Chapitre 196 : Trahnet 1/5
– Nous partons pour Séoul, décida soudainement Woojin.
– C’est compris, assentit Jung Minchan.
À peine la direction fut-elle donnée que le vaisseau tout entier fut traversé de quelque chose pouvant s’apparenter à un tremblement de terre.
– Ah, parfait… observa-t-il avant d’aller à la rencontre de son armée, fraîchement rentrée de Taiwan.
– Maître ! s’exclama Vivie.
– Prépare-toi, on va aller traquer Isaz.
– Un des grands seigneurs de guerre… Il risque de nous poser quelques problèmes.
– Peu importe, il faut agir maintenant. Avec Lee Sahngho à ses côtés, la situation risque de devenir parfaitement dramatique.
Ce n’était pas leur puissance de frappe qu’il craignait, mais bien que les citoyens de la Terre s’y laissent séduire. Que Lee Sahngho, ou même Isaz, soient ou non terriens ne leur était plus d’aucune importance. En des temps si chaotiques, la moindre aide était bonne à prendre. Certes, ils avaient des monstres à leurs côtés, mais n’était-ce pas aussi le cas de Kang Woojin ?
L’ennui se situait justement bien là. Comment devait-il réagir si des terriens s’opposaient à lui pour protéger leur nouveau bienfaiteur ? Peut-être n’aurait-il d’autre choix que de tuer tous les soutiens d’Isaz… Il enfila alors une paire de gants noirs, une légère expression d’agacement au visage.
Dire que je n’ai pu en tout ce temps faire qu’un seul artéfact de plus… pensa-t-il.
Le trésor de Lécia avait perdu tout son caractère sacré, et il n’en restait plus qu’un objet maudit, une véritable calamité : la Punition de Gehen. Bientôt, une autre relique suivrait la même voie, octroyant à Woojin à la fois son casque et la dernière partie de l’équipement de Gehen.
Il faudrait toutefois pour ça attendre que Jaemin amasse assez de points pour lui permettre d’acheter les ingrédients nécessaires à sa confection, mais il faisait en ce sens un excellent travail. Alors, la clé serait bientôt sienne, et peut-être l’Exécuteur finirait-il par atterrir entre ses mains.
– Bon, je reviendrai bientôt. D’ici là, attendez-moi, annonça-t-il.
– Bien compris, maître, acquiesça Vivie.
– S’il se passe quoi que ce soit, surtout, tu me contactes.
– Oui, oui !
Enfin rasséréné, il s’engouffra dans le portail dimensionnel. Pour la Gloire de Gehen.
Au sommet de l’arbre épineux, sur la rivière Hahn, se trouvait désormais perché comme un nid d’oiseau une véritable forteresse de glace. Même celle-ci ne put étouffer toute la rage qui animait à cet instant son maître.
– Merde ! Comment ça, l’Immortel arrive ?!
– C’est la stricte vérité, répondit faiblement Lee Sahngho, le front collé au sol. Mais je doute qu’il nous attaque.
– Et qu’est-ce qui te fait penser ça ? lui demanda Isaz sur un ton circonspect.
– Le traité de paix avec le Japon a d’ores et déjà été signé. Combien de temps pensez-vous qu’il faudra à la Corée pour en faire autant ? Kang Woojin va se retrouver pieds et poings liés… Il ne pourra plus rien nous faire sans risquer de déclencher une guerre mondiale.
– Dont il serait la seule victime… comprit l’être de glace.
– Précisément, lâcha Lee Sahngho, un léger sourire au visage.
Ou, tout du moins, l’espéraient-ils. Le Japon n’avait donné son accord à Isaz que par jalousie. Ils trouvaient injuste et pénible pour leur fierté que la Corée soit la seule responsable de l’existence d’Alandal. Enfin, un élément bien précis allait encore jouer en leur faveur. Kang Woojin était trop impétueux, et de nombreux parlementaires coréens s’intéressaient à la possibilité de limiter son champ d’action.
– Et tu crois sincèrement que ce tocard s’encombrera de tes arrangements administratifs ?! lança Isaz, dans un éclat de rire menaçant.
Kang Woojin l’avait attaqué devant témoins et même devant des caméras, aussi, il semblait très peu probable qu’il se dérange de ces petits plans sur la comète. Résolument et en dépit de toutes ses tentatives, Lee Sahngho ne parvenait toujours pas à remettre le plan de son maître sur les rails et pire encore, Isaz avait déjà joué sa carte maîtresse.
– Il faut… il faut préparer notre défense, s’inquiéta tout à coup Lee Sahngho.
– Et il a une idée, le cloporte ?
– Bien sûr. Nous avons déjà le soutien de plusieurs députés, s’ils s’expriment publiquement en notre faveur, Kang Woojin ne pourra…
– Que mieux te botter le cul ? Je ne veux plus t’entendre, s’agaça Isaz. Tu ne m’es plus d’aucune utilité.
Le vassal terrien fut enfermé dans une prison de glace. Qu’allait-il lui proposer des solutions conventionnelles face à un tel opposant ? Ce diable-là était à prendre tout autrement. C’était à regretter, mais le combat était inévitable. D’ailleurs, Isaz ne craignait aucunement d’affronter l’Immortel. C’était surtout l’espoir ruiné d’une victoire facile qui l’agaçait. En tant que seigneur dimensionnel, l’être de glace ne possédait que 25 codes suprêmes. Ce n’était pas ici que résidait sa force. Non, il possédait quelque chose de bien plus important, que tous lui enviaient.
Il va être temps de rassembler les sous-fifres, pensa-t-il.
