclopes.
Mais alors, bien sûr, il serait trop tard.
Après leur libération, les singes envahirent la base tandis que Zach et Zorian restaient en place, attendant patiemment que les créatures fussent découvertes, et ça allait prendre un moment. Ensuite, il fallait que la gravité du problème devienne évidente avant que la majorité des gardes de la base fussent mobilisés afin de les chasser. Zorian contrôlait la situation par le biais de ses simulacres, dont il pouvait emprunter les sens avec une facilité déconcertante. Ses études des rats-crânes et de l’Hydre divine vivant dans l’orbe avaient beaucoup amélioré ses capacités à communiquer avec ses copies. Ils n’étaient pas encore un seul esprit, mais il ne le désirait pas, pour commencer.
Zach possédait également des simulacres dans la base. Il n’était parvenu qu’à en créer des fonctionnels que très récemment, et ils avaient tendance à posséder bien plus de différences et imperfections que ceux de Zorian. Cependant, ils avaient besoin de ces simulacres s’ils désiraient voler le navire volant, et il était très peu probable que l’un d’eux devînt fou et tentât de les tuer, alors peu importait.
— Là, finit par annoncer Zorian au bout d’un moment. Tous ceux qui vont chasser les singes sont partis. C’est maintenant ou jamais.
— Pas trop tôt, soupira Zach.
Il n’en dit pas plus, et bondit de la plateforme. Zorian le suivit en levant les yeux au ciel, donnant aux simulacres le signal qu’ils attendaient pour abandonner ce qu’ils faisaient et rejoindre le bâtiment qu’ils comptaient pirater. Même ceux de Zach, que ce dernier semblait avoir oubliés dans sa hâte de rejoindre l’action. Ou peut-être s’attendait-il simplement à ce que Zorian prît l’initiative de leur dire lui-même ce qu’ils devaient faire – c’était d’ailleurs bien plus simple pour Zorian de tous les diriger par télépathie. Bien que, si Zach s’en était vraiment donné la peine, il aurait aussi pu le faire avec ses propres copies, même s’il n’était pas un mage mental naturel tel que Zorian. Note pour plus tard, en parler à Zach…
Zach, Zorian et leur armée de Zachs et de Zorians jaillirent d’un seul coup, passèrent les techniciens choqués en leur forçant la main, neutralisèrent les bras armés encore présents, et en finirent ainsi avec le peu de résistance que les lieux auraient encore pu leur offrir. Zach & co détruisirent les échafaudages et les liens d’ancrage qui maintenaient le navire au sol tandis que Zorian & Zorians s’affairèrent à installer les composants qu’il manquait encore à l’appareil, tout en expulsant tous ceux qui pouvaient se trouver à l’intérieur.
Le tout se passa… étonnamment bien. Zorian s’était montré quelque peu inquiet, principalement à cause du fait qu’ils ne tentaient le coup seulement qu’à quelques jours du début du mois, et que toutes les préparations avaient été pressées plus que de raison. Il avait dû avaler une potion de vigilance pour pouvoir rester éveillé et manquer une nuit complète de sommeil, uniquement pour que tout fût fin prêt, alors il avait actuellement et techniquement les yeux ouverts depuis plus de vingt-quatre heures déjà.
Ils ne firent face qu’à deux complications importantes. La première concernait les soldats à l’intérieur du vaisseau, qui s’étaient barricadés et avaient lancé des sorts de protection mentale de bas niveau après avoir compris que Zorian oppressait l’équipage avec tant de facilité. Puisque les adolescents ne pouvaient pas se permettre d’utiliser quoi que ce fût de plus destructif au risque d’endommager la coque et les appareillages, la situation s’avérait légèrement plus compliquée à gérer que prévue. Heureusement, les corps des simulacres de Zorian étaient capables d’encaisser des abus physiques importants, et il les envoya simplement rouler sur les pauvres soldats sans se soucier d’une quelconque contrattaque. Au final, deux des simulacres furent sérieusement endommagés au niveau du torse et un troisième avait vu ses deux jambes sectionnées, mais le problème était résolu et ils pouvaient malgré tout piloter le bateau volant sans difficulté, malgré leurs… handicaps. Bien que le cul-de-jatte ne manquât pas de se plaindre à qui de droit.
