LDO : Chapitre 12
LDO : Chapitre 14

Chapitre 13     Le début du siège

 

 

Ces gens s’amusaient avec leurs armes, des boules de métal. Alors que je me disais qu’il serait peut-être bon de me faire des amis, je n’étais finalement pas destiné à rester dans ces souterrains éternellement, et si par malheur, ils n’arrivaient pas à me suivre le jour où je remonterais, j’allais devoir les abandonner là.

Et puis… Il faut dire que je n’avais pas très envie de m’amuser. J’étais en quête de puissance, pas de loisirs. Je n’étais plus en enfant.

Le vent soufflait en une petite brise, qui me caressait doucement la peau et faisait légèrement flotter mon pagne. Maintenant que j’y pensais, pourquoi est-ce qu’il y avait du vent dans une grotte souterraine ? Je regardais ce qui aurait dû être le ciel et mon regard se perdit sur le lointain plafond de pierre. Après tout, pourquoi pas ? Il y avait bien un soleil artificiel là-haut, accroché au firmament et brûlant d’une douce chaleur, alors le vent n’étais qu’une mince énigme.

– Dai Lin…

Non, il fallait que je les remercie de m’héberger gratuitement et de prendre soin de moi comme l’Ancien avait promis de le faire.

– Oui ?

Elle se tourna vers moi et me regarda en haussant les sourcils. J’avais un air sérieux, elle devait se demander ce qui me passait par la tête à ce moment.

– Ce qu’a dit l’Ancien, c’est vrai ?

– Il a dit beaucoup de choses… Précise ta pensée. Même si je peux te dire que oui, tout ce qu’il a dit est vrai.

Elle appuyait l’ensemble de ses paroles, comme si tout ce qu’il avait annoncé ne contenait aucun mensonge, aucune stratégie malicieuse, rien de mauvais.

– Il a dit que les ressources de cultivation se faisaient de plus en plus rares ici. À quel point ?

Elle s’arrêta de marcher et je l’imitai, me retournant vers elle pour lui faire face, attendant sa réponse.

– Il… En réalité, les pierres spirituelles ont toujours été récoltées sur les monstres chassés. Mais depuis quelques générations, elles sont de plus en plus petites, et de plus en plus rares. Nous en sommes à un point où trouver une pierre inférieure sur un monstre dangereux est déjà une belle récompense, quand il daigne en donner une…

– Oh, à ce point ? Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui a fait que ces pierres deviennent si rares ?

Elle haussa les épaules.

– Si on le savait, je pense qu’on n’en serait pas là. Mais pourquoi ces questions ?

Je lui répondis d’un air détendu et désintéressé.

– Oh… Il y a juste tout un tas de pierres spirituelles de tous les types dans la grotte où on s’est rencontrés.

Elle ouvrit des yeux ronds.

– Des pierres… Tout un tas ? Un… Un tas comment ?

– Je ne pense pas que ce soit un montant astronomique, car il m’a permis d’ouvrir la Troisième Porte Terrestre et de passer à mi-chemin de l’ouverture de la suivante, mais ce ne sont pas des pierres inférieures.

Je me souvenais de ce que m’avait dit Zhou Xuefang. Ces pierres étaient des vraies pierres normales, pas des pierres comme celles que j’avais eues entre les mains à la surface.

– Allons-y immédiatement. Désolé, je… Je devais te montrer ton logement, mais… C’est quelque chose que nous devons absolument reporter au plus vite. Je vais prévenir l’Ancien. Attends-moi à la sortir du village.

Elle tourna les talons et s’en fut en courant sans me demander mon avis. Décidément, elle n’en faisait qu’à sa tête, je n’avais jamais mon mot à dire quand elle prenait une décision qui m’impliquait. Haussant les épaules, j’acceptai ma condition sereinement, de toute façon, elle m’avait montré de la gentillesse depuis que nous nous connaissions. Elle, et l’Ancien, aussi.

Je me rendis donc à l’endroit par lequel nous étions arrivés dans le village, et m’assis sur une pierre pour l’attendre. Et je me mis à réfléchir. Pourquoi est-ce que les monstres ne donnaient plus de pierre spirituelles ? Il semblait pourtant que c’était quelque chose de parfaitement normal, on tue un monstre, il donne une pierre. J’étais un peu perplexe, car en réalité, je ne savais pas vraiment comment fonctionnait tout ça.

