Chapitre 200 : Trahnet 5/5
Le visage de Woojin se déforma en une affreuse grimace. Que le professeur Toppler dise ou non vrai lui était à cet instant parfaitement secondaire, cette information constituait en soi une source d’énervement absolument formidable. Son adversaire, son but final, tout ça ne pouvait être qu’un fantasme ? Le premier concerné, bien sûr, mais aussi Kim Kangjul, voulurent le rassurer, essayer de le calmer, mais c’était comme si toute la pièce, son air compris, était sous l’effet d’une influence néfaste. Celle de sa colère.
– 5 minutes. C’est le temps que je te laisse pour t’expliquer. Si tu ne parviens pas à me convaincre, je vais te tuer, Toppler, le menaça-t-il.
– Bien… Par où commencer ? Ce monde est une illusion, commença l’intéressé.
– Oublie ce que je viens de dire… Je crois que je vais te frapper.
Bien sûr, il n’en fit rien. Il avait simplement besoin d’exprimer sa frustration, de râler un bon coup face à cet être étrange aux théories tout aussi surprenantes.
– On peut reprendre ? voulut s’assurer le professeur.
– Tu as déjà consumé 24 secondes du temps qui t’es imparti. Je te conseille effectivement de reprendre, lui confirma Woojin.
– Pendant l’année 2529, l’humanité est arrivée face à une impasse. La guerre et l’épuisement des ressources naturelles ont rendu notre survie de plus en plus complexe, et…
Et il continua ainsi de faire le détail du drame qui s’était joué pour ce que Woojin avait de prime abord pensé être le monde lunaire. L’humanité, qui n’avait de cesse de croître, avait fini par devoir vivre à crédit, épuisant en moins d’une année les productions de la Terre, les forçant à puiser dans leurs réserves. C’était ainsi que de nombreux pays s’étaient déclarés la guerre, jusqu’à ce qu’un conflit d’ordre mondial menace de supprimer purement et simplement sa trace. Mais, c’était bien de la Terre qu’il parlait.
– Professeur, vous devriez aller droit au but, l’interpela Kim Kangjul.
– Je vous prie de m’excuser ? s’étonna celui-ci.
– Il vous reste trois minutes.
– Ah ! Bon, bon. La Terre était dans un état catastrophique, pire encore qu’actuellement, se reprit-il à l’intention de Woojin. Nous avons dû trouver une nouvelle planète où nous installer.
Au souvenir de Kang Woojin revint tout à coup cette sensation étrange qu’il avait ressentie sur Alphène. Quelque chose semblait avoir lié la Terre, Alphène et le monde lunaire depuis des temps immémoriaux… Peut-être était-ce ça, ce lien.
– Alphène ? se risqua-t-il à demander.
– Précisément. Pour que l’humanité puisse s’y rendre, la guerre s’est un temps durant calmée, permettant à la NASA, à l’Agence Spatiale Européenne et au CNSA en Chine de travailler de concert à fabriquer un moyen de nous y rendre. L’ennui, c’est que même ceci mis au point, nous ne pouvions toujours pas nous rendre sur Alphène, car son principe de terraformation n’était pas encore complété. Nous devions attendre, mais nous ne le pouvions plus, à cause des conditions atmosphériques de la Terre. Dès lors, nous avons créé un monde virtuel.
– Je ne vois absolument pas le rapport avec la réalité virtuelle…
– C’est très simple. Afin de nous permettre de survivre en attendant qu’Alphène soit parfaitement terraformée, nous nous sommes matérialisés dans ce monde virtuel, cette réalité parallèle. Le nom du code de ce projet est Trah.net.
– Et j’imagine que là, tu vas m’expliquer qu’on est justement dans cette dimension virtuelle ?
– Tout à fait.
– Okay. Et donc ? Qu’est-ce que tu veux, au juste ? Qu’on parte pour notre nouvelle planète, et qu’on la détruise comme la précédente ? ironisa Woojin.
– J’aurais souhaité vous le dire, c’est vrai. Hélas, il y a un léger problème… Un certain nombre de personnes ont vu dans cette utilisation des dimensions virtuelles l’occasion de devenir l’égal des dieux en créant leurs propres mondes.
– Ils sont 72 ?
– Oui, vous les connaissez d’ailleurs pour la plupart. La source de leur pouvoir dépend des codes qu’ils ont réussi à injecter dans cette réalité virtuelle, aussi cherchent-ils à se les voler afin d’augmenter leur influence sur cette réalité subalterne. C’est à cause de ça que ceux que vous appelez les seigneurs dimensionnels se font la guerre.
– Et quelle guerre… Mais un détail m’échappe, si tu me dis vrai. Pourquoi est-ce que vous ne déconnectez simplement pas tout le monde ?
– C’est que… nous avons un problème qui n’est toujours pas réglé. Alphène n’est toujours pas terraformée, fut bien forcé d’admettre le professeur Toppler.
– Je vois… Donc ?
