MoL : Chapitre 29
MoL : Chapitre 31

Chapitre 30 – Un jeu d’échoppes

 

— Je veux que vous voliez mon rival.

Zorian cligna des yeux avant de le regarder d’un air incrédule. Quoi ?

— Et… Pourquoi diable devrais-je faire une chose pareille ? demanda-t-il, curieux.

— Je savais que j’avais raison à votre propos, ricana Gurey de manière triomphante. Vous n’avez même pas prétendu être outragé par la proposition.

Zorian fronça les sourcils.

— Je ne suis simplement pas une personne qui s’excite pour un rien, voilà tout. Ça ne signifie pas que je vais vous aider à voler quelqu’un, rétorqua-t-il sur un ton grincheux. En fait, je peux difficilement imaginer une situation qui me pousserait à accepter cette offre. J’étais simplement curieux, je voulais savoir quel démon vous avait possédé pour vous faire aborder ce sujet. Vous n’êtes pas en train d’essayer de me faire chanter, n’est-ce pas ?

— Oh, non, je serais le plus stupide des hommes si je voulais faire chanter un homme qui chasse les loups hivernaux et les araignées mygalomorphes géantes pour vivre, le rassura rapidement Gurey. Non pas que je possède quoi que ce soit pour y parvenir, de toute façon. Non, non. Non. Je sentais simplement qu’il s’agissait d’un marché intéressant pour vous et que je n’avais rien à perdre en proposant. Vous ne semblez pas être du genre à monter sur des grands chevaux juste pour une pratique commerciale quelque peu douteuse. Je me disais que dans le pire des cas, ce serait simplement non.

Zorian resta silencieux l’espace d’un instant. Il supposa que Gurey l’avait bien eu, là – même si Zorian désirait dénoncer le balourd, ce serait parole contre parole. Prouver la culpabilité du marchand serait une pure corvée, Gurey recevrait sans doute une tape proverbiale sur le dos de la main même s’il était jugé coupable et cela conduirait à une surveillance des activités de Zorian par les puissances proches, bien plus qu’il ne le souhaitait. L’un dans l’autre, ce serait une boucle entière gaspillée en une croisade futile, un combat qui n’avait absolument aucun sens et attirerait peut-être l’attention des autorités de l’académie – les boucles précédentes l’avaient prouvé : ils étaient très prompts à se mêler de tout et n’importe quoi du moment qu’un étudiant avait une altercation avec la loi ou la police, et il était toujours techniquement en troisième année. Si l’académie découvrait ses activités et son mode de vie, il était totalement possible que Robe Rouge trouverait également l’information au travers des rats ou d’autres espions…

Non, même si Gurey planifiait d’assassiner quelqu’un, Zorian n’interviendrait pas. Un simple vol… eh bien, il n’était même pas sûr qu’il en aurait grand-chose à faire hors de la boucle temporelle, alors il n’en avait certainement strictement rien à faire actuellement.

— Eh bien, ma réponse est définitivement non, décida finalement Zorian. Je sais que les voyageurs comme moi ont la réputation d’être opportunistes mais j’ai peur que mes principes ne soient pas flexibles à ce sujet. Je ne vais pas m’abaisser au banditisme ou au cambriolage ou quoi que ce soit que vous avez en tête concernant votre… marché.

— Ah, je ne pense pas que vous compreniez bien de quoi je parle, reprit le gros. Vous pensez que je désire le vol d’un objet physique et que je vais vous payer en échange, n’est-ce pas ?

Zorian leva un sourcil.

— Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité, fit Gurey en secouant la tête. Je sais mieux que quiconque que vous brassez bien trop d’argent en ce moment pour être tenté par un vulgaire vol à l’étalage. Les principes mis à part, c’est trop risqué pour pas grand-chose. Non, si cette opération se déroule sans accroc – et je pense que vous êtes plus que capable de le faire – il n’y aura aucune preuve ni indice d’un quelconque crime.

Il se pencha vers Zorian pour lui chuchoter la suite sur un ton empli de toute la conspiration du monde.

— Vous voyez, ce que j’essaye de voler, ce n’est pas du matériel, mais des secrets.

Oh.

Oh ! Eh bien, ça changeait la donne, et considérablement. Zorian ne voulait toujours pas avoir affaire avec ça mais il comprenait au moins pourquoi le marchand se sentait à l’aise de discuter d’une telle offre avec lui. Espionner les autres mages était techniquement illégal mais tout le monde savait que c’était une pratique courante et universelle. Merde, selon certaines histoires, même les maisons nobles dignes de ce nom possédaient leur propre division dédiée à ça et rien qu’à ça. Il fallait simplement s’assurer de ne jamais se faire prendre. Même l’académie, qui tentait généralement de donner aux élèves une version très teintée de rose de la culture des mages, admettait que l’espionnage professionnel était une pratique existante et répandue. Une partie en était totalement légale, comme l’analyse des produits concurrents, gagner un contrat grâce aux sorts de divination, ou encore potasser le contenu de documents publics à la recherche d’informations qui auraient été malencontreusement oubliées… mais ce genre de méthodes légales était habituellement très limité et les mages avaient très souvent recours à des moyens moins éthiques. Soudoyer les assistants et les apprentis afin d’acquérir les secrets du maître, embaucher des cambrioleurs pour fracturer et piller des archives et des notes de recherches, effectuer des campagnes d’espionnages intensives et dédiées, séduire des proches de gens que l’on désirait garder sous surveillance… Les possibilités étaient sans fin et chaque jour voyait une nouvelle méthode remplacer les précédentes. Et bien sûr, les contremesures adaptées.