Le Qi raffiné par l’Arbre Immortel est ensuite diffusé dans les Continents, dans la terre, dans l’air, dans chaque plante et chaque pierre, partout. Les humains ne savent pas raffiner le Qi de cette façon, à moins qu’il ne s’agisse d’un endroit où il est vraiment, vraiment dense et profus. Mais ce genre d’endroit est souvent habité par des monstres très puissants, qui eux, ont la capacité naturelle de raffiner le Qi de l’Arbre Immortel rien qu’en respirant.

– Ah, c’est comme ça que ça fonctionne ? Donc le Qi raffiné par les monstres devient une pierre ?

Exactement. Et plus le monstre a vécu, plus il est puissant, plus la pierre dans son cœur est grosse.

– Mais si des monstres ne donnent plus de pierre, ça ne signifie pas qu’il n’y a plus de Qi à raffiner, en réalité ? S’ils ne trouvent pas de Qi à raffiner, alors ils ne peuvent pas créer de pierre…

C’est bien ça. Cet endroit souterrain vit une pénurie de Qi.

– Une… Mais pourquoi ?

Zhou Xuefang haussa les épaules intérieurement dans mon dantian, je pus le sentir.

Aucune idée, Osumba. Il parait juste évident que l’air et la terre sont en manque de Qi dans cette immense grotte souterraine.

Alors que je pensais durement à la raison qui pouvait créer une pénurie de Qi, comme si j’étais un spécialiste en Qi et que j’en connaissais tous les tenants et les aboutissants, Dai Lin revint me voir.

– C’est bon. J’ai prévenu l’ancien, nous partons immédiatement.

Elle portait une sacoche à la taille. Mais elle ne pouvait pas être sérieuse. Elle aurait pu au mieux ranger trois ou quatre pierres dans ce sac. Et il y en avait des dizaines… Peut-être même plus.

Mais je ne dis rien et me contentai de me lever pour la suivre hors du village, en silence.

Nous avons gardé le silence jusqu’à la grotte, moi parce que je ne trouvais rien de spécial et d’utile à dire, et elle, … eh bien, je n’étais pas dans sa tête, alors je ne savais pas pourquoi.

J’entrai dans la grotte, et attrapai quelques pierres pour les ressortir et les donner à Dai Lin. Elle les jeta dans sa sacoche, qui devait déjà être pleine. Je retournai dans la grotte et répétai le processus. Elle jeta les nouvelles pierres dans la sacoche à nouveau. Etonné, je recommençai une troisième fois.

Lorsque je la vis fourrer la troisième livraison de pierres dans ce tout petit sac, je me dis que quelque chose n’allait pas.

– Mais ce sac, il n’est toujours pas en train de déborder ?!

Elle fut surprise de mon interrogation, et pas parce que c’était la première chose qu’on se disait depuis plusieurs heures, mais plutôt à cause de ce que je disais.

– Hein ? Mais non, il reste encore tant de place…

– Mais tu as déjà rempli plus que la capacité de ce petit sac, pourtant, je l’ai vu.

– Se pourrait-il que tu ne connaisses pas les sacoches spirituelles ? Vraiment ?

– Les quoi ?

Les quoi ? Non, je ne connaissais pas.

Elle ôta la sacoche de sa ceinture et me l’envoyai. Je l’attrapai au vol et voulus regarder dedans, mais elle ne s’ouvrit pas. Elle était hermétiquement fermée. Alors je forçai un peu.

– Hmmmppffff !!

Elle éclata de rire.

– Ha ha ha ha ! Alors tu ne connaissais vraiment pas ? Ha… Ha ha, tu ne pourras pas l’ouvrir comme ça !

C’est une sacoche spéciale, Osumba. Envoie un peu de Qi à l’intérieur.

Du Qi ? C’était une idée bizarre mais bon. Je fis comme il me disait. Et aussitôt, la sacoche perdit de sa dureté et l’ouverture devint aussi souple que du tissu. Je l’ouvris et restai ébahi, perplexe, pantois, coi, et avec un adjectif de plus, j’aurais pu me retrouver sur le cul.