L’autre point découlait du premier. Une fois les simulacres en place, une fois le décollage amorcé, rien ne bougea. Il s’avéra que quelqu’un avait installé un système de sécurité supplémentaire, du genre inconnu de tous ceux que Zorian avait interrogés jusqu’alors. Il fut forcé de lancer des recherches frénétiques pendant que Zach repoussait des assauts répétés de la part des soldats Aranhali, désormais réorganisés. Au bout du compte, Zorian trouva la position du système de sécurité. Malheureusement, l’endroit en question se trouvait au cœur d’une section de régulation des machines, et bien trop profondément intégrée, trop subtile aussi, pour que Zorian pût retirer le tout dans le peu de temps qu’il leur restait. Les mages de combat Aranhali n’allaient pas tarder à se téléporter, ça ne faisait aucun doute ; ils allaient être forcés d’abandonner leur plan. Aussi, Zorian se contenta de foutre le feu au mécanisme complet, leur permettant de démarrer mais pulvérisant une partie des moteurs de façon irréversible.
Et maintenant que le vaisseau flottait dans les cieux, se distançant rapidement de son site de construction tout en se dirigeant vers les terres intérieures de Xlotic, il fallait se rendre à l’évidence : il était bien plus lent que prévu, tandis qu’un autre navire volant les pourchassait déjà. Zorian n’avait aucune idée de la façon dont avait fait ce nouvel arrivant pour se trouver là si rapidement. Peut-être s’était-il trouvé dans le coin lorsqu’ils avaient tenté leur acte de piraterie ?
Dans tous les cas, Zach et Zorian se trouvaient dans la salle de contrôle principale, tentant de comprendre. Ils avaient bien sûr fait leurs devoirs avant de venir, et avaient une grossière idée de la façon dont ils devaient opérer sur le navire, posséder des connaissances théoriques et les mettre en pratique étaient deux choses bien différentes.
— Tu sais, ce truc est bien plus difficile à piloter que j’imaginais, avoua nonchalamment Zack, tout en tirant quelques leviers et en poussant paresseusement deux ou trois boutons.
— Je sais, répondit Zorian sur le même ton, un peu grincheux cela dit.
Il se rendait peu à peu compte de la raison pour laquelle les plans avaient besoin d’un navigateur confirmé, qui ne se consacrerait qu’à la trajectoire de vol. Il allait tellement filer ce job à un simulacre, la fois suivante…
— Contente-toi de vérifier que les moteurs tournent, et sois content de ne pas être le navigateur, finit-il par soupirer.
— Je ne suis pas sûr que ton boulot soit vraiment beaucoup plus dur que le mien, nota Zach, si on considère l’état de ce machin. Tu as ruiné la moitié du bateau juste pour nous permettre de nous envoler.
— Ce n’était pas la moitié ! protesta Zorian.
Zach se mit à pouffer de rire.
— C’est si facile de te chatouiller, ricana-t-il. De toute façon, quiconque a dessiné les plans de ce machin devrait être pris à part et on devrait lui dire de se calmer sur les diodes lumineuses mystérieuses et autres compteurs clignotants. Il aurait mieux fait d’installer un écran magique afin de pouvoir lire les informations plus clairement. Est-ce que c’était vraiment compliqué ?!
— Je pense que tu as une image un peu dénaturée de la difficulté de ce genre de tâche, fit remarquer Zorian. Ce n’est ni simple, ni bon marché, et si quelque chose cassait, ce serait vraiment la misère à réparer. Les diodes et les compteurs sont simples à fabriquer et à remplacer.
— Je suppose, ouais, fit Zach en haussant les épaules. C’est malgré tout bien embêtant de ne pas pouvoir voir nos poursuivants directement. On pourrait imaginer que ça serait une option majeure dans une salle de contrôle. Je devais pouvoir dire… Je sais pas, écran ! et directement voir apparaître l’image de l’ennemi, sur l’une des fenêtre, là.
Il fit signe en direction de l’une des grandes baies vitrées qui offraient une vue incroyable sur le monde qui les entourait, qui, actuellement, n’était que cieux clairs et horizon distant – un peu inutile, mais au moins, ils s’imaginaient voler droit, n’allaient pas percuter quoi que ce fût et profitaient d’un temps propice au vol. Probablement le rôle que la fenêtre était supposée remplir, si Zorian devait juger.
— Ce serait pratique, ouais, concéda Zorian. Et bien que le vaisseau lui-même ne soit pas si bien pensé…
Il effectua rapidement trois gestes incantatoires et lança autant de sorts de divination, qui créa un écran illusoire au milieu de la pièce, et lança un dernier ajout afin d’unifier le tout dans quelque chose de semi-rigide.