Zorian se souvint d’une histoire particulière qui racontait que deux mages avaient passé des années à se voler l’un l’autre leurs secrets respectifs tout en tentant d’empêcher l’autre de faire de même. Au bout d’une dizaine d’années de ce petit jeu, ils parvinrent tous deux à atteindre le sanctuaire secret de l’autre, en même temps, et tout ça pour se rendre compte qu’il n’y avait absolument rien à dérober. Ils avaient passé tant de temps à s’occuper de leur rival qu’ils n’avaient guère avancé dans leurs recherches réelles.

C’était bien sûr une exagération évidente mais Zorian ne serait pas étonné d’apprendre que chaque commerce magique – et probablement certains commerces classiques également – à Knyazov Dveri trempassent dans un environnement illégal. Il savait, d’après les histoires de ses parents, que même un simple et honnête fermier était capable d’aller à l’encontre de son contrat s’il pensait pouvoir s’en tirer à bon compte. Pour quelqu’un comme Gurey, ce genre de chose était probablement un simple acte routinier dans sa vie de commerçant.

Mais ce ne l’était pas pour Zorian. Franchement, Gurey avait totalement raison et disant que tout ça, c’était beaucoup de risques pour très peu de gains. Il ouvrit la bouche pour refuser fermement mais poliment, tout ça pour se faire interrompre par Gurey, qui lui posa un gros livre brun dans les mains.

Zorian baissa les yeux sur le livre l’espace d’une seconde, se demandant sans intérêt pourquoi il n’avait pas de titre, avant de lever des yeux interrogateurs vers Gurey. L’homme lui fit aussitôt signe de l’ouvrir.

Ce qu’il fit.

Et Zorian se trouva rapidement à compulser des notes, au travers de pages d’écriture manuscrite et de diagrammes.  C’était… une espèce de journal. Voilà pourquoi l’absence de titre ou d’indications en couverture : c’était le journal de recherche d’un mage quelconque, s’il devait deviner.

— Qu’est-ce donc ? demanda-t-il à Gurey en le regardant d’un air suspicieux.

— Un échantillon, annonça le marchand avec un large sourire. Comme je l’ai dit, il serait stupide de votre part de faire ça pour de l’argent – pour les sommes que je peux vous payer, en tout cas – alors j’ai trouvé une chose qui sera, je l’espère, bien plus attractive à vos yeux. Étudiez donc ceci à votre convenance et revenez me voir demain, à la boutique, pour me donner une réponse. Souvenez-vous simplement que ceci n’est rien à côté de ce qu’il y a à trouver.

Gurey quitta immédiatement les lieux, lassant Zorian seul avec le mystérieux journal, sa conscience et un dilemme. Curieux, il rouvrit le livre du début afin d’y voir si, peut-être, il y avait là un titre. Les premières feuilles en étaient blanches mais il finit par atteindre ce qu’il cherchait.

Briser et contourner protections et autres défenses magiques, que ça disait. Par Aldwin Rofoltin.

Rofoltin ? Il s’agissait apparemment du partenaire décédé de Gurey, donc le commerce portait encore le nom. Intrigué, Zorian s’installa confortablement sur le coin de son lit et commença à lire.

 

___

 

Après avoir lu le journal de Rofoltin, Zorian dut admettre qu’il se sentait quelque peu… déçu ? Ce n’était pas un mauvais livre à proprement parler mais la façon dont Gurey le lui avait présenté l’avait poussé à en attendre plus. La chose la plus utile qu’il avait trouvée dans ces pages était les instructions étape par étape sur la façon de fabriquer ses propres lunettes d’analyse magique, complètes avec le schéma des formules. C’était pratique et il avait songé à s’en faire une paire depuis un moment maintenant ; mais il n’existait pas de manuel public décrivant la marche à suivre – rien que la formule venait de lui faire économiser un mois entier de travail.

Mis à part ça, rien n’était vraiment utile… mais peut-être que c’était ce que Gurey visait. C’était un échantillon, avait-il dit, ce qui sous-entendait que s’il parvenait à obtenir la coopération de Zorian, ce dernier pourrait avoir accès à l’intégralité de la collection personnelle du mage. Si le vieux partenaire de Gurey possédait rien que cinq autres livres comme celui-là et que tous contenaient un savoir utile, c’était des mois de gagné… Et si Gurey gardait le meilleur pour la fin comme Zorian le suspectait… Tentant. C’était bien plus tentant qu’il ne se l’était imaginé.