À l’intérieur, il faisait noir. Vraiment noir. Je ne pouvais voir le fond, supposé être une dizaine de centimètres plus bas pourtant. Je plongeai la main à l’intérieur, puis l’intégralité du bras. J’avais l’impression qu’il y avait tout un monde là-dedans.

– Ah, donc tu as trouvé comme faire, finalement. Tu n’es pas si bête. Dans ce sac, on peut facilement ranger une colline toute entière, tu sais ? Alors ces pierres, tu peux encore en sortir un sacré nombre avant qu’il ne déborde.

– Une colline ? Mais il est si profond ? Et une fois un objet tombé au fond, tu fais comment pour le ressortir, dans ce cas ? Tu dois y plonger toi-même ?

– Ha ha ha, non ! Pas si bête, mais pas une lumière non plus, hein ?

– Lumière ? Non, je… Les ténèbres, pas la lumière… Euh…

– Hein ? Mais qu’est-ce que tu racontes ?

– …

– Lorsque tu plonges ta main dans la sacoche, il suffit de te concentrer un peu et tu pourras sentir du bout des doigts tout ce que contient cet espace. Tu pourras alors sortir l’objet de ton choix. C’est simple.

– Oh… Je vois.

Je lui rendis sa sacoche et nous entreprîmes alors de finir de vider la grotte.

Après plusieurs heures, et alors que le soleil dans le ciel commençait à perdre en luminosité – je ne pouvais pas dire qu’il se couchait puisqu’il ne bougeait pas, pendu tout là-haut – nous décidâmes de rentrer au village pour montrer notre butin à l’Ancien.

Sur le chemin du retour, Dai Lin m’expliqua à quel point cette récolte de pierre allait aider le village, et les cultivateurs les plus faibles, qui ne pouvaient pas chasser par eux-mêmes, ou avec du mal. Avec tout ça, plusieurs d’entre eux allaient pouvoir ouvrir au moins une ou deux portes Terrestres chacun.

Comme à l’aller, le chemin était étrangement calme. Nous n’avons pas croisé le moindre monstre, comme si ce monde était un paysage de rêve dans lequel j’aurais pu piquer une sieste en toute quiétude sous un arbre.

– Pas le moindre zombie…

Même Dai Lin semblait inquiète, les sourcils légèrement froncés. À croire qu’elle s’attendait à tomber sur des zombies mais qu’ils lui avaient tous fait faux bond. Mais après tout, ce n’était pas un mal. Si les zombies essayaient de nous tuer, nous les vivants, alors ne pas en rencontrer ne posait pas de problème majeur.

Ou du moins, c’est ce que je m’imaginais durant le trajet. À l’approche du village cependant, je vis Dai Lin se précipiter en avant à la sortie d’une petite forêt. Quelque chose n’allait pas, comme si elle venait de se rendre compte qu’elle avait oublié d’éteindre les lumières avant de partir. Pourtant, ce monde était bien, il ne possédait pas l’électricité – ou en tout cas, je n’en avais pas vue, c’était comme dans mon village, tout se passait au plus près de la nature.

Alors qu’est-ce qui n’allait pas ? Je la suivis de près, trottinant derrière elle.

– Hop, hop, hop. Hé, attends ! Quel est le problème. Tu es pressée, d’un seul coup ?

Sans se retourner, elle me cria :

– Je ressens une vague d’énergie, une très mauvaise énergie ! Elle vient du village !

Aussitôt ces bonnes paroles entendues, nous avons surgi de la forêt, et au loin devant nous, notre destination : nous étions rentrés à la maison ; cela dit, la maison consistait en un village d’où sortait deux colonnes de fumée et de là, même moi, je pouvais remarquer qu’une étrange et malsaine pression nous atteignait.

Osumba, c’est la mort que tu ressens. La mort en marche. Tu te souviens de ce mort-vivant que tu as croisé ? Il y en a beaucoup plus, et regarde au loin, ils assiègent le village.

– Des morts-vivants qui assiègent le village ?

Dai Lin se retourna vers moi, d’un air surpris.

