LDO : Chapitre 3
LDO : Chapitre 5

004.     Wang Wei s’en mêle

 

 

– Dernière chance, vas-tu répondre ou préfères-tu le fouet ?

Le fouet ? Mais pourquoi devais-je accepter de me faire fouetter ? Je n’avais rien fait de mal, je ne faisais que me faire malmener depuis que j’avais quitté la grotte. D’ailleurs, j’allais avoir un bien grand mal à y retourner si j’arrivais à sortir de là, puisque je ne savais même pas où j’étais, ni combien de temps j’avais passé dans cette cellule.

Elle voulait que je réponde à sa question ? Mais laquelle ? Elle en avait posé plusieurs, après tout. Elle s’approchait dangereusement, et un tourbillon gris dans sa main se condensa pour former un fouet métallique. Si je devais me faire battre par ce truc, j’allais probablement mourir ! Elle ne voyait pas la taille de ces segments qui devaient être durs comme l’acier, ou quoi ?

Paniqué, tout se mélangea dans mon esprit. Zhou XueFang tentait de me dire quelque chose mais je ne l’entendais plus. Accroupi et me tenant la tête dans les mains, je murmurais :

– Tais-toi… Tais-toi, vieux… Si tu ne m’avais pas dit de sortir cette lance, elle ne serait pas énervée ainsi… Tais-toi… Tu savais qu’elle était si puissante, tu n’aurais pas dû…

Alors que je pensais qu’elle allait abattre son énorme ruban métallique sur moi, je sentis une main m’attraper par le cou et me soulever. Elle me tenait face à elle, comme si je ne pesais rien de plus qu’une feuille.

– Cesse immédiatement. À qui parles-tu ?

Son regard était aussi froid qu’une nuit sous une pluie torrentielle. Elle avait de quoi lessiver mon âme d’un seul coup d’œil. Si je prononçais le moindre mot de travers, je sentais que j’allais y rester. Et je ne voulais pas mourir, ça non. Elle me tenait à plus d’un mètre du sol, d’une seule main qui m’enserrait la gorge. De l’autre, elle leva le fouet et semblait bien décidée à l’abattre sur moi. Clairement, elle était arrivée à bout de patience. Elle me prenait pour son animal et pensait qu’elle pouvait me fouetter à loisir, mais au final, même si elle m’avait considéré comme un humain, la différence entre sa puissance et la mienne était aussi grande que la distance entre mon village et l’endroit où nous nous trouvions, elle n’avait absolument pas besoin de mon autorisation pour faire ce qu’elle voulait. J’étais complètement à sa merci.

– Je… Je… Il y a un esprit dans mon… dan…tian,  parvins-je à articuler tant bien que mal à travers l’énorme pression sur mon cou.

Au lieu de frapper comme je pensais qu’elle allait le faire, elle me dit, étonnée mais un peu offusquée :

– Un esprit dans ton dantian ? Quelle est cette idiotie ? Tu te fous décidément de moi. Tu vas goûter à cinquante coups de fouet de plus pour ça.

Mais je ne survivrais déjà pas à quelques coups de fouets, et les cinquante promis étaient une peine de mort pure et simple, sans même parler de ce bonus de dernière minute ! Elle n’allait même pas laisser un cadavre derrière elle, mais une bouille de chair et de sang…

Cela dit, j’avais remarqué précédemment qu’elle avait réagi au nom du vieux, alors sans attendre, il ne me restais plus qu’à tenter le tout pour le tout. Je n’avais plus le choix, après tout. Le fouet brilla sous la lumière dansante du chandelier au-dessus de nos têtes, telle une menace divine qui allait frapper sur ma tête de pauvre mortel.

– Il s’appelle Zhou XueFang ! Il est… entré dans mon dantian et la foudre est… son affinité, pas la mienne !

Elle fit la dernière chose à laquelle je m’attendais. Elle me lâcha d’un coup, et bondis en arrière, un air effrayé sur son visage blême.

– Blasphème ! Tu oses prononcer ce nom et lui donner de telles implications ! Silence ! Silence ! Tu vas attirer la punition sur nos têtes ! Non, tu l’as sans doute déjà fait ! Hérétique !! Je ne compte pas subir de punition divine à cause d’une vulgaire insecte !