Secouant la tête face à sa propre cupidité, il verrouilla la porte de sa chambre et partit en direction de la boutique de Gurey. Il allait devoir discuter avec lui de ce qu’il attendait vraiment mais… il y avait toutes les chances pour qu’il dise oui. En vérité, ce genre de choses n’était pas très éloigné de ce qu’il avait prévu de faire à un certain point. Il allait très probablement devoir apprendre à s’introduire illégalement chez les gens et à espionner les mages, tôt ou tard – rassembler des informations sur la boucle, sur Robe Rouge et sur la magie de l’âme allait le nécessiter à un moment donné. Au moins, de cette façon, il obtiendrait des indices et des conseils de la part de quelqu’un qui l’avait déjà fait auparavant, l’opportunité de travailler ses compétences sur ce qui serait sans doute une cible plus facile et un salaire de la part de son employeur.

Réalisant qu’il n’était pas pressé de se rendre à destination, Zorian ralentit et décida d’emprunter un chemin plus touristique vers la place. Il observa nonchalamment les gens et les bâtiments tout en se promenant dans la ville, soudainement conscient du peu qu’il en savait alors qu’il y vivait depuis un moment maintenant. Il s’était trouvé si occupé par d’autres affaires qu’explorer Knyazov Dveri lui avait un peu échappé. Il n’avait même pas été jusqu’à l’accès au donjon – bien que ce fut intentionnel, ayant décidé de se retenir de s’y rendre tant qu’il ne pourrait pas juger du temps et de l’attention que ses autres tâches allaient nécessiter. Finalement, il avait décrété qu’il ne s’y rendrait pas dans la boucle actuelle. Le donjon n’allait pas se sauver, n’est-ce pas ? Dans tous les cas, maintenant qu’il avait pris le temps d’explorer un tantinet la ville, il pouvait dire qu’il n’avait rien loupé. Il avait déjà vu la plupart des boutiques pour définir le meilleur prix pour ses ingrédients et à part ça, la ville était plutôt banale. Elle était similaire à Cyoria dans le sens où c’était clairement une ville qui avait expérimenté une croissance récente et rapide – l’ancien centre de la ville était encore reconnaissable à ses bâtiments à un étage peints dans ce jaune traditionnel typique de l’architecture native d’Eldemar plutôt tandis que les quartiers plus récents qui l’entouraient étaient emplis de bâtiments plus neufs, plus grands. Mis à part ça, il ne remarqua rien de bien particulier, bien qu’il eut fallu quelques jours de visite pour en être parfaitement certain.

Finalement, il atteignit le bâtiment qui clamait fièrement être la maison des Équipements Cwili et Rofoltin et y entra. La clochette attachée à la porte tinta, prévenant Gurey de son arrivé – une solution étonnamment dénuée de magie, pour une boutique de magie – et l’homme grassouillet leva la tête dans l’arrière-boutique où il se trouvait pour voir à qui il avait affaire. Ses yeux s’illuminèrent immédiatement lorsqu’il reconnut Zorian.

Comme la toute première fois qu’il était venu là, Zorian fut une fois de plus frappé par la diversité des objets en vente chez Gurey. Il y avait là tant de choses, de l’équipement approprié à la nature sauvage aux objets magiques, potions et autres guides de survie, des herbes séchées et d’autres composants alchimiques, etc. En réalité, c’était encore plus impressionnant que la première fois – Zorian savait maintenant qu’il offrait bien plus que ce qui était exposé là, tant que le client était correctement renseigné sur ce qu’il cherchait ou savait poser les bonnes questions.

Gurey lui avait un jour raconté une histoire à propos d’un client qui avait tenté d’acheter les pots de fleurs décoratifs qu’il avait placés çà et là pour égayer les lieux. Et comme Zorian comprenait l’amusement de Gurey à ce propos, il parvenait également à saisir comme on avait pu se tromper de la sorte. Avec tout ce que Gurey vendait, il n’aurait vraiment pas été surprenant qu’il fût également dans le commerce des pots de fleurs.

— Ah, Zorian, mon ami… commença Gurey en sortant de l’arrière-boutique. L’avez-vous lu ? Un livre intéressant, n’est-il point ?

— C’était… plus ou moins utile, lâcha Zorian sans forcer. Pas vraiment en soi mais s’il existe d’autres livres là d’où il vient, je pourrais trouver pertinent de travailler avec vous sur votre… problème.

Gurey fronça les sourcils. Il s’attendait apparemment à ce que Zoiran fût plus impressionné que ça par le travail de son partenaire. Il ouvrit la bouche pour parler mais Zorian le prit de court.

— Avant d’en parler plus avant, je préfèrerais que nous nous rendions dans un endroit quelque peu plus privé. Possédez-vous une pièce sur laquelle je pourrais placer une barrière d’intimité ?

— J’ai mieux, gloussa Gurey, balayant rapidement sa déception précédente. J’ai une pièce possédant déjà des barrières de sécurité et d’intimité. Et pas les plus basiques. Suivez-moi.