– Tu peux ressentir ça aussi précisément avec ta faible cultivation ? Même moi, je ne… Des morts-vivants ?! Mais c’est ridicule ! Ils n’ont pas l’intelligence nécessaire pour établir un plan de siège ! Au mieux, quelques-uns d’entre eux peuvent se jeter bêtement sur le village, attiré par l’odeur de la vie, mais de là à…

Je haussai les épaules.

– Mais regarde, ça fume. Ils se font attaquer, tu sais. Ce n’est pas un rêve. Lorsque quelques zombies se jettent sur le village, comme tu dis, ça fume ?

– …Non, ils ne peuvent absolument pas y entrer, ils se font exterminer bien avant.

– Allons voir.

Tu es sûr ? Si le village tombe de la sorte, c’est que les assaillants sont puissants et organisés. Vas-tu risquer d’y aller ?

– L’ancien a fait preuve de bonté envers moi. Je ne peux pas le laisser en proie aux attaques de cette façon. Je ne pourrais alors plus regarder mes ancêtres dans les yeux.

J’avais pris soin de tenir une discussion intérieure avec Zhou Xuefang, cette fois, pour ne pas être traité de fou par Dai Lin parce que je parlais tout seul. Par contre, il avait raison, c’était dangereux. Seulement, je ne pouvais pas abandonner de la sorte. Et puis de toute façon, pour aller où ?

Ce fut ma compagne de route qui me sortit de ma réflexion.

– Oui. Allons voir. On ne peut pas laisser faire ça.

Et elle se mit à courir le long du chemin, rapidement suivi par ma personne. Je vins me placer à sa hauteur et lui demandai :

– T’es à fond, là ? Je cours à petites foulées, moi. Allez, dépêche-toi, le village est en danger. Les zombies attaquent.

– Toi ! Tu vas entrer furtivement ! Trouve l’Ancien ! Je vais commencer à faire le ménage dehors, à les prendre à revers ! Ce ne sont que de cadavres ambulants, après tout !

Je levai un sourcil.

– Furtivement ? Mais ils entourent le village, comment veux-tu que…

Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase. Nous étions déjà à une centaine de mètre à peine des premiers marcheurs cadavériques ; ils n’avaient d’ailleurs pas encore remarqué notre présence, tous tournés vers leur cible. Cela dit, Dai Lin m’avait déjà saisi le bras, et sans me demander mon avis, me faisait tourner autour d’elle comme un lanceur de marteau olympique. J’eus très rapidement envie de vomir.

Trois tours, cinq tours, dix tours, vingt tours, et pendant tout ce temps, j’accélérai et je sentais une nausée irrésistible monter depuis mon estomac. Pourtant je n’avais rien mangé depuis belle lurette, le raffinage des pierres m’avait tenu en pleine forme sans que j’ai besoin de me nourrir. Le corps est une chose étrange. Qu’aurais-je pu vomir si je n’avais rien dans le ventre ?

Elle me relâcha d’un seul coup, alors que j’arrivai au paroxysme de la catastrophe dans mes tripes. Je décollai d’un seul coup, comme une flèche décochée d’un arc, à une vitesse folle, et je ne pus retenir plus longtemps tout ce qui voulait sortir de mon estomac.

Dai Lin avait une puissance folle ! Survolant plusieurs dizaines de mètres de morts-vivants à une vitesse encore plus folle, je ne laissai dans mon sillage qu’une trainée brunâtre et gluante de bile et de contenu gastrique, mélange qui me brûlait la gorge en sortant et qui alla se répandre sur les quelques cadavres surpris au-dessus desquels je passais. Dans la lumière du soleil qui s’éteignait lentement comme un soir d’automne, mes rejets brillaient tels des perles scintillantes, telle de la poussière de fée, en descendant progressivement recouvrir plusieurs dizaines de zombies surpris, la tête en l’air.

J’avais passé la ligne de front, et la barricade du village. Je redescendais rapidement, et soudain, me rendis compte que j’allais m’écraser au sol.

– Awaw ! Mais non ! Je ne veux pas m’écraser !

Tentant de me retourner en l’air, je parvins à me retrouver face au sol juste avant de le percuter. M’attendant à me briser les deux jambes et sans doute un bon nombre d’os supplémentaire à travers mon corps, je fermai les yeux et serrai les dents, fléchissant les jambes par réflexe.

Bouuum !

