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Chapitre 168 : Conversion 1/2

 

L’armée de Goshou fut tout bonnement détruite dans son intégralité. L’armée de l’Immortel ne laissa dans son sillage aucun survivant, libérant ainsi une quantité toujours plus importante de réfugiés qui entreprirent de le suivre.

« Je comprends les héros. Nos héros. Rien de bon ne peut venir du Roi des Morts. » chuchota l’un d’eux à sa femme.

« Qu’est-ce qu’il gagne à nous aider ? » lui répondit-elle, exprimant ainsi sans le savoir une idée que tous partageaient.

Ce n’était pas seulement de la crainte, c’était une véritable répulsion. Les chevaliers noirs haïssaient la vie d’une force dévorante, mais il en allait tout autant vis-à-vis des vivants envers les morts. Sans compter qu’Alandal était aux yeux de tous un ennemi mortel, une Némésis. Combien d’entre eux avaient perdu qui un père, qui un fils, dont la dépouille revenait uniquement pour les tuer ? Les six héros réunis n’en pensaient pas moins.

« Il ne fait certainement pas ça par bonté d’âme, le prix à payer risque d’être colossal. » observa Kontz, jeune Roi des terres d’Honsho.

« Écoutez… Ceci risque d’être difficile à croire, mais l’Immortel est comme nous. Il est humain. » répondit Melody.

« Balivernes ! » pesta le Roi nain, un barbu trapu à la longue barbe grise répondant au nom de Raul.

« Votre humour laisse à désirer. » lâcha dans un rire graveleux le chef orc Kruger.

Tauric, Graham et Latasha s’en tirent quant à eux au silence. Ils avaient d’ores et déjà exprimé leurs réticences, et en avaient encore un souvenir douloureux.

« Je n’ai fait que suivre l’oracle d’Aria. Elle m’a guidé sur Terre, où j’ai découvert la véritable identité de celui que nous connaissons sous le nom d’Immortel. Nous l’avons mal jugé. » poursuivit Melody.

Mal jugé celui qui avait tant tué ? Face à une telle explication, tous furent si choqués qu’ils ne parvinrent même plus à articuler. Seul le Roi nain, qui avait dû en voir d’autres, parvint à maintenir son calme.

« Et comment se comportait-il, sur Terre ? Il était doux, il apportait de petits gâteaux aux miséreux, ou bien était-il tyrannique, cruel et irréfléchi ? Nous, c’est le seul Immortel que nous connaissons, vous nous pardonnerez d’émettre des doutes. »

« Mais, non ! Sur Terre, il était… il était… » balbutia Melody, avant de devenir rouge de honte.

« Hmpf. C’est bien ce que je pensais. Peu importe comme vous formulez ça, sainte vierge, l’Immortel restera de toute façon l’Immortel. Il est aussi lunatique qu’un Roi fou… Néanmoins, force est de constater qu’il nous aide bel et bien. Alors, c’est d’accord, mais ne vous attendez pas à ce qu’on saute de joie à l’idée qu’il entreprenne de libérer Alphène. Le vieux nain que je suis ne formule aucun espoir dans vos babillages, et j’apprécie peu qu’on vienne me conter la messe. »

Le verbe du nain était aussi raisonnable qu’acéré, et Melody prit enfin conscience qu’il ne servait à rien d’argumenter. Les choses étaient telles qu’elles étaient et resteraient immuables. Il y avait un trop lourd passif pour en souhaiter autrement. Malgré tout, elle avait obtenu gain de cause. L’Immortel avait détruit la colonie de Goshou, et celui-ci défait ne pourrait plus revenir avant longtemps et à la seule condition de trouver un donjon libre. Pour l’heure, il n’était plus qu’un désagréable souvenir. L’Immortel avait libéré les terres du joug de la terreur, et ils le savaient. Plus d’un millier d’âmes furent ainsi convaincues du bienfondé de le suivre.

« Ce que je dis, c’est qu’il est notre seul espoir. La déesse s’est ainsi exprimée. » conclut Melody.

« Autant chasser un rat avec un dragon… Ça ne se fera pas sans conséquences, je maintiens mes propos. » insista Kontz.

« Il y a de la sagesse dans tes paroles, jeune Roi. À trop compter sur lui, nous risquons de tout perdre. » émit pour réserve Kruger, sans pour autant aller jusqu’à refuser son soutien.