Mais qu’est-ce qu’elle racontait ? Elle avait sans doute été encore plus secouée par le nom du vieux que ce que je le pensais. Mais d’un autre côté, tant mieux ! Au moins, je ne m’étais pas fait fouetter. Par contre, elle était dans tous ses états maintenant, et semblait ne plus vouloir m’approcher.

– Wang Wei ! WANG WEI !!  hurla-t-elle.

En un instant, l’homme que je craignais précédemment remonta du sous-sol en ouvrant bruyamment la porte.

– Qu’est-ce qu’il y a, encore ? Vous êtes toujours là, vous deux ?

Il regarda Yu Lin de travers, et ne posa même pas les yeux sur moi. J’étais sans doute trop insignifiant pour une existence comme la sienne. Elle le regarda froidement et lui dit sur un ton sec :

– Je ne veux rien avoir affaire avec cette créature. Elle vient d’offenser une légende, que dis-je, un dieu, et elle va en subir les conséquences. Je veux un remboursement, et je m’en vais d’ici. Peu importe l’honneur que ça me coûtera, ma vie passe avant. Je ne suis pas un de ces vieux fous qui mettent leur vie en jeu pour des idioties.

– Ton argent ? Tu peux partir si tu veux, tu peux abandonner ce type noir derrière toi si tu veux, mais il est hors de question que je rembourse quoi que ce soit.

En quelques secondes, il avait saisi la situation, même s’il n’était pas au fait de tout ce qu’il s’était passé juste avant. Les coins de la bouche de Yu Lin descendirent bien bas, et je pus y lire une intention de meurtre flagrante. Elle avait toujours son énorme fouet métallique dans la main, et j’étais sûr qu’elle était prête à le brandir face à ce Wang Wei. Ce dernier réagit d’ailleurs en riant.

– Haha, mais que crois-tu pouvoir faire ? Me frapper ? Tente donc. N’oublie pas que ma cultivation de la Fondation de l’âme est parfaitement adaptée à mon affinité de l’esprit, la renforçant à un point tel que tu ne peux rien contre moi.

– Hmpf. La Fondation de l’âme, qui voudrait choisir une voie de cultivation qui rend le corps faible ?!  cria-t-elle en levant son fouet. – Seul la voie Martiale permet d’atteindre la toute-puissance et tu vas y goûter pour avoir tenté de m’arnaquer !

Elle abattit son arme menaçante vers l’homme en face d’elle, et même de là où j’étais, je pus sentir un tel poids, une telle puissance, comme si un arbre était en train de tomber du ciel et allait percuter la tête du pauvre Wang Wei.

Mais une seconde avant que son crâne ne subisse un impact que j’estimais fatal, le fouet s’immobilisa en l’air, comme collé dans le vide. Wang Wei esquissa un sourire, et Yu Lin lutta de toute ses forces, transpirant à grosses gouttes, pour parvenir à arracher son arme de l’étreinte invisible.

– Tch ! Tu sais te défendre ! C’est tout ce qu’on peut faire avec de la puissance mentale ? Ha ! Pathétique. On va voir combien de temps tu peux tenir face à mes attaques.

Elle était décidée à faire pleuvoir sur son nouvel ennemi une pluie de coups, et même son bras semblait parcouru de reflets métalliques, comme s’il n’était plus fait de muscles et de tendons mais de fer et d’acier, propulsant le fouet avec une telle vélocité que j’avais du mal à suivre.

Cela dit, Alors qu’il arriva à mi-distance, il se figea à nouveau, et cette fois, elle fut incapable de le retirer, quelle que soit la force avec laquelle elle tirait dessus.

– Hnghh, tu as un esprit puissant, certes, mais j’ai plus d’un tour dans mon sac !  cria-t-elle.

Le fouet disparut dans un tourbillon et un autre prit sa place, dans le creux de sa main. Il était parcouru de vagues d’énergie bleues, et Wang Wei, qui n’avait toujours pas bougé, ouvrit les yeux un peu plus grands.

