DMS : Chapitre 7
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Chapitre 8 – En montagne (1)

 

J’étais arrivé plus facilement que prévu à la porte ouest de la ville. Je pensais que le chemin allait prendre des heures, que des gardes allaient m’empêcher de sortir en insistant sur les dangers et les probabilités de mourir dans d’atroces souffrances à l’extérieur, mais les deux seuls types en poste m’avaient juste regardé passer en me souhaitant une bonne journée.

Je commençais vraiment à me demander si ce n’était pas moi qui débloquait.

Hors de la ville, je m’attendais à trouver des plaines à perte de vue, des forêts au loin, un chemin ou une route, peut-être. Mais Imperos était bâtie quasiment à flanc de montagne, et ce que je supposais être une chaîne montagneuse s’étendait devant moi à perte de vue. Je n’y avais pas prêté attention plus tôt, mais on pouvait sans doute l’apercevoir au-delà des murailles, depuis l’intérieur de la ville.

J’estimais le trajet entre Imperos et le sentier escarpé qui grimpait dans la montagne à moins de dix minutes en courant. C’était vraiment tout près. Alors comme ça, on me racontait que le monde à l’extérieur de la cité était dangereux ? Mais tout ce que je voyais, c’était l’herbe qui verdoyait, et pas le moindre danger à l’horizon.

Je m’aventurai donc tranquillement en pressant le pas dans cette étendue herbeuse menant au sentier de montagne, à quelque distance de là. S’il fallait que j’aille en montagne, alors c’était par là. C’était facile !

Hé hé hé… Comment vais-je pouvoir arnaquer les aventuriers avec ma nouvelle fontaine ? Hmm… Je pourrais leur faire croire que c’est une fontaine de fées. Ou alors je la mettrai dans un donjon rempli de créatures aquatiques, hahaha ! Qu’est-ce que ça va être drôle !

Dans le donjon, les deux types morts un peu plus tôt étaient de retour. Ils n’avaient pas retenu la leçon ? Alors qu’ils meurent encore une fois… J’avais déjà reçu quelques crédits astraux pour la mort du premier, et voilà qu’il revenait pour m’en donner d’autres. Finalement, même en groupe, les explorateurs de bas niveau n’étaient pas si effrayants que ça. Un seul coup du boss avait suffi à tuer l’un d’eux, la dernière fois.

Le sentier était vraiment escarpé. Je devais faire attention aux endroits où je mettais les pieds pour ne pas glisser sur un caillou ou sur une partie glissante du chemin, et risquer de me retrouver tout en bas… Non seulement, je mourrais selon toute probabilité, mais en plus j’aurais perdu du temps. Je n’en avais que peu pour mener ma mission à bien. Autant essayer de faire ça du mieux que je pouvais, la récompense valait le coup !

Presque une demi-heure plus tard, je marchais relativement haut dans la montagne. En contrebas, j’avais une vue imprenable d’Imperos, et je m’arrêtai quelques minutes pour me reposer et l’observer. Assise sur une pierre, je reprenais mon souffle.

Imperos était réellement immense. Même d’ici, j’avais la sensation que marcher d’un côté à l’autre prendrait réellement des heures, à condition de connaitre le chemin. Et effectivement, ça m’avait pris des heures. Il était déjà plus de 19 : 00, en comptant le temps passé dans cette boutique étrange, j’y avais bel et bien passé un temps fou.

Il était déjà tard, et comme pour répondre affirmativement à mes observations, les soleils commençaient à décliner au-dessus de l’horizon, offrant à mes yeux un spectacle de toute beauté. L’un des astres était plus rouge que l’autre, et baignait l’intégralité des terres que je voyais, la ville mais aussi les plaines et les forêts que je distinguais vaguement au-delà, d’une teinte chaleureuse vibrant entre le rouge et l’orange.

— Si je ne trouve rien ce soir, alors il faudra que je trouve un endroit où dormir, une grotte ou quelque chose de ce genre, parce qu’il est certain que je ne peux pas chercher dans le noir… Je ferais mieux de m’y mettre tout de suite, la nuit ne va pas tarder à tomber.

Après plus de vingt minutes de marche rapide, je finis par trouver. Une petite niche creusée dans la montagne par les intempéries, ou peut-être une ancienne rivière souterraine à présent asséchée, qui avait probablement trouvé son chemin vers l’extérieur en passant par ici…

Et c’était sans doute le cas, car ce que je croyais à première vue être une niche de quelques mètres prit une tout autre envergure quand j’y pénétrai. Dans l’obscurité de plus en plus épaisse, je n’en avais pas vu le fond, mais il s’avérait qu’il n’y en avait pas. Ce n’était pas un simple trou dans la montagne dans lequel j’aurais pu m’abriter, c’était une caverne ! Et qui dit caverne dit habitant des cavernes. Frissonnant de peur, l’obscurité de la caverne inconnue devant moi et les ténèbres de la nuit qui n’allaient pas tarder à tout recouvrir derrière, je me trouvais entre deux mondes, et aucun d’eux n’était vraiment tentant.