Il conduisit Zorian vers une petite pièce banale possédant un simple bureau et des chaises… une pièce dont les murs, le sol et le plafond étaient gravés de cercles magiques, de glyphes et de runes faits de mana cristallisé. Il plaça sa main sur l’un des cercles et la formule ultra compliquée pulsa deux fois d’une lumière bleue intense avant de redevenir inerte. Zorian n’était pas idiot, cela dit – les pulsations signifiaient que la partie la plus importante de la formation s’était activée. Un peu comme tous les schémas de protection, celui-ci semblait posséder deux modes : le normal, permettant de conserver et économiser le mana et pouvant être alimenté indéfiniment à partir de sa source de mana et le mode plus avancé, super chargé qui brûlait les ressources comme du bois dans le feu, plus rapidement que les réserves naturelles de mana ambiant pouvaient tenir. Ce mode était bien plus efficace pendant qu’il était actif.

Gurey s’éclaircit la voix et le sortit de ses pensées. Il réalisa qu’il était en train d’étudier les glyphes depuis un moment déjà. Oupsie.

— Est-ce que ça, c’est ce que vous appelleriez utile ? demanda Gurey dans un rictus lorsqu’il vit qu’il avait récupéré l’attention de Zorian.

— Non. Ça, c’est plutôt impressionnant, admit Zorian. Votre ancien partenaire en est le créateur ?

— Oui, acquiesça Gurey. Il était plutôt bon dans ce genre de choses. Créer des barrières, je veux dire. Ainsi que les briser et les contourner mais je comprends que les deux soient liés. Apprenez à créer une barrière et vous avez 90% de ce qu’il faut pour la détruire.

— C’est un savoir conventionnel, oui, confirma Zorian, qui décida de ne pas tourner autour du pot plus longtemps. Alors… Je suppose que votre ancien associé était la personne qui se chargeait directement de ce genre de travail par le passé et que maintenant qu’il est mort, il vous faut trouver quelqu’un pour effectuer ce travail sale à sa place.

— Eh bien, vous êtes direct, ricana Guery nerveusement. Mais vous avez touché juste, plus ou moins. Vous voyez… La magie n’a jamais été mon truc, aussi étrange qu’il y paraisse de la part d’un propriétaire de boutique magique. C’était le truc d’Aldwin. Il s’inquiétait de la partie magique du commerce pendant que je gérais le côté financier, plus civil. Le contact, les marchés, trouver des partenaires commerciaux, ce genre de choses. Je suis vraiment un mauvais mage quand il le faut. Je suis presque incapable de lancer quelque sort que ce soit.

Zorian le regarda d’un air étonné.

— Je suis plutôt certain de vous avoir vu manipuler le mana à de nombreuses reprises, et activer le mode de sécurité privée de cette pièce n’est pas à la portée d’un simple quidam à peine capable de façonner le mana à peu près.

— Oh, j’ai toujours été très bon pour utiliser les objets magiques, par contre, dit Gurey. Il ne faut pas être un très bon mage pour ça. Beaucoup d’entraînement et quelques exercices spécialisés et l’on y est. Si vous êtes assez riche, comme moi, et que vous vivez au-dessus d’un puits de mana, vous pouvez même commander des objets capables de tirer le mana ambiant plutôt que celui de vos minuscules réserves… mais nous savons tous deux qu’il y a de sévères répercussions à ce genre d’utilisation et j’ai besoin d’un lanceur se sort qui sait ce qu’il fait pour ce travail.

Zorian acquiesça. Il avait considéré la possibilité d’utiliser des objets pareils pour combler ses réserves sous la moyenne depuis un moment maintenant mais il y avait quelques problèmes. Le souci de base, inévitable et inhérent, l’âme des lanceurs de sorts était sacrément bonne pour lancer des sorts tandis que les objets… ne l’étaient pas. Même les meilleurs d’entre eux. Créer un objet capable de permettre au lanceur de sort de sauter quelques étapes d’une incantation était assez simple mais fabriquer quelque chose qui fût capable de lancer un sort de façon autonome sur commande ? Difficile. Peut-être très difficile, voire impossible selon le sort duquel il était question. Les sorts de protection et les objets à utilisation unique comme les cubes explosifs contournaient le problème en demandant au lanceur de sort de lancer le sort lors de leur création, après quoi la formule le conservait de façon stable et l’empêchait de se dégrader. Mais cette astuce ne fonctionnait pas pour tous les sorts.

Il y avait aussi le problème de l’alimentation. Tous les lieux ne se portaient pas bien en terme de mana ambiant et même des endroits qui ne pouvaient carrément pas fournir ce qu’il fallait de mana pour lancer une seule fois le sort. Cela signifiait que la plupart des objets de ce genre nécessitait une réserve interne, ce qui amenait un paquet d’autres soucis. Aucune batterie à mana n’était fiable et suffisante – le mana fuyait invariablement en diverses doses et elles pouvaient facilement exploser si on les surchargeait ou si on les fabriquait de travers. Sans même parler du nombre de sorts de combat spécifiquement créés pour faire exploser une batterie sous la pression.