Un écran ondulant comme la surface de l’eau qui vibra de plusieurs couleurs prismatiques avant de se changer en une espèce de projection en trois parties. Deux d’entre elles montraient une image propre de leurs poursuivants sous différents angles. La troisième leur proposait une vue de leur propre navire, loin du dessus, leur permettant de se faire une idée de ce qui les entourait, et à quelle distance.
— Cool, lâcha Zach, ravi.
L’autre vaisseau était plus gros et plus blindé. Il possédait une forme cylindrique plus commune, et une tripotée de canons pointaient hors de ses flancs. La Perle d’Arenhal, d’un autre côté, était totalement désarmée. Même s’ils possédaient bien quelques canons, ils n’avaient pas le personnel qualifié pour les manier.
Zorian ne se sentait pas très menacé, cela dit. Malgré les dégâts infligés aux moteurs, son navire était toujours légèrement plus rapide. Son design s’avérait vraiment offrir un profit en matière de vitesse, après tout. Graduellement, minute après minute, heure après heure, ils s’éloignaient de celui qui voulait leur coller au train. De plus, Zorian avait envoyé l’un de ses simulacres pour vérifier si rien ne pouvait être fait au sujet des dégâts qu’il avait infligés aux moteurs, et il semblait qu’ils n’étaient pas totalement anéantis. En deux heures supplémentaires, leur vitesse allait augmenter de façon considérable et ils pourraient totalement semer ces bons-à-rien de poursuivants.
— Hm, je ne sais pas si tu as remarqué, mais il y a un autre vaisseau en face de nous, nota Zach en désignant le point distant qui n’était pas encore entré dans la zone de détection du sort de divination, mais qu’on pouvait apercevoir au loin, par la fenêtre. Tu penses… qu’ils sont là par hasard ?
Et merde.
Quelques sorts de divinations rapides leur apprirent qu’il n’était très certainement pas là par accident. Il se déplaçait afin de les intercepter, et lui comme leur poursuivant ajustaient légèrement leurs courses afin de coordonner leurs mouvements. La chose étrange, c’était que ce nouvel arrivant n’était pas un navire d’Arenhal – il s’agissait d’une propriété du pays voisin, Mezner. Les deux n’avaient pas exactement les meilleures des relations, et Zorian ne put s’empêcher de se demander ce qu’Arenhal avait promis à Mezner pour les forcer à accepter de les aider. Sans doute… beaucoup.
Il semblait qu’ils voulaient vraiment, vraiment récupérer leur Perle…
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Précédemment, lorsque Zach et Zorian avaient sécurisé la Perle d’Arenhal et avait fui les lieux du crime avec leur nouveau jouet, ils avaient essayé de montrer de la déférence et de la pitié pour leurs ennemis. Les soldats postés sur le chantier de construction étaient outragés, et de droit, après tout, alors les deux voyageurs temporels avaient tenté de les mettre hors d’état de nuire sans pour autant les tuer. Pour ce qu’en savait Zorian, personne n’était mort durant l’attaque, bien que certains s’étaient fait sérieusement blesser et que les Triclopes dorés avaient peut-être tués quelques personnes après leur départ. Ils avaient même laissé le vaisseau poursuivant, préférant le distancer que le détruire, comme ils auraient parfaitement pu le faire.
Cependant, être pris en tenaille entre deux véhicules de guerre comme c’était le cas ne signifiait qu’une chose : ils devaient retirer leurs gants de velours et reconsidérer la situation.
Guidée par les mains des adolescents, la Perle d’Arenhal bifurqua rapidement afin de confronter celui qu’ils avaient laissé derrière. S’ils devaient combattre, il était plus pertinent de se les faire un après l’autre que tous les deux lorsqu’ils les auraient rattrapés.
Le vaisseau poursuivant n’avait pas peur d’une confrontation directe. Ses membres savaient que la Perle d’Arenhal n’était pas – ou très peu – en état de riposter de façon armée, et que Zach et Zorian la dirigeait techniquement seuls. Aussi, il ne fit pas mine de bouger et se contenta d’avancer vers eux, acceptant silencieusement le défi.
Il ne fit pas feu, par contre. Au lieu de ça, six ouvertures apparurent dans sa coque et il en sortit autant d’aigles chevauchés par des soldats, surchargés de soldats, et luttant sous leur poids.