– Alors tu cherches à passer outre mes défenses de l’esprit en infusant du Qi de l’esprit dans ton arme ? Tu penses que ta maitrise de l’esprit est suffisante ? N’oublie pas que ce n’est qu’une affinité secondaire, chez toi…

Ils étaient ennemis, ou pas ? Pourquoi lui donnait-il des conseils ? La réponse n’allait pas tarder à s’imposer. Il ne lui donnait pas de conseil, il la provoquait, et faisait de son mieux pour lui faire comprendre qu’il était de toute façon plus puissant qu’elle. Et il le lui dit tout haut :

– Yu Lin, nous sommes tous deux au stade de la Fondation, de l’âme pour moi, et des voies martiales pour toi. Mais n’oublie pas que cela fait des années que j’ai percé, et j’approche de l’apogée de ce stade, tu ne peux pas espérer m’inquiéter.

– Hmpf.

– Tu désires abandonner ta nouvelle acquisition, soit. Je ne suis pas, comme toi, effrayé par les vieilles superstitions, et je le garderai. Mais ce qui est payé est payé. Pars maintenant, et j’oublierai ton comportement. Je ne t’en tiendrai pas rigueur lors de nos prochaines ventes.

Il avait sûrement touché un point sensible. Je ne pouvais pas savoir s’il l’avait convaincue en exposant la différence de leurs puissances ou en parlant des futures ventes auxquelles elle participerait probablement, mais elle se ravisa immédiatement et son arme disparut instantanément, absorbée par sa main.

– Soit. J’ai perdu gros aujourd’hui et je ne l’oublierai pas. Mais je me retire. Si tu ne crois pas en le pouvoir punitif des dieux que l’on blasphème, alors cela ne me concerne pas. Adieu.

Elle bondit rapidement hors de la pièce et je ne la revis plus. Me rendant compte à ce moment que j’étais toujours accroupi par terre, je n’avais certes rien loupé de leur court affrontement mais je n’avais même pas songé un instant à bouger ou me sauver. Quelque chose me disait de toute façon que j’en aurais été incapable face à ces deux monstres. En me relevant, je constatai que le sol était mouillé sous mes pieds. J’espérais que personne n’avait remarqué ça et que le plancher allait rapidement absorber le résidu de ma honte.

Wang Wei se tourna vers moi et soupira, une lueur étonnamment passive dans le regard, moi qui pensais qu’il allait m’en vouloir ou au moins me jeter à nouveau en cellule.

– Bon. Qu’est-ce que je vais faire de toi… Quel est donc ce ‘blasphème’ dont tu es à l’origine ?

Je ne songeai pas à lui désobéir ou à lui manquer de respect une seule seconde. Il avait été capable de rendre totalement inutiles des attaques puissantes de celle qui m’avait soulevée à bout de bras et presque brisé la nuque avec la simple pression de sa main. Qui sait de quoi il était capable si je l’offensais ?

– J’ai parlé du vieux Zhou XueFang, et…

Il éclata de rire sans me laisser finir ma phrase.

– Ha ha ha ha ! Je vois ! Pas étonnant qu’elle se soit emporté de la sorte. Tu as eu de la chance qu’elle n’ait pas décidé de simplement te tuer sur le coup lorsque ce nom a passé tes lèvres.

Je me permis tout de même une question, mais ce fut un réflexe plus qu’une interrogation volontaire.

– Mais qui est Zhou XueFang… ?

Il leva les sourcils et fut réellement étonné.

– Tu parles de lui de la sorte, mais tu ne sais pas qui il est ? Tu es bien étrange, bien étrange, oui.

Finalement, on pouvait lui parler sans se faire battre ou tuer, c’était une bonne chose. Je ne savais pas pourquoi il avait décidé d’être compatissant à ce moment, mais autant en profiter. Après tout, il allait peut-être pouvoir répondre à des question d’actualité auxquelles le vieux en bas ne connaissait pas les tenants et aboutissants.

– Qui est-il ? Je veux dire, je sais qui il est, mais… Que représente-t-il ? Pourquoi est-ce un blasphème que de parler de lui ?

Wang Wei s’assit dans un fauteuil, et me regarda, moi qui étais maintenant debout au milieu de la pièce.

– Il est une légende du passé, si tu veux savoir. Il fut un être d’une puissance telle qu’il ébranla les sept continents à plusieurs reprises. Vers la fin de sa vie, nul ne sait où il disparut. On le soupçonne même d’avoir sauté dans les Ténèbres primordiales afin de ne pas laisser de dépouille. Certains pensent qu’il a réussi à pratiquer l’ascension divine, ce qui est vraiment très peu probable… Mais avec un être de ce calibre… Qui sait ? Quoi qu’il en soit, voilà ce qu’il était.