L’un dans l’autre, la création d’objets capables de lancer des sorts de façon autonome était une chose que Zorian avait placée dans la catégorie vaut mieux pas. Il n’était clairement pas assez bon en formulation pour quoi que ce soit du genre et même s’il l’était, c’était une sous-catégorie difficile de la création d’objets magiques qui ne prévoyait pas une utilité exceptionnelle. Il prévoyait malgré tout de mettre la main sur le plan d’une baguette d’explosion – l’une des plus simples, qui faisait exploser ce vers quoi elle était pointée sans puiser dans le mana du lanceur de sort. Un nom qui définissait bien sa fonction, vraiment : c’était l’un des seuls objets magiques autonomes sur lesquels on pouvait réellement se fier en combat, au moins à courte portée. Ce n’était cependant pas une priorité, un tel objet servirait plus de dernier recours, une arme secondaire plutôt qu’un atout autour duquel construire une stratégie.

— Vous parlez de pots-de-vin, dit Zorian.

— Zorian, mon ami, vous avez encore beaucoup à apprendre, répondit Gurey en secouant la tête. Les pots-de-vin sont illégaux. Il n’existe aucune loi contre la générosité. Offrir cette luxueuse bouteille de vin à votre compagnon de boisson ou inviter quelqu’un à ce bal annuel auquel il a toujours voulu se rendre s’appelle être attentionné et personne ne peut prouver le contraire.

— C’est vrai, soupira Zorian. Je suppose que je ne devrais rien dire puisque je suis déjà d’accord pour vous suivre. Et en parlant, pourquoi ne pas discuter de la raison pour laquelle nous sommes là, pour commencer ? Que voulez-vous exactement de moi et qu’avez-vous à m’offrir ?

— Très bien. Je suppose que vous connaissez le magasin général de Vazen ?

— Le plus gros commerçant en magie de la ville ? demanda Zorian.

— Celui-là, précisément. Ma boutique était jadis plus importante que la sienne et capable de rester en compétition avec elle à pied plus ou moins égal, mais depuis la mort de mon partenaire voilà deux ans, ces jours sont terminés. Récemment, ils ont passé un accord avec une autre entreprise de Cyoria et ils ont été silencieux concernant le contenu de ce marché. Tout le monde sait qu’ils ont acheté de nombreuses formules de sorts, recette alchimiques et droits de production, alors il est évident qu’ils s’apprêtent à se mettre sérieusement au côté production de ce commerce. Cela dit, les détails m’en sont inconnus et c’est un problème. Selon ce que Vazen compte produire, certaines choses vont clairement perdre en valeur tandis que le coût des matériaux bruts utilisés pour les fabriquer va grimper en flèche.

— Je vois. Vous avez besoin de savoir ce que votre rival va faire afin de vous préparer à l’impact que cela va avoir sur le marché, comprit Zorian.

— Eh bien… Il y ça, en effet, et je veux également savoir si je peux contrer leur action d’une façon ou d’une autre.

— Je suppose que vous savez où je peux trouver l’information ? demanda Zorian. Pas dans la boutique elle-même, j’espère. Cet endroit va être terriblement protégé.

— C’est loin d’être aussi protégé que vous l’imaginez – quelques contres basiques pour empêcher divination et téléportation et c’est à peu près tout. Mais les lieux sont gardés par des humains même durant la nuit et vous n’aurez certainement pas envie de devoir te frotter à eux. Heureusement, vous n’aurez pas à le faire. Au bout du compte, la paranoïa de Vazen va le conduire à sa propre défaite – j’ai trouvé qu’au lieu de conserver les documents dans sa boutique lourdement gardée, il les a emmenés chez lui, une résidence bien plus facile d’accès. Il semble qu’il ne fasse même pas confiance à ses propres employés.

— Le niveau de protection de sa maison ? s’enquit Zorian.

— Mon information peut être un peu obsolète car elle date d’il y a deux ans et demi, lorsque mon partenaire encore en vie l’avait épié mais je doute que grand-chose ait changé. Elle possède une barrière anti-divination et toutes les portes et fenêtres sont équipées d’alarmes anti-intrusion, et voilà. Les documents eux-mêmes sont gardés dans un coffre, cela dit, et celui-ci est condamné à posséder d’autres types de défenses.

— Ce n’est pas si mal, comme choix, pour être honnête, dit Zorian après y avoir pensé pendant près d’une minute. La barrière empêche l’espionnage banal et rend impossible toute téléportation si l’on ne peut connaître l’intérieur tandis que les alarmes empêchent de simplement se faufiler à l’intérieur sans recours à la magie.

Couvrir uniquement les entrées avec des barrières était une mesure commune de préservation du mana. Certes, elle rendait les protections inutiles si l’attaquant pouvait traverser les murs ou simplement les exploser mais les voleurs capables de telles prouesses avaient généralement de plus gros poissons à ferrer et faire des trous dans les murs allait légèrement à l’encontre de tenter de voler les informations sans se faire détecter.

— Vous pouvez vous téléporter, n’est-ce pas ? demanda Gurey. Je veux dire, je suis sûr que vous le pouvez – la vitesse de déplacement dont vous faites preuve entre ici et la forêt le montre plutôt sans équivoque – mais êtes-vous vraiment bon dans ce domaine ?