Simulacre numéro 2 se tenait sur la coque externe de la Perle d’Arenhal, étudiant la scène sans passion aucune. Les jambes collées à la surface afin d’empêcher le vent de l’emporter, son corps de golem passivement insensible au froid, il analysa les forces ennemies plusieurs fois avant d’envoyer sa mémoire vers l’original afin qu’il pût l’étudier et les oublia. Ils n’étaient pas le problème. Les autres simulacres étaient en charge de la défense. Son travail à lui était… un peu plus proactif.
Il plia les mains et se secoua légèrement, afin de s’assurer que les batailles précédentes n’avaient pas laissé de blessures majeure. Les corps de golems que l’original leur avait fourni étaient parfaits, à un tel points qu’ils étaient indiscernables du vrai Zorian. Cependant, les avantages venaient avec un souci plus inconvénient : s’ils étaient amochés, il était difficile de les réparer et ils demandaient plus de temps et plus de maîtrise pour ce faire. Le pauvre simulacre numéro quatre était toujours incapable de marcher, par exemple, bien que numéro deux fût d’accord avec l’original : ses plaintes constantes commençaient à être lourdes. Si un simulacre normal avait vu ses deux jambes sectionnées, il se serait dispersé à cause des dégâts impossible à supporter pour la formation magique qui le constituait. Il aurait dû être content de toujours exister, pas pleurer parce qu’il lui manquait quelques membres.
Son petit examen terminé, il se calma et se concentra sur sa tâche : contrattaquer.
Ils s’imaginaient à l’abri parce que la Perle n’avait pas de canons prêts à tirer ? Ils étaient tellement à côté de la plaque…
Simulacre numéro deux se téléporta directement sur le vaisseau ennemi. Ce déplacement était particulièrement complexe, car point de départ et destination se déplaçaient, et la plupart des mages en étaient bien incapables… mais Zorian n’y voyait aucun souci, ce qui était donc naturellement le cas pour le simulacre également. Il ne pouvait pas se téléporter directement à l’intérieur du navire volant, mais s’en ficha – il se posa sur la coque extérieure et en désintégra quelques plaques afin de s’ouvrir sa propre entrée.
Il ne tenta même pas de passer inaperçu tandis qu’il progressait dans les couloirs en direction de la salle des machines. Il n’avait pas le temps, et avait de toute façon probablement été découvert au moment même où il avait fracassé un trou à travers la coque.
Juste au moment où trois membres armés le remarquèrent.
— Halte ! St –
Il était naturellement prêt. Un fouet tranchant transforma les trois gardes en six morceaux de gardes, avant même qu’ils pussent tirer le moindre coup de feu. Il ne ralentit même pas, pour tout dire. Au contraire, il pressa le pas, ses sorts de divination lui ayant effectivement fourni un plan complet de l’intérieur du vaisseau, lui montrant exactement le chemin vers l’endroit où il se rendait.
Le fouet le suivit, attaché à son bras, et lorsqu’apparut un autre groupe de soldats, ils subirent le même sort, à leur grand dam. C’était un sort vraiment efficace – une fois créé, l’arme était vraiment simple à maintenir en forme – mais rarement utilisé à cause de sa portée relativement courte et la possibilité de voir le mage se couper ses propres membres si le contrôle n’était pas complet. Un peu brutal, mais le but ultime de sa vie était d’abattre le vaisseau. La plupart de l’équipage allait y rester dans tous les cas.
Une pluie de balles percuta son torse, ce qu’il ignora royalement, ne prenant même pas la peine de créer le moindre bouclier. Son corps était solide, capable de résister à des attaques mineures comme celle-là avec facilité. Dépenser du mana pour ça serait un gâchis sans nom.
Lorsqu’une boule de feu dansante et scintillante apparut au coin du couloir et se dirigea vers lui, cependant… là, il choisit de se défendre. L’explosion fut massive, soufflant les murs proches et enflammant l’air ambiant. Si simulacre numéro deux avait eu besoin de respirer, ça aurait sans doute été une introduction des plus catastrophiques. Et même dans le cas présent, l’attaque le déstabilisa… et le mage qui avait lancé le sort apparut aussitôt pour en finir avec lui, avant que cet intrus eût le temps de s’en remettre.
Il bougeait incroyablement vite, utilisant une espèce de kinésie étrange pour glisser sur le sol à une vélocité élevée. Son corps musculeux et sa grosse moustache n’étaient concurrencés que par l’énorme sabre qu’il tenait dans la main. Ce n’était pas le genre d’armes que Zorian avait l’habitude d’affronter, la plupart des mages évitant le combat rapproché pour des raisons évidentes.