Je ne pus retenir un soupir d’admiration.

– Ouah. Il est si puissant…

– Oui. Il fut appelé par de nombreux noms, dont les plus répandus étaient sans doute ‘L’Empereur de la Foudre’ et ‘Un Dieu parmi les Hommes’. Même s’il n’était pas vraiment un dieu, naturellement.

Il m’observa un instant, alors que je saisissais l’étendue de la puissance et de la notoriété de la conscience qui était emprisonnée dans mon dantian. D’un seul coup, je sentis un respect profond pour ce qu’il était.

– Seulement, son temps est révolu depuis longtemps, il ne reste plus que sa légende écrite dans les livres. Mais comme certains sont toujours persuadés qu’un être comme lui est forcément devenu un dieu et serait donc capable d’exercer ses pouvoirs sur le royaume mortel, son nom est devenu chez eux une source de peur. Après tout, ils ne voudraient pas subir sa colère, ha ha ha !

Alors c’était pour ça qu’elle avait pris peur quand j’avais mentionné son nom… Fermant les yeux, je me plongeai dans mon dantian et demandai :

– Zhou XueFang ? … Il dit vrai ? tu es un dieu ?

Malgré notre différence évidente de statut, il ne tarda pas à me répondre.

Bien sûr que non ! Si j’avais pu devenir un dieu, j’aurais pu rentrer sur Terre. Mais aussi puissante fut ma légende, je n’ai jamais réussi à briser la frontière entre le royaume mortel et le royaume divin. Je crois qu’il est temps que je te parle de ce que je voulais te cacher jusqu’à ce que tu t’aventures dans le monde extérieur… C’est arrivé bien plus tôt que je ne le pensais…

Le monde de la cultivation est séparé en deux parties. Le monde mortel, et le monde divin. Je ne pourrai que te parler du monde mortel, car je n’ai jamais réussi à faire de percée vers le domaine divin…

Et ce monde mortel est composé, pour commencer, des huit portes du Qi Terrestre. Ce Qi est présent dans le sol, dans les pierres spirituelles, dans des endroits dangereux aussi. Une fois les huit portes ouvertes, l’on peut alors ouvrir l’œil Céleste. Il s’agit d’un œil de l’esprit permettant de voir à travers la cultivation des autres personnes, et d’aspirer le Qi Céleste présent dans l’air.

Grâce au Qi Céleste, un cultivateur pourra alors établir les fondations de sa culture Céleste. Il sera alors au stade des Fondations.

– C’est ce qu’ils ont dit tout à l’heure. Ces gens sont au stade des Fondations ?

Oui, il semble bien. Je suis incapable de le deviner car tu es trop faible.

Cela dit, rappelle-toi, ils ont parlé de voie martiale et de voie de l’âme. Lorsque tu dois établir les fondations de ta culture Céleste, il te faudra choisir entre deux chemins. L’un privilégie le corps et la puissance physique. L’autre est axé sur l’âme et le pouvoir mental.

Une fois ta voie choisie, plusieurs chemins s’offriront à toi, quel que soit ton choix. Moi, Zhou XueFang, étais au sommet de cette culture Céleste, et n’ai jamais réussi à percer dans le monde divin.

– Je vois…

Je ne voyais rien du tout, en réalité. Il me parlait de voies, il me parlait de choix, mais tout ça… C’était tellement loin devant moi, je ne pouvais pas m’imaginer y arriver un jour. Surtout si je devais rencontrer souvent ce genre de personnes qui me traitaient comme un animal.

Sur le continent d’Irus, où nous nous trouvons, nous sommes bas sur les branches de l’Arbre Immortel. L’influence des Ténèbres Primordiales est forte, et le Qi céleste est rare. Les cultivateurs au stade des Fondations sont rares et considérés comme puissants ici. Mais ouvrir les huit portes Terrestres ne te posera pas de problème.

– Alors, il fait partie des gens les plus puissants du coin ?