— Je sais me téléporter, hésita Zorian, qui ne pensait pas que c’était si évident, même s’il était vrai qu’il pouvait difficilement quitter la ville au matin et rentrer le soir avec des choses trouvées dans la forêt profonde sans soulever de questions. Je suis plutôt doué, je pense. Il me faut un instant pour façonner le sort mais je n’échoue jamais.

— Excellent. Les alarmes anti-intrusion ne devraient pas poser un gros problème, dans ce cas, ricana Gurey. Alwin savait faire ce truc malin, où il pouvait transformer un objet en une espèce de flambeau de téléportation pour pouvoir se téléporter à lui sans avoir besoin d’avoir été sur les lieux. Je suis sûr que je peux faire parvenir un quelconque objet innocent de l’autre côté de la porte, vous n’aurez qu’à lancer le sort. Je ne sais pas comment le lancer moi-même mais Aldwin l’a couché dans l’un de ses journaux.

— Un sort, dites-vous ? Pas de formule ? demanda Zorian, curieux.

— Non. Je crois qu’il l’appelait Sort de Rappel. C’est un sort en deux parties – vous lancez d’abord un sort de flambeau personnel sur un objet et une connexion est immédiatement forgée entre vous et lui. Vous pouvez ensuite lancer la seconde partie du sort à n’importe quel moment, ce qui vous rappelle à ses côtés. Selon Aldwin, c’était destiné à s’échapper rapidement vers un point précis si l’on finissait dans un guet-apens.

— Pourquoi ne pas utiliser un sort de téléportation simple pour ça ? s’étonna Zorian en fronçant les sourcils. On dirait qu’il s’agit là de complications inutiles pour le même résultat. Après tout, vous avez déjà été à l’endroit où vous désirez vous téléporter si vous souhaitez le définir comme une échappatoire.

— Je ne sais vraiment pas. Vous allez devoir découvrir tout ça par vous-même si vous êtes intéressé, admit Gurey.

— Hm. Alors imaginons que ce sort fonctionne comme vous le dites et que je peux m’introduire dans cette maison. Je devrais simplement abattre les protections quelconques placées sur le coffre-fort pour obtenir ces documents ?

— Oui. Cela est sous votre responsabilité et dépendra de votre jugement, car je n’ai aucune idée d’où il se trouve ni du type de protections qu’il peut posséder, confirma Gurey.

Zorian le fixa pendant un moment avant de prendre une profonde inspiration.

— Merveilleux… Malheureusement pour vous, je ne suis pas le perce-barrière professionnel que vous semblez imaginer, dit-il à Gurey. Quand vous avez dit vouloir mon aide pour ça, je pensais que j’allais jouer le rôle de support. Quelque chose comme ce que vous demandez est, pour le dire clairement, hors de ma portée. Je suis désolé mais à moins que vous ne cachiez quelque chose d’autre, je ne suis pas capable de le faire.

Gurey se pencha en avant pour lui offrir son rictus le plus sournois.

— Même si je vous donne le grimoire d’Aldwin et ses notes sur la façon d’utiliser le sort ?

— Quoi ? cilla Zorian.

Deux heures plus tard, Zorian quitta la boutique de Gurey avec trois nouveaux livres sous le bras. Ils étaient tombés d’accord et allaient tenter leur coup trois jours avant le festival d’été, ostensiblement pour donner à Zorian le temps dont il avait besoin pour s’entraîner à lancer les sorts du grimoires d’Aldwin mais aussi parce que de la sorte, si l’affaire devait capoter d’une manière ou d’une autre, Zorian ne perdrait que trois jours.

Il fredonnait tout seul, satisfait, tout en rentrant à l’auberge. Il était agréable de tomber sur une opportunité en or de temps en temps et de sentir le vent tourner parfois. Après toutes les contrariétés avec Lac d’Argent et la disparition mystérieuse de tous ces connaisseurs en magie de l’âme, il avait commencé à penser que cette boucle était une perte de temps dans son entièreté… Maintenant… Eh bien, au moins, il avait fait l’acquisition de sorts flambant neufs, du genre qu’il n’aurait jamais pu obtenir par aucun moyen légal.

Les choses s’annonçaient bien.

 

___

 

Après sa discussion avec Gurey, le temps passa rapidement. Il était compliqué de s’entraîner à la pratique des sorts d’Aldwin car la plupart interagissaient avec des barrières et autres protections et demandaient une cible concrète. Heureusement, Zorian était parvenu à dégoter un entrepôt protégé dont le propriétaire était parti en voyage et en profita pour s’entraîner à sa guise, tant qu’il restait loin de la route passante. Il lança des sorts de protection sur certains objets lui-même à des fins d’entraînement, généralement afin de tester les sorts les plus destructeurs – et ce n’était toujours pas aussi efficace que le test sur une barrière inconnue réelle.

Étonnamment, Gurey accepta également que Zorian s’entraîne sur les propres protections de son magasin tant qu’il ne faisait pas quelque chose de permanent. Zorian se questionna à ce sujet. Toutes choses considérées, Gurey se montrait bien trop accommodant ; il le suspectait de le voir comme un investissement et espérait le transformer en un partenaire de long terme. Aussi se montrait-il probablement plus généreux avec Zorian qu’il ne l’aurait été autrement mais rien ne pouvait le garantir. Il ne semblait pas y avoir quoi que ce fût de foncièrement malin dans ce comportement et il se contenta de l’ignorer en grande partie pour se concentrer en tentant d’être simplement reconnaissance pour sa bonne fortune.

