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Chapitre 198 : Trahnet 3/5

 

Ils combattaient avec une telle férocité qu’un nuage de poussière se forma tout autour d’eux, les isolant du reste du combat. Chaque fois que leurs armes s’entrechoquaient, des fragments de glace volaient en éclats comme une pluie de dagues. Ni les monstres, ni l’armée des morts n’osa s’en approcher. Pourtant, les monstres essuyaient une telle défaite que la question de le faire malgré tout finit par poindre dans l’esprit de certains.

– On devrait peut-être l’aider, non ? demanda Ghazi Al Sid.

– Si tu tiens à ta tête, je te le déconseille. Personne n’interviendra dans le duel de mon Roi, vociféra Kiba.

L’assassin venu du Moyen-Orient était devenu un fier guerrier, et sans doute aurait-il donné pas mal de fil à retordre au chevalier orc. Cependant, il se tût. Non par crainte, mais parce qu’il respectait tout comme lui le chemin que traversait Kang Woojin. Car il s’apprêtait lui aussi à devenir un grand guerrier.

– Continuons de nettoyer, on pourra peut-être mieux y voir, lâcha Ramson afin de détendre l’atmosphère.

– Excellente idée, consentit à dire Kiba.

À peine se remirent-ils en marche qu’un bâtiment s’effondra dans un fracas sonore suite à un impact d’une force absolument hallucinante.

– Et de six… se satisfit Ryong en se relevant.

– C’est tout ? Regarde un peu… le provoqua Jaenis.

Face à la liche se tenait l’Effroyable, qui sous l’influence des hydres infernales, se transforma rapidement en poulpe rôti. Le dragon, furieux, s’élança à toute vitesse.

– C’était mon septième seigneur dimensionnel ! Tu ne peux pas me battre, Ryong ! lui lança-t-il.

Ce pari, aussi absurde soit-il, était aussi sérieux pour l’un que pour l’autre. Il en allait de leur fierté. Alors la liche s’élança elle aussi. Pendant ce temps, une brève accalmie entre l’Immortel et Isaz se présenta.

– Hmpf, tu es plus résistant que je ne le pensais, lui admit Woojin.

– Pour un incapable, tu te débrouilles plutôt bien aussi, lui répondit Isaz.

– Tu oses me tutoyer ? On ne se connait pas…

– C’est toi qui me dis ça ? Et à titre d’information, nous nous connaissons bien, Kang Woojin.

Woojin perdit soudainement le sourire narquois si caractéristique de sa personnalité. Son nom était connu sur Terre, mais l’intégralité des seigneurs dimensionnels ne le connaissaient que sous le nom d’Immortel.

– C’est Lee Sahngho, qui t’a dit mon nom ? réalisa-t-il.

– Non, je le connaissais déjà. Tu n’existes en ce monde que pour une seule raison : me transmettre la clé, l’informa Isaz.

– L’Exécuteur de Gehen ?

– Comme quoi, quand tu veux… Assez discuté. Il est temps pour toi de découvrir le néant !

Sans autre forme de procès, Isaz abattit son arme en direction de sa tête. Évitant le coup in extremis, Woojin se targua d’un nouveau commentaire, surtout afin de chasser les questions qui l’assaillaient.

– Au moins, une chose est certaine…

– Et laquelle, petit insecte ?! aboya l’être de glace en le pourchassant.

– Tu vas crever de mes mains ! explosa l’Immortel.

– Ha ha, ne me fais pas rire. Tu es déjà à bout de forces !

Isaz avait bien trop préparé son plan pour se laisser vaincre aussi facilement. Il suffisait juste de le tuer, pour sauver aussi bien la Terre que tous les autres mondes.

 


 

Enfermé dans une prison de verre, le professeur Toppler scandait des insultes à des interlocuteurs sourds. Le conseil n’était pour lui qu’un ramassis d’imbéciles parvenus, incapables de voir l’évidence même. Leur plan était voué à l’échec, et tenter de le remettre sur les rails ne pouvait se faire qu’en dépit de toute forme de logique. Combien de temps encore allaient-ils ainsi persister dans leur erreur ? Fallait-il vraiment détruire le monde lunaire pour qu’ils ne réalisent enfin ?