Oui. Je doute qu’en restant sur le continent d’Irus, il parvienne à percer au stade de la Séparation de l’âme. S’il y arrivait, il serait considéré comme un pur génie. De mon temps, sur Irus, ceux qui avaient dépassé ce stade se comptaient sur les doigts d’une main, et étaient tous de vieux croûtons proches de la mort. Moi-même, j’ai dû voyager énormément et très haut dans l’Arbre afin de devenir puissant comme je l’étais. À vrai dire, sur Irus, les stades supérieurs aux Fondations sont presque des légendes. Peu savent ce qu’il y a au-delà, et pour les cultivateurs locaux, l’apogée de la cultivation se trouve là.

– Hm, hm… Je ne comprends pas grand-chose à ces histoires de voies. Désolé.

Alors que je disais ça, Zhou XueFang fit apparaître un schéma dans mon esprit, comme lorsqu’il m’avait parlé des affinités. Avec un dessin, je comprenais quand même bien mieux, il aurait pu commencer par ça.

Tout à coup, je me rendis compte que ça faisait un moment que je discutais tranquillement avec le vieux dans mon ventre, sans me préoccuper du monde qui m’entourait.

Rouvrant les yeux, je vis l’autre type en train de m’observer et de réfléchir. Soudain, en remarquant que mes yeux s’étaient posés sur lui et que je gardais le silence, il me dit :

– Dis-moi, quelle est ton affinité ?

Quelle question étrange ! Je m’attendais à tout sauf à ça. Mais je n’avais pas de raison de le lui cacher, pas plus que de risquer de le mettre en colère alors qu’il semblait être plutôt souriant.

– Je suis de l’affinité des ténèbres.

– Hm, hm. Quel est ton nom ?  renchérit-il.

– Je suis Osumba.

Il ouvrit un sourire en me dévoilant toutes ses dents.

– J’ai gagné gros aujourd’hui, et j’ai même gardé la marchandise. On peut dire que je suis de bonne humeur, ouais. Dis-moi, Osumba, que dirais-tu d’entrer dans la Ligue des Assassins ?

Entrer dans la Ligue des Assassins ?! Rien que le nom était assez marquant pour faire réfléchir. D’un côté, je ne pouvais pas me permettre de refuser. Et s’il me tuait ? D’un autre côté, si j’acceptais, j’allais sans doute devoir moi-même assassiner des gens. En étais-je capable, tant moralement que physiquement ? Sans même parler des pouvoirs que j’allais sans doute me mettre à dos. Choisir une telle vie n’était certes pas la solution idéale pour mener une vie bien rangée et dénuée de risques.

Par contre, je m’étais promis de ne jamais tuer, sauf si ma vie en dépendait. Me nourrir, me défendre… Mais pour des raisons politiques ou financières ? Devais-je changer ?

Jeune Osumba… C’est un choix à double tranchant qu’il te propose là, tu l’as compris ? La Ligue des Assassins, avec une personne comme lui à sa tête, est sans nul doute un pouvoir terrifiant sur ce continent. Peu de gens sont capables de lui tenir tête. Néanmoins, comme tu t’en doutes, Ils sèment la mort et ne sont rien d’autre que des bras armés, des mercenaires, payés pour des tâches ingrates et immorales. Je ne te pousserai pas à choisir de les rejoindre ou non… À toi de choisir entre ta réputation au sein des grandes maisons et des grandes villes et un pouvoir qui reste dans l’ombre, entre une vie juste et une voie de mort. Entre la sécurité et le danger.

– Et si je refuse ? Tu vas me tuer, Wang Wei ?  demandai-je abruptement.

Il leva un sourcil et me dit :

– Je t’ai déjà vendu et tu ne m’appartiens plus. Voilà comment je vois les choses. Si elle t’a abandonné après t’avoir acheté, … pas mon problème. Maintenant, tout ce que je vois, c’est une recrue potentielle. Si tu refuses, je ne vois pas pourquoi je devrais te tuer. Je n’ai pas été payé pour ça, et je ne me salis les mains que lorsque le paiement est dans ma poche.

– Tu n’as pas peur que je parle de toi, dehors ?

– Ha ha ha ! Bien sûr que non. Les oreilles de la Ligue sont nombreuses, sur Irus comme sur les autres continents, et le jour où tu parles de la Ligue des Assassins sera le jour de ta mort.