J’espérais que la grotte n’allait pas être la demeure d’un ours, ou d’une grosse bête comme ça, avant de m’aventurer à l’intérieur. De toute façon, dehors, j’étais à la merci de n’importe quelle créature nyctalope. Ici au moins, j’avais une chance d’être en sécurité. Enfin, à condition de ne pas rester près de l’entrée, où j’aurais été la proie idéale de n’importe quel prédateur là-dehors et de n’importe quel carnassier là-dedans.

Mais la sécurité était un concept relatif dont j’eus tôt fait de perdre définitivement tout espoir lorsque je vis, un peu plus loin sur les murs inégaux, des barbouillages, essentiellement rouges et blancs, représentant des formes et des figures géométriques.

— Cette grotte est habitée… Et merde, murmurai-je.

Evidemment, ça aurait été trop simple que de tomber sur une grotte vide, y passer la nuit tranquillement sans être embêtée, et ressortir au petit matin après m’être étirée comme une bienheureuse. Non, il fallait qu’il y ait toujours un truc qui cloche dans mon histoire. Je n’étais pas connue pour ma chance hors du commun, mais tout de même, à chaque fois ? Ce n’était pas un peu trop, là ?

Mais maintenant que j’y étais, je ne pouvais pas juste faire demi-tour. Si je n’avais pas rencontré de danger en venant ici, quelque chose me disait que la nuit allait être le vrai problème. Mon petit doigt était catégorique, et il était certain que des monstres rôderaient une fois le soleil couché. Il fallait que j’avance et que je trouve un endroit reculé dans cette caverne, à l’abri des prédateurs. Après tout, je m’emportais, et ces dessins sur les murs étaient peut-être anciens, et leurs créateurs partis depuis longtemps.

Ce fut cette éventualité qui me permit de pousser plus en avant, en craignant plus de rester sur place ou de reculer que de trouver une bête non-désirée ici, à l’intérieur. Merde ! En pensant que j’avais déjà mes mains sur cette Fontaine légendaire, j’étais sans doute un peu trop confiante… Devant moi, juste au détour d’un rocher, je les vis.

La caverne s’étendait devant mes yeux, sur des centaines de mètres. Elle était haute, également, et éclairée par des dizaines et des dizaines de torches, tant sur les murs qu’à l’intérieur de ce dédale d’abris de fortune et de petites huttes semblables à celles que j’avais offertes à mes tomtes. Il y avait un véritable village ici, à l’intérieur de cette grotte !

J’entendis la clameur d’une foule en délire alors que d’un autre côté, loin d’ici, un groupe de deux explorateurs entrait pour la troisième fois dans mon donjon, refusant de s’avouer vaincu face à des monstres somme toute assez faibles, si on ne faisait que regarder leurs niveaux.

M’avançant le plus furtivement possible, à moitié pliée en deux, j’étais plus poussée par la curiosité que par tout autre sentiment. Et puis, si j’étais tombé dans un endroit dangereux, il fallait que je sache à quoi j’avais affaire, il était hors de question d’essayer de passer la nuit ici si je ne savais pas ce qui rôdait dans ce village primitif.

Alternant entre un rocher par ici et une vieille souche d’arbre par là – d’ailleurs, qu’est-ce que des souches d’arbres faisaient dans une caverne sèche et ténébreuse, je ne me le suis même pas demandé, j’avançais tout en gardant péniblement couvert, de plus en plus près des premières huttes. En m’approchant, je me rendis compte qu’elles étaient plus grandes que celles de mon donjon ; j’aurais même pu y dormir en me baissant un peu pour entrer.

J’étais cachée derrière la première, aux abords du camp. En voulant faire le tour pour avoir une meilleure vue de ce qu’il se passait de l’autre côté, en direction du cœur des évènements, de l’endroit d’où provenaient toutes ces voix énervées, joyeuses et excitées – oui, il y avait les trois, je posai ma main sur la petite habitation, faite de peau, de bois et d’une espèce de cuir tanné. Une voix résonna dans ma tête, comme un coup de tonnerre, ce qui me fit sursauter et je dus faire preuve de la plus grande maîtrise de moi pour ne pas pousser un cri strident.

[Schéma de la hutte de Gobelin acquis.]

Hein ? Quoi ? Schéma de la … J’ai bien entendu ?

Dans ma tête venait de se déverser un torrent d’informations, et je sus instantanément que cet objet venait de s’ajouter à la collection de ce que je pouvais placer dans mon donjon.