« Vous ne comprenez pas… L’Immortel fait un grand sacrifice en nous assistant… » lâcha Melody, l’air peiné.

« Hein ? Quel sacrifice ? » s’étonna Tauric, sortant enfin de son silence.

Avant de le regretter aussitôt et, par réflexe, de sortir son arme. Si l’heure n’avait pas été si grave, il aurait bien éclaté de rire en voyant que ses amis en avaient fait autant. Un destrier fantomatique arrivait en effet à leur niveau.

« Yo ! Vous faites quoi ? »

Woojin prit une mine déconfite tandis qu’il descendit de Shingshi. Ils avaient un air coupable…

« C’est quoi, le problème ? » demanda-t-il pour percer l’abcès.

« C’est que… Ils ne se sentent pas très à l’aise avec l’idée que vous les aidiez. Mais… peut-être s’adapteront-ils avec le temps. » lui expliqua en toute honnêteté Melody.

« Ha ha. Nous avons combattu à mort, et d’un seul coup j’essaie d’être sympa ! Étrange, non ? » lança Woojin, aussi bien aux héros qu’aux réfugiés.

Tauric lui répondit d’un hochement de tête, et Woojin reprit.

« Nous avons un but commun, voilà tout. Allions-nous dans le but de le réaliser. »

Raul eut un sourire mauvais, presque dégoûté, mais ce fut toutefois sur la dame elfique que s’arrêta le regard foudroyant de Woojin.

« Tu vas continuer longtemps de faire la gueule ? Je te jure, Latasha, si tu continues de me toiser comme ça, je vais vraiment te tuer. »

Elle était bien trop fière pour oser détourner le regard. Il se fit pourtant beaucoup moins belliciste, car elle comprit immédiatement qu’il disait vrai. Terrifiée, elle cessa de froncer les sourcils.

« C’est mieux. Vous n’êtes pas les seuls à entretenir des griefs. Je vous en veux aussi, et si je le voulais, je pourrais tous vous tuer ici et maintenant. Et vous savez quoi ? J’ai décidé de laisser tomber tout ça. Tout est oublié en ce qui me concerne, et j’apprécierais que vous en fassiez autant si vous souhaitez sauver Alphène. Ceux qui ne s’en sentent pas capables n’ont qu’à dégainer leurs armes. Vous croyez vraiment que je suis à un ou deux morts près ? Ça ne changerait rien. Je ne trahirai cependant personne. » ajouta Woojin une fois le calme revenu.

On aurait pu écrire un livre aussi gros que la bible en y renseignant tous les reproches qu’on pouvait faire à l’Immortel. Néanmoins, la malhonnêteté n’aurait été renseignée dans aucune des pages. S’il avait une vertu, c’était bien la vérité.

« Juste une chose. Si vous tenez à survivre, ne me regardez pas comme vient de le faire Latasha. »

Silence total… ce qui l’agaça.

« OUI, OU MERDE ?! »

« C’est… C’est compris. »  répondit l’elfe.

« Bien, alors mettons-nous dès maintenant au travail. J’aimerais quelques retours quant à la colonie. » dit Woojin, plus calme.

« Quelle colonie ? » demanda le Roi nain, premier à avoir accepté l’idée et désireux lui aussi d’entreprendre la libération d’Alphène.

« Il va nous falloir une base si on veut rassembler toutes les forces de l’alliance, vous êtes trop séparés pour être efficaces. »

Loin de s’offusquer de la critique, les chefs d’Alphène prirent alors toute la mesure de l’aide qu’allait constituer l’Immortel, par delà ses forces.

« Je vous ai perdus ? Bon, je reprends. Il faut une zone facilement défendable. »

« Il y a une fissure, juste à cet endroit, répondit toujours Raul en dessinant avec le manche de son marteau une carte au sol. Autant de par sa localisation que sa configuration, vous aurez peine à trouver mieux. »

« C’est où, ça ? »  demanda plutôt Woojin, visant un autre point que celui désigné par le nain.

« La montagne Sauros… La zone alentour est déserte, il sera beaucoup trop facile de nous y trouver. » répondit l’orc Kruger, que le désir de collaborer avait aussi fini par atteindre.

« Un terrain dégagé… » fit Woojin, absorbé dans ses pensées.