Je pouvais sentir qu’il était sérieux jusqu’au bout des yeux. Il riait mais son regard me fixait comme pour sonder la moindre de mes réactions.

– Je te laisse jusqu’à demain matin pour y réfléchir. En attendant, retour en cellule,  finit-il par lâcher. – Si tu n’as pas de réponse d’ici demain, tu seras assommé et jeté dehors. Si je suis toujours d’aussi bonne humeur, bien entendu.

Et avant que je puisse dire ou faire quoi que ce soit, je fus attrapé – et je commençais à avoir l’habitude – et ramené au cachot, un étage plus bas. La lourde porte grinça derrière moi et Chen Xiulan me regarda tomber piteusement au sol.

– Quant à toi, jeune fille, souviens-toi de ce que je t’ai dit.

Sur ces paroles plus que mystérieuses, Wang Wei quitta les lieux. J’avais toujours le ventre vide, mais au moins j’étais en vie. Manger pouvait attendre… Enfin, un son horrible montant de mon estomac essaya de me convaincre du contraire, aussi trouvai-je dans le morceau de pain restant sur le plateau, auquel Chen Xiulan n’avait pas touché, un maigre réconfort.

– Que s’est-il passé, là-haut ? Comment es-tu de retour ? Je pensais que tu allais te faire tuer !

Finissant de mâcher, je finis par lui répondre.

– Apparemment il m’a capturé juste pour me vendre. Celle qui m’a acheté voulait que je devienne un animal de compagnie, mais elle s’est enfuie quand j’ai parlé de Zhou… Erm, laisse tomber. Elle s’est enfuie et l’autre type m’a dit que je pouvais devenir un Assassin.

Elle semblait avoir compris ce que je disais dans les grandes lignes, alors que même moi, je me rendais compte de l’absurdité de la moitié de mon explication. Cependant, elle ne s’arrêta pas sur ce que je pensais.

– Rejoindre les Assassins ? Mais pourquoi ?

Haussant les épaules, je lui répondis :

– Qu’est-ce que j’en sais ? Il me l’a proposé, voilà tout.

Elle me fixa d’un air glacial.

– Tu es ce genre de personne ? Tu vas accepter, alors, grisé par l’appât du gain ? Sache que… Cet homme vient de me dire qu’il a été engagé par un membre de ma famille pour m’enlever et faire pression sur mon père, le Seigneur de la ville afin qu’il abandonne son poste au profit de mon oncle. Il n’a pas voulu me dire si mon oncle était incriminé ou non, mais ce qui est sûr, c’est que la Ligue des Assassins vient de déclarer la guerre à ma famille, et à toute la ville par la même occasion. Si tu les rejoins, je… Je pensais qu’on pouvait être amis, c’est tout. Si tu les rejoins, tu deviendras l’ennemi de ma famille.

Elle reprit son souffle alors que je l’observais. Je ne l’avais pas encore vraiment dévisagée avant, mais son air déçu attira mon regard. Elle avait vraiment l’air jeune, plus jeune que moi en tout cas. Onze, douze ans peut-être, et un visage de gamine. Des cheveux noirs courts et en bataille, elle avait un petit air de garçon manqué. Elle n’était pas spécialement jolie, à vrai dire. Mais elle était encore bien jeune…

Je lui répondis :

– Je n’ai encore rien décidé. Il faut juste que tu sache que je ne cherche pas à rencontrer des gens ou à me faire des amis… Tout ce que je veux, c’est rentrer chez moi, et pour ça, je vais devoir devenir fort. Plus fort que tu ne l’imagines. Je vais sûrement être obligé de monter sur d’autres continents pour…

Elle me coupa la parole.

– Monter sur d’autres continents ? D’accord. Alors tu es vraiment cinglé.

– Pourquoi ?  lui demandais-je d’un air surpris. Après tout, rien ne m’empêchait de voyager si je le souhaitais, ou bien ?

– Le continent le plus proche se situe à pas moins de 15.000 km au-dessus de nos têtes. À part en obtenant l’autorisation de la Maison Princière Song, tu ne pourras jamais monter. Tu peux oublier. En cent ans, à peine une dizaine de personnes hors de la Maison Princière ont obtenu ce droit. Il faut être très puissant et le mériter, après tout.