Ses suppléants étaient tous des seigneurs dimensionnels. Ils étaient au nombre de 4 : Rajakoi, le Lézard Jaune issu de la planète Jaku, Isural de la planète Litan et toute l’alliance de la planète Jojuro. Sans oublier, bien sûr, le fraîchement appointé Masuro Nakamura, quant à lui terrien.
– Président, que doit-on faire ? demanda discrètement le secrétaire particulier à celui qu’il servait, le Président de la République de Corée.
Pour seule réponse, Kim Byungman se mit à grommeler doucement, l’air abattu. Au sein des bâtiments flambant neufs de la nouvelle Assemblée Nationale, il avait l’impression que le destin de la Corée toute entière ne reposait plus que sur ses épaules.
– Monsieur le Président, les civils sont très inquiets. Il est temps de quérir de l’aide extérieure, et monsieur Isaz nous l’apporte sur un plateau d’argent. Nous devons accepter les termes de son accord, insista un parlementaire.
– Certainement pas ! Il est sorti de nulle part et nous ne savons pas de quoi il est capable. Il essaie de s’imposer à nous par la force, mais la Corée a toujours résisté, et elle continuera de le faire ! scanda un député de l’opposition.
Les mêmes qui avaient critiqué de la façon la plus abjecte Kang Woojin en avaient presque été jusqu’à lui ériger des statues, lorsqu’il les sauva du messager de la mort, le corbeau Ibrit. Sauf qu’à peine celui-ci défait, un autre seigneur dimensionnel avait son apparition, et les absents ayant toujours tort, l’opinion publique avait déjà commencé à se dégrader. À l’inverse, Isaz était séduisant autant de par son caractère novateur que par le porte-parole de choix à ses côtés, le maître de la guilde coréenne Hwarang, Lee Sahngho. D’autant plus que le dragon Rajakoi, qui avait déjà causé tant de dégâts à Séoul, avait refait une apparition. Tout comme lui, d’autres seigneurs dimensionnels continuaient à arriver sur Terre, aussi tergiverser devenait-il à chaque seconde plus dangereux.
– Nous allons perdre Séoul, si ce n’est pas déjà fait. Il faut trouver un consensus ! s’agaça un autre mandataire.
– Et à quoi bon ? J’en mets ma main à couper : Isaz est responsable de la situation. Ils ont pris déjà pris avantage de nos doutes, et vous voudriez qu’on leur remette les clés ?!
– Avons-nous seulement le choix ? Isaz nous détruira si nous ne faisons rien.
– Vous feriez confiance à ce… bloc de glace ? Il n’est même pas humain, bon sang !
– Et puis quoi ? Je vais vous dire, c’est du racisme. Nos frères japonais se sont alliés à lui, et ils s’en portent très bien ! Sans compter qu’à guerroyer contre Isaz, nous devrons aussi déclarer la guerre au Japon !
Kim Byungman ne savait plus quoi répondre. Cette pression était pour lui insoutenable, surtout en raison du fait qu’il ne voyait aucune solution objectivement meilleure qu’une autre…
– Vous pourriez au moins vous exprimer, non ? lui lança l’un de ses propres ministres.
– On se fout totalement de nos alliés et ennemis potentiels. Séoul est tombée, ça, je peux vous l’assurer, répondit-il d’un ton méprisant.
– Vous avez pourtant décidé de rallier la cause d’Alandal et de son roi fou. Sauf votre respect, monsieur, Isaz me semble être bien plus raisonnable que Kang Woojin, intervint alors un sénateur.
– Raisonnable pour quoi, exactement, sénateur Sung ? Vous pensez que nous sommes en position de négocier ? le tança Kim Byungman.
Stressé, il l’était. Mais il n’était pas mort, et il comptait bien tenir jusqu’à son dernier souffle pour tenter de sauver le pays, ou ce qu’il en restait.
– Monsieur ! La forteresse volante d’Alandal arrive ! lui lança soudainement, bien moins discrètement qu’il ne l’eut souhaité, son secrétaire particulier.
– Alors, il a finalement décidé de l’affronter… observa le Président de la République de Corée, un sourire triste au visage.
Il n’avait, ne serait-ce que sur le plan militaire, même pas en sa possession les forces nécessaires pour espérer étancher le conflit. Alandal n’avait pas encore donné sa position officielle vis-à-vis d’Isaz, mais pour connaître le personnage, Kim Byungman se doutait bien que Kang Woojin ne revenait certainement pas pour échanger des politesses avec un envahisseur extra-terrestre.
– Bien, écoutez-moi tous. Voilà mes ordres : tout doit être mis en place pour évacuer Séoul, fit-il d’une voix ferme.
– Co… comment ?! Vous voulez qu’on abandonne pour de bon notre capitale ?! s’interloqua un député.
– Un Président ne devrait pas s’exprimer ainsi ! abonda en son sens un autre, pourtant issu de l’opposition.
– Nous l’avons déjà abandonnée, répondit-il froidement.
Les seuls gens restés à Séoul étaient les plus pauvres, ou ceux que leurs obligations professionnelles avaient contraint à rester malgré le danger. Dans un silence terrible, chacun des parlementaires en fit enfin le constat. Si la honte ne les avait pas cinglés aussi fort, sans doute eurent-ils émis quelques gémissements d’approbation…
– Bien. Je ne dis pas qu’il faut abandonner Séoul. Je dis qu’il faut sauver nos concitoyens, lâcha, la voix éraillée par la peine, Kim Byungman, Président de la République de Corée.
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Le président doit avoir une pression pas possible sur les épaules.
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