Il existait essentiellement trois moyens de gérer une barrière. Premièrement, l’affamer, la priver de sa source d’alimentation jusqu’à ce qu’elle se contente de disparaître. Deuxièmement, identifier une façon de perturber sa structure, la faisant immédiatement s’effondrer. Et finalement, la troisième option consistait à ne pas l’activer, tout simplement. Siphonner, briser et contourner étaient les termes employés dans la littérature pour désigner ces trois méthodes. Chacune possédait avantages et inconvénients mais pour la tâche que Gurey lui avait confiée, il devrait obligatoirement contourner la barrière du coffre-fort.

Siphonner avait un avantage certain : ça fonctionnait toujours. Chaque barrière pouvait être siphonnée avec suffisamment de temps et d’effort, tout dépendait de la quantité de temps et de ressources que l’attaquant désirait céder pour mener la tâche à bien. Certaines barrières pouvaient durer des mois après avoir été isolées de leur source de mana, même en étant activement drainées pendant l’isolation, le siphonage était une opération difficile à préparer et maintenir – un contrôle réduit permettait au défenseur de facilement y mettre un terme. Il était principalement utilisé lors des sièges ou pour faire disparaître des barrières légendaires qui n’avaient plus aucune utilité.

Briser une barrière était la méthode la plus rapide pour la neutraliser – perturber la structure de la barrière et la laisser s’effondrer sur elle-même. Malheureusement, nombre d’entre elles le faisaient en explosant ou avec d’autres effets secondaires très déplaisants si l’on se contentait de les briser, résultant très souvent en la destruction de l’objet gardé, et parfois même celui tentant de détruire ladite barrière. Beaucoup de barrières étaient également trop puissantes pour être brisées par un seul mage – ou même un groupe – à moins que l’attaquant n’eût identifié une faiblesse particulièrement visible. Alors l’un dans l’autre, briser une barrière n’était souvent pas possible, en encore plus souvent, peu recommandé même la possibilité existait. Pourtant, si l’on voulait se débarrasser d’une protection rapidement et que l’on avait de la puissance à gaspiller, c’était ce qu’il y avait à faire.

Finalement, on pouvait contourner les barrières – la méthode préférée, si on le pouvait. Si l’attaquant savait comment la barrière fonctionnait, soit parce qu’il avait eu accès au schéma de base ou parce qu’il en avait analysé la structure par divination, il pouvait prendre soin de ne pas activer les déclencheurs qui poussaient la barrière à reconnaître une intrusion non autorisée. Selon le mode de fonctionnement de la barrière, il était même possible d’ajouter des couches supplémentaires par-dessus afin de la neutraliser totalement. Si un attaquant désirait conserver secrète sa tentative – réussie ou non – d’intrusion, contourner la barrière était une obligation : il s’agissait du seul moyen de ne pas détruire la protection mise en place.

Et comme l’idée était de ne pas laisser de trace de son passage, il ne pouvait évidemment pas briser ou siphonner la barrière sur le coffre-fort – il devait arnaquer le sort pour se frayer un chemin à travers. Il existait des tas de façons de le faire dans les livres que Gurey lui avait donnés car Aldwin était principalement intéressé par ce genre de solution mais jusqu’à ce que Zorian pût poser les yeux sur le coffre-fort qu’il devait ouvrir, il ne pourrait rien dire de plus. Il avait donc décidé de tout apprendre, juste au cas où.

La date fatidique approchant, Zorian décida de rendre visite à Vani une fois de plus pour voir s’il avait quelques nouvelles sur les mages disparus. Il n’en avait aucune, bien sûr, bien qu’il dût admettre qu’il n’avait pas tenté de manière très poussive d’en trouver. C’était une affaire pour les force de l’ordre, prétendait Vani, et s’impliquer dans ce genre de choses les dépeindrait juste comme suspects potentiels. Il avait probablement raison et Zorian savait qu’il n’y avait qu’un intérêt ridicule à fourrer son nez partout maintenant que le cas était sous égide policière mais il décida qu’il lancerait malgré tout une enquête personnelle dans une future boucle pour comprendre ce qui se passait exactement.

Vani lui avait demandé s’il avait trouvé la tribu de métamorphes mais Zorian avoua qu’il avait plus ou moins abandonné cette possibilité. Il ne pouvait pas aller voir Raynie à Cyoria et personne d’autre ne pouvait le diriger là où il désirait aller. Ou peut-être quelqu’un le pouvait-il mais il n’avait trouvé personne acceptant de le faire. Le résultat était le même dans tous les cas. D’ailleurs, il était sceptique quant à l’aide qu’ils pourraient vraiment lui apporter concernant son problème d’âme.