– Oh… Et pourtant, il va falloir que je monte, je n’ai pas le choix, il parait qu’on ne peut pas dépasser la cultivation des Fondations, ici…  dis-je, déçu mais déterminé.

– Dépasser les Fondations ? Tu n’as jamais été à l’école, ou quoi ? Le seul stade existant après les Fondations a été atteint par si peu de personnes, et après des dizaines d’années de cultivation intensive.

– Des dizain… Ah, mais je n’ai pas tout ce temps ! Je vais devoir trouver autre chose, il faut à tout prix que… Bon. Je me débrouillerai,  répondis-je en pensant tout à coup que je bénéficiais de l’aide de Zhou XueFang et qu’il allait sans doute pouvoir me guider, lui-même ayant quitté Irus lorsqu’il était en vie.

– Tu es vraiment bizarre. Toujours est-il, dis-toi que si tu te joins à notre combat contre la Ligue des Assassins, tu pourras peut-être être amené à être, au bout d’un moment, suffisamment bien vu pour travailler pour la Maison Princière. Et qui sait… Avec de la chance, peut-être que tu pourras…

– Vraiment ?

– Mais ça risque d’être long. La voie semble plus juste que celle que te propose ce scélérat, par contre. J’espère que tu feras le bon choix.

– Le bon choix…

Le bon choix… Me faire des ennemis dans les grandes puissances locales le jour où ils découvriraient mon affiliation avec les Assassins – s’ils la découvraient un jour – et pouvoir rapidement arriver à mes fins en fermant les yeux sur les méthodes employées, ou me liguer contre eux, suivre un chemin plus juste mais risquer de perdre du temps… Le choix état réellement difficile.

Quand le matin arriva, ma réponse fut attendue…

 


 

Sans plus attendre, que va décider Osumba ?

Est-ce qu’il va accepter l’offre de Wang Wei ou pas ?

Attention aux implications de votre choix, comme d’habitude il va changer beaucoup de choses à l’avenir.

Et comme toujours, n’oubliez pas de vous connecter pour pouvoir voter !

 

Sorry, there are no polls available at the moment.

Vendredi 24 à 23h, vote clos 🙂

 


 

Concernant les résultats précédents, il y a eu une égalité 36/36 pour l’aveu et l’invention bidon, suivie par 33 et 24 voix pour les deux autres solutions.

 

S’il avait choisi d’inventer une histoire, elle l’aurait évidemment confondu, et aurait été prête à le tuer pour son affront. Il se serait fait sauver par l’autre vieux qui voulait l’acheter, et emmener comme cobaye.
Si par contre, il avait choisi le fouet, il serait resté Poochi, animal de compagnie dans la maison de la dame, pendant longtemps. Il aurait gardé à vie les cicatrices profondes dans son dos, ce qui aurait sans doute permis à des situations de se dénouer de façon différente à l’avenir.
S’il l’avait attaquée, il se serait simplement fait assommer. Le résultat aurait été le même qu’au-dessus, avec la haine de Yu Lin en prime.

Raka
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17 thoughts on “LDO : Chapitre 4

  1. S’ il choisi d’accepter son offre alors dès le début il aura des ressources et un soutien et je pense qu’à l’avenir si il est fort et renommé les gens s’en battront de savoir qu’il a commencé chez des assassins, il sera peut être même plus fort que leur chef donc il aura PEUT ETRE quitté la ligue.
    Deuxième choix s’il commence d’un bon coté tout seul OU PAS il n’aura peut être pas d’expérience mais son maître pourra lui apprendre des trucs ou il pourrait même trouer des trésors comme dans BTTH bref toutes ses ressources seraient à lui.

    Merci, c ‘ est tout pour moi.

  2. Merci pour le chapitre ^^
    Je suis un peu dég depuis le début pas un seul de mes votes à était appliqué… Mais je pense que ce coup si, mon vote va gagner!! En tout cas j’espère ^^

  3. Yo, merci pour le chapitre, cette série est de plus en plus palpitante ^^

    Et c’est une bonne chose je pense que tu donnes la direction que tu aurais pris en fonction des choix proposés.