– Notre seul espoir, c’était justement Kang Woojin ! La destruction est une pulsion créatrice ! hurla-t-il.

La porte de verre s’ouvrit tout à coup, le faisant sortir de sa torpeur. Le conseiller suprême Shelt semblait avoir mauvaise conscience…

– Il n’est pas trop tard pour arrêter le Léon, Shelt, lui lança-t-il.

– Toppler… Mon très cher ami, vous ne comprenez donc toujours pas que nous devons prendre quelques précautions ?

– Des précautions ? Mais, vous pensez encore que nous avons le temps pour ça ? se mit-il à rire.

– Nous pourrons supporter encore quelques réinitialisations, vous le savez aussi bien que moi, se désola Shelt.

– Nous ? Dois-je vous rappeler notre âge à tous deux ? s’amusa Toppler. Vous allez donc rester le cul vissé sur votre chaise à attendre qu’on clamse ?!

– Je vous conseille vivement de vous maîtriser… le menaça le conseiller suprême.

– Sinon quoi, vous allez me tuer ? Nous allons déjà tous mourir à cause de votre bêtise ! Combien de fois encore allez-vous répéter les mêmes erreurs ? Ça ne marche pas, ça n’a jamais marché et ça ne marchera jamais !

– Vous êtes bien trop pessimiste. Notre projet n’est pas voué à l’échec, il a juste besoin d’être un peu travaillé.

– Pff…

Combien de fois avaient-ils déjà tenté de regagner leur planète ? D’éveiller les différents administrateurs et de normaliser le système de sorte à ce qu’enfin, il accepte de leur répondre selon leurs plans ? Ils n’en avaient récolté que des échecs, sans jamais penser à changer de façon de procéder… mais le temps sur le monde lunaire continuait de s’écouler, et les vieux croulants du conseil en étaient réduits à l’inaction.

– Je vous l’ai déjà dit, c’est trop risqué. Je suis désolé, professeur Toppler, lui concéda Shelt. Nous ne pouvons pas jouer l’avenir du monde lunaire sur vos seules hypothèses.

– Mais quel avenir ? Le mécanisme est grippé, vieux fou ! Nous ne coloniserons jamais la Lune !

Le conseiller Shelt abaissa les yeux, l’air profondément peiné. Toppler se calma un peu.

– Pensez à vos petits-enfants… Je vous en prie, convainquez le conseil. Vous êtes le seul à pouvoir le faire, Shelt. Nous avons besoin des deux administrateurs.

– C’est trop tard pour ça, Toppler. Ils sont déjà en train de se battre.

L’un avait complètement perdu la mémoire, l’autre n’en avait plus que des fragments… Leurs existences étaient trop opposées pour faire autre chose que se combattre. Pourtant, il fallait bien qu’ils travaillent de concert pour…

– Conseiller suprême Shelt ! cria tout à coup un soldat entré en trombe.

– Eh bien, expliquez-vous ! lui lança l’intéressé, un peu interloqué.

– C’est terminé…

Toppler poussa un soupir. Il devait bien y avoir une raison pour que les deux possèdent des clés différentes… mais maintenant, il n’en restait plus qu’un.

– Qu’est-ce qui est terminé ? demanda Shelt, comme pour se convaincre qu’il n’avait pas compris.

– Le Léon n’a pas eu le temps d’arriver, lui répondit le professeur Toppler.

 


 

Malgré la formidable adresse de Woojin, il savait qu’il était en train de perdre du terrain. Chaque coup qu’il parait produisait de nouvelles dagues de glace, qui grignotaient à grande vitesse sa réserve d’âmes, sa seule véritable défense. Peut-être finalement Isaz avait-il raison. Peut-être Woojin atteignait-il ses limites… S’il vidait ses réserves d’énergie, même la puissante armée des morts ne pourrait plus rien pour lui. Car sa puissance dépendait directement de celle de son maître.

