Et un grand merci à Gunts92, encore une fois 🙂
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〈 81. Le Calme avant la Tempête (1) 〉
Loin sous la montagne Geumgang, il existait un sanctuaire appartenant aux Nosferatus.
« Nous n’avions pas prévu que le portail tout entier allait être détruit… Mais, quelque part, notre mission est un succès, monsieur. »
Contrairement à ces Vampires mixés dans la société humaine, les Nosferatus avait un but différent. Ils n’avaient pas publiquement annoncé la chose afin d’esquiver encore pour un temps le regard du tout-puissant Seigneur des Vampires, mais les choses faisaient qu’ils ne voulaient pas retourner dans leur monde natal.
Dans un sens, c’était logique de leur part, eux qui étaient traités avec un dédain profond et un mépris à toute épreuve par l’ensemble des Vampires.
Pour eux, il était largement préférable de vivre parmi les humains en buvant du sang animal plutôt que de souffrir le retour à une vie inférieure à celle de bétail, une vie dans laquelle les têtes pouvaient sauter pour de simples erreurs sans importance.
« Les plans avancent bien plus rapidement que ce qui était prévu. Comment réagit le Seigneur ? »
« Il doit toujours sortir de son hibernation, alors il n’est au courant de rien, monsieur. »
Ainsi, le leader des Nosferatus, Suterte, décida d’impliquer des humains afin de perturber les plans de la Maison Bathory visant à ouvrir un portail vers leur monde natal.
Bien entendu, même lui ne s’attendait pas à ce qu’il soit totalement détruit de la sorte.
Non, ce qui aurait dû sa passer était simple. Après que la Lune Rouge ne se soit terminée, le nombre de monstre dans la zone de chasse devait avoir diminué de manière drastique, et les Chevaliers auraient sans doute saisi cette chance pour partir à la recherche de leurs collègues disparus pour accidentellement tomber sur le portail. Et au cas où ça ne serait pas arrivé, il avait prévu de leur transmettre l’information de manière anonyme.
« En plus, contrairement au plan de base du Seigneur Vampire, les Bathory étaient trop impatients. Ils pensaient tout terminer avant la fin de l’hibernation. C’est pourquoi ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour s’assurer que rien de tout ça n’arrive aux oreilles du Seigneur. »
Suterte tira légèrement sur sa longue barbe et marmonna à voix basse alors que le Nosferatu sans nom continuait.
« C’est pourquoi nous devons faire attention à la colère de la Maison Bathory, pas au Seigneur Vampire. Il ne devrait pas y avoir la moindre preuve nous impliquant, mais cette femme Bathory est une idiote simple d’esprit qui peut agir sur un coup de tête, après tout. »
« Fiou… Voir une telle femme avec tant de pouvoir, ça me fait peur. Peur de voir ce qu’elle pourrait faire ensuite. Bon, ok. Mais qu’en est-il à propos de l’ordre que je t’ai donné ? »
« Monsieur. Comme vous l’avez prédit avec justesse, les Bathory ont transmis l’information concernant notre Sanctuaire et sa structure interne au Lycan. Cependant, le Lycan et la DES ne montrent aucun signe d’activité pour l’instant. »
« Heummm… »
Suterte se mit à réfléchir profondément après avoir entendu ce que son subordonné avait à lui dire.
Le Lycan – un nom qu’il n’avait jamais entendu auparavant. Mais dans le monde des Mercenaires, changer son nom ou agir sous couvert de l’anonymat n’était pas chose rare. Et à en juger par la façon insaisissable dont il avait agi jusqu’alors, il était clair qu’il avait une expérience conséquente dans la façon de gérer ce genre de cas.
Un Mercenaire qui possédait la capacité de détecter les prémices de la Lune Rouge, de renifler les Vampires et de les assassiner – et pas juste n’importe qui, mais uniquement ces dangereux membres de la famille Bathory…
« Dans ce cas, il y a une chance pour que le Lycan ait déjà compris notre but ultime. Au moins, il doit avoir déterminé que nous ne sommes pas une menace pour le moment. »
Suterte laissa échapper une merveilleuse exclamation d’admiration en réfléchissant. Vraiment, ce Lycan est quelqu’un qui dépasse mes attentes.
« Alors, nous avons uniquement besoin de nous concentrer sur le Seigneur Vampire, qui devrait s’éveiller bientôt. »
Le Seigneur possédait le droit de vie ou de mort sur tous les Vampires. Bien entendu, ça ne voulait pas dire qu’il avait le droit absolu de contrôler le destin de chacun, mais la vérité n’en était pas très éloignée puisqu’il avait le pouvoir de contrôler librement leurs instincts vampiriques.