    Bonne inspiration pour la suite 🙂

  4. Merci pour ce chapitre, ce ln vient de devenir mon préféré du site.
    Je pense personnellement que même s’il accepte la proposition, il arrivera un moment où il devra quitter la Ligue parce qu’il refuse de tuer à part pour se nourrir et se protéger.

    1. Ou alors il changera d’avis et se mettra à tuer 😉
      Je crois que si un cas comme ça se présente, ça dépendra du choix des lecteurs.
      Pourquoi ne deviendrait-il pas Maitre de la Ligue, plus tard, en plus de devenir quelqu’un sans cœur ? Ou de changer carrément la Ligue ?

      Tout est possible. Et encore, tout ça c’est en partant du principe qu’il va accepter l’offre, ce qui n’a rien de certain.

  5. Petite interrogation quant à l’univers sur lequel évolue LDO :
    voit on l’arbre monde, et de ce fait, les personnages marchent ils sur du bois, si tant est que l’arbre monde est composé de bois ? Ou visualises tu l’univers un peu comme chez marvel avec la série Thor où on nous explique les différents mondes en reprenant l’image d’Yggdrasil ?..
    Je me pose cette question suite à la notion de distance entre les deux mondes qui est évoquée lors de la conversation entre la princesse et Osumba ^^

    Ressent on cette verticalité ? :D??

    Bref les réponses seront peut être apportées lors de l’ascension au monde suivant 🙂

    1. L’univers dans lequel ils évoluent fait des milliards de kilomètres de haut (et qui sait combien de large ?)

      Oui, il y a vraiment un arbre, qu’Osumba voit d’ailleurs en arrivant au chapitre 1. En volant sur 15.000 km, on peut atteindre le continent d’au-dessus. Cela dit, non ils ne marchent pas sur du bois. Les continents sont comme… Comment dire ? Des fruits ? Des feuilles ? Enfin, ils poussent sur les branches de l’arbre, mais sont composés de terre, de montagnes, de forêts. Ce sont un peu comme des îles posées sur les branches.

      La seule exception reste la Terre, qui était si bas sur l’Arbre que l’influence des Ténèbres Primordiales était trop forte, et ce fut le seul monde obligé d’être enfermé dans un cocon (un peu comme un noix), ce qui l’a isolé de l’Arbre et a créé son propre univers. C’est un peu plus clair ?

      Oh, et ce n’est pas une princesse, à peine la fille d’un Seigneur de ville.

  6. Génial ton histoire, ça deviens de plus en plus intéressant, je suis fan !!
    Osumba ayant une affinité avec les ténèbres, je me demande bien quel choix lui correspondrait le mieux…
    Comme dis plus haut, c’est cool qu’en note de bas de page tu nous expliques quels auraient étaient les conséquences des différents choix qu’Osumba aurait fait, pour les curieux comme moi, c’est un soulagement 

  7. Je viens de me dire, est ce que pour certains choix comme celui d’ajd tu pourrais laisser un choix « autre » ? La les 2 choix sont basics, on sait déjà à l’avance ce qu’il va se passer. Mais je pense bcp aimé le côté random d’un choix, genre on découvre que finalement il pète un câcle et lui dit d’aller se faire foutre, ou alors il s’échappe en enlevant la fille, s’engageant dans un futur totalement incertain !

    1. Alors, j’ai déjà pensé à ce genre de possibilité, mais c’est un peu compliqué à mettre en place : Je ne peux pas mettre de choix « Autre » en laissant le lecteur proposer une nouvelle réponse. Ce ne serait qu’un choix « Autre ».

      Et si ça doit se passer en commentaire, alors la plupart des lecteurs auront déjà voté avant de les lire, sans parler du fait qu’on risque vite de se retrouver avec 15 « Autres » différents, et aucun d’eux ne parviendrait à gagner suffisamment de voix pour l’emporter.

      Donc je ne vois pas trop de solution à ça.

      1. Ahh non ce n’était pas tout à fait ce que je proposais. Le choix que nous pourrions faire serait juste une seule case « Autre » et nous ne saurions pas ve qu’il se cache derrière. Si cette unique case gagne, on découvre ce pour quoi on a voté lorsque le chapitre parait ! Au lieu de 2 choix distincs, on obtient un scénario caché avec un Osumba à l’avenir totalement incertain !

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