Son armure spirituelle finit par se dissiper d’elle-même, et un fragment de glace l’atteignit dans les flancs. Isaz eut un sourire en le voyant enfin blessé. C’était terminé. Son épée de glace se liquéfia l’espace de quelques instants, avant qu’elle ne se reforme en lance.

– Adieu, Kang Woojin.

Étrangement, Isaz ne souriait pas. Au contraire, il semblait perturbé de le voir si calme alors qu’il avait vidé aussi bien ses réserves en âmes qu’en énergie. Il devait cacher quelque chose… ou pas ?

– Je ne te comprends pas. Qu’est-ce que tu espères obtenir en bluffant ? lui demanda Isaz.

Sans attendre de réponse, il lui fonça une nouvelle fois dessus et fit pleuvoir les coups en cadence. Les éclats de glace vinrent le blesser en de multiples endroits, et Woojin n’essayait même plus de l’attaquer. Il se contentait de parer ou d’éviter les coups, alors même qu’il semblait prêt à s’effondrer. Il résistait encore, haletant.

– Tu t’épuises. Cesse de résister.

– Et pour quoi faire ?

– C’est ton destin, de périr de mes mains hurla Isaz, triomphant.

Et pourtant, malgré ses râles et ses yeux à demi-fermés, Woojin parvint à esquisser un sourire à l’instant même où l’être de glace lançait son ultime assaut.

– 99, lâcha Woojin.

– Que… balbutia l’autre.

¤Niveau supplémentaire obtenu !

La première chose qu’Isaz observa, c’était que son arme, émoussée et cabossée par endroits, reprit un aspect neuf. La claymore se transforma en hache, et Woojin ouvrit grand les yeux en se redressant. Il avait recouvert toutes ses forces. Tout cela, bien sûr, il ne le vit que trop tard. Trop tard pour s’interrompre, pour changer de chemin et l’éviter. Isaz fut tranché en deux sur toute la longueur du même temps que Woojin activa une barrière magique pour parer aux éclats.

– Cesse de résister… entendit Woojin directement en son esprit.

Il se retourna alors et vit les blocs de glace se réassembler pour former une silhouette. Il avait dû y dépenser de formidables quantités d’énergie, mais Isaz n’avait absolument rien. Il n’avait aucun organe vital et rien à même de l’affaiblir… Le seul moyen de le tuer était que Gehen intervienne directement.

Alors Woojin, qui avait commencé à se distancier un peu d’Isaz en vue de préparer une nouvelle attaque, changea tout à coup d’avis et vint droit sur lui. Il l’attrapa à la gorge.

– Subis ta punition, lui grogna Woojin.

La Punition de Gehen. Une force divine à même de détruire un être en aspirant toute son énergie. Moins pratique à utiliser que l’Exécuteur, cette puissance n’en était pas moins tout aussi dévastatrice. Et sous l’influence du gantelet, Isaz commença à fondre…

 


 

– Qui a gagné ?! beugla Shelt, sous le coup de la sidération.

– L’administrateur des suppressions… avoua le soldat, la tête baissée.

– C’est… c’est impossible…

Même dans leurs plus grands échecs, jamais un tel scénario ne s’était encore présenté. Le conseiller suprême Shelt ne savait plus quoi dire, plus quoi penser, ni même où se mettre.

– Nous ne pouvons plus réinitialiser la Terre. Tout est terminé… lâcha-t-il. Vous avez eu ce que vous vouliez, Toppler ?! Il va détruire toutes les dimensions !

– Il y a peut-être un moyen… commença le professeur Toppler.

Nostra
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11 thoughts on “SSN Chapitre 198

  1. Merci pour le chapitre, j’ai l’impression que pour mettre fin à l’histoire, on a droit à une belle pirouette.

  2. On été prévenue^^

    Ça en reste pas moins une très bonne série je suis très curieux d’en lire la conclusion. 

    Ce sera pas la première série (anime, manga ou autre…) à avoir une fin à la vas y que je te pousse XD

    Merci pour le chapitre ^^

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