Le mage chargea le simulacre à peine ses yeux posés sur lui, à l’aide de cette étrange magie de déplacement, sinistre et silencieuse. Il brandit le sabre en direction de sa cible, la lame de ce dernier luisant d’un rouge glauque et de mauvais augure. Ce n’était clairement pas une simple lame d’acier.
Numéro deux admit avoir été pris par surprise… juste un peu.
Il se téléporta derrière son ennemi afin d’éviter sa charge, avant de lui lancer trois sorts. Au lieu de s’arrêter et se tourner, cependant, il se mit à glisser le long des murs et du plafond du couloir afin de ne rien perdre de sa vitesse et de son élan. Il utilisa même cet étrange sabre pour trancher le premier des sorts qui allaient l’atteindre – une lance de force que le simulacre avait lancée dans l’espoir de casser sa vitesse en le forçant à se défendre. C’était somme toute assez impressionnant.
Le second sort, en revanche, était une attaque dirigée directement sur l’âme du mage – une vague de force spectrale qui perturbait la connexion entre l’âme et le corps, provoquant une série de vertiges et de nausées chez celui qui se faisait toucher. Le sort était plutôt faible, et pouvait être grandement atténué par un simple sort de protection, mais comme l’homme faisait confiance à son sabre plus qu’à des sorts de défense, il fut frappé de plein fouet. Il tituba, l’espace d’une seconde seulement, mais une fenêtre suffisante pour que le simulacre lançât sa troisième attaque.
Le fouet frappa comme une vipère, séparant la tête du corps aussi radicalement qu’une guillotine sans pitié.
Simulacre numéro deux observa le corps pendant quelques secondes dans un silence total, avant de ramasser le sabre afin de l’examiner plus tard. Puis, il reprit sa route.
Après tout, il avait toujours un navire à écraser.
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La bataille entre la Perle d’Arenhal et les deux navires ennemis devenait de plus en plus chaude. Au début, les deux attaquants avaient prévu de reprendre le vaisseau intact, et avaient tenté de l’aborder à plusieurs reprises en envoyant mages et soldats. Lorsqu’il devint évident que les simulacres envoyés par les adolescents étaient en train de semer le chaos dans leur camp et tentaient de saborder leurs vaisseaux de l’intérieur tout en repoussant plusieurs abordages par eux-mêmes, leur comportement changea. Ils commencèrent par tirer des salves à l’aide de leurs canons, et se mirent à leur offrir des sorts d’artillerie de plus en plus mortels, forçant Zach et Zorian à dépenser énormément de mana en défense.
Lorsqu’il devint certain que les simulacres saboteurs ne pouvaient pas être arrêtés, les ennemis essayèrent de simplement foncer dans la Perle d’Arenhal afin de les emmener avec eux vers la terre, si loin en-dessous. Ce qui, en réalité, profita à Zach et Zorian, qui n’eurent qu’à manœuvrer et entamer des mouvements d’esquive, suffisamment longtemps pour permettre à leurs simulacres d’arriver à leurs fins.
Se trouvant à nouveau seul, le navire de Mezneri choisir de simplement prendre la fuite. Contrairement à leurs alliés, ils n’avaient aucune raison de poursuivre le combat jusqu’à une fin glauque. Zach et Zorian le laissèrent filer, tout en se contentant de soupirer de soulagement avant de continuer leur route. Garder un navire pareil intact face à une telle agression les avait épuisés, et il n’en était pas non plus sorti parfaitement sans dégâts. Heureusement, aucun d’eux n’était critique, et d’autres poursuivants allaient de toute façon être incapables de les rattraper.
En effet, pendant plusieurs jours, ils se trouvèrent vraiment libres, et ne virent pas l’ombre d’un vaisseau ennemi. Le fait qu’ils avançaient vers les étendues désolées, vers le désert impitoyable qui couvrait le cœur du nord de Miasina avait sans doute tout à voir avec cette chance. Les seuls dangers qu’ils durent garder à l’esprit furent la présence d’occasionnels drakes du désert trop curieux pour leur propre bien et qui tentaient de temps à autre de voler trop près d’eux, ainsi qu’un plus gros problème.
