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Chapitre 53 : Tout se taper 1/9

 

Tout ce qui avait trait aux mondes abandonnés ne devait être connu de personne d’autre que ceux présents dans le donjon au moment de l’incident. Telle fut la décision des cieux, afin de préserver en l’humanité l’impression que globalement, tout allait bien et qu’elle parviendrait à s’adapter.

À cet effet, le gouvernement coréen modifia la constitution de sorte à introniser le groupe de Suppression, l’organisme officiel en charge des initiés. Cependant, hormis certains soldats à fort potentiel, l’Assemblée nationale soumit tant de conditions au fonctionnement de cet organisme qu’il n’y eut que très peu d’initiés pour se porter volontaires. Les membres du groupe de Suppression, devaient en effet attendre l’aval du gouvernement avant de prendre la moindre décision, et ne pouvaient dès lors que progresser selon le bon vouloir de ce dernier. De plus, ils ne récupéreraient à titre personnel qu’une infime partie de leurs trophées de guerre. À cela, le titre de haut fonctionnaire dont pouvaient jouir ces initiés ne serait d’aucun secours.

Pour imposer aux autres initiés de se soumettre à cette nouvelle autorité, la Corée fit pleuvoir quantité de sanctions sur les non-inscrits, telles que de nouvelles taxes et des restrictions d’accès aux transports en commun. Le gouvernement s’était trompé sur toute la ligne et persistait dans son erreur, au point que nombre de ses éléments talentueux ne menacent de quitter le pays, entraînant une chute vertigineuse du won dans le cours de la bourse.

À l’inverse, de très nombreux pays avaient compris toute l’importance des initiés et se montraient prêts à faire de très grands sacrifices financiers de sorte à pouvoir assurer la sécurité de leurs concitoyens. Du reste, ils étaient parfaitement conscients du profit que pouvait constituer le soutien d’un seul initié de haut niveau, aussi étaient-ils certains de pouvoir rentrer dans leurs frais. Le patriotisme n’avait face au profit qu’un poids très mince… La Corée finit par le réaliser, sans doute trop tard, et plus de 75 jours après le cataclysme, fut créé l’Office National des Initiés, à la législation tout à fait différente.

Yu Ilhan n’était pas le seul à pouvoir raffiner de l’équipement à l’aide de mana et à pouvoir constituer des artéfacts. De surcroît et spécifiquement exclu lui-même, de nombreuses personnes avaient acquis de ces précieux objets magiques lors de leurs séjours en d’autres mondes. La Corée s’en procura dès lors un formidable stock, particulièrement de ceux capables de mesurer les aptitudes d’un initié et sa maîtrise du mana, tout comme l’avaient fait les autres pays.

L’Office National des Initiés établit des rangs en fonction de ces deux facteurs, du rang F, le plus faible, à A, le plus élevé. Tous reçurent un dispositif de communication de sorte à les prévenir en temps réel de tout danger, ou de monstres susceptibles de correspondre à leurs aptitudes. En outre, les initiés jusqu’au rang D reçurent une rétribution. Pas de quoi constituer un salaire, bien sûr, mais suffisante pour les motiver à continuer dans la voie qu’ils avaient choisie. Il avait fallu du temps, mais le gouvernement coréen avait fini par comprendre qu’il ne parviendrait pas à imposer de contrôle strict sur ses initiés, qui à leur tour lui laissèrent du terrain en acceptant de rejoindre l’Office.

Les entreprises et les entrepreneurs furent pour leur part bien plus malins. En offrant de grasses rétributions, un logement et d’autres avantages très confortables, ils purent recruter nombre d’initiés, non seulement des combattants, mais aussi des artisans. L’accès à de nouveaux mondes leur ouvraient de nouvelles perspectives financières. Ainsi, les industries nationales reprirent du service et chaque siège, jusqu’aux bâtiments administratifs, souhaitait refléter ce changement en construisant de nouveaux locaux en matériaux rares.

La société s’adaptait enfin à tous ces changements dans le monde entier. L’histoire de l’humanité put enfin reprendre son cours… un seul élément extérieur faisait encore de la résistance.

– Ilhan, tu ne vas pas te faire mesurer ? lui demanda Lita.

– On pourra en parler quand tu m’auras donné la possibilité d’agréger du mana. Avant ça, tu peux oublier, rétorqua-t-il.

– De toute manière, ces rangs ne signifient absolument rien pour Yu Ilhan. Même s’ils mettent en place des restrictions, il pourra se servir de son talent à la dissimulation pour les ignorer, répondit plus sérieusement Herta.

– Mais bien sûr, il n’y a aucune raison que ça arrive, puisque je vais être capable de me servir du mana !

Les deux anges avaient repris leur taille miniature et, confortablement installées sur sa tête, elles purent se moquer de lui à outrance, sans même qu’il ne le réalise vraiment. Il était pour ça trop concentré sur l’interview qui passait à la télé… C’était celle d’un initié de rang A, qu’il avait par ailleurs déjà rencontré lors de son combat contre l’ours géant.