« Oui, monsieur. Compris. »
Le subordonné sans nom s’inclina respectueusement avant de se fondre dans les ombres.
*
Au même moment, dans la zone d’entraînement au sous-sol du Monstre, Kim Sae-Jin était au milieu de sa séance quotidienne d’arts martiaux.
« Kim Yu-Rin ? »
« …Ah, oui ? »
« Qu’est-ce que tu fais ? »
« C’est… Non, ce n’est rien. »
Malheureusement pour lui, la situation actuelle de son professeur était un peu chaotique.
Kim Yu-Rin ne prêtait pas vraiment attention à leur session d’entraînement, préférant renifler Sae-Jin à la place comme si elle parvenait à retrouver faiblement l’odeur de l’Orque en lui.
Bien que certaines parties en étaient similaires, les fragrances étaient différentes dans chacune de ses formes. Alors il n’était pas trop inquiet quant au fait qu’elle puisse faire le rapprochement, mais quand même, il perdait un temps précieux durant son entraînement et cela le frustrait un peu.
« Je suis vraiment désolée, mais… Est-ce qu’on peut arrêter là pour aujourd’hui ? »
Kim Yu-Rin avait vraiment l’air misérable en se grattant l’arrière de la tête. Son expression montrait qu’elle se trouvait dans une situation plutôt complexe.
Durant les deux semaines passées, le temps qu’elle passait le regard perdu dans le vide allait crescendo. Au lieu d’oublier ce qui s’était passé, son esprit tournoyait autour de ces souvenirs de plus en plus ardemment. Et son inquiétude concernant le fait qu’elle pouvait peut-être avoir eu un coup de foudre pour un monstre s’intensifiait dans le même temps.
Si c’était effectivement de l’affection, alors elle allait devoir couper court.
La réalité n’était pas un conte de fée. La belle et la bête, ou plus exactement, l’Orque et le Chevalier. Ce ne serait jamais une chose possible, et c’était une chose qui ne devait jamais devenir possible.
Mais comme on dit, « Les vents tardifs sont bien plus terrifiants » – jusqu’à présent, elle n’avait jamais trouvé d’homme intéressant, et elle ne pouvait plus s’empêcher de penser à cet Orque.
Non, elle ne pouvait rien y faire, elle y pensait. À chaque fois qu’elle allumait la télé, ou en se rendant à son Ordre, la conversation concernant l’Orque continuait à se jouer dans sa tête, stimulant les souvenirs encore chauds toujours un peu plus…
« …Excuse-moi ? De nos jours, … »
« N, non, ce n’est pas ça du tout. »
Elle avait même développé un sixième sens quand il s’agissait de deviner quand les gens allaient lui poser une question à propos de tout ça, et elle niait tout en bloc automatiquement.
« … »
« C’est juste que je suis mentalement et physiquement fatiguée ces derniers temps. Ce doit être les effets secondaires de la Lune Rouge. Désolée. »
Elle ne pouvait même plus regarder Sae-Jin dans les yeux. Il la fixait silencieusement et après un moment ou deux, il hocha la tête.
« Je comprends. Je suppose qu’on ne peut rien y faire, alors. »
Il rangea l’épée d’entraînement dans son fourreau tout en marmonnant gentiment.
« …Merci. »
Kim Yu-Rin baissa son épée et se rua vers la douche. Sae-Jin la regarda se défiler de la sorte et soupira avant de lui lancer :
« Je pars le premier ! Il y a des choses que je dois régler. »
« Oh. D’accord. Très bien. »
Il se mit en route rapidement. Il avait prévu de résoudre le problème actuel de Yu-Rin, son espèce de chagrin d’amour ou pour ce qu’il en savait, ce sentiment qui était absolument lié à l’Orque de toute façon. Même s’il ne pouvait qu’y faire un tout petit peu, il le ferait. Il savait déjà où elle allait se rendre sous peu. S’il l’attendait là-bas, elle allait s’y montrer.
*
Le printemps était toujours froid, et les vents passaient dans la forêt sans pitié. Kim Sae-Jin le Héros Orque était caché derrière un buisson, attendant l’arrivée d’une certaine personne.
Et après une trentaine de minutes, il put entendre des bruits de pas. L’Orque tourna la tête dans leur direction. C’était, comme il le pensait, Kim Yu-Rin.
Cette femme, qui disait être trop fatiguée et avait mis un terme à la session d’entraînement après seulement une demi-heure, était venue dans la zone de chasse, ce qui l’aurait sans doute rendu encore plus ‘fatiguée’.
« Eu-eum… »
Yu-Rin se rendit au pied du grand mur du village Orque et commença à jeter un œil aux environs. Et après avoir pris sa décision, elle rassembla du mana sous ses pieds avec précaution.