Et l’impact fut violent. Au moins autant que je m’y attendais ; cela dit, la douleur ne vint pas. Rouvrant les yeux, je me rendis compte que j’avais simplement atterri, les deux pieds enfoncés dans le sol jusqu’au milieu des mollets.

– Mais je ne suis pas blessé ?

Je fus surpris de ce fait, clairement.

Osumba ? Tu t’attendais à quoi après une petite chute comme celle-là ? Tu as un corps renforcé au Qi, tu l’as oublié ? Et pas par n’importe quelle méthode.

– C’est vrai. Je n’avais pas oublié, mais… Je ne m’attendais pas à m’en sortir aussi indemne que ça. Je suis trop puissant ! Hahahaha…

…Tu as fini ?

– Désolé. Courons voir dans la maison de l’Ancien.

Je me mis à galoper de toutes mes forces vers sa grande propriété. Je passais les poules de garde sans m’en soucier, et heureusement, elles ne semblaient pas avoir envie de me chercher des misères. Après avoir frappé à la porte le plus violemment que je pouvais, et au final, quand même une peu paniqué par la situation, une voix résonna de l’autre côté.

– L’Ancien n’est pas là actuellement. Veuillez glisser votre message par la fente, merci.

L’Ancien avait un répondeur vivant à sa porte ? C’était un job pas très reluisant, non ? Je fis demi-tour et me précipitai vers la place où nous avions vu ces gens jouer à ce jeu. Ils étaient les guerriers du village, alors ils devaient pouvoir comprendre la situation.

Arrivé à l’endroit en question, je ne vis personne. Au lieu de ça, il y avait un cadavre au sol.

Non, pas un cadavre. Une personne gravement blessée. J’avais cru comprendre que si ça avait été un cadavre, il serait déjà debout en train de bouffer ses congénères.

Je m’approchai prudemment tout de même et le secouai un peu.

– Hé. Hé ! T’es vivant ?

La masse informe face contre terre gémit et grogna – de douleur, je l’espérais, et fit de son mieux pour se retourner sur le dos et me regarder droit dans les yeux.

Ce n’était pas un mort-vivant, c’était un guerrier, au vu de sa carrure.

– Est-ce que ça va ?

– Hnng… Sens plus mes jambes…

Effectivement, ses jambes étaient en très sale état. Mordues, dévorées, mutilées et déchiquetées, il n’en restait pas grand-chose d’autre qu’une bouillie au milieu d’une flaque de sang. Ce type n’allait probablement pas s’en sortir ; il fallait au moins arrêter le saignement. Mais comment ? Je n’étais pas un médecin, et je n’avais aucun outil !

Entoure ses jambes de Qi. Au plus près de sa peau. Fais en sorte que ton Qi compresse ses blessures. Tu peux lui donner une consistance. Je ne t’ai pas encore entraîné pour ça car tu es encore un peu faible, mais tu n’as pas le choix, tente le coup.

Rendre mon Qi solide ? Comme quand on invoque une arme, c’est ça ?

Mais je ne savais pas faire ça !

Il fallait néanmoins que j’essaye, sinon ce type allait mourir sous mes yeux. Tout en me concentrant sur l’émanation de mon Qi, je lui posais quelques questions, à la fois pour le garder conscient mais aussi pour satisfaire ma curiosité.

– Où est l’Ancien ?

– …

– Hé ! Réponds ! Ne dors pas !

– … Il… Hng… Par là…

En gémissant ces quelques mots, il tendit le doigt dans une direction.

– Comment ces zombies ont-ils attaqué ? Pourquoi ?

– …

– Hé, oh, je t’ai dit de ne pas dormir !

– …

– Et si tu dors, ne meurs pas ! Ok ?

– …

Osumba. Arrête. Recule.

Je savais bien pourquoi. Il ne dormait pas. Et lorsqu’il rouvrit les yeux, quelques secondes plus tard, des yeux injectés de sang et à l’iris d’un noir d’encre, je sautai en arrière juste avant qu’il ne m’attrape par la jambe.

Heureusement que lui, il n’en avait plus, des jambes ! Il tentait de ramper vers moi, insensible à toute cette douleur qu’il aurait dû ressentir, et il grognait comme un animal. Il ne me restait, encore une fois, plus qu’une chose à faire.