– Monsieur Do Woojun, vous êtes la première personne à avoir atteint le rang A. Comment vous sentez-vous ? l’interrogea le présentateur.

– Pas aussi bien que je ne le souhaiterais ! Il y a deux personnes bien plus fortes que moi… L’Impératrice et Iron Man, répondit-il.

Yu Ilhan manqua de s’étouffer. Il l’appelait encore Iron Man ?!

– Mais rassurez-vous, continua Do Woojun, je n’ai pas l’intention de m’en satisfaire et viens pour cette raison d’obtenir ma seconde classe. Des monstres de plus en plus puissants continuent d’apparaître sur Terre, il n’est pas question de rester sur le carreau !

– Il a quand même deux-trois complexes… remarqua Yu Ilhan.

– D’autant plus qu’il en va de la sécurité nationale. Il s’est passé des choses en Corée qui n’ont eu lieu nulle part ailleurs, pas même dans les autres mondes. Il faut se préparer à l’idée que de grandes crises peuvent survenir, dont la forme reste à ce jour inconnue. Les donjons ne sont pas des terrains de jeu, monsieur Kim.

Pour une fois, il se trouva un terrain d’entente avec lui. À une différence près, néanmoins, c’était que dans cette inconnue, Yu Ilhan pensait être le seul à pouvoir tenir. La vie était parfaitement injuste… Il éteignit alors la télé.

– Il faut que je me prépare aussi, trancha-t-il. J’aimerais apprendre à me servir du mana assez rapidement, c’est vrai cette histoire comme quoi sa concentration dans l’air a doublé ?

– Avec deux anges à tes côtés, tu devrais tout au moins le sentir, lui répondit Lita.

– Même s’il s’arrache un bras pour invoquer un démon, il ne pourra pas s’en servir. Ça viendra Yu Ilhan, sois patient et arrête de t’en faire pour rien, s’agaça pour sa part Herta.

Avec une telle conscience de son corps, il sentait bien un début de quelque chose. Depuis le cataclysme, en fait, il avait senti la graine du mana s’implémenter en lui. L’ennui était de s’en servir et de l’agréger… pour le moment, même si sa saturation dans l’air était tangible, il était incapable de le plier à sa volonté. C’était un peu comme si on lui avait greffé un troisième bras sans les terminaisons nerveuses. Le bras était là, mais il ne pouvait pas le bouger. Selon Herta, toutefois, d’ici à 6 mois au pire des cas, il devrait pouvoir s’en servir.

– Ça fait long, quand même… Je suis sûr et certain que je tomberai sur un deuxième monde abandonné avant que ça se produise !

– Tu vas nous porter la poisse, se moqua Herta.

– Sinon, je pensais à quelque chose… Ne pourrait-on pas se rapprocher davantage de sorte à stimuler son troisième bras ? lança Lita.

– Comment devrait-on s’y prendre ? demanda Yu Ilhan, qui n’avait réellement rien compris.

– Bon, ne t’en fais pas, mon petit Ilhan. Je vais te montrer ce qu’une femme peut… commença-t-elle, avant que la fin de sa phrase ne se confonde en un râle.

– Ne fais pas attention, Yu Ilhan, lança Herta en bloquant de sa main la bouche de Lita. Lita se moquait de toi.

– Mmmmmmmfffff !

Confus, Yu Ilhan prit une étrange expression en réalisant qu’elles étaient en train de communiquer à l’aide de leurs auréoles divines.

– Nous ne devons pas entreprendre de relations avec les êtres inférieurs ! signifia violemment Herta.

– Tu en fais des caisses pour rien… Ce n’est pas un crime si personne ne l’apprend ! s’opposa Lita.

– Je devrais peut-être reporter ça à nos supérieurs ? N’oublie pas la raison pour laquelle tu as pu revenir sur Terre.

– Hmpf, espèce de… serpent ! Tu crois que je suis aveugle ? Ilhan est à moi !

– Je ne fais que suivre la loi, Lita.

Face à l’inconnue, justement, Yu Ilhan avait pour principe de… travailler davantage encore. Il avait tout ce qu’il lui fallait pour le donjon, aussi le plus sage était-il de se préparer à toute autre éventualité.

– Bon ! cria-t-il alors que les deux anges semblaient fulminer. La première chose à faire, c’est de gagner de l’argent.

– Je croyais que tu n’avais aucun désir matériel ? s’étonna Herta.

– Oui, mais j’aimerais un atelier plus grand. Accessoirement, avec vous deux, je crois qu’il vaut mieux que je prenne mon indépendance. Pour ça, il me faut de l’argent.

De par leurs styles de vie différents et les secrets qu’il abritait, Yu Ilhan trouva plus sage de s’installer seul que de demeurer au domicile familial. Il offrit toutefois à ses parents de leur payer une maison de plus grande taille, mais ils n’avaient en ce sens pas montré le moindre intérêt. Pire encore, son père refusait de quitter son travail malgré la conséquente rente qu’était prêt à lui verser son fils…

– Pour ça, je me disais que je pourrais mettre quelques armes et armures sur le marché, expliqua-t-il.