« Je ne suis pas certain qu’on puisse réellement profiter de l’élévation du terrain pour le défendre, c’est à double-tranchant. Sans compter qu’il sera bien trop simple de couper toutes nos lignes de ravitaillement.. Dois-je aussi mentionner que Juriel a installé sa propre colonie là-bas ? » revint à la charge Raul, comme agacé de s’être fait voler la vedette.

« Juriel ? C’est là-bas qu’est sa niche ? Oh, on va rire… Ouais, donc on va s’installer là-bas. »

« Mais… »

« Mais rien, je vais aller passer un coup de balai. Préparez-vous à bouger. » le coupa aussitôt Woojin.

Woojin fit un signe aux deux hommes qui l’accompagnaient, encore que personne d’autre que lui n’avait été conscient de leur présence. Une boule de feu fondit vers le sol avant d’exploser au sol, produisant une explosion maîtrisée pour ne blesser personne.

« Bonjour ! » lança Sunggoo, son plus beau sourire plaqué au visage.

Et quelques secondes plus tard, ce fut au tour d’une nuée de chauve-souris de se matérialiser en un autre jeune homme.

« Ravi de vous rencontrer. » dit Do Jaemin, plus mesuré dans sa réaction.

« Nous allons voyager tous ensemble, alors profitez du calme pour faire plus ample connaissance. » dit Woojin.

« Héhé… Vivement. » répondit Sunggoo.

Leurs salutations étaient à peu près aussi naïves que les siennes, il y avait de ça six ans… Un temps cauchemardesque.

« Hyung ? Où vas-tu ? » s’étonna Jaemin en voyant Woojin se remettre en selle.

« Faire le tour du propriétaire dans notre nouvelle demeure. »

« Ah, il reste des habitations intactes ? »

Woojin soupira, et partit d’un seul coup au galop sans prendre la peine de lui répondre. Le silence s’abattit alors de manière si lourde que même Sunggoo se sentit bientôt mal à l’aise.

« Héhé… Il a le chic pour créer des situations gênantes. Et si on se présentait autour d’un verre ? »

L’Immortel ou ses lieutenants, quelle différence y avait-il ? En désespoir de cause, Sunggoo se tourna vers son seul allié dans cette galère.

« Jaemin, t’as pas quelques bouteilles dans ta réserve secrète ? Et à manger, aussi… »

« Si, bien sûr. »

Woojin lui avait donné autorité sur le stock dimensionnel, afin qu’il puisse y déposer les trésors de combat. Lui avait rapidement découvert qu’il pouvait aussi en sortir certains objets, surtout en ce qui concernait les victuailles. Sunggoo s’aida d’un rocher et se mit à remplir plusieurs gobelets, avant d’inviter une nouvelle fois les gens d’Alphène à venir se servir. Ses souvenirs d’étudiant étaient encore frais, et il n’existait aucun meilleur moyen de briser la glace. Lentement, timidement, les gens commencèrent à venir se servir. Il eut un sourire.

« Jaemin, envoie d’autres bouteilles, il n’y en a pas assez pour tout le monde encore ! »

Sur la nourriture non plus, les deux jeunes hommes ne lésinèrent pas. Depuis combien de temps ces gens n’avaient-ils pas mangé à leur faim ? Et si, après tout, la clé de cette collaboration ne résidait pas dans l’obtention de leur vengeance, mais dans le retour au luxe de vivre ? Bientôt, la micro-célébration explosa en une véritable fête. C’était un succès total.

 


 

« Grrr… Je ne te comprends vraiment pas, Immortel. Qu’est-ce que tu fais ici avec ton armée ? » grogna Juriel.

« Hein ? » s’étonna tout à fait Woojin.

« Qu’est-ce que tu as contre moi, à la fin ? On est des seigneurs dimensionnels, ou pas ? Pourquoi est-ce que tu m’attaques sans cesse, tu n’as rien à y gagner ! »

« Tu crois que je fais ça pour rien ? »

« J’en suis certain. C’est une perte de temps et d’énergie. »

Mis-à-part la mort des seigneurs dimensionnels, qu’avait réellement Woojin à gagner de tout ça ? C’était peut-être le moment d’en découvrir plus… Il lança un appât en ce sens.