Pang !
En utilisant un effet de combustion instantané, elle bondit dans les cieux et bondit par-dessus le mur aussi facilement qu’au-dessus d’un fourré.
« …Huh ?! »
En comptant sur un timing parfait, il comptait surgir devant elle, mais maintenant, il était tombé dans un état de panique. Il ne s’attendait clairement pas à ce qu’elle soit si active jusqu’à carrément s’introduire dans la maison d’un homme endormi…
Pour l’heure, il sortit des buissons et décidé de l’attendre à une distance raisonnable du mur, puisqu’elle devait forcément sortir du village à un moment ou un autre.
Et bientôt, 20 minutes s’étaient écoulées.
Il sentit le flux de mana derrière le mur et aussitôt, il vit une silhouette passer par-dessus. Kim Yu-Rin atterrit doucement sur le tapis d’herbes hautes.
« Ha-ah… »
On aurait dit qu’elle venait de confirmer que le Héros Orque n’était pas dans le village. Elle laissa échapper un long soupir contenant ce qui semblait être des années de lamentations avant de baisser la tête et se mettre en marche.
Au même moment, le vent du printemps souffla bruyamment dans les arbres. Et dans le courant d’air froid, une fragrance porteuse de la nostalgie d’un temps passé et toujours profondément imprimé dans son cœur la fit réagir.
« … ! »
Elle leva la tête dans l’urgence.
C’est ainsi qu’elle put finalement voir ce pourquoi elle était là, jour après jours depuis si longtemps. Celui qu’elle voulait si désespérément rencontrer à nouveau.
« Ah… »
Ses yeux habituellement si grands et clairs devinrent encore plus grands alors qu’elle s’immobilisa, comme si l’Orque possédait cet étrange pouvoir de la mettre en pause comme une vidéo. Elle avait même arrêté de respirer.
L’Orque l’ignora pour un instant et fit mine de se diriger vers le village.
« …Ex, excusez-moi ! »
Se rendant compte qu’il allait juste passer à côté d’elle si elle ne réagissait pas, elle s’empressa de lui saisir le bras.
« Ah… V… Vous avez réussi à en sortir en vie… »
Le visage aussi rouge que celui d’une jeune fille en fleurs, les deux mains croisées sur la poitrine – elle adressa prudemment la parole à l’Orque.
Maintenant qu’elle le regardait, elle pouvait clairement et sans aucun doute sentir son cœur s’emballer comme un troupeau de buffles au galop. C’étaient des battements exprimant toutes les émotions qu’elle ne parvenait que difficilement à contenir en elle.
« … »
Cela dit, l’Orque ne répondit rien. Non, il se contentait de la fixer.
« Uhm… puis-je… entendre votre voix, une fois de plus ? »
On dit que la personne dans le besoin est la plus désespérée, et n’avait plus honte de rien. Et Kim Yu-Rin était clairement dans le besoin à ce moment.
Même si elle était très honnête dans sa demande, ses actions firent hurler Sae-Jin de rire intérieurement. Sans le réaliser, les coins de sa bouche tressautèrent.
« Je vous en supplie. Ah, je ne veux rien dire par là. C’est juste que… J’aimerais tant vous remercier pour cette fois-là… »
Complètement inconsciente de ce que pensait Sae-Jin, Yu-Rin était la plus sérieuse du monde. Même si on aurait toujours pu se demander ce qu’entendre sa voix et lui exprimer sa reconnaissance avait à voir l’un avec l’autre pour commencer…
« …Pars. »
Ce fut la première chose que l’Orque se permit de dire. Face à ces mots aussi froids que le vent soufflant à leurs côtés, Kim Yu-Rin frissonna légèrement.
Elle s’y attendait déjà, mais maintenant qu’elle faisait face à un rejet propre et net, ça faisait mal. Cependant, malgré ses mains tremblant comme des feuilles et ses yeux cherchant à exprimer toute l’humidité du monde, elle parvint à sortir un objet de sa poche extensible. C’était une autre poche extensible.
« C’est… Pour montrer ma gratitude. »
« Pas besoin. »
L’Orque rejeta son geste brutalement et tenta de la dépasser. Il pensait qu’elle allait abandonner après tout ça, mais elle se trouva plus tenace que ce qu’il avait prévu. Elle attrapa la main de l’Orque avec force, cette main aussi grande que sa propre tête, et y plaça l’objet de force.
« Je ne te dérangerai plus. Tu trouveras des potions à l’intérieur. S’il te plait, sers-toi de ces potions si tu es blessé. Et… Bon, je… Je vais partir, maintenant. »
Sa voix tremblait faiblement. Elle baissa la tête et se retourna pour s’en aller, le cœur éclaté en un million de petits morceaux suite à l’attitude distante de l’Orque.