Problème qui s’avérait être la localisation de la Porte Bakora. Ils voulaient la trouver avant toute autre chose, afin de leur permettre un accès plus rapide et facile au Ziggurat du Soleil lors de futurs itérations. Mais malheureusement, les cartes dépeignant le réseau Bakora connu était vraiment ancien et peu fiable. La zone avait été frappé par le Cataclysme de façon sévère, et presqu’aucun humain ne vivait là. Certaines Portes avaient simplement disparu, peut-être détruites par l’une des innombrables façons qu’un désert comme celui-là pouvait inventer, ou durant les guerres passées. Ou peut-être n’avaient-elles simplement jamais existé, et les cartographes les avaient-ils placées là suite à des sources erronées. Certaines étaient totalement ensevelies et inutilisables pour ce qu’ils comptaient en faire – ils ne pourraient pas se téléporter sous terre au début du mois. Certaines étaient sans doute là, mais pas exactement là où les cartes les plaçaient.
Apparemment, les cartographes du passé s’étaient moins intéressé au contrôle qualité. Beaucoup moins.
Pourtant, ils parvinrent à trouver une Porte Bakora utilisable après cinq jours de vol au-dessus du désert. Ils n’avaient pas totalement perdu leur temps, dans tous les cas – Zorian profita d’avoir accès à l’intérieur du vaissau pour l’inspecter de façon poussée. Il prit certains équipements à part afin de comprendre leur fonctionnement, avant de les réinstaller, à chaque fois poussé par un Zach qui se plaignait d’un Zorian qui voulait casser les choses encore plus que ce qu’il avait déjà fait.
Une fois la Porte Bakora localisée, ils firent atterrir la Perle d’Arenhal dans la zone avant de rétablir le contact avec Eldemar. Zach laissa l’un de ses simulacres sur place, afin de pouvoir ouvrir un passage dimensionnel de la même façon que Zorian avait l’habitude de le faire… sauf qu’il ne pouvait pas contacter son simulacre comme Zorian, aussi durent-ils attendre un moment prédéfinir pour ce faire.
Il y avait un paquet de trucs à faire à Eldemar. Tout d’abord, ils devaient s’assurer la coopération des Adeptes de la Porte Silencieuse afin d’obtenir le mot de passe de la porte qu’ils avaient trouvée. Leur recherche sur la méthode de fonctionnement de la porte avait grandement progressé et les Aranea étaient maintenant capable de faire leur job en un temps record. Heureusement, les convaincre de s’allier avec eux était chose bien plus facile désormais – le rituel perfectionné et les nombreux autres accès aux Portes Bakora faisaient peser un certain poids dans la négociation. Un poids impossible à refuser. Il ne leur fallait habituellement qu’un maximum de quelques jours pour s’assurer de leur complète assistance.
Deuxièmement, ils devaient organiser l’expédition vers le Ziggurat du Soleil. Comme les lieux étaient infestés de Sulrothums, ils ne pouvaient pas simplement y entrer comme il leur plaisait. Ils avaient un vaisseau presque neuf entre les mains, mais ces satanées bestioles savaient voler, elles aussi. Ils avaient déjà exploré la zone, et s’ils pouvaient faire monter Alanic à bord, réparer le navire et les golems de Zorian, et pour finir, établir un plan d’approche convenable, ils pourraient avoir quelque chose sur quoi travailler.
Aussi, Zach et Zorian quittèrent leur nouveau bâtiment volant avec réticence, le laissant dans le désert, sous la seule garde de quelques simulacres, tandis qu’eux-mêmes se rendirent en Eldemar pour préparer ce qu’il y avait à préparer.
Il fallait simplement espérer que personne n’eût l’idée de se pointer et tenter de voler leur bien si malhonnêtement acquis.
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La pièce était pleine. Tous ceux qui faisaient partie de la conspiration, comme Zach l’appelait, étaient présents : Karl, Taiven, Xvim, Alanic, Daimen… et Lac d’Argent.
Cette dernière n’avait jamais pris part à ce genre de réunions de groupe par le passé. Alors qu’ils avaient réussi à la convaincre que la boucle temporelle était réelle et étaient parvenus à passer avec elle un marché potable, elle ne leur faisait clairement pas confiance. Elle les avait instruits en matière de magie dimensionnelle et avait travaillé avec eux sur la nature des prisons primordiales et la manière dont elles étaient connectées à la boucle temporelle et au monde réel… mais elle avait également tenté de les espionner en secret et laissait des messages codés à ses futures incarnations, au sein de ses notes. Zorian ne pouvait pas comprendre leur contenu, mais il était certain qu’ils étaient là, même si la sorcière insistait sur le fait qu’il s’agissait simplement de paranoïa et faisait des montagnes d’un problème qu’il avait dans sa tête. Elle refusait également de façon têtue d’utiliser la boucle temporelle pour travailler sur sa potion de jeunesse, mais Zach et Zorian en avaient bien moins à faire à ce sujet que ce qu’elle imaginait.