« Bon, t’as le code ? »

« C’est mon trône, que tu veux ? C’est pour ça que tu fais ça ? »

« Ton tr… Trois marches ? T’étais pas à la deuxième ? »

« Tu ne comprends vraiment rien. J’ai volé un trône, et suis désormais maître de la troisième. »

Pour parvenir à défier les marches, il fallait parvenir au moins au soixante-treizième rang du classement dimensionnel. Y attendaient, en haut du tableau, les plus fidèles chiens de Trahnet.

« J’ai besoin du code. » insista Woojin, pas du tout sûr de ce qu’il disait mais en s’efforçant de ne rien laisser en transparaître.

« Oh. LE code. C’est pour ça que tu es revenu sur Alphène ? »

« Ce n’est pas le même code partout ? »

« Hein ? Non, chaque code… »

Juriel s’interrompit tout à coup et se remit debout, l’air furieux.

« Pauvre con, tu ne sais rien du code ! »

« Si je le savais, j’aurais pas besoin de balances comme toi, petit toutou. »

« Tu oses encore me provoquer ?! »

Woojin invoqua son arme de guerrier, voyant bien que Juriel ne reculerait sous aucun prétexte.

Dommage que Vivie soit pas là… Enfin, elle a du boulot aussi.

À l’aide de ses talents d’illusionniste, elle aurait sans doute pu obtenir les informations que recherchait son maître. Car en ce qui concernait le combat, Woojin se sentait parfaitement à l’aise.

« Tu m’as mené en bateau ! » fulmina Juriel.

« J’y suis pour rien si tu es aussi con… » répondit Woojin d’un air amusé, avant d’envoyer un énorme coup de marteau sur la caboche du clébard galeux.

 


 

Vivie, du haut du poste de commandement, semblait particulièrement préoccupée. Ce n’était pas en raison de l’endroit, qui transformé par l’apparition d’énormes racines, était devenu presque charmant.

« Ça va pas, Vivie ? » lui demanda une voix fluette.

« Oh, Sooah ! » répondit toute amusée l’intéressée.

Les deux faisaient rigoureusement la même taille. Voir ces deux petites filles côte à côte était charmant, mais leur complicité avait-elle quelque chose d’étrange. Sooah était-elle consciente qu’il s’agissait là de son chat ?

« Je me demandais comment je devrais décorer notre maison… » avoua Vivie.

« Haha, c’est rigolo ! »

« Sooah, est-ce que tu sais ce que c’est un porte-avions ? »

« Un porte-avions ? » s’étonna Sooah.

Sooah était encore à l’école primaire, et même si elle avait reçu de puissants pouvoirs de son dieu, ses connaissances n’avaient pas forcément évolué…

« Ben, je sais ce que c’est qu’un avion. Je connais plein de trucs sur les aéronefs, moi ! Ouep ! » reprit Sooah, après un moment de battement, comme si deux fils s’étaient touchés.

« Un zaéronef ? » s’étonna à son tour Vivie.

« Hmm… C’est un mot un peu compliqué, c’est les avions et les hélicoptères par exemple. C’est comme une famille.. » expliqua Sooah.

« Ah ! Oui, c’est pour ça que ça s’appelle un porte-avions. Je comprends, répondit Vivie en regardant le pont. Pas étonnant… »

C’était donc ça. Il y avait des avions dessus.

« Ok pour les avions, mais pourquoi porte ? C’est un bateau… » ajouta Sooah.

Vivie ne trouva hélas, elle non plus, de réponse à cette question. Il lui fallait un expert… Peut-être dans le magasin dimensionnel ?

〈Nosam : 1400 points.〉
〈Description : Ingénieur nain de la Mine Noire. Un adepte des créations technomagiques.〉
〈Designs disponibles : Bateau volant, Golem méchanique, Tank.〉
〈Équipement personnel : Minigun de siège, Fusil à canon scié.〉

« Je l’ai trouvé ! » s’écria Vivie en joie.

Elle avait enfin trouvé celui à même de réaliser son projet. Hors de question d’être radine sur les points !

Nostra
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13 thoughts on “SSN Chapitre 168

  1. Merci pour ce chapitre

    Je sens que Vivi va invoquer un perso badass qui va jouer un rôle dans l’histoire : « Ingénieur nain de la Mine Noire. » « Un adepte des créations technomagiques. »« Équipement personnel : Minigun de siège, Fusil à canon scié »

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