Finalement, le jour arriva. Gurey était parvenu à faire parvenir une petite plaque à l’intérieur de la maison de Vazen en la fourrant dans une enveloppe, accompagnée d’avertissement ridicules. Zorian ne pouvait croire que ça avait réellement marché mais les faits étaient là, et maintenant, il n’avait plus qu’à attendre que le propriétaire se rende au travail avant de se téléporter à l’intérieur, à la recherche du coffre. Vazen était un vieux célibataire d’une quarantaine d’années et il était censé n’y avoir personne dans la maison mais Zorian avait préparé un ensemble de camouflage malgré tout, vêtements dont il comptait se débarrasser après coup. Il était également prêt à se téléporter à l’extérieur à la moindre occasion, dût-elle se présenter.

Après une heure d’attente, Vazen quitta son domicile et Zorian se téléporta à l’intérieur. Gurey resta dehors, sous couvert d’un champ d’invisibilité, pour faire le guet – s’il voyait Vazen revenir, il devrait appuyer sur un bouton de la montre que lui avait donnée Zorian, et ce dernier le saurait immédiatement grâce à un dispositif qui sonnerait dans sa main.

La maison était en effet complètement déserte… mais elle l’était également de tout coffre ou barrière magique. Même après avoir ajouté une couche supplémentaire aux barrières de la maison pour exclure l’intérieur du bâtiment des sorts anti-divination, ses essais ne lui renvoyèrent aucun résultat… Probablement parce que le coffre lui-même était certainement protégé contre les divinations. Très frustrant. Il était sûrement caché derrière quelque chose mais Zorian ne pouvait pas deviner où. Il n’y avait pas de murs amovibles, pas d’alcôve secrète sous le tapis, aucun endroit où le sol était égratigné à cause du déplacement constant du mobilier, etc. Rien de rien. Comme Zorian était sur le point d’abandonner et de sortir le livre contenant une méthode de divination exotique fonctionnant même sur les objets protégés – avec les risques associés – il le vit. Dans l’âtre, dans la cheminée, rien que ça. S’il n’avait pas remarqué à quel point cette cheminée était trop propre – tout en lui rappelant à quel point il avait eu horreur de constamment nettoyer celle de sa maison, à Cirin – il n’aurait même pas songé à regarder par-là.

L’âtre n’était pas fait de sorte à être facilement accessible et interagir avec lui était quelque peu contraignant. Le coffre était positionné sur la gauche, empêchant Zorian d’en apercevoir la serrure sans utiliser un miroir. Pourtant, c’était une simple gêne, rien de grave et surtout pas un vrai obstacle. Il commença à lancer des sorts d’analyse sur la barrière entourant le coffre lui-même pour tenter de trouver un moyen de la contourner.

Il eut tout juste assez de temps pour s’apercevoir qu’il existait une très faible barrière localisée au sein de la cheminée et il se força immédiatement à bondir en arrière avant d’ériger un bouclier devant lui. Une explosion assourdissante résonna depuis la cheminée, enveloppant la pièce entière dans un nuage de cendres aveuglant et étouffant. Bon sang, une barrière annexe qui avait réagi à un sort d’analyse ! Son bouclier l’avait protégé contre les dégâts de l’explosion mais le nuage de cendres était un enfer pour les poumons.

Il se téléporta, attrapa Gurey, se téléporta à nouveau – cette fois, loin de la maison de Vazen. L’opération était un échec.

 

___

 

Suite aux retombées de l’opération manquée, l’idée dans sa globalité était tombée à l’eau. La sécurité allait être revue à une très forte hausse maintenant que Vazen savait que quelqu’un en avait après les documents et Zorian ne comptait pas se dresser contre les nouvelles défenses certainement mises en places quand les anciennes l’avaient presque tué. Gurey était encore plus secoué que Zorian : il s’excusa profusément pour l’incident et insista sur l’illégalité la plus totale de tels pièges, sur le fait qu’il ne pouvait pas croire que Vazen pouvait s’abaisser à employer de si viles méthodes, ce que Zorian trouva plus qu’amusant. Ça avait le mérite d’expliquer pourquoi Vazen n’avait pas poussé le vice jusqu’à reporter l’intrusion aux autorités, en tout cas.

Personnellement, Zorian se sentait plutôt mal. Malgré ce qu’en disait Gurey, la faute lui revenait de plein droit. Il aurait vraiment dû vérifier la présence de pièges dans la cheminée. Merde, il aurait dû vérifier la maison entière ! Juste parce que Gurey avait dit que, ça ne signifiait pas que ! Il n’aurait pas dû prendre l’absence d’autres types de défenses comme acquis ! Gurey avait même dit que ses informations étaient obsolètes…

Eh bien, peu importait, désormais. Il avait obtenu quelques sorts clinquants de cette affaire et il savait ce qu’il devait surveiller lors des prochaines boucles.

Il songea à faire face à la chasseuse grise à la toute fin du mois et finit par décider de ne pas le faire. Il mourrait simplement comme un idiot, dans la douleur et la honte et il avait déjà suffisamment côtoyé la mort tout au long de ce mois.

Il ferma les yeux pour passer enfin une bonne nuit et s’éveilla sous l’accueil joyeux de sa sœur.

Raka
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