Dans tous les cas, Zach et Zorian n’étaient pas très enclins à lui accorder toute leur confiance, et se gardaient bien de lui faire part de la majeure et plus importante partie de leurs plans. Cependant, ce genre de comportement ne pouvait pas durer éternellement et espérer trouver quelque chose de convaincant dans les notes de la sorcière devenait de plus en plus idyllique. Ils ne pouvaient qu’espérer qu’en lui accordant un peu plus de confiance de leur côté, et ce, même si elle n’avait rien fait pour la mériter, elle allait se montrer plus ouverte elle aussi.
D’ailleurs, leurs plans pour le mois en cours étaient assez importants pour que personne ne fût exclu de la session de planification.
C’était intéressant, cela dit… Bien que Zorian se fût attendu à entendre Lac d’Argent se laisser aller à quelques remarques concernant Kael, tous deux ayant eu un passé commun, elle n’en fit rien, ne semblant même pas le remarquer. Ce n’était pas qu’elle l’ignorait délibérément, pour autant que Zorian pût le dire ; elle ne le percevait simplement pas comme une existence familière. Peut-être qu’elle n’avait simplement pas replacé la personne en face d’elle dans ses souvenirs ? Kael était encore sans nul doute un enfant la dernière fois qu’ils s’étaient vus, et il était maintenant âgé de quelques années de plus…
Quoi qu’il en fût, alors que la sorcière ne reconnaissait pas le Morlock, il n’en était pas de même pour une autre personne : Alanic. De plus, il savait très bien qui elle était, lui aussi. Ils s’étaient fait face en silence pendant cinq secondes complètes, la première fois qu’ils s’étaient croisés là, se contenant de… s’observer sans un mot. Puis, chacun d’eux tourna le regard et ignora l’autre, comme si rien ne s’était jamais passé. Et puisqu’ils n’avaient rien dit, Zorian fit mine de ne rien avoir remarqué.
Actuellement, tous avaient les yeux rivés sur les adolescents, une expression compliquée sur le visage, momentanément incapable d’articuler.
Finalement, ce fut Daimen qui prit la parole.
— C’était vous ?! s’exclama-t-il, incapable d’y croire. Vous êtres les criminels à l’origine du vol dont tous les journaux parlent ?!
— C’est nous, ouaip ! acquiesça Zach, fier comme un paon. On est incroyables, tu peux le dire.
— C’est… continua l’aîné Kazinski, cherchant les bons mots, si bons mots il y avait tout court.
— Téméraire, proposa Xvim.
— Stupide, offrit Taiven.
— Ton idée, ajouta Zorian.
— Ouais, exact, c’est… commença Daimen, avant d’enregistrer ce que Zorian venait de dire. Quoi… Hein, quoi ? Quoi ?
— Ouaip, confirma son petit frère d’un hochement sérieux de la tête. Totalement ton idée.
— Je suppose que vous avez une raison pour ce faire, dans ce cas ? interrompit Alanic. Un plan de quelque sorte ?
— Bien sûr, pouffa Zach. Nous avons la meilleure des raisons. Rassemblez les femmes et les enfants, papy Zach va vous raconter une histoire…
Pendant les trente minutes qui s’ensuivirent, Zach expliqua à tout le monde quel était le but du vol de l’appareil volant. Zach étant Zach, il porta plus d’emphase sur la description des moments excitants du vol que sur le but stratégique de ce dernier, mais il finit par en venir au fait. Ils avaient besoin du vaisseau pour localiser toutes les parties de la Clé à temps. Sans la Perle d’Arenhal, traverser le désert Xlotic et atteindre le Ziggurat du Soleil était simplement un doux rêve qu’ils ne réaliseraient jamais ; il leur faudrait plusieurs mois, juste pour atteindre les lieux. De plus, il fallait qu’ils rejoignent Blantyrre également, et traverser le vaste océan reliant Blantyrre du plus proche continent habité par des humains se rapprochait là encore de l’utopie.
— Mais ce n’est pas tout, renchérit Zach. Non seulement cette merveille que nous avons volée est-elle absolument critique si l’on veut se sortir de cette réalité alternative, mais c’est également un bon entraînement pour un autre gros coup que nous avons besoin de mettre en œuvre.