Et voir son dos ainsi s’éloigner lentement et sans force la rendait si pitoyable et seule. La confiance débordante qui animait alors Sae-Jin s’effondra, au moins en partie.
C’est alors que l’Orque laissa échapper un long soupir et prononça un simple mot.
« Stop. »
Heureusement, elle avait une bonne ouïe. Il s’approcha lentement de la jeune femme arrêtée là, le dos tourné, et défit le protège-poignet en corundum qu’il portait.
« Prends. »
Au premier regard, ça avait l’air bien trop grand, mais il possédait un attribut appelée ‘auto-ajustement’ qui lui permettrait de rétrécir jusqu’à atteindre la taille idéale pour tout porteur. L’Orque lui tendit l’objet, d’un air résolu.
Et elle ne s’en saisit pas. Non seulement ça, mais son regard continuait à chercher une chose invisible quelque part au sol, et elle se mordait les lèvres.
« … »
Il se demanda s’il ne l’avait pas trop profondément blessée. Même si c’était son intention dès le départ, maintenant qu’il était devant le fait accompli, il resta incertain du résultat. Mais qu’est-ce que c’était que cette nana de 28 ans qui agissait comme une donzelle chaste et timide ayant son premier coup de foudre ?
« Prends. Comme récompense, pour les cadeaux. »
Il lui parla et leva son menton de force pour pouvoir la regarder dans les yeux. Elle avait l’air si vulnérable à cet instant précis, les larmes menaçant de jaillir en une explosion de tristesse. Et étrangement, ça la rendait tellement adorable, également.
La conscience de l’Orque se brouilla un peu, et d’autres pensées se frayaient déjà un chemin, mais heureusement, les effets de la potion libido-limitante faisait effet.
« …Prends. »
Comme elle l’avait fait précédemment, il prit sa main et y plaça l’objet de force. Puis, il se retourna pour s’en aller.
« Pardon, mais… Est-ce qu’on se reverra ? »
De son dos, les vents portèrent une voix faible et pleine d’espoir. Mais il y répondit d’une manière froide et indifférente.
« Non. Ne reviens plus ici. »
Malgré ça, elle ne bougea pas avant un long moment, poursuivant son puissant dos du regard en serrant si fort ce simple-mais-solide protège-poignet, ce cadeau si précieux.
*
« Putain de merde !! »
Un homme en robe frappa violemment sur le bureau. Le meuble de marbre se brisa en deux sous son coup de poing.
« Comment est-ce que notre portail peut s’effondrer comme ça ?! »
Lady Bathory avait horreur de perdre du temps. En plus de ça, une rumeur se répandait comme une trainée de poudre, elle commençait à se lasser de la télé… En d’autres termes, il n’y avait plus beaucoup de temps avant qu’elle ne se mette à les réprimander de manière… sévère.
« …Nous ne sommes pas non plus… Peut-être que le sort magique de la Liche, sous l’influence de la Lune Rouge, s’est mêlé au notre, ou il est possible qu’une troisième force se soit joint à la partie. »
« Ce fils de… Qu’est-il arrivé au cœur artificiel ? »
Le fameux cœur qui avait littéralement pris sang et sueur pour être finalisé était vraiment un trésor fabriqué des mains des Vampires. Non seulement était-il sans prix en tant qu’objet magique, mais il était absolument essentiel en tant que medium pour ouvrir le portail. C’était un objet qu’ils ne pouvaient pas se permettre de perdre.
« Nous sommes actuellement en train de chercher un moyen de le localiser, monsieur. Nous suspectons l’un des Chevaliers piégés de l’avoir en sa possession. Pour l’instant, nous tentons de tracer l’énergie émise par le cœur, mais… »
« Fuu… »
L’Apôtre Beren se massa furieusement les temps.
Et pour ne rien empirer, la boule de cristal roulant au sol se teintait lentement de rouge.
C’était signe que Lady Bathory l’appelait.
- EER : Chapitre 225 - 26 décembre 2023
- EER : Chapitre 224 - 8 décembre 2023
- EER : Chapitre 223 - 7 décembre 2023
Merci pour le chap
Merci pour le chapitre !!
Pas de texte coloré dommage
merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre
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Merci pour ce chapitre
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je sens que ces sorts contenus dans cette pierre vont beaucoup servir ^^,
Je suis fan de cette série, je vais bientôt prendre l’avion et j’espère qu’il y aura pleins de chapitre supplémentaire pour faire passer les heures de vol, en tout cas des que j’ai les fonds, j’enverrai un don, merci pour ces histoires toutes fabuleuses et qui font voyager.