– Tu veux améliorer l’équipement des autres initiés contre rétribution ? lui demanda Herta.

– Oui. Ils sont à chier leurs trucs, c’est dangereux pour eux.

La majeure partie des équipements des initiés terriens venaient pourtant d’autres mondes et n’avaient été acquis qu’au prix de terribles efforts… Enfin, oui, pour un forgeron de ce calibre, ils étaient effectivement à chier. À sa décharge, Yu Ilhan n’était pas motivé que par la seule idée du profit. N’ayant hélas pas encore la compétence d’omnipotence, il craignait les conséquences pour la population si un léopard d’ombre apparaissait en son absence. Ou, pire encore, si Reta Kar’iha apparaissait en plein Séoul… D’autres que lui devaient être à même de réagir.

– Rien qu’en vendant des armures en cuir de loup aux membres de Suppression, ils seraient plus efficaces d’au moins 20%… fit-il pour calcul.

Malgré la création de l’Office National des Initiés, le groupe Suppression subsistait. Composé de soldats d’élite, ils étaient la force nationale coréenne, et la plus active dans la défense des civils. Il avait pensé à eux par empathie, car on surnommait à présent cette organisation Dépression… Oubliés, rejetés, ils étaient les candidats parfaits pour recevoir son soutien.

– 20%, tu dis ? lança Herta d’une voix distraite.

Le chiffre aurait pu paraître gros, mais Herta et Lita connaissaient parfaitement ses capacités.

– Plutôt 50, d’après ce que j’en sais, rajouta Lita.

– Avec quelques armes en plus, essaie 70%, abonda en son sens Herta.

– C’est ça, marrez-vous… s’agaça-t-il, sans voir qu’elles étaient parfaitement sérieuses. Ensuite, je pensais m’occuper de l’Impératrice.

– Qu’est-ce qu’elle a à voir là-dedans, cette nana ? s’étonna Herta.

– Comment ? Quelle nana ? s’interrogea Lita, d’une mine inquisitrice.

– Ben, son arme avait l’air un peu faiblarde et son armure ne m’a pas laissé un meilleur souvenir. Si je lui donne du bon équipement, elle devrait tout défoncer, expliqua-t-il.

– Honnêtement Yu Ilhan, je crois que tu n’as pas à t’inquiéter à son sujet, lui répondit Herta.

– Ce n’est pas une question d’inquiétude. C’est que dans l’état actuel des choses, elle ne me sera d’aucun secours. Tu as vu la dernière fois, elle était épuisée après avoir lancé un seul sort…

L’Impératrice jouissait d’une attention mondiale, mais ça n’empêcha pas une personne sur Terre de la trouver parfaitement inutile. Le pire était qu’il avait entièrement raison…

– C’est pas faux, conclut-elle.

– Bon, quelle nana ? C’est qui cette fille ?! lança Lita, qui commençait à perdre patience.

– Je vais la contacter, décida Yu Ilhan.

Incapable pour l’instant de contacter l’équipe de Suppression, il fixa son objectif exclusivement sur elle et l’appela.

– Yeoboseyo ? Ça faisait longtemps, tiens. Je t’écoute ? répondit Kang Mirae à l’autre bout du fil, et ce seulement après trois sonneries.

– Yeoboseyo. Ça t’intéresserait d’acheter une arme ? lui demanda-t-il directement, rassuré par la sonorité calme et mesurée de sa voix.

– Une arme ? Tu as trouvé un artéfact de mage ? s’enquit-elle.

– Disons simplement que je connais quelqu’un qui peut fournir du très bon équipement. Tu te souviens de ce que je portais, la dernière fois ?

L’idée d’avoir à lui mentir en inventant quelqu’un lui était désagréable, mais il ne pouvait se permettre d’exposer ses talents au grand jour. Tout du moins pour l’instant.

– Oui. Mais j’ai une arme rare, donc ça ne m’intéresse pas trop, répondit-elle sans hésitation.

– Je parle de rang unique, voire plus. On pourra s’arranger pour trouver quelque chose qui augmentera tes capacités de combat… qu’est-ce que tu en dis ? insista-t-il.

– Hmm. Tu le ferais pour Na Yuna et mon frère, aussi ? Je sais que tu les as rencontrés. Crois-moi, je suis prête à payer.

L’échange allait s’avérer plus intéressant que prévu…

Nostra
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11 thoughts on “EER Chapitre 53

  1. Merci pour ce chapitre

    L’argent domine le monde. Je le sais, vous le savez. Alors pourquoi ça me fais aussi mal quand je lis des scènes avec des héritiers pétés de tune qui achète tout ce qu’ils veulent. Pourquoi!(voix désespérée)

  2. Le FRRRRRIIÎIIIIIIICCCCCC
    L’argent ne fait pas le bonheur mais vous permettra d’obtenir des équipements pétés lors des apocalips
    Merci pour ce chapitre

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