– Donc, nous avons développé un moyen pour pouvoir aisément nous rendre entre les planètes du monde virtuel et de telle façon pouvoir réguler, dans une certaine mesure, l’avancée des 72 fous de guerre. De la même manière, je pense qu’il doit être possible d’utiliser Trah.net pour terminer la terraformation d’Alphène, expliqua-t-il.
– Rien compris, avoua simplement Woojin.
– Si on peut dématérialiser des éléments de la Terre et les rematérialiser ailleurs, sur Alphène par exemple, on pourra accélérer les processus. Du reste…
– Ouais ?
– Eh bien, vous pouvez vous déconnecter de la Terre et vous reconnecter directement sur Alphène.
– En utilisant un portail, quoi ?
– Pas tout à fait. Les portails dimensionnels permettent uniquement de se rendre d’une planète à une autre au sein de Trah.net. Je vous parle du monde réel, là.
– Bien, ça fait maintenant précisément 5 minutes, l’avertit Woojin, tout en serrant le poing.
– Vous voulez toujours me tuer ? s’inquiéta le professeur Toppler.
– Toujours. La seule chose que tu as réussi, c’est à me foutre mal au crâne.
– Vous ne pouvez pas me tuer !
– Quoi, tu vas encore fuir ? Essaie seulement, putain. Amuse-moi et essaie.
– Non. Mon existence n’a aucune importance, il ne me reste plus beaucoup de temps à vivre. Mais durant le peu de temps qu’il me reste, je veux vous aider à sauver la Terre. Celle-ci comme la vraie. Car les gens qui ont perdu leur code ne peuvent exister que dans la réalité virtuelle, et…
– Et quoi ? le coupa Woojin. L’humanité n’a qu’à continuer à vivre ici. Quant à ceux qui ont perdu leur code, ils sont déjà morts. Ils n’ont qu’à le rester.
– Cette Terre virtuelle court aussi à sa perte, Kang Woojin !
– Bon, tu as gagné. Malgré toute l’animosité que j’ai pour toi, je vais t’écouter. C’est uniquement parce que nous avons un but commun, ne t’y trompe pas.
Car il était persuadé que le professeur Toppler et le monde lunaire tout entier lui cachaient des choses. Cependant, il n’avait pas vraiment le luxe du choix. Il fallait qu’il s’allie à lui.
– Je vous en remercie… Alors, voilà toute la vérité. Nous surveillons depuis très longtemps les 72 êtres qui possèdent des codes d’administration du système Trah.net. À cause d’eux, nous avons fréquemment dû réinitialiser le monde virtuel, mais à chaque fois, l’un d’eux cherchait à devenir l’être suprême. Pas un dieu, mais le Dieu, expliqua Toppler.
– Le maître de la soixante-douzième marche ? comprit Woojin.
– Marche ? Étrange dénomination, se surprit son interlocuteur. Enfin, oui, à celui qui règne sur tous les autres. Vous l’avez d’ailleurs d’ores et déjà rencontré…
– Quoi ? Non, j’ai cherché à le faire, mais… Où l’aurais-je rencontré ? s’étonna à son tour Woojin.
– C’est l’Administrateur Dimensionnel. Oh, pas d’un domaine dimensionnel, non, de bien plus que ça. Lorsqu’il descendra sur Terre, tout s’arrêtera…
C’était lui, l’être suprême. Son but était d’absorber l’intégralité des codes et de régner sur toutes choses, en assemblant toutes les dimensions, aussi bien virtuelles que réelles, en une seule. Si Dieu existait, c’était lui.
– Oui… Je l’ai rencontré. Mais pourquoi m’aurait-il renvoyé sur Terre ? Ça n’a aucun sens !
Il avait été invoqué sur Alphène sans même avoir été prévenu. Il avait affronté les pires tourments pour s’en sortir… alors, si l’Administrateur Dimensionnel l’avait renvoyé sur Terre, c’était lui aussi qui l’avait appelé sur Alphène. Mais pourquoi ? Le professeur Toppler aurait voulu lui fournir une explication en bonne et due forme, mais il savait que le temps commençait à lui manquer. Le Capitaine Léon viendrait bientôt les rejoindre.
– Parce que vous avez en votre possession le code dont il a besoin, lui expliqua-t-il simplement. Vous n’en avez pour l’instant qu’un fragment, mais c’est directement de vous, Kang Woojin, que dépend la complétion du code de suppression.
– C’est ça, le pouvoir de Gehen ? lança Woojin, d’un air blasé.
– Oui. L’Administrateur Dimensionnel en a besoin plus que tout au monde pour achever son plan. Il a cherché à vous préparer à affronter les épreuves qui vous permettraient de le récupérer. C’est pour ça qu’il vous a envoyé sur Alphène, et vous a renvoyé sur Terre.
– Admettons… mais il fait quoi, ce code ?
– Vous l’utilisez déjà sans même le savoir. En tant que nécromancien, vous avez la possibilité d’inverser même la mort. Dans un monde où les gens meurent si aisément, c’est un pouvoir incroyable.