Je me retournai et pris mes jambes à mon cou pour me diriger vers l’endroit qu’il m’avait indiqué et où j’allais sans doute trouver l’Ancien.

Je passai devant un bâtiment qui avait apparemment été incendié. C’était donc ça, la fumée. Le feu avait été maîtrisé et éteint, mais il ne restait que des cendres et du charbon.

Près du mur d’enceinte du village, j’arrivai au milieu d’une foule de quelques dizaines de personnes, toutes sur le pied de guerre et prêtes à se battre.

– On doit sortir ! Allons les exterminer directement !

– Ils sont trop nombreux ! Il faut ouvrir une brèche et les laisser entrer petit à petit pour s’en occuper !

– Et s’ils ne tombent pas dans le panneau mais élargissent la brèche à la place ?

– Ce sont des morts-vivants ! Ils ne peuvent pas être aussi malins !

– Ils ne peuvent pas ?! Va dire ça à ceux qui ont réussi à entrer sans être vus et à incendier des bâtiments !

L’Ancien, je venais de le voir. Il prit la parole pour mettre fin à ces disputes inutiles.

– Stop ! Arrêter, ça ne sert à rien de vous battre entre vous. Nous allons décider tous ensemble de la manière dont nous devons gérer les évènements. Pour commencer, toi, toi et toi, vous allez monter sur ce toit et y rester pour surveiller toutes les directions. S’il se passe quoi que ce soit, je veux être prévenu immédiatement. Ensuite, toi et toi, vous venez avec moi. Nous allons aux archives pour trouver le parchemin de repoussement des morts. Il va falloir que nous fassions un lourd sacrifice, mais nous devons l’utiliser pour pouvoir les repousser. Ils sont trop nombreux et étrangement trop organisés pour qu’il en soit autrement.

Il vit volte-face pour appuyer ses dires et se rendre aux archives, sans doute, et il m’aperçut.

– Osumba ! Où étais-tu ?! Ça fait plusieurs heures qu’on vous cherche, Dai Lin et toi !

– Oh. C’est vrai, Dai Lin… Nous sommes retournés à la grotte comme prévu, et elle est toujours dehors, sans doute en train de se battre.

– Nom de… C’est vrai ?! Dépêchons-nous !

Il m’attrapa par le bras et m’entraîna derrière lui, suivi par les deux types à qui il avait ordonné de lui suivre.

Nous arrivâmes très vite devant un grand bâtiment, puis à l’intérieur. C’était une bibliothèque, même si tous les ouvrages présents n’étaient pas vraiment attirants. Je pouvais ressentir qu’il ne s’agissait pas de techniques mais d’histoires, et alors que j’aurais adoré les lire, ce n’était absolument pas le bon moment.

– Je le savais ! Nous aurions dû ranger ces Archives il y a longtemps ! Dépêchez-vous, fouillez tout, il faut qu’on trouve ce parchemin, et au plus vite !

Nous nous séparâmes alors que j’ignorais totalement ce que je devais chercher. Un parchemin ? D’accord, mais si j’en trouvais plein, je ne saurais pas ce que je devais ramener. Mais comme il fallait bien faire quelque chose, je me mis à déambuler dans les rayons étroits.

Des livres relatant l’histoire du monde souterrain, encore et encore et encore. Il n’y avait que ça. Cette bibliothèque n’avait vraiment rien de magique, c’était vraiment des Archives. Je ne voulais pas me laisser tenter et me mettre à lire les histoires passées de ce monde fermé, alors je faisais de mon mieux pour me convaincre qu’elles étaient probablement très peu intéressantes. Il devait se passer sans arrêt la même chose, de siècle en siècle…

Soudain, j’arrivai face à un meuble un peu plus étrange. Je ressentais quelque chose derrière. Non pas une puissance magique, mais quelque chose de plus sombre, de plus inquiétant. Et pour que moi, de l’affinité des ténèbres, je trouve quelque chose malfaisant, il fallait que ça le soit vraiment.

Je ressens la même chose. Mais nous ne pouvons pas tergiverser. Nous devons aller voir ce qu’il se trouve derrière. Si tu ne peux pas déplacer cette armoire, alors détruis-la.

