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Chapitre 118 – La taverne sous le château (5)

 

[Appropriation vient d’être supprimée.]

[Le Roi de la Danse vient d’être acquis.]

[Réinitialisation de la compétence dans : 23 h 59 m 59 s.]

[Le Roi de la Danse.]

[Le Roi de la Danse a été convoité par tant de danseurs professionnels au fil des millénaires. Ne vous rendez-vous donc pas compte de l’honneur que vous avez ? Vous les avez tous dépassés, bravo.]

— H… Hein ?! m’écriai-je.

Pendant une demi-seconde, je ne parvins plus à dire si j’étais stupéfaite, si je m’étais attendue à un truc inutile comme celui-là ou si j’avais envie de rire parce que la description de la compétence m’honorait réellement et me donnait l’impression que j’avais pour de bon attendu ce titre depuis plusieurs vies.

Finalement, ce fut l’urgence de la situation qui eut raison. Ce garde qui approchait de moi en portant la main à la poignée de son épée ne pouvait pas être raisonné, je le savais. Je m’étais introduite dans une tour en défonçant la serrure, il n’allait pas laisser passer ça. Un interrogatoire ? Je pourrais m’estimer heureuse s’il me jetait aux oubliettes.

— Merde… Je n’ai vraiment pas le choix ?

Strictement aucune de mes compétences ne pouvait me tirer de cette situation. Je les avais déjà toutes passées en revue mentalement et je savais pertinemment que les essayer n’allait que précipiter mon destin d’une façon des plus tragiques.

Cette nouvelle compétence inutile que je venais de recevoir ne faisait pas exception. De la danse ? Bordel, j’aurais pu devenir l’impératrice des couturières ! Au moins j’aurais eu une aiguille pour toute arme. Danseuse ? Ha ha… Qu’allait-je faire ?

Danser jusqu’à lui faire tourner la tête ?

Si je n’avais pas été si surprise, j’aurais pu enfiler l’armure de Duphine. Mais cette petite course poursuite dans les escaliers à reculons ne m’en avait pas vraiment laissé l’opportunité. Désormais, il était trop tard. Je n’allais pas lui demander de bien vouloir attendre trente secondes, le temps de me changer, n’est-ce pas ?

Mais que pouvais-je faire d’autre ?

— D… Dis, je voudrais me chang… commençai-je.

En tout état de cause, il ne m’écoutait pas. L’épée sortit de son fourreau dans un glissement métallique et j’eus à peine le temps de me baisser ; une longue mèche de mes cheveux vola et ces derniers retombèrent telle une neige noire étrange tout autour de moi.

— Ouah… Ouah !

Accroupie, les mains sur la nuque et les yeux relevés vers celui qui voulait visiblement m’exécuter pour intrusion, je me mis à bégayer.

— Arth… Il faut que je sauv… Du vin, il lui faut…

Il n’entendit pas raison au milieu de mes balbutiements. Pourtant, il n’était pas sourd. Avait-il simplement décidé d’être trop zélé dans son travail ? Une promotion le faisait-il baver ? Sire, sire, je vous ai sauvé ! Puis-je devenir autre chose que ce garde qui doit effectuer des rondes toutes les nuits ?

Mon cul ! J’étais celle qui étais venue pour sauver Arthur d’une folie lancinante ! Je m’étais promis de ne pas le laisser tomber dans ce gouffre. Il fallait que je fasse quelque chose…

Mais quoi ?

Le garde, me voyant acculée et apeurée, esquissa un sourire sadique en baissant son épée. Et je me rendis compte que j’y étais : j’avais compris ! Il n’était pas zélé, ce type était juste une mauvaise personne qui aimait faire souffrir les gens affaiblis ou sans défense.

Ce que j’étais, en tout état de cause.

Il se baissa et m’attrapa par le cou. Je ne pouvais strictement rien faire ; sa poigne était solide, ferme et les muscles de son bras tels autant de vérins hydrauliques. Il dégageait une puissance que je n’égalais pas encore ; je pouvais sentir qu’il était au moins deux fois plus puissant que moi.

— Arh… grognai-je en sentant les os de mon cou se tordre sous la pression.

Je me mis légèrement à baver en tirant la langue. C’était naturellement un réflexe, je cherchais de l’air et il m’empêchait de le trouver. Soulevée à bout de bras, j’en vins à me poser des questions existentielles.

Ces types n’étaient pas explorateurs, pas architectes, ils n’étaient que des autochtones. De simples humains. Moi, j’étais déjà supérieure à ce que j’étais lorsque j’étais humaine, sur Terre. Je pouvais briser une serrure de métal à mains nues. N’était-ce pas de la force brute ?

Alors comment ce type, simple garde de profession, vulgaire humain de son état, pouvait-il être aussi fort ?! Le système leur avait-il donné des niveaux et des statistiques de façon aléatoire ?

C’était peut-être ça. Je ne pouvais rien dire. Devant mes yeux, des étoiles dansaient ; dans ma tête, le sang menaçait de faire exploser ce qui me restait de conscience.