– Je commence à comprendre… Qu’est-ce que le monde lunaire attend de moi ? répondit Woojin d’une voix plus calme et surtout plus conciliante.
– L’Administrateur Dimensionnel se prépare à venir sur Terre. Il est trop tard pour espérer l’en empêcher, donc nous allons devoir procéder autrement. Il faut lancer une nouvelle réinitialisation du programme Trah.net, lui expliqua le professeur Toppler, un peu rassuré.
– D’accord. Comment ?
– Le conseil du monde lunaire va vous déconnecter de Trah.net. Lorsque vous vous éveillerez dans le monde réel, le code que vous avez récupéré d’Isaz vous donnera les instructions à suivre. Mais avant ça…
– Quoi ?
– Pour relancer la Terre, il va vous falloir son code maître… Enfin, le prendre. Vous comprenez ?
Woojin poussa un grognement, du genre de ceux qu’aurait fait un chien de garde.
– Ne vous énervez pas, ça ne sert à rien. Elle renaîtra, ne vous inquiétez pas, tenta-t-il de le calmer.
– Hmm… J’imagine que ce sont là tes derniers mots, rétorqua froidement Woojin.
– Je vous en prie, vous devez m’écouter. Sans cette réinitialisation, nous allons tout perdre. L’humanité va disparaître.
Encore une fois, le professeur Toppler et l’intégralité du conseil n’avait pu trouver de solution. La seule chose qu’ils espéraient encore, c’était qu’il parvienne à éviter le pire. Car jamais avant un scénario aussi catastrophique ne s’était produit.
– Non. Adieu ! lui lança Woojin avant de s’élancer vers lui.
Kim Kangjul s’interposa immédiatement, laissant assez de temps au professeur pour s’échapper.
– Vous serez bientôt déconnecté. N’oubliez pas ce que je vous ai dit ! fit celui-ci avant de courir.
Woojin balança alors Kim Kangjul une nouvelle fois contre le mur et entreprit de le suivre, lorsqu’une porte se referma face à lui. Kim Kangjul, parti à sa suite, l’attrapa. En réaction, Woojin le frappa violemment jusqu’à ce qu’il tombe au sol, et le roua de coups de pied. Hors de lui, il dégonda la porte en tirant dessus tel un forcené.
– Agh… Je vous en supplie, écoutez-nous… insista Kim Kangjul, le front en sang. Vous êtes le seul à pouvoir nous sauver…
Ne l’écoutant même pas, Woojin continua de poursuivre le professeur. Cependant, après seulement quelques secondes, il réalisa qu’il avait déjà disparu. Il s’était… déconnecté. Aussi, le nécromancien fut-il forcé de revenir vers le blessé.
– Pauvre merde. Vous n’avez toujours pas compris, hein ? Nous n’avons pas le même but. Je ne vous sauverai pas. Je ne réinitialiserai rien ! explosa-t-il.
Bloquer l’Administrateur Dimensionnel était dans ses cordes, mais certainement pas tel qu’ils l’entendaient. Qu’allaient-ils faire après cette réinitialisation ? Le forcer à subir 20 années supplémentaires de torture sur Alphène, et espérer qu’enfin, le cycle soit brisé, la Terre sauvée ?
– Le cycle sera brisé, ajouta-t-il.
Il se moquait bien de ce qui pouvait ou non arriver au monde lunaire. Son seul et unique but était de protéger la Terre, sa Terre. Pour ça, il détruirait les donjons, les liens entre les dimensions, et jusqu’à Trah.net. Seul son monde l’intéressait.
– Je les tuerai tous, tu m’entends ?!
Et peu lui importait de récupérer l’Exécuteur de Gehen, surtout s’il devait pour cela ôter la vie de la jeune Sooah. Il deviendrait Gehen, quitte à le tuer, lui comme tous les autres. Son courroux était tel que les esprits malins autour de lui commencèrent à s’en repaître. Il y en avait des centaines. C’était son fardeau, et il se moquait bien de devoir continuer à le porter. Il était la manifestation de ses échecs… néanmoins, l’ensemble d’équipements de Gehen limitait leur influence. Libéré de toutes ces contraintes, il était temps pour lui de passer à la nouvelle phase de son plan.
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Merci pour le chapitre
Merci pour ce chapitre
Trop chelou…
Vous trouvez pas que Woojin a des pensées de plus en plus radicale, vengeresses et sadiques.
woojin est un bug ou un virus selon moi
Comme toujours je trouve
Merci pour le chapitre ^^
merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre.
merci pour le chapitre
merci pour le chapitre
Houuu la le wojin il est vénère
Houuu ça va être méchamment violent
Merci encore à toi Nostrax pour ce chapitre délicieux
Merci pour le chapitre
Merci pour le chapitre !
Oula je ige plus rien… c’était tellement bien avant sans que maintenant il nous ponde que ce n’est juste qu’un monde de réalités virtuelle