Et c’est exactement ce que je fis. Je ne perdis pas mon temps à essayer de trouver un mécanisme caché, et au diable le respect des meubles qui ne m’appartenaient pas, je sortis ma lance et réduisis immédiatement ce vieux bahut et miettes.

En face de moi se trouvait désormais une entrée béante et ténébreuse, un escalier qui descendait sous le bâtiment et dont je ne pouvais voir le fond dans le noir.

Ce passage secret derrière la bibliothèque était sérieusement attirant. Si j’avais été le héros d’une histoire dans laquelle on demandait l’avis du lecteur à chacun de mes pas, je suis persuadé qu’on lui aurait proposé de descendre… ou pas. Mais franchement, qui trouve un passage secret derrière une bibliothèque et décide de ne PAS l’explorer ?

Et avant que je ne m’en rende compte, j’avais déjà posé un pied dans les escaliers. Alors que je m’enfonçais dans les ténèbres, une voix résonna derrière moi.

– Attends !

C’était l’Ancien. Il avait sans doute entendu le bruit de l’explosion de sa bibliothèque et avait accouru. Il se jeta sur moi, dans les escaliers.

– Ne descends pas ! L’énergie qui émane de cet endroit est extrêmement mauvaise ! Laisse-moi y aller !

Mais c’était trop tard. Je ne pouvais plus remonter. Une puissance m’aspirait déjà vers le sous-sol du bâtiment ; et comprenant que je ne pourrais pas y résister, je me contentai donc de faire un simple coucou de la main à l’Ancien en lui adressant un sourire, avant de disparaître dans les ténèbres.

Mais évidemment, il m’avait suivi.

Alors que j’ouvris les yeux, que j’avais fermés par réflexe en chemin, je me rendis compte que je me trouvais réellement sous le bâtiment. Je pouvais voir son plancher plusieurs mètres au-dessus de ma tête. Le sol était fait de terre battue, et devant moi se trouvait un autel sur lequel reposait une petite statuette d’un matériau noir et brillant.

L’Ancien atterrit à mes côtés.

Il remarqua immédiatement l’autel et s’avança vers celui-ci. L’expérience, sans doute. Mais quelque chose me disait qu’il ne fallait pas toucher à cette statuette ; ou du moins, il ne fallait pas que je le laisse la toucher. Il y avait une puissante énergie ténébreuse qui en émanait, et je sentais, tout au fond de moi, que tout autre affinité entrant en contact avec elle créerait une catastrophe.

 


 

Pour commencer, parlons des résultats de la semaine passée.

Les lecteurs ont choisi d’aller chercher les cailloux, 47 d’entre eux.
23 voulaient s’approcher des gens qui jouaient ; s’il avait fait ça, Osumba se serait fait des amis. Le type mort les jambes déchiquetées et bouffées serait toujours en vie (et aurait joué un certain rôle dans tout ça), et Osumba et Dai Lin auraient été présents lors de l’attaque. Elle ne serait pas coincée dehors.
19 voulaient qu’il se promène seul au hasard. Il serait tombé les zombies tentant de mettre le feu dans le village. Il aurait sabordé leur attaque surprise et permis aux villageois de mieux se préparer au siège.
13 voulaient qu’il aille voir son nouveau logement. Il aurait donc, en compagnie de Dai Lin, été découvrir ce qui lui était réservé, et il n’aurait absolument pas vu passer l’attaque des zombies. Il se serait contenté de méditer chez lui, jusqu’au lendemain. Une fois sorti, les choses auraient changé du tout au tout…


 

Maintenant, passons aux votes, sans plus attendre.

 

Sorry, there are no polls available at the moment.

 

Je vous rappelle, comme toutes les semaines, vous devez être connecté pour voter, et vous avez jusqu’à vendredi soir 23h00 !

À la prochaine 🙂

Raka
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15 thoughts on “LDO : Chapitre 13

  1. Super chapitre des très bon taff avec du contenu ! J’ai voté pour qu’il l’observe juste ahah j’ai hate voir ce que va devenir l’Ancien

  2. l’ancien va toucher une relique du passé qui contient une puissance maléfique,…. ca me rappelle un certain résident evil^^

  3. J’ai voté pour qu’il saute sur la statuette pour être sûr à 100% que l’ancien n’y touchera pas. Ce choix lui ressemble tant ! 

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