Je pensais que j’allais réellement mourir là, cette fois. La fin de tout ? Ne pouvais-je même pas sauver le roi ? Mes yeux se fermaient à moitié, mes poumons brûlaient du manque d’oxygène. Tous les muscles de mon corps faisaient de leur mieux pour tenter de me faire aspirer la plus petite bouffée d’air mais ma gorge était verrouillée par une poigne de titan. Je ne parvenais déjà presque plus à bouger mes membres, même si me débattre ne servait à rien.

Le garde esquissa un deuxième sourire, satisfait et plus doux cette fois. Comme s’il venait de me voir déballer un cadeau qu’il m’aurait offert.

— Non. Pas encore, chuchota-t-il gentiment, tu ne peux pas mourir si facilement.

Je savais bien qu’il n’était pas gentil, naturellement. Ce type devait vraiment avoir un souci de personnalité. Il me relâcha et je tombai au sol comme un sac. Je réussis à porter la main à ma gorge et me mis à haleter comme une truie en chaleur, crachant et bavant par terre. J’avais l’impression que mes yeux à moitié exorbités étaient simplement heureux de pouvoir retrouver leur place biologique. Pourtant, n’étaient-ils pas mi-clos quelques secondes plus tôt ? Je devenais folle. La douleur, le danger, le manque d’air.

Le garde continuait à m’observer de haut, le sourire aux lèvres. Ne l’aurais-je pas connu, j’aurais pu jurer qu’il portait sur moi un regard bienveillant, attendant que je me remette de mes émotions.

— Es… Espèce de bipolaire… maugréai-je tout bas d’une voix rauque.

— Pardon ? me rétorqua-t-il sans perdre son rictus débile.

Il porta la main à son oreille, comme s’il ne m’entendait pas. Il se foutait de ma gueule, le con !

— Je ne t’entends pas. Tu voulais me décliner ton identité et me dire ce que tu faisais dans le château ? M’avouer pourquoi tu as fui lorsque je t’ai entendue ?

Je gardai le silence. Que pouvais-je répondre à ça ? Clairement, il se moquait de moi. Il s’en fichait pas mal et j’en étais certaine. C’était sans doute le protocole : si un intrus tombait sous ses coups, il devait l’interroger pour connaître ses intentions et ses origines. S’il m’avait tuée juste comme ça te que le roi ou Lancelot avait appris la nouvelle – et Lancelot en était bien capable – peut-être aurait-il eu de gros problèmes.

Mais je savais. Ce qu’il voulait, c’était que je perde pied face à son comportement humiliant. Il voulait une bonne raison de me mettre à mort. Il pourrait alors dire à qui de droit qu’il avait essayé de me tirer les vers du nez mais que j’avais résisté.

Il me prenait vraiment pour une abrutie, hein ?

Je levais des yeux encore pleins de larmes vers lui, le regardant d’un air défiant. Reprenant toujours mon souffle, je parvins à grommeler.

— Je suis la maîtresse du roi, pauvre con. Tu veux me tuer ? Vas-y.

Je lui adressai un sourire fier. Oui, fière, je l’étais. Même si je mentais et qu’il le savait, même si j’avais fui au lieu de le lui dire immédiatement, même si la porte derrière moi était en piteux état – sa serrure en tout cas – il ne pouvait pas prendre le risque de ne pas me croire.

Il allait être obligé de vérifier mes dires. Et là, j’aurais une chance de rencontrer Arthur. Lui, il me sauverait. Il m’aimait bien et il avait besoin de moi, il me sauverait.

— La maît… Ha ha ha ha ha ha !

Le garde se mit à hurler de rire en se tapant sur la cuisse. Il rit pendant plusieurs dizaines de secondes et finit par parvenir à s’arrêter tant bien que mal après avoir essuyé une larme. Finalement, il cessa tout net et me regarda d’un air noir et glacial.

— Et en plus d’être une intruse, tu es une menteuse. Tant pis pour toi.

Il tendit à nouveau la main vers moi, visiblement bien décidé à en finir cette fois-ci. Ne pouvait-il pas m’épargner ? Je l’avais fait bien rire. Mais était-il fou ? Avait-il tant confiance en son roi ? Ou alors… existait-il un secret dont j’ignorais l’existence et qui rendait mon bobard totalement impossible ?

Au moment où sa main fut sur le point de se refermer sur ma gorge une fois de plus, je criai, presque par réflexe.

— Roi de la Danse !

Il ne me restait plus qu’à tenter ce coup du diable. Ça y était. J’étais devenue tarée.

Raka
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8 thoughts on “DMS : Chapitre 118

  1. Vous noterez que je n’ai pas utilisé de font étrange pour noter la capacité.
    J’ai eu pitié des yeux de certains, et c’est donc normal.

  2. Merci pour ce chapitre.
    Je viens de penser à quelque chose : si elle peut faire entrer quelqu’un qui n’est pas un explorateur dans son donjon, ça voudrait dire qu’elle pourrait aussi faire sortir des monstres de son donjon ? Genre en les tenants par la main en même temps qu’elle sort de son donjon. Ou alors les gardes ont un status spécial aux yeux du système/sont des explorateurs cachés.

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