Alors c’est comme ça que ça fonctionne ! Bordel de merde, il faut se mettre en danger pour gagner des ajouts au donjon ?! Mais d’un autre côté, maintenant, je sais que ce sont des gobelins qui vivent ici. Des gobelins… C’est étrange de me dire ça sans sourciller, quand même.

Les gobelins étaient une race connue et beaucoup trop utilisée dans tout genre de jeu vidéo un tantinet fantastique, donc je savais à peu près à quoi m’en tenir, même si de vrais gobelins pouvaient être légèrement différents – quoi que j’en doutais. Tout ici semblait parfaitement coller aux idées reçues et à l’imaginaire le plus répandu. Ce qui était certain, c’était que les gobelins devaient vivre en groupe d’un grand nombre d’individus, et je n’aurais pas été surprise d’en voir courir partout dans leur camp. En réalité, je fus bien plus étonnée de ne voir personne faire de ronde, ou monter la garde. Me baissant, je jetais un œil dans la hutte, espérant au fond de moi trouver un coffre comme dans mon donjon, ce qui ne fut évidemment pas le cas.

A la place, il y avait une paillasse miteuse, et des déjections séchées çà et là, c’était dégueulasse. Ça voulait dire qu’ils étaient assez malins pour dormir sur des lits de peau dans une tente, mais trop cons pour aller chier ailleurs ? Je n’arrivais pas à comprendre leur façon de penser, et j’essayais pourtant de me mettre dans la tête d’un gobelin. Mais au final, je n’en avais rien à faire, pourquoi je perdais mon temps en futilités ?

Avançant précautionneusement, enjambant des crottes de gobelins, un vieux feu de camp éteint et me cachant derrière des huttes dont l’intérieur était invariablement le même, je parvins près du centre du village, d’où provenait la clameur incessante.

Il faisait assez sombre dans la grotte, les nombreuses torches accrochées sur les parois loin de là, plantées au sol à intervalles réguliers et celles tenues par les gobelins devant moi créaient des zones d’ombres un peu partout, et il était facile de s’y cacher comme un ninja au milieu d’une mission d’assassinat.

Voilà maintenant que je me prenais pour un ninja, mais qu’est-ce qui n’allait pas chez moi ? Je risquais d’atroces souffrances ici, merde quoi, ce n’était pas un jeu.

Sortant la tête de ma cachette, derrière une grosse pierre et à l’abri des cascades de lumières rouge-orangées des torches, je me mis à observer la scène qui se déroulait devant moi, assurément issue d’un scénario de film, mélange d’Indiana Jones et d’Alice au Pays des Gobelins.

Des dizaines et des dizaines de petits êtres rouges, verts et gris étaient amassés les uns sur les autres dans une foule compacte. Certains brandissant des torches, d’autres des piques en bois ou des os d’animaux leur tenant lieu de massues de fortune probablement, ou levant simplement le poing. Ils regardaient tous en direction d’une plate-forme en bois branlante, sur laquelle un autre gobelin gris portant un crâne d’animal à cornes en guise de casque intégral agitait un grand bâton en bois surmonté par un colifichet qui semblait fait de pierres précieuses et de… ficelles ? J’étais un peu trop loin pour bien voir.

Il ressemblait à un gourou de secte en train de convaincre ses fidèles que le soleil allait bientôt s’éteindre et qu’il fallait absolument se suicider le jour-même. Et la foule avait l’air plutôt d’accord avec lui, vu la façon énervée qu’elle avait de l’acclamer.

Mais le plus intéressant dans tout ça, c’était la grande cage à côté de lui, pendue à une potence comme une cage à oiseau, et dans laquelle je pouvais distinguer un être humain… Non, pas humain. Un type rouge avec des cornes, complètement assommé. Quelque chose me disait que j’avais trouvé ce que je cherchais.

Non mais, du premier coup, par hasard ?

Raka
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12 thoughts on “DMS : Chapitre 8

  1. Merci pour ce début vraiment captivant et innovant !
    J’ai un doute là : si elle meurt, elle perd ses crédits, mais est ce qu’elle perd les éléments débloqués comme les gobelins dans ce chapitre ? Est-ce qu’elle perd aussi ses donjons en cours ? C’est un nouveau départ en mode « niveau 1 » ?

        1. Donc explorer à fond alors qu’elle n’a pas de sous ça peut être un super avantage pour la suite. Même si elle meurt, c est comme si elle n’avait aucune pénalité. Bon ok, elle peut ressentit la douleur si je me souviens bien.

          1. Ah, attention, mourir au-dehors de la cité n’a pas d’impact, mais tu en apprendras un tout petit peu plus dans 2 chapitres (de mémoire).

            Là, je parlais uniquement des morts « pvp », explorateur vs architecte.

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