— D’autres cambriolages, monsieur Noveda ? lui demanda Xvim en levant un sourcil.
— Eh bien, oui, confirma-t-il. Après tout, la dague se trouve dans le trésor royal d’Eldemar…
— Oh, grands dieux, grands cieux, par tous les saints… grogna Taiven en enfouissant son visage dans ses mains. Zorian, tu vas sérieusement t’introduire par effraction dans le trésor royal ?
Kael, assis à côté d’elle, gloussa tout bas.
— Il n’a pas trop le choix, non ? dit-il sur un ton amusé.
— Puisque tu en parles maintenant, je suppose que tu comptes le faire ce mois-ci ? comprit Alanic.
— Exact, acquiesça Zorian. Et puis nous avons également prévu de tenter de se faire la couronne de Quatach-Ichl, cette vieille liche à la tête des Ibasiens. Potentiellement, nous pourrions rassembler toutes les pièces avant la fin du mois. Je doute que nous succédions – merde, je ne serais même pas surpris que nous échouions chacun des essais ce mois-ci. Cela dit, c’est un bon entraînement et ça nous apprendra au moins où chercher exactement, et ce sur quoi il nous faudra travailler afin de réussir la deuxième fois.
— Je vois, soupira le prêtre. Je vais être franc. Je ne suis pas très à l’aise avec le fait de condamner un tel acte de trahison. Si l’on considère ce qui pèse sur la balance… Je ne me mettrai pas en travers de votre route. Par contre, ne comptez pas sur mon aide.
— Ha ha ! explosa tout à coup la sorcière. Si droit, si juste, si sérieux ! C’est trop amusant ! Je me souviens encore lorsque tu es venu me voir, petit nécromancien débutant empli de rage et d’ambition, pour me demander mon aide ! Il est vraiment compliqué de réconcilier ces souvenirs avec celui que j’ai en face de moi aujourd’hui. Un nécromancien, un voleur, devenu un fervent prêtre et patriote, maintenant je crois que j’ai vu tout ce que ce monde a à offrir…
Alanic se raidit légèrement, et lui envoya un regard glacial. Son interlocutrice se contenta d’y répondre par un large sourire auquel il manquait quelques dents. Prenant une profonde inspiration, Alanic se leva, et jeta à Zach et Zorian le même genre de regard froid.
— Je pense qu’il est mieux pour tout le monde que je ne participe plus à cette réunion… ni à une quelconque autre dans laquelle vous prévoirez de voler la famille royale d’Eldemar, dit-il. Et tandis que je réalise plus que quiconque que le désespoir peut pousser à agir de façon contre-nature, je me dois de vous prévenir que vous faites une erreur en travaillant avec cette vieille goule. Vous faites plus que jouer avec le feu, il est impossible pour elle de ne pas vous trahir d’une quelconque façon. Elle va vous planter une dague dans le dos à un moment où à un autre, je vous le garantis.
— Ah, je t’aime aussi, mon petit nécromancien, lui souffla-t-elle sur un ton mielleux.
Alanic ne prit pas la peine de lui répondre, ni même de la regarder une dernière fois. Il se tourna et quitta les lieux. Pas vraiment comme une tempête, mais pas loin, la porte en fut témoin.
Zorian résista à la tentation urgente d’enfouir son visage dans ses mains, comme l’avait fait Taiven un peu plus tôt. Il fallait toujours qu’il y ait quelque chose, hein ?
Un silence plus long que nécessaire et encore plus inconfortable s’abattit sur la pièce. Seule la sorcière semblait parfaitement à l’aise avec la situation, chantonnant joyeusement tout bas et examinant avec nonchalance l’une des potions distillées par Kael. La réunion prenait place dans l’un de ses ateliers de travail, et il y en avait quelques-unes qui traînaient çà et là.
— Bon, finit par trancher la vieille. Vous disiez quelque chose à propos d’une ancienne liche ?
- EER : Chapitre 225 - 26 décembre 2023
- EER : Chapitre 224 - 8 décembre 2023
- EER : Chapitre 223 - 7 décembre 2023
Merci pour le chapitre et bon retour.
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Content que tu sois de retour
Merci et bon retour !!!
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Quel plaisir !
Merci pour ce chapitre et bon retour !
Bon retour !!! Et merci pour le chapitre !
Cette fin me… Je vous laisse deviner, sachez simplement que c’est positif !
Merci pour le chapitre donc !
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